la fusion de chromosomes entre eux (145). Les chromosomes ne peuvent être séparé au cours de la mitose (plusieurs centromères sur un même chromosome) ce qui entraîne leur cassure ou l’absence de cytodiérèse aboutissant à une cellule tétraploïde. Ces mécanismes vont participer à la perte progressive des gènes suppresseurs de tumeurs et vont favoriser une activité oncogénique de plus en plus soutenue aboutissant à un cercle ou oncogène et instabilité génétique vont coopérer et promouvoir la transformation de cellules saines en cellules malignes (Figure 5). Figure 5 : Coopération entre oncogène et instabilité génomique Les dommages de l’ADN générés par l’oncogène induisent une instabilité génomique qui amplifie les effets de l’oncogène et en active d’autres qui vont à leur tour participer à la progression tumorale. Activation d’un proto-oncogène Perte, mutation ou inhibition des gènes de réparation de l’ADN ADN Instabilité génomique Perte mutation ou inhibition du contrôle du fuseau mitotique ROS Réplication anormale C) La sénescence et l’apoptose : barrière contre la tumorigenèse p53 et Rb protégent la cellule de l’oncogenèse via leur rôle suppresseur de tumeur. En fait, ces deux protéines font parties de deux grands mécanismes limitant la progression tumorale : la sénescence et l’apoptose. La sénescence est un état cellulaire physiologique particulier. La cellule est vivante, son métabolisme est actif et elle peut selon les circonstances continuer à exercer des activités paracrines. Son phénotype est altéré et se distingue par un cytoplasme de taille anormalement grande en terme de surface mais extrêmement fin en terme de volume. En revanche, elle devient totalement fermée aux signaux de l’environnement, en particulier ceux induisant normalement la prolifération. La cellule est ainsi morte d’un point de vue prolifératif. L’apoptose est un mécanisme plus extrême pour la cellule. La cellule se suicide en dégradant ses constituants de manière spécifique par l’activité d’enzymes à activité cystéine protéase appelées caspases. L’ADN dégradé est également fortement condensé et apparaît extrêmement noir en microscopie électronique. La cellule disparaît par bourgeonnement de petites vésicules renfermant les différents constituants cellulaires appelées corps apoptotiques. 1. Activation de p53 au cours de l’oncogenèse La protéine p53 est régulée à deux niveaux : traductionnelle et post traductionnelle. La traduction de l’ARN messager est augmentée lors de l’activation de p53. Deux protéines jouent ici un rôle essentiel : la protéine ribosomale L26 (RPL26) se fixe dans le 5’UTR de l’ARN messager de p53 et augmente l’association entre l’ARNm de p53 et des polysomes à fort coefficient de sédimentation contenant un nombre important de ribosome. A l’inverse, la nucléoline inhibe la traduction de l’ARNm là encore en se fixant dans sa région 5’ UTR en inhibe le recrutement de RPL26 (146). En condition normale, l’ARNm est majoritairement fixé par la nucléoline et donc peu traduit. Lors d’un stress oncogénique, RPL26 est relocalisée dans le nucléoplasme et perturbe l’association entre la nucléoline et l’ARNm favorisant ainsi une structure de l’ARNm plus facilement reconnaissable par les ribosomes induisant ainsi l’association de cet ARN avec des polysomes à fort coefficient de sédimentation. Le second niveau de régulation de p53 est la régulation de sa dégradation. En absence de stress, la protéine est dans le noyau associée à deux enzymes ubiquitine E3-ligase Hdm2 (mdm2 chez la souris) et ARF-BP1. L’ubiquitination de p53 par ces protéines entraîne son export du noyau et sa dégradation. Lors d’un stress, l’association entre p53 est les ubiquitines E3 ligases est inhibée, permettant ainsi l’augmentation de la demi-vie de p53 et son expression stable. Cette perturbation est initiée par une protéine du nucléole p14ARF (p19ARF chez la souris) (147) qui favorise de plus l’autoubiquitination de Hdm2 et sa dégradation (148). Cette protéine est codée par le même locus INK4/ARF que la protéine p16 mais ne possède pas le même promoteur, et une séquence intron exon différente de celle de p16 (149). L’expression de p14ARF est contrôlée par les facteurs E2Fs (150). En condition normale, son promoteur est occupé par le facteur E2F3b qui répriment la transcription du gène. L’inhibition de ce facteur permet l’activation de p14ARF et l’activation de p53. Lors d’une activation oncogénique du facteur E2F1 grâce à la protéine virale E1A, ce facteur est recruté à la place de E2F3b et induit une forte activation de la voie p14ARF/p53 (151). D’après ces résultats, p14ARF pourrait ainsi être activé grâce aux dérégulations des facteurs E2Fs dues à l’oncogène. L’autre point permettant de réguler l’expression de p14ARF est le contrôle du locus INK4A/ARF par les protéines PcG tel que Bmi1. Nous reviendrons sur ce point dans le paragraphe suivant. Ces mécanismes ne sont pas les seuls capables d’activer p14ARF. L’activation de la ribogénèse dans le nucléole au cours de l’oncogenèse pourrait être déterminante (148). La nucléophosphamine B23 (participe à l’assemblage des ribosomes) et plusieurs protéines ribosomales tel que les protéines ribosomales L5, L23 et L11(152-154) qui possèdent des sites de fixation pour p14ARF augmentent le recrutement et la stabilisation de p14 ARF au sein de nucléole. La stabilisation de p14ARF au sein du nucléole limite sa dégradation par Hdm2. La perturbation structurelle du nucléole induite par l’activité oncogénique (réplication incomplète, cassures de l’ADN, amplification des gènes codant les ARNr, surexpression de protéines ribosomales sous le contrôle de c-myc) induit la relocalisation de ces diverses protéines au sein du nucléoplasme (155). Ceci permet alors à p14ARF ou la nucleophosmine B23 de venir interagir avec Hdm2 et d’induire la stabilisation de p53 (156). Parallèlement à la voie de signalisation faisant intervenir p14ARF, p53 peut-être stabilisé par les perturbations génomiques engendrées par l’oncogène. En effet, il existe au sein du domaine d’activation transcriptionnel (N-terminal) de la protéine de nombreux sites de phosphorylations. Les sérines 15 et 20 sont phosphorylées respectivement par les kinases ATM/ATR d’une part et chk1/chk2 d’autre part (98). Ces phosphorylations permettent la phosphorylation d’autres résidus dans la région N-ter de p53 dont la sérine 9 ou la thréonine 18 phosphorylées par les kinases CK1 ou DNA-PK par exemple. Ces phosphorylations déstabilisent la liaison entre Hdm2 et p53 et permettent ainsi la stabilisation de la protéine. De plus, ces phosphorylations sont absolument nécessaires au recrutement des cofacteurs de la transcription par p53. Les différentes kinases ci-dessus interviennent toutes dans la détection des perturbations du génome permettant ainsi d’activer p53 indépendamment de la présence d’ARF. Au cours de l’oncogenèse, il est probable que la déstabilisation du génome (via des cassures de l’ADN ou la présence de fourches de réplication effondrées) et la perturbation du nucléole coopèrent pour permettre l’activation maximale de p53 (148) (figure 6). Dans le document Rôle des facteurs de transcription stat3 dans la réponse aux inhibiteurs de topoisomerase : Implication dans la résistance aux traitements de chimiothérapie (Page 34-37)