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3. L’approche didactique des Mystères romains : une volonté pédagogique

2.2. Leurs rapports avec les adultes

78LAWRENCE, Caroline. Gladiateurs, p. 259-260. 79LAWRENCE, Caroline. Secrets, p. 185.

Les Mystères romains peignent un univers enfantin, mais les jeunes héros

sont également en relation avec des adultes que nous pouvons classer selon deux types : les adultes adjuvants et les adultes opposants.

Les personnes bienveillantes sont surtout les parents ou amis proches. Elles permettent d’offrir aux héros, ainsi qu’au lecteur, un cadre rassurant et sécurisant. Les pères de Flavia et de Jonathan sont deux figures importantes : ils sont toujours présents pour leurs enfants et reflètent la vie de famille, importante pour le jeune lecteur. Dans Du Sang sur la via Appia, le père de Flavia se montre très attentionné envers sa fille. Lors de son anniversaire, il lui laisse choisir son cadeau et accepte d’acheter Nubia, alors que le marchand augmente les prix :

L’étiquette autour du cou de la jeune fille annonçait six cents sesterces et maintenant Venalicius en demandait sept cents. Flavia eut envie de hurler que c’était injuste. Mais elle se mordit la lèvre et ravala sa rage. Les larmes lui brouillaient la vue. Elle avait été si près de sauver la jeune fille. Si près d’avoir enfin une amie de son âge. Si près de... - Très bien, entendit-elle dire son père répondre d’une voix tout à fait naturelle. Voilà80.

Marcus est ainsi très dévoué pour sa fille et souhaite la rendre heureuse, tel un père responsable. Mordecaï est également un père exemplaire et soucieux de ses enfants et de leurs amis. Par exemple, lorsque Jonathan vient en aide à Flavia en danger à cause des chiens sauvages, la jeune fille se blesse. Mordecaï la soigne volontiers :

Dans les bras du docteur, Flavia traversa un jardin verdoyant qui menait à la pièce de travail. [...]

- Miriam, s’il te plaît, apporte de l’eau, des bandages de lin propres et le baume... Le baume syrien, pas le grec.

- Tout de suite, Père, répondit la jeune fille. [...]

Pendant ce temps, Mordecaï appliquait une crème sur la cheville enflammée de Flavia et l’entourait de bandes de lin81.

Il apporte ainsi son aide aux jeunes. Notons aussi qu’il respecte les choix de ses enfants leur permettant alors de juger de leur propre vie. Par exemple, dans

L’Esclave de Jérusalem, Miriam est sur le point d’accoucher mais son père

l’informe qu’il ne pourra sauver ses nourrissons s’il décide de la sauver. Sa fille choisit de mourir. Son père, malgré sa tristesse, respecte son choix :

- Mes bébés doivent vivre ! Jure-moi que tu vas les sauver, à n’importe quel prix.

- Notre seigneur nous a dit de ne pas faire de serments : « Que vos non signifient non et vos oui...

- Jure-le ! cria Miriam. Jure !

Il y eut un silence. Un coq chanta dans la nuit. L’aube allait bientôt se lever. - Je le jure, dit enfin Mordecaï82.

Ainsi, les héros peuvent compter sur eux. Ces adultes souhaitent avant tout protéger leurs enfants. Par exemple, lorsque nos quatre protagonistes décident de se rendre à Rome pour retrouver Jonathan, Marcus pose une seule condition à sa fille :

- Très bien, dit-il enfin, et il essaya de retenir un sourire quand elle poussa un cri de joie. Il leva la main pour l’empêcher de lui sauter au cou tout de suite.

- Mais j’exige que tu emmènes Caudex comme garde du corps, et tu dois me promettre de ne pas te faire tuer83.

Les quatre héros sont donc sans cesse protégés par des adultes bienveillants qui leur offrent un environnement de sûreté et de réconfort. L’amour parental est un donc un thème abordé. Les preuves d’amour ne manquent pas non plus. Prenons l’exemple de la mère de Lupus. Cette dernière avait décidé de dédier sa vie à

81LAWRENCE, Caroline. Sang p. 25-26-27. 82LAWRENCE, Caroline. Esclave p. 277. 83LAWRENCE, Caroline. Gladiateurs, p. 31.

Apollon si son fils survivait aux malheurs qui leur étaient survenus. Une prêtresse explique au jeune garçon la décision de sa mère : « Tu sais qu’elle a promis de sacrifier sa vie à Apollon si tu survivais ? C’est ça, le vœu qu’elle a fait, et elle s’apprête à l’honorer84. »

Ces adultes, personnes responsables, permettent aux héros de vivre dans un climat bienveillant et d’évoluer avec calme et confiance.

À l’inverse, nous rencontrons des adultes qui s’opposent à la sécurité des enfants et qui deviennent de véritables adversaires. Caroline Lawrence peint avec réalisme le rapport adulte-enfant qui existait à l’époque : beaucoup de jeunes n’étaient pas bien traités et souffraient d’une condition peu enviable. Dans Les Mystères romains, les opposants sont souvent les ennemis des héros que ces derniers rencontrent dans leurs enquêtes. Les adultes sont alors des antagonistes créant une certaine angoisse, tant pour les personnages que pour le lectorat. Néanmoins, les enfants-détectives arrivent toujours à vaincre leurs adversaires. Caroline Lawrence souhaite ainsi rassurer le lecteur en donnant aux protagonistes un certain héroïsme mais surtout en leur accordant un statut important face à des personnes plus âgées. Nous pouvons citer plusieurs de ces affrontements générationnels. Nous avons déjà évoqué l’histoire de Lupus et de son oncle Venalicius. Ce dernier fait face aux enfants dans Les Pirates de

Pompéi, lorsque le marchand se retrouve sur le même bateau qu’eux pour

acheter des esclaves. Vencalicius est pris au piège, arrêté et envoyé en prison. Ainsi, comme dans les récits traditionnels dédiés à la jeunesse, les « méchants » sont punis. De même, dans L’Esclave de Jérusalem, les enfants se retrouvent face à Nonius, un homme estimant avoir droit à l’héritage de Dives, mort peu de temps avant le début de l’intrigue. Nonius tend à faire accuser Hephzibah , une amie de Miriam qui prétend que son maître, Dives, l’avait affranchie. Les quatre héros mènent donc l’enquête contre cet homme qui n’hésite pas à faire accuser

Hephzibah de choses monstrueuses comme des meurtres. Néanmoins, une nouvelle fois, Caroline Lawrence fait rétablir la justice : Nonius est reconnu coupable de plusieurs meurtres et risque d’être poursuivi en justice.

Les adultes occupent donc une place importante. Bienveillants, ils permettent d’apporter une sérénité aux héros ainsi qu’au lecteur qui plonge dans des intrigues parfois effrayantes. Néanmoins, des adultes viennent aussi s’opposer aux enfants et de réels affrontements ont lieu. Toutefois, Caroline Lawrence tente de faire triompher ses jeunes protagonistes afin de maintenir un climat rassurant.

2.3. Leurs rapports avec les animaux, personnages typiques des