2.3 Quaternions
2.3.1 Rappels sur O n
On={M ∈ Mn(R), tM M =I2}= StabφIn o`uφ est l’action `a droite de GLn(R) sur Mn(R) par (P, M)7→ tP M P.
Rappelons que
On={M ∈ Mn(R),∀X ∈ Mn,1(R),kM Xk=kXk}
={M ∈ Mn(R),∀X, Y ∈ Mn,1(R), tXY = t(M X)(M Y)}
Rappelons que det : On → {−1,1} est un morphisme de groupe surjectif, que son noyau est SOn, et que ce morphisme admet une section, et que donc On est un produit semi-direct deSOn par Z/2Z.
Par th´eor`eme spectral (sur les endomorphismes normaux (commutant avec leur adjoint),
∀M ∈SOn,∃P ∈ On, P−1M P =DB o`uDB est une diagonale par bloc de rotation (2×2) ou d’identit´e.
En particulier (mais c’est visible `a l’oeil nu), SO2 'U'S1.
Dans le cas complexe, on a la mˆeme discussion, pour SUn, dont tous les el´ements sont diagonalisables, `a valeurs propres de module 1. Aussi SU1 'S1.
Peut-on aussi bien param´etrer SOn, pour n ≥3 ? 2.3.2 Le “corps” des quaternions
D´efinition 2.3.1. On d´efinil’alg`ebre des quaternions de HamiltoncommeH= (R4,+, .,∗) dont on choisi une base (e, i, j, k) pour laquelle on d´efinit la loi ∗ comme extension bilin´eaire des formules suivantes :
e= 1 i2 =j2 =k2 =−1 ij =k jk =i ki=j ji=−k kj =−i ik =−j.
Autrement dit,Hest l’alg`ebre obtenue en quotientant l’alg`ebrre des polynˆomes `a 4 ind´etermin´ees non-commutatives, par l’id´eal bilat`ere engendr´e par ces relations.
Observation 2.3.1. 1est dans le centre deH. Le centre deHest pr´ecis´ement l’espace engendr´e par 1 (ou e).
∀a, b, c, d, (a+bi+cj+dk)(a−bi−cj−dk) = a2+b2+c2+d2. Tout ´el´ement non nul de H poss`ede un inverse dans H.
H8 ={±1,±i,±j,±k}est un sous groupe fini de H∗, d’ordre 8, non ab´elien (en particulier, non cyclique).
i2 =j2 =k2 =ijk =−1 d´efinit completement la multiplication.
Observation 2.3.2. On pourrait remplacer R par un anneau commutatif, et conserver des propri´et´es interessantes (mais pas forc´ement l’existence d’inverses).
D´efinissons V = vect{i, j, k} le sous-espace imaginaire pur de H. Chaque ´el´ement s’ecrit donc avec une partie r´eelle et une partie imaginaire.
Si q=<(q) +=(q), notons q∗ =<(q)− =(q).
On a d´ej`a vu que qq∗ =q∗q ∈R et est positif, non-nul d`es que q6= 0.
D´efinition 2.3.2. On d´efini hx, yi=<(xy∗) = 12(xy∗+yx∗).
Proposition 2.3.1. C’est un produit scalaire. La norme au carr´e de x vaut xx∗ =x∗x.
On a imm´ediatement la bilin´earit´e, et la sym´etrie. La forme quadratique associ´ee est d´efinie positive par la remarque pr´ec´edente.
2.3.3 R´ealisation matricielle
H est naturellement muni d’une structure de R- alg`ebre, car il est stable par multiplication (des matrices).
Proposition 2.3.2. Une R-base de H est donn´ee par 1 0
Proposition 2.3.3. Il existe un isomorphisme d’alg`ebreH→ H envoyant(e, i, j, k)sur la base pr´ec´edente.
L’involution ∗ a pour image la trans-conjugaison : P 7→.tP¯.
On verifie sans peine que les relations sont pr´eserv´ees, cela garantie que le morphisme d’espace vectoriel induit un morphisme d’alg`ebre.
