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2. OBJECTIFS DE RECHERCHE

3.4 Randomisation aux groupes témoin et intervention

Bien que, pour mon projet de maîtrise, les deux groupes étaient confondus en une cohorte, il convient de détailler le processus de randomisation et les composantes de chacun des groupes de recherche. La présence d’un groupe avec intervention permet d’obtenir une plus grande hétérogénéité des résultats observés, tant en matière de qualité alimentaire que de changements alimentaires. De plus, mon quatrième objectif de recherche concernait le groupe intervention seulement.

La randomisation d’une participante était effectuée lorsque tous les critères d’admissibilité ont été vérifiés. Cette étape marquait le début de sa participation au projet de recherche. La liste de randomisation par blocs aléatoires (de taille 4 à 6) avait été générée par un biostatisticien indépendant, avec stratification par diagnostic de SOPK pour assurer une répartition égale dans chacun des groupes. L’attribution au groupe intervention ou témoin suivant la liste se retrouvait dans une petite enveloppe cachetée. L’ouverture de l’enveloppe pour l’attribution au groupe se faisait avec la participante, en personne ou par téléphone. Le

médecin traitant de la clinique de fertilité était aussitôt avisé du groupe dans lequel la participante a été randomisée afin d’assurer le suivi approprié.

3.4.1 Groupe témoin

La participante assignée au groupe témoin pouvait entamer ou poursuivre la trajectoire de soins standards en fertilité. Après être randomisée, la participante prenait un rendez-vous avec le médecin de la clinique de fertilité pour commencer des traitements de fertilité, déterminés conjointement par le couple et le médecin. Elle pouvait parallèlement entreprendre les changements d’habitudes de vie de manière indépendante ou encore consulter des professionnels en privé. Celle-ci n’avait toutefois pas accès à l’intervention interdisciplinaire d’adoption de saines habitudes de vie intégrée à la clinique de fertilité. La participante assignée au groupe témoin était revue dans le cadre du projet Obésité-Fertilité seulement lors de ses visites de recherche jusqu’à la fin de l’étude. Elle devait aviser l’équipe de recherche si elle avait réussi à concevoir en cours d’étude afin de permettre à l’équipe de planifier les visites de recherche durant la grossesse.

3.4.2 Groupe intervention

Les femmes assignées au groupe intervention avaient accès, dès leur randomisation, à une équipe interdisciplinaire pour l’adoption de saines habitudes de vie en plus de leur suivi à la clinique de fertilité. L’intervention comprenait des suivis individuels et des cours de groupe. L’équipe était composée d’une nutritionniste, d’une kinésiologue et d’une psychologue. Quelques jours après sa randomisation, la participante était rencontrée pour une première évaluation en nutrition et en kinésiologie, pendant 45 minutes par intervenant. Ensuite, elle participait à des suivis individuels en nutrition et en kinésiologie de 20 minutes chacun à la 3e et à la 6e semaine de participation, puis toutes les six semaines jusqu’à ce qu’elle termine le projet. Lorsqu’une participante devenait enceinte, elle était aussi suivie durant sa grossesse, jusqu’à quelques semaines de son accouchement. Les suivis avaient lieu dans les salles cliniques du centre de recherche du CHUS. Entre les suivis individuels, de

brefs suivis par téléphone ou par courriel étaient faits en alternance par la nutritionniste et la kinésiologue afin de vérifier l’atteinte des objectifs fixés et de motiver la participante.

L’approche pour l’adoption des saines habitudes de vie et la perte de poids était fondée sur les recommandations canadiennes en matière de prise en charge du poids chez les personnes en surpoids ou obèses (Lau et al., 2007). Ces recommandations stipulent que la meilleure approche est celle de type comportemental, qui vise des changements de comportement à long terme. Conséquemment, la nutritionniste et la kinésiologue privilégiaient l’entretien motivationnel ainsi que l’autogestion des habitudes de vie par la participante à l’aide d’objectifs établis selon la méthode S.M.A.R.T. (Diabète Québec, 2014). Les recommandations canadiennes indiquent également que l’efficacité des changements de comportement est meilleure lorsque le suivi est personnalisé, dure au moins 12 mois et inclut des interventions individuelles et en groupe, ce que l’intervention du projet tendait précisément à reproduire. Au final, la perte pondérale minimale visée au cours de l’intervention était 5 % du poids initial.

Les suivis individuels en nutrition visaient, avant tout, la consommation du nombre de portions recommandées par groupe alimentaire, selon le Guide alimentaire canadien (Santé Canada, 2011) et à rétablir l’équilibre des macronutriments à chaque repas. Parallèlement, l’intervention nutritionnelle avait pour objectif d’améliorer la qualité alimentaire de la participante en l’éduquant à de meilleurs choix parmi l’éventail de produits alimentaires offerts à l’épicerie. Nous visions également la satisfaction des besoins nutritionnels de la personne durant cette période clé de la préconception. La réappropriation des signaux internes de faim et de satiété était aussi une dimension largement discutée avec les participantes. L’analyse des comportements alimentaires en relation avec les émotions et l’environnement alimentaire était abordée de manière récurrente. La participante remplissait un journal alimentaire de trois jours lorsque le lui demandait la nutritionniste, qui pouvait, grâce à cet outil analyser conjointement ses choix alimentaires et sa répartition prandiale. Le décompte des calories était déconseillé. La fréquence de demande de journaux alimentaires variait d’une participante à l’autre, selon le déroulement de l’intervention nutritionnelle avec chacune.

Les participantes faisant partie du groupe intervention s’engageaient à suivre douze sessions de groupe hebdomadaires, composées d’une première partie théorique de 45 minutes animée par la nutritionniste ou la psychologue en alternance. Les six ateliers donnés par la nutritionniste abordaient les groupes alimentaires du Guide alimentaire canadien (Santé Canada, 2011), avec une analyse plus approfondie de la qualité des aliments au sein du guide. Le guide alimentaire brésilien 2014 était aussi présenté, puisqu’il offre une vision plus globale et intégrative de la saine alimentation (Ministry of Health of Brazil, 2014). Le concept de densité énergétique des aliments, l’influence de l’environnement alimentaire sur nos choix, les signaux de faim et de satiété, l’étiquetage alimentaire et la planification des repas ont également été abordés. Finalement, les recommandations sur l’usage du tabac et sur la consommation d’alcool et de café en période de préconception et de grossesse ont aussi été présentées (McLean & Wellons, 2012; Rooney & Domar, 2014; Sharma et al., 2013). Chaque atelier se terminait par des trucs et astuces, qui permettaient de mettre en application les concepts théoriques au quotidien. La deuxième partie des sessions de groupe était consacrée à la pratique d’activité physique supervisée par une kinésiologue durant 45 minutes. Douze activités différentes ont été sélectionnées, telles que l’aquaforme, le yoga et la Zumba. Les participantes étaient ainsi initiées à une variété d’activités, qu’elles pouvaient poursuivre de manière indépendante si elles leur avaient plu.

Enfin, les participantes au groupe intervention avaient aussi accès aux soins en fertilité comme le groupe témoin, mais seulement six mois après le début de l’intervention sur les saines habitudes de vie. Cette stratégie laissait donc place à la possibilité de grossesses spontanées liées aux changements d’habitudes de vie. Dès qu’une participante avait réussi à concevoir, elle devait rapidement aviser l’équipe de recherche afin de procéder à la première visite de recherche de grossesse. La section suivante détaille la procédure de cueillette de données.