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Partie IV - L’analyse des résultats

B) Les résultats et l’analyse du sondage

168 psychomotricien·ne·s ont répondu à ce sondage. Les diagrammes de ces résultats sont reproduits en annexe9. Pour alléger l’analyse, le terme générique « les psychomotricien·ne·s » sera employé. Cette formulation fait implicitement et exclusivement référence aux participant·e·s de cette enquête. Pour plus de lisibilité, la conclusion de chaque question est indiquée en gras.

1) Résultats et analyse synthétique du sondage

94 % des psychomotricien·ne·s considèrent que leur premier outil de travail est leur corps. On peut faire deux hypothèses concernant les dix réponses négatives. Ces répondant·e·s peuvent considérer qu’un autre outil est plus spécifique ou plus représentatif de la profession. La réponse négative peut également exprimer un désaccord avec le terme « outil » employé.

Le contact physique sans recours à un objet médiateur a une grande importance dans la pratique clinique des psychomotricien·ne·s. Les fréquences varient. Plus de la moitié des interrogé·e·s répondent « souvent ». La fréquence « parfois » regroupe presque un quart des réponses. 13,1% de l’échantillon entrent « toujours » en relation par le toucher, sans objet tiers. Seul·e·s deux répondant·e·s déclarent ne jamais toucher directement les patient·e·s. Les modalités de réponses ne permettent pas d’en connaître les raisons. On peut faire l’hypothèse que le toucher thérapeutique est adapté à chaque enfant suivi en psychomotricité. Les capacités motrices de l’enfant, sa sémiologie psychomotrice ou encore l’environnement de travail vont en eux-mêmes solliciter une posture thérapeutique spécifique.

Le corps-à-corps10 est très présent lors de séances de psychomotricité avec de jeunes patient·e·s. La quasi-totalité des répondant·e·s (94%) s’impliquent dans au moins une forme de corps-à-corps avec les enfants pris en soin. Il s’agit de la même proportion de réponse affirmative que pour la première question. Les cinq modalités de proximité corporelle proposées sont très populaires parmi l’échantillon. Le taux le plus bas regroupe malgré tout plus de la moitié du panel. Il concerne la proposition « massage ». Ce terme peut être associé à une pratique non thérapeutique. Certain·e·s répondant·e·s peuvent avoir exclu cette proposition pour

9 Cf. infra, Annexe III, p. IV.

cette raison. D’autres peuvent l’inclure dans l’item « Toucher thérapeutique », qui regroupe d’ailleurs le plus fort taux de réponses. Les quatre autres propositions concernent chacune plus des trois quarts de l’échantillon. Les propositions de bercement et de portage sont des modalités de corps-à-corps associés à une fonction « maternelle ». Elles font référence à la notion de holding11 développée par Donald

Winnicott. Ces propositions sont presque aussi populaires que le choix « Jeux de contacts ou d’opposition », associé à une fonction plus « paternelle ». De nombreuses réponses ont été ajoutées par les participant·e·s12. On y retrouve des médiations (principalement la relaxation et la danse) et des objectifs thérapeutiques (majoritairement la contenance et l’aide ou le support physique).

La majorité de l’échantillon (67,7%) effectue une distinction entre leur « corps de psychomotricien·ne » et leurs corps de « non-clinicien·ne ». Pour le reste du panel (près d’un tiers des répondant·e·s), ces représentations corporelles13 ne varient pas selon le contexte. Ceci confirme l’hypothèse que le cadre spatio-temporel du lieu de travail, ainsi que l’identité professionnelle, peuvent influencer le rapport au corps. Le questionnaire tentera d’apporter des précisions quant aux façons dont les psychomotricien·ne·s considèrent leurs corps, se considèrent elles et eux-mêmes, dans la sphère professionnelle et privée.

83, 3% des répondant·e·s confirment la corrélation linéaire entre le vécu au sein des séances de psychomotricité et l’influence sur leur propre organisation psychomotrice. Pour le reste de l’échantillon, l’engagement corporel n’a pas d’influence particulière. L’analyse des réponses libres montre un découpage temporel en trois parties : le moment de la séance, le laps de temps suivant la séance, puis la sphère personnelle. La majorité des réponses reflète l’influence du dialogue tonico-émotionnel14 sur l’organisation psychomotrice des thérapeutes dans l’exercice professionnel et dans le domaine personnel. Les autres thèmes, retrouvés à une fréquence importante, sont regroupés ainsi : respiration, modifications tonico-posturales, douleur, toucher et interactions avec autrui, conscience corporelle, rapport au sol, transfert et contre-transfert. D’autres éléments sont cités, plus rarement, comme une amélioration des capacités praxiques, de la qualité du toucher ou encore de la créativité.

11 Cf. supra, Partie III – Théorie, p. 22.

12 Cf. infra, Annexe III, p. IV.

13 Cf. supra, Partie III – Théorie, p. 25.

2) Conclusion quant aux résultats du sondage

Ce sondage valide de manière globale les hypothèses émises. Le taux de participation ainsi que le nombre de réponses aux questions ouvertes facultatives confirment l’intérêt des professionnel·le·s pour ce sujet.

Ces résultats attestent de l’importance du cadre spatio-temporel quant à l’étude des effets de l’engagement psychocorporel des psychomotricien·ne·s. Ils soutiennent l’idée initiale de débuter le questionnaire par une partie concernant le vécu au sein des séances, puis une seconde partie s’ouvrant sur la sphère personnelle. Le contact corporel et le dialogue tonico-émotionnel sont prépondérants dans la pratique psychomotrice. Il est ainsi justifié d’interroger la notion d’engagement corporel à travers le corps-à-corps.

Le corps est majoritairement considéré comme l’outil principal en psychomotricité. L’échantillon est partagé quant à la question des représentations corporelles selon le contexte personnel ou professionnel. Plus de la moitié des répondant·e·s effectue une distinction. Il sera intéressant de questionner plus en profondeur cette notion de « corps-outil ».

Les réponses montrent que la sphère professionnelle n’est pas isolée de la sphère personnelle. Au contraire, elles soulignent une continuité, voire une relation circulaire, entre ces deux contextes. Les vécus au sein des séances ainsi que les compétences sollicitées colorent et à la fois dépendent de la vie personnelle.

Après cette première enquête de surface, le questionnaire va permettre d’orienter la réflexion sur les points précédemment cités.