En consid´erant les dimensions, c’est un isomorphisme.
Proposition 2.3.4. P P∗ = det(P)I2. En particulier, pour tout P, Q, la norme de P Q est le produit des normes de P et de Q.
2.3.4 Applications
Proposition 2.3.5. Soit A un anneau commutatif, et a, b, c, d, α, β, γ, δ des ´el´ements de A.
Alors il existe x, y, z, t∈A tels que
(a2+b2+c2+d2)(α2+β2+γ2+δ2) =x2+y2+z2+t2
D´emonstration. On construit les quaternions sur A. Les sommes de carr´es sont les qq∗ pourq bien choisis... Prenonsq1 =a+bi+cj+dketq2 =α+βi+γj+δk. Alors (q1q2)(q1q2)∗ =q1q2q∗2q1∗. Commeq2q∗2 est dansAil est central, donc (q1q2)(q1q2)∗ =q1q1∗q2q2∗. C’est ce qu’on voulait...
Th´eor`eme 2.3.1. La sph`ere unit´e d’un espace euclidien de dimension4 porte une structure de groupe topologique, isomorphe `a SU2.
Il s’agit de remarquer que dans le mod`ele matriciel, la sph`ere unit´e de H est pr´ecis´ement SU2 ={M, M.tM¯ =I2,detM = 1}.
2.3.5 G´eom´etrie Euclidi`enne de dimension 4
Soit q ∈H, de norme 1. Notons Hq le suppl´ementaire orthogonal de q dansH. Notonssq la sym´etrie orthogonale par rapport `aHq. On asq(x) = x−2hx, qiq, pour tout x.
Proposition 2.3.6. ∀x, y ∈Hyx∗y=−hy, yix+ 2hx, yiy.
En particulier sq(x) =−qx∗q.
Il suffit d’´ecrire 2hx, yiy= (xy∗ +yx∗)y, et d’utiliser la formule pr´ec´edente pour sq.
Th´eor`eme 2.3.2. Si p, q sont de norme 1, et ρp,q :H→H est d´efini par ρp,q(x) =pxq∗, alors ρp,q est une isom´etrie.
L’application ρ : S3 ×S3 → O(H) est un morphisme de groupes continu, `a valeur dans SO(H) et surjectif sur lui. Son noyau est {(1,1),(−1,−1)}.
En r´esum´e, on a une suite exacte de groupes
1→Z/2Z→S3×S3 →SO4 →1
D´emonstration. ρp,q pr´eserve la norme des ´elements de H, c’est donc une isom´etrie. On v´erifie imm´ediatement que ρ est un morphisme, continu. Comme S3×S3 est connexe, ρ est `a valeur dans la composante connexe de l’unit´e de O(H), et c’est SO(H).
Si (p, q) est dans le noyau, alors pour tout x, px = xq (en effet comme q est de norme 1, q−1 =q∗). En particulier pour x= 1, il vient p=q. De plus, p est alors central, donc dans R. Comme il est de norme 1, c’est ±1.
Pour la surjectivit´e, exprimons un ´el´ement arbitraire R ∈ SO(H) comme un produit d’un nombre pair de sym´etries orthogonales hyperplanes. En utilisant la formule de la proposition pour chacune de ces sym´etries hyperplanes, on obtient (par exemple par recurrence sur leur nombre) la forme d´esir´ee.
2.3.6 G´eom´etrie Euclidi`enne de dimension 3 Rappel : V = Vect(i, j, k).
Th´eor`eme 2.3.3. Si q ∈ H a norme 1, alors pour tout u ∈ V, posons rq(u) = quq∗ et σq(u) =qu∗q∗ =−quq∗.
Alors rq est une isom´etrie de V, r :S3 → O(V) est un morphisme `a valeurs dans SO(V) et surjectif dedans, et de noyau {±1}.
De plus, σu est une isom´etrie indirecte, et toute isom´etrie indirecte s’obtient ainsi.
D´emonstration. Comme r est la restriction de ρ sur la diagonale de S3 ×S3, il s’agit de voir sur chaquerq preserve bienV, ou de mani`ere ´equivalente, qu’elle preserve bien son orthogonal, c’est `a dire R.
