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On conserve les notations du §5.3. On étend tacitement les scalaires deELàEsiL ∈E.

LEMME 5.4.1. – SoitL ∈E.

(i) Si k >2 (resp.k= 2), la surjection σ:O(k,L)O(k)(Proposition 3.2.2) induit une injectionO(k,L)tΓ→O(k)tΓ(resp.O(2,L)tΓ/E →O(2)tΓ).

(ii) Le sous-espace deO(k)tΓimage deO(k,L)tΓest stable sous l’action des opérateurs de HeckeTpourpN.

Démonstration. – (i) résulte de(Symk2E2)tΓ= 0pourk >2car il est bien connu qu’il n’y a pas de formes modulaires rigides de poids négatif non nulles (voir e.g. [17], Théorème 4.1(2)).

(ii) résulte du fait que l’action des opérateurs de Hecke passe par l’action du groupeG(tordue parε(det)(k2)/2ici, cf. (11)) et que la surjectionσ:O(k,L)O(k)estG-équivariante. 2

THÉORÈME 5.4.2. – Supposonsk >2.

(i) SoitL ∈EetF ∈O(k)tΓ vecteur propre desTpourpN, alorsF∈O(k,L)tΓsi et seulement siL(F) =−L.

(ii) On aO(k,L)tΓ= 0sauf pour un ensemble fini deL(contenu dansE).

(iii) Les injectionsO(k,L)tΓ→O(k)tΓinduisent des isomorphismes :

&

L∈E

O(k,L)tΓO(k)tΓSk

Γ0(pN)pNnouv

.

Démonstration. – (i) Par le (i) du Lemme 5.4.1 et la Proposition 3.2.2, on a une suite exacte : 0−→O(k,L)tΓ−→O(k)tΓ−→δL H1t

Γ,Symk2E2 où d’après le Corollaire 5.2.4 et le Théorème 5.3.3 :

δL(F) = 1 (k2)!

Ψk

ccol(F) +k

csch(F)

= 1

(k2)!

L(F) +L Ψk

csch(F) .

Mais csch:O(k)tΓ →H1(Γ,Symk2E2) est un isomorphisme (cf. par exemple [32], Théo-rème 1 ou [30], ThéoThéo-rème 3.9), donc :

F∈O(k,L)tΓ⇔δL(F) = 0

L(F) +L Ψk

csch(F)

= 0⇔ L(F) +L= 0.

(ii) résulte de (i), du Théorème 5.3.2 et du fait que Sk0(pN))pNnouv est de dimension finie. (iii) Les opérateursT pourpN se diagonalisent sur une base de formes (propres) de

Sk0(pN))pNnouv, donc aussi deO(k)tΓ=Sk(Γ)par le Théorème 5.3.2. Par le (ii) du Lemme 5.4.1 et le (i), une base du sous-espaceO(k,L)tΓest donnée par les formes propres de la base précédente dont l’invariant estL. On en déduit la décomposition (iii). 2

Remarque 5.4.3. – Lorsquek= 2, on a un énoncé analogue au Théorème 5.4.2 en remplaçant O(k,L)tΓparO(2,L)tΓ/E.

Remarque 5.4.4. – Comme H1(tΓ, O(k)) = 0 pour tout k2 (voir par exemple [17], Corollaire 2.2), on a en fait pourk >2une suite exacte :

0→O(k,L)tΓ→O(k)tΓ→H1t

Γ,Symk2E2

→H1t

Γ, O(k,L)

0.

CommeO(k)tΓetH1(tΓ,Symk2E2)ont même dimension surE(cela résulte du fait quecsch

est un isomorphisme, voir preuve précédente), on en déduit queO(k,L)tΓ etH1(tΓ, O(k,L)) ont aussi même dimension. De plus, en utilisant les résultats de [18], §6 et ce qui précède, on peut montrer que la surjection dans la suite exacte ci-dessus induit des isomorphismes (même pourk= 2) :

H1(tΓ,Symk2E2)&

L∈E

H1t

Γ, O(k,L) .

LEMME 5.4.5. – SoitB unE-espace vectoriel de Banach etH un groupe compact agissant surB de sorte queH×B→B est continu. Alors, quitte à remplacer la norme deBpar une norme équivalente, la boule unité deBest stable parH.

Démonstration. – Comme H est compact, son image dans HomE(B, B) (applications E-linéaires continues) est équicontinue, donc bornée pour la norme |||f|||déf= supvB\{0}f(v) v

([24], Proposition 6.1.2). Donc il existec∈ |E×|tel que h·v c v pour touth∈H,v∈B et aussi, puisqueH est un groupe,c1 v h·v . SiB0 est la boule unité deB, on a donc λ∈E×tel que

λ1B0⊂h(B0)⊂λB0 pour touth∈H, d’oùλ1B0(

hHh(B0)⊂λB0. On voit que(

hHh(B0)peut être utilisé comme nouvelle boule unité stable parH. 2

LEMME 5.4.6. – Pour toutk2et tout L, on a (O(k)b)tΓ =O(k)tΓ et(O(k,L)b)tΓ= O(k,L)tΓ.

