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Les résultats sont présentés en deux parties, en fonction des deux volets de la recherche. La première porte sur les résultats de l’évaluation de l’implantation des activités de la FSL réalisées sur le terrain. Ceux-ci permettent d’évaluer la conformité des activités réalisées par rapport à celles prévues dans le modèle logique (voir annexe 1). La seconde porte sur les résultats de l’évaluation des processus qui présentent les relations entre les activités de la FSL, le parcours scolaire des enfants aidés par la Fondation et leur contexte familial. Celle-ci se divise en deux segments. Le premier présente tous les cas analysés et les assertions descriptives qui leur sont associées. Les résultats de l’analyse de cas multiples se retrouvent dans le second segment.

À plusieurs endroits du chapitre 6, des citations provenant des transcriptions d’entrevues sont utilisées pour renforcer et illustrer les résultats d’analyse. Certaines de celles-ci contiennent des éléments entre crochets. Ceux- ci correspondent à des modifications du verbatim des transcriptions d’entrevue, qui ont été appliquées afin de les rendre lisibles et intelligibles. Rappelons que les participants s’exprimaient avec un fort accent, ce qui rendait difficile la compréhension de certaines citations pour les lecteurs n’étant pas habitués à lire ce type de transcription. Tous les noms apparaissant dans les chapitres 6 à 8 sont fictifs afin de préserver l’anonymat des participants.

Afin de faciliter la compréhension des passages relatifs au système éducatif béninois qui se retrouvent au chapitre 6 à 8, l’ensemble des programmes d’enseignement béninois sont présentés dans le schéma qui se trouve à l’annexe 11.

Évaluation de l’implantation

Le volet évaluation de l’implantation a pour but de comparer les activités du programme de bourses réalisées par les employés du CPS de Bohicon à celles prévues par la Fondation. L’analyse des données se fonde sur la transcription des entrevues semi-dirigées et sur les rapports officiels de la FSL rédigés par les employés du CPS ou la responsable du suivi du programme de microcrédits. Ces rapports servent à rendre compte annuellement de leurs activités auprès de la FSL. Les résultats présentent d’abord une description générale des activités menées par le CPS ainsi que la population qu’il dessert. Ensuite, les procédures de sélection des boursières et de renouvellement des bourses de la FSL réalisées au CPS seront décrites et comparées à celles présentées par le modèle logique (voir annexe 1).

Population desservie par le centre de promotion sociale de

Bohicon

Le CPS offre des services à l’ensemble des citoyens de la communauté de Bohicon. Les enfants, les adultes, les personnes âgées ou handicapées peuvent se présenter au CPS pour obtenir de l’assistance : « […] en tous cas, toute la population en situation difficile peut venir au CPS poser son problème ».

Activités du CPS de Bohicon

Les employés du CPS offrent leurs services en fonction des besoins exprimés par la population qui leur rend visite. Dans certains cas, ils ne disposent pas des mandats ou des moyens financiers nécessaires pour porter une assistance directe aux demandeurs. Dans ces circonstances, ils rédigent un dossier à partir d’une enquête sociale détaillant les besoins, les ressources et les

difficultés du demandeur : « S’il faut adresser son problème à l’État, on le fait. Mais ça, c’est après une enquête sociale que l’assistante sociale ou le technicien supérieur fait envers la personne qui est venue au CPS poser son problème. On cherche des solutions, si on n’en trouve pas, on décrit son cas qu’on expose avec une proposition d’action pour l’État ». Ils envoient les dossiers à un ministère compétent à Cotonou (Bénin) afin que les fonctionnaires les étudient et accèdent ou non à leur demande.

En général, pour les enfants, les employés du CPS tenteront de favoriser leur scolarisation. Selon leur âge, certains seront envoyés au premier cycle technique (voir annexe 11). Pour ceux d’âge scolaire (14 ans et moins), une demande d’exonération des frais de scolarité pour l’instruction générale sera faite. Il importe de souligner ici que les frais de scolarité se divisent en deux catégories. Il y a les frais d’admission que le programme d’exonération de l’État supprime pour les étudiants dont le dossier a été accepté, et il y a les frais de souscription scolaire, dont le montant varie d’une école à l’autre. Ceux-ci ne sont pas couverts par le programme d’exonération de l’État : « Maintenant les enfants qui sont à l’école, il y a des activités qui sont menées, c’est l’exonération des frais de scolarité pour les enfants indigents. Là, l’État, avec l’enquête que nous faisons et le bulletin, on sollicite la direction de l’enseignement qui étudie le dossier et permet aux enfants de suivre leurs études ». Cependant, il semble que certaines écoles annulent tous les frais, y compris les souscriptions scolaires, pour les élèves exonérés par l’État. Dans un cas ou dans l’autre, les uniformes et fournitures scolaires restent à la charge des parents.