Comme R est central, et comme q−1 = q∗ (il a norme 1), on a bien que rq fixe (point par point) R. Elle induit donc une isom´etrie directe de V. (en fait, r´eciproquement, si ρp,q fixe R point par point, on voit que p=q).
Toute rotation deV s’´etend `aHen une isom´etrie, en choisissant de fixerRpoint par point.
Donc, toute rotation est atteinte par r.
On trouve le noyau de r facilement.
Comme σq =−rq, c’est une isom´etrie indirecte de V, et on les obtient toutes ainsi.
D´efinition 2.3.3. Si u, v ∈V, posons u∧v = 12(uv−vu) ==(uv).
Observation 2.3.3. ∧ est antisym´etrique.
Dans V, on a :
uv =−hu, vi+u∧w.
u∧(v∧w) = hu, viw− hu, wiv.
Proposition 2.3.7. Pour tout q ∈ H de norme 1, il existe θ ∈ [0,2π[, et v ∈ V de norme 1, tels que
q = cosθ+vsinθ et rq est alors la rotation d’axe v d’angle θ.
D´emonstration. Le premier point est ´evident par Pythagore. Pour le second, il est facile d’iden-tifier l’axe de la rotation : on a clairement rq(v) = v, c’est donc l’axe.
Pour verifier l’angle, prenons u dans v⊥∩V, de norme 1. Il est dans le plan orhtogonal `a l’axe de rq.
Il s’agit de voir que hu, rq(u)i= cos 2θ, et que u∧rq(u) = (sinθ)v.
Calculons donc urq(u) =uquq∗.
Comme uv =−hu, vi+u∧v =u∧v =−v∧u=−vu, on a uq =q∗u. Utilisons cela dans l’expression de urq(u).
urq(u) =q∗u2q∗ =−(q∗)2, car u est de norme 1 dans V (donc de carr´e−1).
On ecrit alors −(q∗)2 =−(cos2θ−sin2θ−2 cosθsinθv) =−cos 2θ+vsin 2θ.
On a bien obtenu urq(u) =−cos 2θ+vsin 2θ. Comme par ailleurs, urq(u) =−hu, rq(u)i+ u∧rq(u), on a ce qu’on voulait.
2.3.7 Hopf 2.3.8 Frob´enius
Th´eor`eme 2.3.4. Si A est une R-alg`ebre (associative) de dimension finie sur R, dont tous les
´
el´ements non-nuls sont inversibles, alors A 'R,C, ou H.
D´emonstration. Si A est commutative, c’est un corps, extension finie deR. Comme C est la clˆoture alg´ebrique de R, on a necessairementA 'R ou C. Supposons A non commutative. Montrons que A contient une copie de H.
Soit R ⊂ A l’image de R par le morphisme structural. Comme A n’est pas commutative, A n’est pas r´eduite `a R. Soit a∈ A \ R. On a R[a] sous-alg`ebre commutative, c’est donc une extension alg´ebrique du corps R, et donc R[a] ' C. Quite `a changer a dans R[a], on peut supposer que a2 =−1, et on notera i=a.
Comme A n’est pas commutative, A n’est pas r´eduite `a R[a]. Soit b ∈ A \R[a]. Notons c=bi−ib. Sic= 0, alorsbcommute `ai, et `aR(par d´efinition), et doncR[i, b] est commutative, donc extension stricte de R[i]'C. Mais Cest alg´ebriquement clos. Contradiction.
Ainsi c6= 0.
On a ci=−ic(il suffit de l’ecrire) donc c /∈ R. Encore une fois, on peut considerer R[c], il est commutatif, non r´eduit `aR, donc isomorphe `a C. En particulier, de dimension 2 surR.
On a aussi c2i = −cic =ic2. Ainsi c2 commute avec i et R, donc, comme on l’a vu, il est dans R[i].
Par ailleurs,c2 ∈R[c]. CommeR[i]∩R[c] est de dimension 1 surR, c’estR, et doncc2 ∈ R, etc est donc imaginaire pur dansR[c]'C.
