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La compréhension de la délinquance a connu des progrès importants suite à l’étude de la carrière criminelle et des différents paramètres qui la composent (Blumstein et al. 1986). Bons nombres d’études ont porté sur les paramètres traditionnels de la carrière criminelle, tels que la fréquence des délits, la diversification des types de délits et la durée de la carrière criminelle. En marge de ces paramètres classiques de la carrière criminelle s’est développé un nouvel objet d’étude, celui de la réussite criminelle. Ce paramètre a suscité de plus en plus d’intérêt chez les chercheurs en criminologie dans les dernières années (ex. Tremblay et Morselli, 2000, McCarthy et Hagan, 2001; Morselli et Tremblay, 2004; Ouellet et Tremblay, 2014; Ouellet et Bouchard, 2017). Cette partie a donc pour objectif d’introduire le concept de la réussite criminelle, d’examiner les différentes dimensions de la réussite criminelle et de synthétiser les facteurs explicatifs de la réussite criminelle.

La délinquance : échec ou réussite ?

Bien que le concept de la réussite criminelle fait dorénavant partie de la littérature criminologique, un certain débat a d’abord été introduit afin de savoir si la délinquance criminelle permet de connaître un certain succès ou non. D’un côté, certains auteurs en criminologie ont initialement proposé que la délinquance ne constitue pas une voie de réussite personnelle envisageable, notamment puisque les délinquants n’arriveraient pas à retirer de bénéfices considérables et durables de leurs activités criminelles (Gottfredson et Hirschi, 1990; Wilson et Abrahasme, 1992). À ce propos, Gottfredson et Hirschi (1990) rapportent : « [a]ltough it may be more glamorous and profitable for law enforcement to portray an image of crime as a highly profitable alternative to legal work, a valid theory of crime must see it as it : largely petty, typically not completed, and usually of little lasting or substantial benefit to the offender » (p.21). À partir de l’enquête de la Rand Corporation menée auprès de détenus américains, Wilson et Abrahasme (1992) sont les premiers auteurs recensés à avoir examiné cette question. Cela dit, les auteurs ont montré que pour les délinquants commettant un « taux

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moyen » de délits, les revenus amassés seraient très faibles alors que pour les délinquants commettant un « taux élevé » de délits, les revenus seraient plus modestes. Les auteurs proposent que ces revenus modestes ne compensent toutefois pas pour le temps passé en prison qu’occasionnent ces activités criminelles. En faisant allusion aux travaux de Gottfredson et Hirschi (1990), les auteurs proposent que les délinquants ne soient pas en mesure de réussir criminellement puisqu’ils seraient trop orientés vers le moment présent, trop impulsifs, incapables de s’abstenir devant une opportunité criminelle et incapables d’apprécier les risques que présente la perpétration de délits.

En revanche, Tremblay et Morselli (2000), également à partir de l’enquête de la Rand

Corporation, sont arrivés à des résultats contraires: ils ont montré que certains délinquants

arrivaient à retirer des profits importants de leurs activités délictuelles. Face à cette contradiction, Tremblay et Morselli (2000) avancent que Wilson et Abrashme (1992) sont parvenus à de tels résultats puisqu’ils ont porté trop de restrictions aux données. Précisément, Wilson et Abrahasme (1992) ont exclu plusieurs participants lesquels étaient réputés ne pas avoir commis suffisamment de délits. De ce fait, les participants qui commettaient d’importants revenus, malgré le peu de délits commis, étaient exclus des analyses. De plus, ils ont classé les participants selon leur crime de prédilection, par exemple, en tant que « voleur » ou « vendeur de drogues ». Ainsi, bien que plusieurs participants étaient impliqués dans plus d’un type de délits, les revenus étaient rapportés pour un seul type de délit. Cela a eu pour effet de minimiser le revenu criminel total de certains délinquants. De leur côté, Tremblay et Morselli (2000) n’ont pas imposé de telles conditions aux données laissant ainsi aux participants davantage de possibilités d’exprimer des revenus criminels importants. En résumé, l’étude de Tremblay et Morselli souligne l’importance d’utiliser une méthodologie appropriée et de « laisser une certaine liberté aux données » afin de rendre compte de la réussite criminelle. Enfin, l’étude de Tremblay et Morselli (2000) est la première étude recensée qui permet clairement d’identifier des trajectoires de réussites criminelles et semble avoir suscité l’intérêt d’autres chercheurs sur ce sujet. Bien que la réussite criminelle ait

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d’abord été examinée en termes de revenus criminels, d’autres dimensions construisent ce concept. Ces dimensions seront abordées à la prochaine partie de ce mémoire.

