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CHAPITRE V: DISCUSSION GÉNÉRALE

1. Résumé des objectifs de thèse

L’objectif global de la thèse et des trois articles empiriques était d’examiner le rôle des facteurs psychologiques dans le développement, le maintien et l’évolution de la douleur chez les femmes présentant une douleur génito-pelvienne et leurs partenaires. La conceptualisation de la douleur utilisée dans cette thèse découle du modèle biopsychosocial afin de mieux comprendre les différents processus psychologiques, relationnels et biomédicaux impliqués dans l’expérience de la VP – principale source de douleur génito-pelvienne. Ainsi, la thèse visait à pallier les lacunes des études menées jusqu’à ce jour dans le domaine de la VP en peaufinant le modèle biopsychosocial via l’intégration du sentiment d’injustice, en se penchant sur les deux membres du couple par l’inclusion des partenaires des femmes avec une VP, en s’intéressant aux dynamiques quotidiennes des couples et en examinant la progression naturelle de la VP à l’aide d’une méthodologie longitudinale pour une meilleure compréhension de l’évolution de la douleur.

Premier article

Le premier article de thèse examinait de manière transversale l’association entre le sentiment d’injustice et l’intensité de la douleur de la femme, ainsi que la satisfaction sexuelle, la détresse sexuelle et la dépression de chaque partenaire chez les couples dont la femme présente une VP. Les deux membres du couple ont été inclus afin de prendre en compte l’influence que peut avoir la perception du sentiment d’injustice du partenaire autant pour lui- même/elle-même que pour la femme. Il était attendu qu’une faible perception du sentiment d’injustice chez la femme serait associée à une meilleure satisfaction sexuelle ainsi qu’à moins de douleur, de détresse sexuelle et de dépression chez celle-ci. De plus, il était attendu qu’une faible perception du sentiment d’injustice chez le partenaire serait associée chez les femmes à

une meilleure satisfaction sexuelle ainsi qu’à moins de douleur, de détresse sexuelle et de dépression. Finalement, l’association entre le sentiment d’injustice perçu par les femmes et les conséquences pour leurs partenaires ainsi que l’association entre le sentiment d’injustice perçu par les partenaires et leurs propres conséquences ont été examinées de façon exploratoire.

Les résultats ont montré qu’une faible perception du sentiment d’injustice chez les femmes était associée à moins de détresse sexuelle et de dépression chez celle-ci, mais pas avec la douleur et la satisfaction sexuelle. Une faible perception du sentiment d’injustice chez les partenaires était associée à moins de détresse sexuelle et de dépression ainsi qu’à une meilleure satisfaction sexuelle chez ces derniers. Toutefois, les effets du sentiment d’injustice semblent être intra-individuels puisque le sentiment d’injustice perçu par l’un des partenaires n’était pas associé aux variables sexuelles et psychologiques de l’autre partenaire. Néanmoins, toutes les associations significatives étaient significatives au-delà des effets du sentiment d’injustice perçu par l’autre membre du couple. Les résultats appuient le Modèle d'injustice perçue (Jackson, Kubzansky et Wright, 2006), selon lequel le sentiment injustice est associé à une cascade de réactions psychologiques négatives et soutiennent les conclusions des recherches dans le domaine de la douleur chronique quant aux conséquences du sentiment d’injustice. En plus de souligner l’importance d’examiner le sentiment d’injustice dans le contexte clinique chez les couples dont la femme souffre d’une VP, ce premier article aide à peaufiner le modèle multifactoriel de ce trouble grâce à l’intégration d’un nouveau facteur cognitif.

Deuxième article

En employant une méthodologie dyadique à journaux quotidiens, le deuxième article de thèse examinait les associations entre les symptômes quotidiens d’anxiété et de dépression

et la fonction sexuelle, la détresse sexuelle et la douleur chez les femmes avec une VP et leurs partenaires. Toute comme le premier article de thèse, les deux membres du couple ont été inclus afin de tenir compte de l’influence de l’humeur négative de chacun des partenaires autant pour leur propre sexualité que pour celle de leur partenaire. Il était attendu que les jours d’activités sexuelles lorsque les femmes et les partenaires se sentaient plus anxieux ou déprimés, les femmes rapporteraient plus de douleur et les deux membres du couple rapporteraient une moins bonne fonction sexuelle et plus de détresse sexuelle.

Les résultats ont montré que les jours d'activités sexuelles, lorsque les femmes se sentaient plus anxieuses et déprimées, leur douleur lors des relations sexuelles était plus intense, elles avaient une moins bonne fonction sexuelle et elles rapportaient se sentir plus en détresse par rapport à leur sexualité. Du côté des partenaires, les jours d'activités sexuelles où ils se sentaient plus anxieux ou déprimés, ceux-ci rapportaient plus de détresse sexuelle et les femmes aussi. Encore une fois, toutes les associations significatives l’étaient au-delà des effets des symptômes quotidiens d’anxiété et de dépression de l’autre membre du couple. Ainsi, le devis dyadique à journaux quotidiens employé dans ce second article de thèse a permis de mettre en lumière les enjeux quotidiens que peut engendrer une humeur anxieuse ou dépressive sur la sexualité et la douleur des femmes avec une VP et leurs partenaires. Les résultats de ce deuxième article montrent que de réduire les sentiments anxieux et dépressifs chez les deux membres du couple pourrait être bénéfique pour la douleur de la femme et pour la sexualité du couple.

Troisième article

Selon un devis longitudinal sur trois temps de mesure en sept ans, le troisième article de thèse visait à identifier différentes trajectoires de douleur chez les femmes avec une VP. Il

examinait aussi si (1) le fait d’avoir pris part à un traitement ou non, (2) certaines caractéristiques de la douleur (p. ex., la durée, la localisation et l’âge au début de la douleur) et (3) des facteurs psychologiques (p.ex., l’anxiété) pouvaient prédire ces trajectoires de douleur. Dans l’ensemble, cet article de thèse avait pour but d’en connaître davantage sur la progression naturelle de la VP à travers le temps alors que celle-ci n’est pas bien comprise.

Les résultats ont révélé deux trajectoires de douleur chez les femmes avec une VP, soit une première où la douleur persiste et une deuxième où la douleur diminue avec le temps, toutes deux associées à différents facteurs psychologiques et caractéristiques de la douleur. Ainsi, les femmes plus âgées au moment du début de leur douleur, qui avaient de la douleur à un autre endroit qu’uniquement à l’entrée du vagin et qui présentaient de plus hauts niveaux d’anxiété étaient plus susceptibles d’avoir une trajectoire persistante de douleur plutôt que de voir leur douleur diminuée. Par ailleurs, le fait d’avoir pris part ou non à un traitement ne s’est pas avéré prédictif de l'évolution de la douleur au fil du temps. Dans l’ensemble, ces résultats suggèrent que l’évolution de la VP dans le temps est hétérogène et diffère entre les femmes selon certaines caractéristiques de la douleur et certains facteurs psychologiques, comme l’anxiété. Les données du suivi de sept ans de ce troisième article de thèse procurent une source d’information précieuse permettant de répondre aux questions sur l’évolution naturelle de la douleur dans le temps et d’identifier quel profil clinique ont les femmes qui rapportent une diminution de la douleur. L’un des facteurs prédicteurs d’une douleur persistante est l’anxiété – un facteur modifiable – ce qui porte à croire qu’une intervention psychologique précoce pourrait améliorer les trajectoires des femmes plus anxieuses au moment du diagnostic.

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