Notons c2 =−t, pourt ∈ R, t > 0. Posons j = √1
tc. On a d´esormaisj2 =−1, et ij =−ji, et donc (ij)2 =−1.
Finalement, R[i, j] contient 1, i, j, ij et c’est une partie g´en´eratrice en tant qu’espace vecto-riel (en effet les produits (pour la loi d’alg`ebre) des 16 paires de ces ´el´ements sont encore dans R[i, j]).
C’est aussi une famille libre : sia+bi+cj+dij = 0, alors en multipliant para−bi−cj−dij = 0, on obtient a2+b2+c2+d2 = 0.
Ainsi, R[i, j] est de dimension 4. Comme 1, i, j, k =ij verifie toutes les formules d´efinissant H, il y a un morphisme surjectif de H dans R[i, j]. Par un argument de dimension, c’est un isomorphisme.
Ainsi A contient une copie de H.
Finalement, si u ∈ A \ H, on peut supposer comme avant que (ui−iu)2 = −1. Posons
`=ui−iu.
On a `i =−i`. Puis,j`i=−ji`=ij`.
Ainsi i commute avec j`, donc j`∈ R[i] et donc ` ∈ R[i, j], cela veut dire que ui−iu est dans notre copie de H. Mais ui+iu aussi, car il commute avec i.
Finalement, nous avons 2ui∈H, et donc u∈H. Contradiction.
2.3.9 Cayley
3 Compl´ ements sur les alg` ebres de polynˆ omes
3.0.10 Polynˆomes sym´etriques
Soit Aun anneau int`egre, commutatif (unif`ere), etA[X1, . . . , Xn] l’alg`ebre (associative) des polynˆomes `a n indetermin´ees commutatives.
Soit Sn le groupe sym´etrique des permutations de {X1, . . . , Xn} (agissant `a gauche).
Ce groupe admet une action surA[X1, . . . , Xn] par pr´ecomposition (donc `a droite). Ce sont des automorphismes d’alg`ebre.
Notons Pσ(X1, . . . , Xn) = P(σ(X1), . . . , σ(Xn)).
D´efinition 3.0.4. Un polynˆome P est dit sym´etrique s’il est un point fixe de Sn. C’est `a dire si Pσ =P pour tout σ.
Exemple 3.0.1. Pn
i=1Xi = Σ(n)1 . Qn
i=1Xi = Σ(n)n . X
1≤j1≤···≤ji≤n i
Y
k=1
Xjk = Σ(n)i . Σ(n)0 = 1A.
P
iXik (pas de nom ?)
Observation 3.0.4. σi(n)(X1, . . . , Xn−1,0) = Σ(n−1)i .
L’ensemble des polynˆomes sym´etriques forme une sous-alg`ebre.
Th´eor`eme 3.0.5. D´efinissonsΨ :A[Y1, . . . , Yn]→A[X1, . . . , Xn] par Ψ(Yi) = Σ(n)i .
Alors Ψest un morphisme d’alg`ebre injectif, et d’image A[X1, . . . , Xn]S, la sous-alg`ebre des polynˆomes sym´etriques.
D´emonstration. D’abord, notons que Ψ est un morphisme bien d´efini et `a valeur dans la sous-alg`ebre A[X1, . . . , Xn]S.
Ensuite, montrons que Ψ est injective. Par reccurence sur n. Si n= 1 il n’y a rien `a dire.
Si n > 1, supposons par l’absurde, que Ψ(P) = 0 avec P 6= 0 et de degr´e (total) minimal pour cette propri´et´e.
Ecrivons P =P0+YnS avecP0 ne d´ependant que des indetermin´eesY1, . . . Yn−1. On a 0 = Ψ(n)(P) = Ψ(n)(P0) + Σ(n)n Ψ(n)(S)
Pris en Xn= 0, on a
0 = Ψ(n−1)(P0) + 0
Par hypoth`ese de r´ecurrence, P0 = 0. Maintenant, 0 = Σ(n)n Ψ(n)(S), et donc Ψ(n)(S) = 0.