Pour les adultes, le CPS offre un programme de microcrédits, indépendant de celui de la FSL, dont l’objectif consiste à favoriser la création d’activités génératrices de revenus. Les dossiers acceptés par les fonctionnaires

reviennent avec un prêt pour le demandeur, alors que ceux écartés contiennent les motifs du refus.

Les deux informateurs de ce volet ont affirmé que les employés du CPS offraient des services aux personnes âgées, mais sans les spécifier. Il leur revient également d’identifier les besoins des personnes handicapées qui viennent demander de l’assistance. Une fois leurs besoins identifiés, ils rédigent un dossier qu’ils envoient à Cotonou dans un ministère pour qu’il entreprenne les actions requises.

Une assistance directe peut être offerte en certaines occasions. Lorsque les demandeurs exposent des problèmes relationnels avec leur famille ou avec des membres de leur communauté, un travailleur du CPS se rendra sur place afin d’exercer un rôle de médiateur dans ce conflit. Les bénéficiaires du programme de microcrédits peuvent obtenir des conseils sur la gestion de leur activité génératrice de revenu. En outre, le CPS sert de point d’information sur les services offerts par le gouvernement à la population générale.

Identification et sélection des boursières

En principe, toutes les boursières sélectionnées dans le programme de bourses devaient présenter une situation sociale justifiant l’aide accordée par la FSL. Les responsables de leur sélection cherchent à choisir celles qui présentent les situations sociales les plus difficiles parmi les demandes d’aide qu’ils reçoivent : « En fait, il y a la volonté d’identifier les cas qui présentent le plus de besoins ».

Vérification de la situation sociale des boursières

Lorsque les employés du CPS reçoivent une demande pour laquelle ils ne peuvent pas offrir d’assistance directe, ils mènent une enquête sociale afin

d’identifier les besoins du demandeur, les ressources dont il dispose et ils formulent un plan d’action pour résoudre son problème. Un employé du CPS collige les résultats de l’enquête sociale dans un dossier qu’il achemine à un ministère. L’examen de plusieurs dossiers du CPS (voir annexe 9) rédigés pour des services autres que le programme de bourses de la FSL confirme ce qu’ont dit les répondants concernant la nature des informations recueillies lors d’une enquête sociale. Ainsi toutes les personnes qui recourent au CPS font l’objet d’une enquête, y compris les filles potentiellement bénéficiaires du programme de bourses de la FSL.

Pour la sélection des étudiantes aidées par la FSL, certaines informations supplémentaires sont recueillies lors des enquêtes sociales. Les boursières potentielles doivent montrer leurs bulletins à un employé du CPS afin qu’il estime leurs chances de réussite scolaire. Si le bulletin ne permet pas de porter un tel jugement, un employé du CPS interrogera un professeur de la candidate à propos de son rendement scolaire pour savoir s’il croit à ses chances de réussite: « Quand on fait l’enquête, on devrait avoir le bulletin. Ça veut dire qu’on prend des enfants qui devraient avoir la moyenne. Mais il est arrivé que je prenne des enfants qui n’avaient pas la moyenne. Mais le [professeur] disait que les années précédentes, c’était des enfants qui [étudiaient correctement], donc on pouvait les prendre ».

Les répondants de ce volet affirment qu’ils sélectionnent en général des étudiantes présentant l’une des trois situations sociales suivantes : (a) des orphelines vivant sous tutelle : « Ce qu’on entend par cas social, c’est d’abord un enfant qui n’a pas ses deux parents », (b) des filles vivant dans une famille monoparentale et (c) certaines provenant d’une famille biparentale mais dont l’un des parents est invalide : « après investigation, si on voit qu’elle n’a pas les moyens de payer la scolarité, on la prend. Donc une fille peut avoir ses deux parents, mais avoir des difficultés à payer les frais de scolarité ». L’examen des

dossiers rédigés à partir des enquêtes sociales réalisées auprès de toutes les boursières de la FSL pour l’année 2003-20049 corrobore la catégorisation rapportée par les informateurs. De fait, des quinze boursières soutenues par la FSL en 2003-2004, une boursière était orpheline et vivait sous tutelle, douze boursières vivaient en situation de monoparentalité où en général une femme était à la tête du foyer, et deux boursières provenaient de familles biparentales mais dont le père était invalide.