LES DIMENSIONS DE LA RÉUSSITE CRIMINELLE

Les travaux qui ont porté sur la réussite professionnelle légitime (voir Thomas et al., 2007) font la distinction entre les dimensions objectives (salaire et promotion) et les dimensions subjectives (satisfaction à l’emploi). De façon générale, les dimensions objectives sont « factuelles » alors que les dimensions subjectives dépendent de la perception des individus. En s’inspirant de ces travaux, les différents indicateurs la réussite criminelle recensés ont été classifiés entre dimensions « objectives » et « subjectives » de la réussite criminelle. Cela dit, les indicateurs objectifs sont représentés par des indicateurs factuels de la réussite tels que les revenus criminels (ex. McCarthy et Hagan, 2001; Morselli et Tremblay, 2004) et les expériences d’impunité (ex. Bouchard et Nguyen, 2010; Ouellet et Bouchard 2017).6 De leur côté, les indicateurs subjectifs de la réussite criminelle sont liés à la perception individuelle comme le prestige criminel (Charette, 2010; Tremblay et al.2016), la réputation criminelle (Petit, 2011) et l’auto-efficacité criminelle (ex. Brezina et Topalli, 2012; Laferrière et Morselli, 2015).

1.0 DIMENSIONS OBJECTIVES

1.1 LES REVENUS CRIMINELS

Parmi les différents indicateurs de la réussite criminelle, les revenus criminels sont certainement ceux qui ont suscité le plus d’intérêt de recherche. Une attention particulière sera donc accordée à cet indicateur. Cette partie portera sur les différents objets d’étude des

6 Évidemment, vu les biais de désirabilité du contexte criminologique, les indicateurs objectifs peuvent être

influencés par la perception du répondant. Toutefois, l’objectif de cette distinction entre dimensions objectives et subjectives de la réussite criminelle est plutôt d’apporter une certaine clarification dans la disparité

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revenus criminels, les facteurs explicatifs des revenus criminels et les préoccupations méthodologiques liées à l’étude des revenus criminels.

Avant d’examiner les facteurs qui influencent les revenus criminels, il importe de préciser que l’étude desdits revenus criminels s’est articulée sous deux objets d’études distincts. Alors que certains travaux se sont efforcés de trouver des modèles de réussites criminelles lucratives (ex. McCarthy et Hagan, 2001; Morselli et Tremblay, 2004), d’autres travaux se sont plutôt intéressés aux facteurs qui expliquent les variations des revenus criminels à travers le temps (Uggen et Thomson, 2003; Ouellet et Tremblay, 2014). Les travaux qui ont porté sur les modèles de réussites criminelles ont utilisé des mesures statiques des revenus criminels, c’est-à-dire qui ne varient pas à travers le temps. En revanche, les travaux qui ont porté sur les variations des revenus criminels ont utilisé des stratégies analytiques dynamiques, c’est-à-dire qui fluctuent à travers le temps. Précisément, cela signifie que les revenus criminels ont été analysés pour chaque mois. De façon générale, les modèles de réussites criminelles lucratives rendent compte d’une certaine réussite « globale » alors que les variations des revenus criminels rendent compte de performances criminelles à « court terme ».

1.1.1 Modèles de réussites criminelles lucratives

L’étude de McCarthy et Hagan (2001) est la première à proposer un cadre conceptuel précis afin d’expliquer pourquoi certains délinquants retirent davantage de revenus de leurs activités criminelles. À partir d’une enquête menée auprès de jeunes de la rue de Toronto et de Vancouver, les chercheurs se sont intéressés aux revenus criminels de délinquants âgés de moins de 24 ans principalement impliqués dans la vente de drogues. Les auteurs ont examiné les revenus criminels moyens par jour ainsi que les revenus criminels totaux sur une période fenêtre de 12 jours. En s’inspirant des études sur les performances professionnelles légitimes, McCarthy et Hagan (2001) ont fait appel aux notions de capital social, de capital humain, mais surtout de capital personnel afin d’expliquer la réussite criminelle des délinquants. Cela dit, le capital social fait référence aux ressources et aux opportunités qu’offrent les relations sociales