Mais le degr´e total de S est strictement inferieur `a celui de P, contradiction.
Il faut montrer que Ψ est surective. A nouveau par recurrence, mais cette fois sur n et le degr´e total d deP ∈A[X1, . . . , Xn]S.
Si n= 1 : rien `a dire (Ψ =Id).
Sin >1 etd= 1,P =P
aiXi mais s’il est sym´etrique, chaqueaivauta1. DoncP =a1Σ(n)1 . C’est bien dans l’image de Ψ.
On suppose le resultat vrai pour n−1 indetermin´es (tout degr´e) et pour n indetermin´ees jusqu’au degr´ed−1.
Soit P de degr´ed sym´etrique.
Posons P0(X1, . . . , Xn−1) = P(X1, . . . , Xn−1,0). Il est aussi sym´etrique car (l’image de) Sn−1 (dans le groupe de permutation de X1, . . . , Xn−1) est un sous-groupe de (l’image de) Sn
(dans le groupe de permutation de X1, . . . , Xn).
Par recurrence, P0 = Ψ(n−1)(Q0) pour Q0 ∈A[Y1, . . . , Yn−1].
Plus precisement : P0(X1, . . . Xn−1) = Q0(Σ(n−1)1 , . . . ,Σ(n−1)n−1 ).
Soit R0(X1, . . . , Xn) =Q0(Σ(n)1 , . . . ,Σ(n)n−1).
R0 est sym´etrique (`an indetermin´ees) etR0(X1, . . . Xn−1,0) =P0. Posons P1 =P −R0.
On a P1(X1, . . . Xn−1,0) = 0.
Affirmation : Σ(n)n diviseP1. Si n= 1, c’est clair.
Sinon, voyons P1 comme polynˆome en Xn. Il poss`ede 0 comme racine, donc Xn le divise.
P1 =XnS1
Mais par sym´etrie, chaqueXi le divise aussi et donc divise S1. Il vient que X1. . . Xn diviseP1. Cela montre l’affirmation.
Posons alors P1 = Σ(n)n ×P2.
Alors le degr´e de P2 est< d, donc par recurrence P2 = Ψ(Q2).
Finalement Ψ(Yn×Q2+Q0) =P.
Proposition 3.0.8. SiA est integre, commutatif, etP ∈A[X], ecritP(X) =
d
X
i=0
aiXi. Les ra-cines de P sont, avec multiplicit´e, α1, . . . , αd si et seulement siΣ(d)i = (−1)iad−i/ad∈Frac(A).
En effet par recurrence sur d,
Y(X−xi) = X
0≤k≤d
Σk(x1, . . . xd)Xd−k Exemple d’application.
Proposition 3.0.9. Si P ∈ Z[X] unitaire de degr´e d, de racines α1, . . . , αd dans Q¯ (avec multiplicit´e) alors pour tout polynome sym´etrique Q, on a Q(α1, dots, αd)∈Z
En effet Q(α1, dots, αd) = Ψ(S)(Σ1(α1, . . . , αd), . . .Σd(α1, . . . , αd) . Chaque Σi(α1, . . . , αd) est entier, car c’est (−1)iad−i/1. Et Ψ(S) est `a coefficients entiers.
3.0.11 R´esultant
A est toujours int`egre commutatif.
Soient P, Q∈A[X] ecrivons les P(X) = Pp
0aiXi etQ(X) = Pq 0biXi. D´efinition 3.0.5. Le resultant de P et Q est
Res(P, Q) = det
Notons MP,Q cette matrice et observons que c’est la matrice de l’application lin´eaire ΦP,Q deAq−1[X]×Ap−1[X] dans Ap+q−1[X] donn´ee par (R, S)7→(P R+QS) dans les bases
Proposition 3.0.10. Pour tout P, Q polynomes surA de degr´e respectifs p et q, il existe R, S de degr´e respectifs ≤q−1 et ≤p−1 tels que Res(P, Q) =P R+QS.