En vertu des informations recueillies lors des enquêtes sociales, il semble que la sélection des boursières opérée par les employés du CPS est conforme aux critères présentés dans le modèle logique (voir annexe 1). En effet, il semble vraisemblable que les étudiantes choisies pour le programme présentent une situation sociale difficile lorsqu’elles intègrent la FSL.

Système de renouvellement des bourses de la FSL

Le système de renouvellement des bourses les reconduit automatiquement lorsque les étudiantes réussissent leur année scolaire, ou les retire en cas d’échec. Une circonstance relevée dans les entrevues et les rapports officiels de la FSL montre que le système de renouvellement des bourses n’a pas toujours été implanté tel que prévu par les employés du CPS.

En fait, il a été convenu, pour au moins deux étudiantes, qu’elles pouvaient conserver leurs bourses malgré leur échec scolaire. La responsable du CPS a pris cette décision en raison de leur situation sociale très difficile. Sans l’aide de la FSL, elle estimait qu’il était peu probable que ces deux étudiantes poursuivent leurs études : « [la mère] vit dans la maison de son frère, et le moulin qui est là, elle est ouvrière pour son frère, elle fait marcher le moulin

mais ne reçoit pas de salaire. Son frère lui offre le logement. […] Mais on s’est dit, si ses filles perdent leurs bourses, elle ne pourra pas payer les deux contributions et faire face aux dépenses que ça pourrait occasionner. Donc c’est après étude [de leur condition familiale] que l’on a décidé de garder les trois là, à cause de leur condition ». L’une des étudiantes rencontrées, l’une de ses sœurs et sa mère ont été interrogées dans le volet évaluation des processus. Les informations recueillies lors de ces entrevues corroborent l’explication donnée par la responsable du renouvellement des bourses.

Par ailleurs, l’analyse de ce volet a mis en lumière un élément important concernant l’implantation des activités de la FSL. En effet, les résultats montrent qu’il n’y a pas de suivi systématique permettant de documenter l’évolution de la situation sociale des familles aidées par la FSL. Cependant, depuis 2005, le soutien mensuel offert aux participantes du programme de microcrédits fait office de suivi étant donné qu’une majorité des bénéficiaires de ce programme sont des mères de boursières. Lorsque la responsable de ce programme se rend chez les participantes, elle peut poser des questions sur le parcours scolaire de leur fille et évaluer l’évolution de leur situation sociale. Mais elle ne visite pas le foyer de toutes les familles soutenues par la FSL. Dans ces circonstances, la FSL doit s’en remettre en partie à leur honnêteté. Par exemple, une correspondance entre les boursières et les Fondateurs datant de 2004 (voir annexe 10) indique qu’une mère a retiré sa fille du programme parce que sa situation familiale s’était améliorée et ne nécessitait plus de bourse.

De manière générale, le système de renouvellement des bourses semble mis en œuvre conformément à ce qui est prévu dans le modèle logique (voir annexe 1). Dans une situation, la bourse de deux étudiantes a été maintenue malgré le fait que celles-ci avait échoué leurs années scolaires. Cette décision a été justifiée par la responsable du CPS et corroborée par les documents officiels de la FSL.

Évaluation des processus

Les résultats du second volet de l’évaluation des processus sont exposés en deux sections: (a) les analyses de cas uniques et (b) les analyses de cas multiples. Pour commencer, les résultats des analyses de cas uniques décriront le contexte familial des répondants en relation avec les activités de la FSL et le parcours scolaire des enfants. La présentation des résultats de chaque cas se termine par une liste des assertions descriptives qui découlent des analyses. Ensuite, les résultats des analyses de cas multiples documenteront tous les thèmes de recherche en fonction des résultats provenant de chaque cas. La séparation en deux sections des résultats de ce volet (recommandée par Stake, 2006) parait nécessaire pour permettre au lecteur d’en estimer la cohérence et la pertinence.

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