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et les organisations sociales informelles (Coleman, 1994, cité dans McCarthy et Hagan, 2001). Quant au capital humain, ce concept propose que la réussite soit influencée par « l’investissement » dans l’éducation et les formations lesquelles permettent d’augmenter les compétences individuelles (Becker, 1996; cité dans McCarthy et Hagan, 2001). Enfin, le capital personnel représente les attitudes ou les caractéristiques personnelles (ex. la créativité ou le leadership) qui agissent à titre de ressources potentielles afin de parvenir à ses objectifs (Capsi et al. 1998, cité dans McCarthy et Hagan, 2001). Cela dit, les auteurs ont adapté ces trois concepts au monde illégitime afin d’identifier certains facteurs permettant d’expliquer pourquoi certains délinquants affichent des revenus criminels plus importants. Les auteurs ont montré que « la volonté de collaborer avec autrui » et « le désir de s’enrichir « (des attitudes qu’ils attribuent au capital personnel) augmentaient les revenus criminels individuels. De plus, cette étude souligne que la spécialisation criminelle, c’est-à-dire le fait de se spécialiser dans la vente de drogues, augmente les revenus criminels. Les auteurs utilisent la spécialisation criminelle comme un indicateur du capital humain au sens où les délinquants s’investissent davantage dans cette activité criminelle.

À l’aide d’une enquête menée au Québec auprès de détenus fédéraux masculins entre les années 2000 et 2001, Morselli et Tremblay (2004) ont montré que la « taille efficace » du réseau criminel et que le manque de contrôle de soi avait un effet positif sur les revenus criminels. Le concept de « taille efficace » du réseau est élaboré à partir de la théorie des trous structuraux (Burt, 1992). La taille efficace place un individu dans une position d’intermédiarité au sein d’une structure sociale ce qui permet d’augmenter le capital social des délinquants et les opportunités criminelles par le fait même. De plus, les auteurs ont montré l’effet du manque de contrôle de soi sur les revenus criminels. Le manque de contrôle de soi est un trait individuel associé à la délinquance et marqué par : la gratification immédiate, la recherche de sensations fortes, le manque de ténacité dans l’agir, le présentéisme, la préférence à l’activité physique et par la présence de conséquences négatives pour la victime (Gottfredson et Hirschi, 1990). Cela dit, les délinquants qui manquent davantage de contrôle de soi retirent des revenus plus importants de leurs activités criminelles. Ce résultat est paradoxal puisque,

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rappelons-le, certains travaux ont traditionnellement proposé que les délinquants n’arrivent pas à retirer des bénéfices significatifs de leurs activités criminelles en raison de leur faible maîtrise de soi (Gottfredson et Hirschi, 1990; Wilson et Abrahasme, 1992). À cet effet, Morselli et Tremblay (2004) suggèrent que la témérité et la prise de risques qui marquent les délinquants avec un faible contrôle de soi leur permettraient de saisir des opportunités criminelles avec célérité et ainsi retirer davantage de profits de leurs activités criminelles (Morselli et Tremblay., 2004, p.111). Plus spécifiquement, les auteurs argumentent que le manque de contrôle de soi, et implicitement le goût du risque, est davantage bénéfique pour la délinquance d’acquisition (ex.vol) que pour la délinquance de marché (ex. trafic de drogues). À partir de la même enquête, Charest et Tremblay (2009) se sont intéressés à l’effet de la classe sociale sur les revenus criminels. Les résultats de cette étude montrent une relation positive entre la classe sociale (inférieure, moyenne et supérieure) et les revenus criminels. Autrement dit, plus un délinquant appartient à une classe sociale élevée, plus ses revenus criminels seront importants. La classe sociale est mesurée par la nature des emplois qu’occupent les pères des participants (selon l’échelle du prestige occupationnel de Nakao et Treas, 1994; voir Charest et Tremblay, 2009; p.700). À ce propos, l’auteur montre que les délinquants des classes moyennes et supérieures, en comparaison aux délinquants de la classe inférieure, ont des standards de réussite plus élevés (le désir d’atteindre un niveau de réussite financière élevé), favorisent des formes entrepreneuriales de délinquance, bénéficient de l’expérience de mentors criminels et ont des sentences d’emprisonnement moins sévères.