Démonstration. – On donne la preuve pourO(k,L), l’autre cas étant similaire. Il suffit de montrer O(k,L)tΓ (O(k,L)b)tΓ, l’autre inclusion étant triviale. Rappelons que I est le sous-groupe d’Iwahori de Get queU(1)désigne le recouvrement particulier deQp dansCp

défini au §4.1. On vérifie que I préserveΩU(1) et définit par (15) une action sur le Banach O(k,L)U(1) (§3.2) tel que I×O(k,L)U(1)→O(k,L)U(1) est continu. Par le Lemme 5.4.5, quitte à changer la norme deO(k,L)U(1) par une norme équivalente, on peut supposer queI préserve la boule unité deO(k,L)U(1). Par ailleurs, le groupeΓ étant cocompact, l’ensemble IQ×p\G/tΓest fini, représenté par les classes deg1, . . . , gs∈G. SoitF∈O(k,L)tΓetλ∈E× tel que (gi·λF)|U(1) 1 pour1is. Toutg∈Gs’écritg=hgitγpour unh∈IQ×p, un i ∈ {1, . . . , s} et un γ∈Γ. On a (gi ·λF)|U(1) 1 d’où (git

γ·λF)|U(1) 1 puisque tγ·F =F d’où (hgitγ·λF)|U(1) 1 puisque I préserve la boule unité d’où (g·λF)|U(1) 1pour toutg∈Gd’oùF∈O(k,L)b. 2

Le cask= 2étant déjà fait (§4.5), on supposek >2et on pose :

Λ(k)déf={−L(f), fforme propre nouvelle dansSk0(pN)) pourN de la formeNN+comme au §5.3} ⊂Qp.

THÉORÈME 5.4.7. – Supposonsk >2.

(i) Pour L ∈Λ(k), on aO(k,L)b= 0, de sorte queB(k,L)= 0 et que la représentation Σ(k,L)possède un réseau stable parG.

(ii) SoitL ∈QpetLΛ(k), siB(k,L) B(k,L)est un isomorphismeE-linéaire continu G-équivariant (oùEest une extension finie deQpcontenantELetEL), alorsL=L. Démonstration. – (i) Via le Théorème 5.3.2, cela se déduit du (i) du Théorème 5.4.2, du Lemme 5.4.6 et des résultats du §4. (ii) Par hypothèse et le (i) du Théorème 5.4.2 (quitte à agrandir E), il existe un sous-groupe de congruence Γ SL2(Qp) et F O(k,L)tΓ correspondant par le Théorème 5.3.2 à une forme f propre et nouvelle dans Sk0(pN)) pour un N convenable. Si un isomorphisme comme dans l’énoncé existe, alors par dualité on a un isomorphisme E-linéaire G-équivariant ψ:O(k,L)b O(k,L)b (cf. fin du §4.2), d’où, puisque l’action des opérateurs de Hecke passe par l’action de G, une forme propre ψ(F)∈O(k,L)tΓ ayant mêmes valeurs propres queF sur les T pourpN. Par la théorie d’Atkin–Lehner dansSk0(pN)), la forme propre correspondant àψ(F)par le Théorème 5.3.2 doit être proportionnelle àf, donc on a en particulierL(ψ(F)) =L(F)ce qui entraîneL=L par le (i) du Théorème 5.4.2. 2

Remarque 5.4.8. – Pourk >2 etL ∈Λ(k), les réseaux deSymk2EL2Stinduits par les boules unités desB(k,L), à savoir les réseauxΘ(k,L)U(Symk2EL2St)du §4.3, ne sont pas commensurables entre eux quandLvarie dansΛ(k)(utiliser le (ii) de la Proposition 4.3.5 et le théorème ci-dessus). En utilisant le Théorème 5.4.2 et des arguments similaires à ceux de la preuve précédente, on voit même qu’ils ne vérifient aucune inclusion à commensurabilité près les uns dans les autres !

Remarque 5.4.9. – Il est problable que les Banach B(k,−L(f)), vus (pourk >2) comme complétions de Symk2E2St, se réalisent dans la complétion p-adique du H1 Betti des (pro-)courbes modulaires associée au réseau de la cohomologie entière (complétion considérée dans [14] par exemple) : voir [8].

Remerciements

Pour des discussions lors de la rédaction de cet article, je remercie J.-F. Dat, M. Emerton, E. Grosse-Klönne, M. Harris, A. Iovita, M. Kisin, P. Schneider, M. Strauch, J. Teitelbaum et M.-F. Vignéras. Je suis reconnaissant à M. Harris et L. Lafforgue de leur soutien, à P. Schneider et M. Strauch de leurs explications et à E. Grosse-Klönne de sa rédaction rapide de [17]. Enfin, je remercie chaleureusement A. Genestier pour de nombreuses discussions et pour ses multiples remarques.

RÉFÉRENCES

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[8] BREUILC., Série spécialep-adique et cohomologie étale complétée, prépublication I.H.É.S., 2003, disponible à l’adresse http://www.ihes.fr/~breuil/publications.html.

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(Manuscrit reçu le 11 août 2003 ; accepté le 6 février 2004.)

Christophe BREUIL C.N.R.S. & I.H.É.S., Le Bois-Marie, 35, route de Chartres, 91440 Bures-sur-Yvette, France

E-mail : breuil@ihes.fr

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