D´emonstration. Prenons Ψ l’application lin´eaire donn´ee par la transpos´ee de la comatrice de MP,Qdnas les bases sus-cit´ees. Consid´erons Ψ(1) = (R, S). On a bien ΦP,Q(R, S) = det(MP,Q)×
1 =Res(P, Q).
Dans l’application suivante, nous sommes sur un corps (´evidemment commutatif).
Proposition 3.0.11. Soit K un corps, et P, Q deux polynˆomes de degr´e ≥ 1. Les assertions suivantes sont ´equivalentes.
1. pgcd(P, Q) = 1 2. (P) + (Q) = K[X]
3. Res(P, Q)∈K∗.
D´emonstration. Le fait que 1 ´equivaut `a 2 est simplement Bezout.
(3 =⇒ 1) d’apres la proposition pr´ec´edente.
(1 =⇒ 3) : montrons que ΦP,Q est injective. Si (R, S) est dans son noyau, RP = −SQ mais comme P ∧Q= 1, il vient que P diviseS. Comme par ailleurs, (par d´efinition de ΦP,Q le degr´e de S est strictement inf´erieur `a celui deP, cela entraine S = 0. On en d´eduit R= 0, et ΦP,Q est bien injective.
Comme c’est une application lin´eaire entre deux K-espaces vectoriels de dimension p+q, elle est bijective, et son d´eterminent est non nul. Il r´esulte que Res(P, Q)∈K∗.
Un dernier r´esultat d’´elimination.
Proposition 3.0.12. Soit A un anneau integre commutatif. Soit B =A[X1, . . . , Xn−1]. Soient fi, i≤p et gj, j ≤q des ´el´ements deB et supposons que fpgq 6= 0.
Soient finalement f(X) =
p
X
i=0
fiXi et g(X) =
q
X
j=0
gjXj deux ´el´ements deB[X].
1. Si ResX(f, g) = 0, alors f et g ont un facteur commun non constant.
2. Si (α1, . . . , αn)∈An est un zero commun de f et g (vus dans A[X1, . . . , Xn−1, X]) alors (α1, . . . , αn−1) est un zero de ResX(f, g) (vu dans A[X1, . . . , Xn−1] =B.
3. R´eciproquement, si (α1, . . . , αn−1) est un zero de ResX(f, g), et si fp(α1, . . . , αn−1)× gq(α1, . . . , αn−1) 6= 0, alors il existe α˜n ∈ Frac(A) (la cloture alg´ebrique du corps des fractions) tel que (α1, . . . , αn−1,α˜n) est un zero commun de f et g dans Frac(A)n. D´emonstration. 1– On sait qu’il existe R, S tels queP R+QS = 0. Donc P diviseQS. Comme de plus le degr´e de S est strictement inferieur `a celui deP, un facteur irreductible de P divise Q.
2 – Sp´ecialisons en Xi =αi, pour tout i < n. On a spe :A[X1, . . . , Xn−1] →A. Notons A0 l’image, et Frac(A0) son corps des fractions. les imagesf0 etg0 def etg s’annulent enX =αn. Ainsi, dans Frac(A0)[X],f0 etg0 ne sont pas premiers entre eux, et Res(f0, g0) = 0.
Mais dans la formule du determinant, il s’agit juste de la specialisation en Xi = αi, pour tout i < n deResX(f, g).
3 – On reprend les notations pr´ec´edentes. Par hypoth`ese, on a biendeg(f0) = petdeg(g0) = q. Comme on supposeRes(f0, g0) = 0, d’apres la proposition pr´ec´edente,f0 etg0 ont un facteur commun (non constant) dans Frac(A0)[X]. Ils ont donc une racine commune dans le corps de d´ecomposition de ce facteur commun.
Exemple 3.0.2. Si f(X, Y) =X4+Y4−1 et si g(X, Y) =X5Y2−4X3Y3+X2Y5−1, alors on peut calculer ResX(f, g) = 2Y28−16Y27. On a ´elimin´e l’une des ind´etermin´ees au prix d’un accroissement du degr´e.
3.0.12 Fractions rationelles ...
...
...