En réanalysant les données du sondage de la Rand Corporation (1978), Robitaille (2004) rend compte de certains facteurs individuels qui expliquent pourquoi certains délinquants rapportent des gains criminels plus élevés. Ces facteurs ont été regroupés sous trois thèmes conceptuels : les facteurs antécédents, les facteurs liés au passage à l’acte et les facteurs comportementaux. Cela dit, les facteurs qui permettent d’augmenter les revenus criminels sont : l’âge, les antécédents criminels (facteurs antécédents), l’adoption de comportements stratégiques, la spécialisation criminelle (facteurs liés au passage à l’acte), l’absence de consommation abusive et l’utilisation de violence (facteurs comportementaux). Il est

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également intéressant de noter que l’auteur suggère que l’effet des facteurs antécédents, soit l’âge et les antécédents criminels, est le reflet d’une accumulation du capital social et du capital humain.

À partir d’individus affiliés à la sous-culture délinquante haïtienne de Montréal entre les années 1980 et 2010, Tremblay et al. (2016) ont examiné les facteurs influençant la performance ou le « leadership » économique. La performance économique est mesurée par la valeur de la voiture que possèdent les affiliés. Cela dit, le leadership économique est avantagé par les facteurs suivants : l’entrée tardive dans la délinquance, des liens de sang avec les affiliés, la mobilité géographique, l’hétérogénéité de son allégeance (des contacts qui proviennent des différents groupes) et la présence de leaders et de mentors économiques dans son entourage.7

Morselli, Paquet-Clouston et Provost (2017) se sont intéressés aux performances criminelles lucratives8 d’individus liés à un vaste réseau de distribution de cocaïne parmi lesquels étaient impliqués des membres des Hells Angels du Québec. À partir du livre de comptabilité des motards, les auteurs ont été en mesure de montrer que faire partie de l’affiliation des Hells Angels n’était pas associé à une hausse des performances criminelles. Plutôt, les performances criminelles sont déterminées par le positionnement central des individus dans le réseau criminel. Cette position centrale au sein du réseau criminel permettrait une meilleure utilisation des ressources et augmenterait ainsi les performances criminelles.

Enfin, Rowan, McGloin et Nguyen (2018) ont examiné l’effet de la co-délinquance sur les revenus criminels auprès de plus de 1 300 participants provenant du projet « Pathways to Desistance ». Cette enquête menée dans les états de l’Arizona et de la Pennsylvanie a suivi des

7 Les auteurs se sont également intéressés aux performances ou au leadership politique (soit la capacité à mobiliser les différents groupes

délinquants) et guerrier (force combative) des délinquants. Ces performances sont respectivement influencées par 1) la précocité criminelle, la présence de mentors, la capacité à rallier les membres les plus influents, un entourage d’affiliés appartenant au même clan, des liens de sang avec d’autres affiliés, des contacts culturellement cosmopolites et la présence de leaders politiques et guerriers et 2) la précocité criminelle, la centralité d’intermédiarité, la présence de leaders guerriers et économiques dans son entourage

8 Précisons que les auteurs n’utilisent pas directement les revenus criminels comme variable dépendante afin de rendre compte de la

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jeunes ayant commis leurs premiers crimes entre 14 et 18 ans sur plus de sept années. Les auteurs ont utilisé deux indicateurs de la codélinquance : 1) la présence d’au moins un codélinquant durant la carrière criminelle 2) la somme des années pour laquelle les participants étaient en relation avec un codélinquant. Les résultats montrent que ces deux indicateurs ont un effet positif sur les revenus criminels. Les analyses de Rowan et al. (2018) révèlent également l’effet de certaines variables contrôles sur les revenus criminels, c’est-à- dire : la fréquence des délits, les pairs délinquants9, la dépendance aux drogues, les situations d’emploi, l’âge et l’origine ethnique.

