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4.8 Retour sur les principes de base

4.8.2 En résumé

Une intense activité à eu lieu dans le sillage de la mécanique quantique. Moles et Gabor arrivent à des formulations équivalentes du quantum sonore, Moles allant jusqu'à donner une mesure du nombre de quanta de sensation reçu et Iannis Xenakis créé de nouvelles formes de composition musicale basées sur les atomes de Gabor, parfois appelé aussi synthèse granulaire. Il est possible de trouver des créations musicales et logicielles basées sur ces théories à l'IRCAM12 au Centre Pompidou à Paris.

Cette nouvelle conception du signal sonore nous impose de nouvelles formes de pensée et d'analyse. Ceci ne va pas sans eets remarquables et nous observons parallèlement à l'évolution de la recherche, la réalisation de systèmes acoustiques inédits reposant sur la théorie quantique qui permettent de considérer et d'utiliser la diraction sonore de façon équivalente à la diraction de corpuscules quantiques, la réalisation de miroirs acous-tiques à retournement temporels13, le masquage des objets et bien d'autres techniques encore dans les laboratoires d'acoustique.

12http ://freesoftware.ircam.fr/

13Tout l'U, 138, Université de Franche-Comté, pp. 15

Il faudra donc attendre la n du XXe et le début du XXIe pour voir le triomphe des idées des chercheurs cités ci-dessus, et leur mise en application dans de nombreux domaines de la recherche, de l'industrie et même de la vie courante.

Traitement des données

Ce que nous nommons analyse phonétique standard repose sur des mesures de formants obtenus par FFT avec le logiciel Praat [11] en ce qui concerne la première partie de ce chapitre. L'étude de la coarticulation des consonnes pharyngalisées vs non-pharyngalisées et l'application de l'équation de locus nous donnent un moyen reconnu pour traiter les mesures eectuées sur les formants an d'en déduire un certain nombre d'informations concernat nos locuteurs [1].

Fig. 5.1 eets de la coarticulation avec à gauche [idQi] et à droite idi

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La coarticulation comme signe distinctif des dialectes

Dès les premiers balbutiements de l'enfant, la coarticulation se traduit par une ex-pansion des traits propres à un segment phonétique sur les segments adjacents. Chez l'adulte elle a fait l'objet d'investigations au niveau de plusieurs articulateurs mais nous ne l'abordons ici qu'au niveau acoustique. Ses eets acoustiques ont été observés dans des séquences syllabiques simples de type VC et CV mais aussi dans des séquences complexes de type VCV, CVC, VCCV ou CVVC.

L'exploration de la coordination des gestes articulatoires dans la production de la parole montre l'existence de phénomènes de chevauchement, coproduction ou coarticu-lation [48], ce qui est aussi visible lors de l'observation du signal. La parole n'est donc pas une suite de sons de caractéristiques indépendantes, elle est constituée de gestes qui s'organisent entre eux selon des lois qui nous échappent souvent et que l'on nomme la coarticulation.

Les premiers synthétiseurs de parole fonctionnaient sur la base des quelques pho-nèmes pouvant entrer dans leur faible mémoire. Ils produisaient une parole hachée qui est resté la caractéristique des voix de robots, parce qu'il n'y avait pas de transitions entre les diérents sons. Aucune langue humaine ne pouvant s'accomoder d'une telle technique aussi primitive, les synthétiseurs ont rapidement pris en compte la liaison entre phonème : les diphones, triphones et même au-delà ont été utilisés.

De nombreux chercheurs ont tenté d'expliquer le phénomène de coarticulation. Celui-ci peut-être vu comme un processus d'accommodation raccordant des sons contigus [17] ; [47], ou comme le résultat d'une altération des propriétés du segment par un ajustement articulatoire des deux segments adjacents. Dans ce cas, la transition entre les deux segments est réduite, mais il est aussi possible d'envisager l'action d'un seul segment dont les traces se retrouvent dans l'autre [8]. Les segments de parole ne sont donc pas constitués de gestes articulatoires isolés, mais exercent des inuences multiples et réciproques les uns sur les autres.

Les caractéristiques remarquables de la coarticulation

Nous observons que les inuences d'un segment sur les segments adjacents sont observables et que souvent un segment agit sur des segments éloignés [29].

Au niveau de l'analyse phonétique, la coarticulation est un processus complexe. Elle dépend de contraintes articulatoires, perceptives et phonologique du système linguistique considéré. Elle dépend de l'inventaire consonantique et vocalique du système considéré [65] ; [70] ; [66] ; [41], elle dépend de propriétés prosodiques comme l'accent [33].

Les situations de coarticulation

Nous distinguerons les eets anticipatoires qui indiquent une programmation de l'acte de parole et les eets rémanents qui signent une inertie des articulateurs. Mais en fait tous les articulateurs, procèdent à des ajustements avant l'arrivée de la cible articulatoire de même qu'ils peuvent procéder à des ajustements après.

Il existe un phénomène de résistance à la coarticulation et certains phonèmes montrent plus de résistance à la coarticulation que d'autres : les consonnes dentales ou alvéolaires et les voyelles palatales résistent plus que les consonnes labiales et vélaires et les voyelles vélaires.

Les stratégies d'économie articulatoire

Nous plaçons sous ce terme l'ensemble des ajustements opérés par les diérents ar-ticulateurs dont l'action a des impacts spéciques sur le résultat acoustique qu'est le signal de parole. Les déplacements de la langue, la protrusion labiale ou l'ouverture vélo-pharyngée donnent lieu à davantage de modications spectrales que les mouve-ments des cordes vocales ou ceux de la mâchoire. Nous avons étudié la coarticulation d'un point de vue acoustique dans la séquence CV sur les diérentes transitions de F2 de la consonne plosive décrites comme dépendantes du contexte vocalique adjacent,

transitions qui caractérisent diérentes occurrences allophoniques de la consonne [22].

La coarticulation n'est pas seulement la résultante de limitations des articulateurs ou de stratégies d'économie articulatoire. Elle a des liens forts avec les représentations mentales [17] ; [47] ; [98] ; et les travaux convergent tous vers une même conclusion paçant ce processus complexe aux niveaux phonétique et phonologique [17] ; [47].

5.1 L'équation de locus

Le concept de locus a ouvert la voie à une série de recherches en acoustique, no-tamment en appliquant l'équation de locus dénie par Lindblom. Pour Delattre et al., 1955, l'équation de locus permet de caractériser les aspects coarticulatoires d'un segment CV [64].

L'équation de locus est une régression linéaire de F2onset (fréquence de F2 au début de la voyelle) sur F2mid (fréquence de F2 au milieu de la voyelle) de plusieurs voyelles devant la même consonne (où k et c sont la pente et l'ordonnée de la fonction de l'intersection de la droite de régression avec l'axe y).