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II. La lecture et l'image

II. 4. Rapports Texte/ Image

La BD a été approchée différemment par les spécialistes, selon l’importance qu’ils accordent au texte et à l’image ; il y a ceux qui donnent la priorité à l’image et d’autres au texte par conséquent, plusieurs rapports entre ce couple (texte/image) ont apparaît.

II. 4. 1. Texte/image, rapport de dominance II.4. 1. 1. Le texte domine l'image

Selon Barthes l'écrit est omniprésent, l'image ne pourra jamais le supplanter. Il disait « Il n'est pas juste de parler d'une civilisation de l'image, nous sommes encore et plus que jamais une civilisation de l'écrit » (cité dans Joly, 1994: p. 12).

Il n'y a pas donc, d’après Barthes un système de communication qui ne réfère pas au langage verbal oral ou écrit, c’est pour cela qu’il affirme encore « Percevoir ce qu'une substance signifie c'est fatalement recourir au découpage de la langue: il n'y a pas de sens que nommé et le monde des signifiés n'est autre que celui du langage(…) ainsi quoique travaillant au départ sur des substances non linguistiques, le sémiologue(…) est appelé à trouver tôt ou tard le langage(le "vrai") sur son chemin, non seulement à titre de modèle, mais à titre de composant, de relais ou de signifié(…) Même s'il s'agit d'un langage qui n'est plus tout à fait celui des linguistes, avec des unités plus larges(…) ce sont des objets fonctionnant sous le langage, mais jamais sans lui » (cité dans Joly, 1994: p. 20).

C'est à partir de ces constats que Barthes a mis en question le rapport entre sémiologie et linguistique proposé par Saussure « La linguistique n'est pas une partie même privilégiée, de la science générale des signes, c'est la sémiologie qui est une partie de la linguistique » (cité dans 1994: p. 21).

Selon Barthes alors et, d'autres encore qui s'inscrive dans le courant de la philosophie du langage tels que Metz et Wittgenstein, Eco le langage et la pensée sont étroitement liés mais il n'existe pas en réalité une pensée sans langage. Une telle conviction fait qu'ils privilégient dans le contexte de la bande dessinée, l'élément textuel, Eco par exemple, après avoir fait une étude critique de la

première planche de Steve Canyon de Milton Caniff, postule une « Sémantique de la bande dessinée » (cité dans de la Croix, Andriat, 1992: p. 27) qui, sans nier la portée de l'image, la considère néanmoins comme fondée sur le modèle verbale.

II. 4. 1. 2. L'image domine le texte

Thierry Smoldern, lui, prend le "parti de l'image": c'est le visuel qui primerait, le texte apparaissant alors comme superfétatoire. La preuve en serait donné par l'existence des planches muette telles que d'arzac'h par Moebuis (selon de la Croix, Andriat, 1992: p. 27). Dans ce contexte, Jacques Samson affirme

« En ce qui me concerne, je considère la BD comme un moyen d'expression à part entière, mais qui entretient un lien privilégié et étroit avec l'univers de l'image. Il me semble tout à fait naturel de l'aborder de manière à faire ressortir cet aspect primordial de son mode de fonctionnement et d'existence » (cité dans de la Croix, Andriat, 1992: p. 27).

II. 4. 2. Texte/image, rapport de complémentarité II. 4. 2. 1. Le texte complète l'image

Le texte a souvent un rôle répressif par rapport à l'image, surtout lorsque celle-ci est polysémique; il réduit le risque d'ambiguïté; c'est la fonction d'ancrage dont nous a parlé Barthes. Cette façon d'appauvrir l'image est essentielle à la clarté du récit; "appauvrir", c'est récuser à l'image la multiplicité de sens qu'elle propose quelquefois. Le texte sert de guide, parmi les différents sens envisageables, afin de trouver la signification exacte de l'image. Il permet d'identifier aisément les lieux et les personnages. Il a aussi et surtout pour mission de désigner ce que l'image ne montre pas en ajoutant des éléments temporels essentiels à la compréhension. Christien, Metz constate que la nominalisation complète la perception. Le texte permet alors à l'image de s'intérioriser, il fait bruire l'image en même temps qu'il apporte des précisions sur le plan référentiel (selon Joly, 1994: p. 19).