1.1.2 Revenus criminels et variations temporelles

Les travaux recensés jusqu’à présent ont traité de la question des revenus criminels de façon stable et ne se sont pas intéressés aux variations temporelles de ceux-ci. En effet, certains travaux ont montré que les revenus criminels tendent à être instables à travers le temps (Hagan et McCarthy, 1997; Uggen et Thomson, 2003; Ouellet et Tremblay; 2014). Deux études importantes ont montré l’influence de certains facteurs sur la variation temporelle des revenus criminels (Uggen et Thomson, 2003 ; Ouellet et Tremblay, 2014). En premier lieu, l’étude de Uggen et Thomson (2003) s’est intéressée à la variation mensuelle des revenus criminels à partir d’un échantillon de plus de 2000 participants provenant d’un programme d’aide à l’emploi aux États-Unis destiné à d’anciens toxicomanes, contrevenants, et des décrocheurs scolaires sur une période de 18 à 36 mois. En second lieu, Ouellet et Tremblay (2014) ont examiné les revenus criminels mensuels de 172 participants sur une période 36 mois en analysant les données dynamiques de l’enquête québécoise sur la situation financière des détenus fédéraux (voir Morselli et Tremblay, 2010). Ces travaux s’inscrivent en grande partie sous la théorie criminologique des parcours de vie laquelle met en cause les circonstances de vie et les évènements de vie (ex. les situations d’emploi, de cohabitation conjugale et de consommation) afin d’expliquer les comportements délinquants.

9 Les pairs délinquants se distinguent des co-délinquants dans la mesure que les derniers ont participé à la perpétration de délits avec les

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D’abord, Uggen et Thomson (2003) ont montré que les revenus criminels mensuels ont tendance à augmenter durant les périodes de chômage et à l’inverse diminuer durant les périodes d’emploi. De plus, Uggen et Thomson (2003) ainsi Ouellet et Tremblay (2014) ont montré que les revenus légitimes mensuels (et non les périodes d’emploi ou de chômage) ont un effet négatif sur les revenus criminels mensuels. Ces travaux suggèrent ainsi que les délinquants auraient tendance à moduler leurs activités criminelles lucratives en fonction de leur situation d’emploi et financière ou encore l’inverse.

Ces études ont aussi examiné l’effet de la cohabitation conjugale sur les revenus criminels. Cela dit, il est intéressant de noter que les résultats divergent en fonction des études. De leur côté, Uggen et Thomson (2003) ont montré que les revenus criminels étaient en baisse durant les mois où les contrevenants étaient en situation de cohabitation conjugale. Par contre, les analyses de Ouellet et Tremblay (2014) n’affichent aucune relation significative entre les périodes de cohabitation conjugale et les revenus criminels. Les auteurs suggèrent que leurs résultats divergent possiblement de ceux présentés par l’étude de Uggen et Thomson (2003) en raison de la différence des échantillons étudiés (voir. Ouellet et Tremblay, p.542).

Puis, ces travaux ont porté attention à l’effet de la consommation de substances psychoactives sur les revenus criminels mensuels. Cela dit, Ouellet et Tremblay (2014) ont montré qu’il existe une association positive entre le fait de consommer de l’alcool de façon quotidienne et les revenus criminels mensuels. À cet effet, les auteurs marquent que « [l’alcool] tend être un indicateur du style de vie et de leurs revenus : les délinquants qui réussissent mieux ont davantage d’argent à dépenser et ils semblent donc plus enclins à faire la fête… » (p.544). Uggen et Thomson (2003) ont quant à eux trouvé que les revenus criminels mensuels avaient tendance à augmenter durant les mois où les contrevenants consommaient de la cocaïne ou de l’héroïne.

Jusqu’à présent, les revenus criminels mensuels ont été examinés en fonction de circonstances de vie plutôt « classiques » (emploi, cohabitation conjugale, consommation) des théories des parcours de vie (Sampson et Laub, 1993). Par contre, les travaux de Uggen et Thomson et Ouellet et Tremblay se sont également intéressés à l’effet d’autres circonstances

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telles que la surveillance pénale, les contacts avec les services policiers, les expériences d’impunité et la diversification des activités criminelles. Conséquemment, ces travaux ont montré que les périodes de surveillances pénales (probation, libération conditionnelle et maison de transition), les arrestations (Ouellet et Tremblay, 2014) et la perception d’être emprisonné (Uggen et Thomson, 2003) diminuent les revenus criminels mensuels. Les délinquants auraient donc tendance à diminuer leurs activités criminelles lucratives lorsqu’ils sont surveillés ou lorsqu’ils se sentent surveillés par le système de justice. De plus, Ouellet et Tremblay (2014) ont montré que la diversification des activités criminelles est associée à une hausse des revenus criminels mensuels. Enfin, bien que la capacité à éviter les contacts avec la justice, c’est-à-dire l’expérience d’impunités, est considérée comme une dimension en soi de la réussite criminelle, Ouellet et Tremblay (2014) se sont intéressés à l’effet de ce facteur

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