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3. ACTUALITÉ ET INFORMATIONS

3.1.1 les rapports à l'actualité chez les militant.es de SELM

Ce qui ressort d'abord lorsque l'on étudie les usages sociaux de l'actualité chez les militant.es, c'est que ces dernier.es sont de "gros consommateurs" d'informations. Tous et toutes indiquent en effet passer au moins une heure par jour à s'informer en moyenne. Mais que regardent-ils et elles plus en détail ? Hiérarchisent-ils et elles l'actualité en fonction des supports, de l'échelle ou du type d'informations ?.

Nous commencerons par étudier les supports mobilisés. La majeure partie de la prise d’information de nos militant.es s'effectue en ligne, et en premier lieu sur les sites de la presse traditionnelle. C'est ainsi que le site le plus souvent cité dans les entretiens est le site du journal Le Monde. À propos des grands médias traditionnels, il est à noter que nos syndicalistes font un premier tri à partir de la couleur politique du journal, ils et elles préfèrent en cela Le Monde au Figaro dont ils ne visitent le site qu'à partir de liens et non de manière spontanée. Plusieurs militant.es s'informent également à travers des portails d'actualités du type Google News. Les militant.es consultent aussi des sites de médias alternatifs, de deux types principalement : d'abord des sites de médias participatifs comme Rue 89 (bien qu'aucun.e militant.e n'y participe), mais aussi des sites militants, que ce soient des sites d'organisations ou des sites orientés sur un sujet plus précis. Mais sur internet, l'information ne se trouve pas seulement sur des sites de médias. Ainsi, les militant.es utilisent beaucoup les mails et Facebook (pour celles et ceux qui ont un profil sur ce réseau social numérique) comme source d'informations. À travers les mails, on peut repérer deux types de sources : celles qui proviennent du réseau de sociabilité de la personne, et celles du réseau militant à travers les listes de diffusion auxquelles les personnes sont inscrites. Sur Facebook, on retrouve également ce partage, mais une autre source vient se greffer, ce sont les pages des médias qui, lorsque la personne clique sur "j'aime", qui permettent de recevoir les informations directement sur son "fil d'actualité" (nom de la page principale de Facebook regroupant tout ce que les "amis" de l'utilisateur publient). Il faudrait approfondir les spécificités de la prise d'information en ligne, mais ce serait trop éloigné du sujet du

mémoire, je renvoie donc à l'ouvrage collectif dirigé par Josiane Jouët et Rémy Rieffel cité en bibliographie (Jouët, Rieffel, 2013). Concernant maintenant les sources plus traditionnelles, il apparait que les militant.es lisent très peu la presse papier, et l'achètent encore moins. Seuls les journaux gratuits distribués à l'entrée du métro sont cités comme source régulière, mais moins souvent que l'information en ligne. Il en va de même pour la presse quotidienne régionale (PQR), qui de plus est fortement critiquée dans le cas du journal La Dépêche du Midi, bien que plusieurs militant.es avouent à demi-mot visiter son site internet de temps à autre. La télévision est le média qui fait le moins consensus pour s'informer. Tandis qu'environ la moitié des militant.es portent un jugement très critique sur cette dernière, l'autre moitié indique regarder régulièrement des chaines d'informations en continu comme BFM-TV, ce qui ne les empêche pas d'avoir un avis critique sur ce support. La radio, bien que considérée comme source secondaire d'actualité, est également écoutée par tous et toutes, notamment France Inter et France Info. Une dernière source d'information non négligeable est les discussions avec les ami.es, les collègues et lors des réunions du syndicat ou d'autres organisations dans lesquelles nos syndicalistes militent également. En effet, les militant.es discutent beaucoup d'actualité avec leur entourage, et lors des réunions syndicales, ils partagent à chaque fois un grand nombre d'informations. Avant de poursuivre, je souhaiterai indiquer que dans les entretiens, il ressort que la plupart des militant.es lisent les commentaires des articles, mais sans commenter eux-elles-mêmes.

Intéressons-nous maintenant aux types et à l'échelle d'information. Concernant cette dernière, j'entends préciser s'il s'agit d'informations locales, nationales ou internationales. À ce sujet, bien que les militant.es disent s'intéresser à toutes les échelles, ils et elles ne leur accordent pas la même importance, ni les mêmes sources. Ainsi il convient de distinguer deux types d'informations locales. L'information locale proposée par la PQR , fortement délégitimée, et l'information via les réseaux militants locaux. C'est l'actualité nationale qui apparait comme étant la plus suivie par nos syndicalistes. Pour ce qui est de l'échelle internationale, toutes et tous s'y intéressent, mais dans une moindre mesure. Un militant fait figure d’exception sur ce sujet, mais cela est dû à ses caractéristiques personnelles. Il est en effet espagnol, parle couramment trois langues (espagnol, allemand et français) et possède un large réseau de sociabilité à l'international. En ce qui concerne les catégories d’informations, les militant.es de SELM touchent là encore un peu à tout. Évidemment, c'est surtout l'information militante qui prime, c'est-à-dire l'actualité des luttes en cours, des grèves, etc. Seule la catégorie information économique semble être mise de côté, cela peut être justifié notamment par le fait que ces informations ne sont souvent que de simples

commentaires idéologiques sur l'actualité. La catégorie "faits divers" est intéressante, car même si les militant.es s'accordent tous et toutes pour dire que ce n'est pas la "bonne" information, ils-elles les consultent tout de même régulièrement.

Pour conclure sur les rapports à l'actualité de nos militant.es, on peut dire qu'ils et elles font preuve d'un certain éclectisme tant au niveau des sources que des échelles ou des catégories. Cela s'explique en grande partie par l'importance accordée à l'actualité pour un.e militant.e, mais aussi par le fait qu'ils et elles soient étudiant.es, catégorie dans laquelle les usages sociaux de l'actualité se rapprochent de ceux des classes supérieures, qui se caractérisent par l’éclectisme des pratiques (Jouët, Rieffel, 2013). Je terminerai par une citation d'un entretien qui, je pense, illustre bien le rapport à l'actualité qu'entretiennent les militant.es :

"Moi je considère que c'est fondamental de s'informer, même si a priori c'est pas de l'information qu'est militante, ou qu'est potentiellement utilisable par les militants. Mais au quotidien ça me sert beaucoup. Non, c'est vraiment très utile et puis généralement ça se voit quand tu es informé ou pas. Du coup je considère que ça fait des billes en plus dans la discussion, avec des militants et des non militants." (extrait d'entretien avec David, militant à

Solidaires Étudiant.es Le Mirail)

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