II. 4. 2. 2. L'image complète le texte

L'image ne détruit pas le texte, elle le complète, elle présente grâce à sa capacité iconique ce que lui seul ne peut révéler. Le texte est donc illustré par

l'image. En outre, grâce à sa ressemblance avec le réel, l’image apporte des précisions sur le plan référentiel et comble par conséquent la pauvreté du texte de façon à ce que l'histoire puisse être comprise sans lecture.

Nous ajoutons encore que les contraintes de l'écrit (vocabulaire, syntaxe, orthographe), sont puissantes et que l'enfant doit être motivé pour les dominer. Cette motivation, l’enfant peut la trouver dans ce support visuel qui est l’image.

Il nous semble enfin qu’image et mot sont complémentaires et que leur rencontre (et non leur confrontation) permet de créer un art qui n'est ni dessin ni littérature. Nous disons donc comme a dit Alein Rey, qui après avoir fait un long travail sur le rapport existant entre l'image et le texte en BD a déduit qu'elle

« Touche au langage, l'enrichit et l'accuse d'insuffisance radicale: ce faisant, elle manifeste l'impuissance figurale du dessin: aucun élément n'y signifie sans tous les autres » (cité dans de la Croix, Andriat, 1992: p. 28).

II. 4. 2. 3. Texte/ image et fonctionnement de l'œil

Denise Escarpit pose le problème du fonctionnement de l'œil. Selon elle, le regard est attiré pendant la lecture soit par l'image, soit par le texte, si c'est l'image le lecteur continue à regarder seulement l'image, et si jamais il lui arrive de ne pas comprendre quelque chose, il revient en arrière pour regarder le texte, mais étant revenu sur le texte, il continue à lire le texte en oubliant complètement l'image et vis vers ça. Pierre Christina; un scénariste de la BD et maître assistant à l'université de Bordeaux explique que les enfants n'ont pas ce problème pour la simple raison qu'ils sont doués d'un esprit et d'un œil plus vagabonds. Dans ce contexte Andrès Breton disait « l'œil existe à l'état sauvage » (cité dans Escarpite, [sans date]: p.7).

L'enfant peut revenir spontanément en arrière, souvent il vient à peine à finir un album qu'il se met à le lire dans la foulée sans arrêter. Il ne se pose pas de problème de rentabilité immédiate de sa lecture (selon Escarpite, [sans date] : p.147).

Conclusion

Nous retiendrons alors, que si l'acte de lire est difficile parce qu’il met en œuvre un processus intellectuel complexe, il devient encore plus difficile dans le cas de l’apprentissage d’une langue étrangère. Á ce processus, s'ajoutent en effet d'autres difficultés telles que la peur de la langue, l'insuffisance du bagage linguistique et les faits culturels qui participent énormément à la construction du sens.

Mais l'image, grâce à sa capacité d’illustration permet de présenter des objets absents ou méconnus et de réduire les distances culturelles notamment dans le cas d'une langue étrangère où l'enfant-lecteur n'arrive pas à saisir non pas uniquement le sens des éléments concret qu'il ignore peut être parce qu'ils n'existent pas dans son entourage, mais aussi les éléments abstraits, c'est-à-dire les idées, les notions et les sentiments telles que la joie et la nervosité qui peuvent être appréhender grâce aux expressions de visage ou les onomatopées, sans obliger l'enseignant à recourir chaque fois à la langue maternelle.

Introduction

Après avoir cité dans la partie théorique les différents travaux qui encouragent l'emploi de la BD comme support didactique, permettant la

motivation des apprenants et la consolidation de la compréhension écrite, nous essayerons à travers cette partie pratique de vérifier le degré de rentabilité de ces résultats dans un contexte algérien.

Nous avons choisi pour notre expérience, les élèves de la 5ème année car c’est dans cette classe qu'on propose pour les séances de lecture, des textes

longs et difficiles à appréhender, accompagnés parfois d’une seule image qui n’a qu'une relation partielle avec le contenu du texte.

Pour cela, nous avons fait travailler les apprenants de deux classes (l'une où nous avons fait notre expérience et l'autre est la classe témoin) en groupes, ce qui permet la construction d’un Enseignement/ Apprentissage centré sur

l’apprenant.

En premier lieu, nous essayerons de présenter la BD dans une perspective didactique; son emploi en classe, en l'occurrence en classe de FLE, ses fonctions, puis nous présenterons le protocole expérimental que nous avons élaboré, et le choix de l'échantillon retenu. En second lieu, nous présenterons en détail toutes les activités proposées lors de l'expérience. En dernier lieu, nous finirons par analyser et interpréter les résultats obtenus.

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