Chapitre 5 – Le potentiel spontané : une méthode active !
5.1.3. Résultats et interprétations
Fig. 5.5- Cartographie différentielle (haut-bas) du potentiel spontané. Les anomalies
négatives correspondent aux zones suspectes de fuite et la forte anomalie positive
A
p1 correspond à la présence d'un câble métallique qui plonge dans le bassin.
5.1.3. Résultats et interprétations
Les résultats de ces deux campagnes montrent plusieurs anomalies. Intéressons-nous
tout d'abord à la cartographie PS du parement aval de la digue. Il est clair qu'une anomalie
négative majeure apparaît à proximité du déversoir de l'ouvrage, vers le virage est de la digue.
Avant toute interprétation hâtive, et au vu de l'amplitude de cette anomalie de plusieurs
dizaines de millivolts, il est, à ce stade, nécessaire de répertorier les éventuelles structures
(canalisations ou autres) présentes dans la zone d'investigation. Par cette étude de site, nous
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avons pu relier cette forte anomalie négative à la présence d'une conduite perpendiculaire à
l'ouvrage et le traversant depuis l'amont vers l'aval comme le montre la Figure 5.6 a, b qui
présente une vue en plan et une coupe verticale de l'ouvrage à ce niveau.
Fig. 5.6- a. Vue en plan du passage de la conduite sous l'ouvrage. b. Vue en coupe du
passage de la conduite le long du profil CD.
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Il parait donc difficile à ce stade de différencier un signal d'origine électrocinétique
d'un signal électro-redox manifestement très présent. Il reste donc sur cette anomalie une
suspicion de fuite qui peut être reliée à la détérioration de la canalisation. Le profil de
résistivité électrique qui passe à l'aplomb de cette forte anomalie de PS présente des
signatures de résistivité électrique là aussi intéressantes, avec des zones plus conductrices de
l'ordre de 30-40 Ohm·m. L’anomalie de résistivité électrique n°1 indiquée sur la Figure 5.3
du panneau électrique semble correspondre à la présence de cette conduite. En revanche, les
faibles valeurs de résistivité au niveau de l’anomalie n°2 (Figure 5.3) pourraient signer la
présence d'un matériau plus poreux et donc plus conducteur. Concernant cette large zone
d'anomalie, clairement identifiée par le potentiel spontané et confirmée par le panneau
électrique, la deuxième campagne de mesures apporte des réponses supplémentaires qui
viennent conforter l’hypothèse de la présence d'une zone d'écoulement préférentiel à cet
endroit. En effet, la cartographie PS différentielle montre principalement deux anomalies :
i. Une anomalie positive notée A
p1 au nord-est du bassin qui est reliée à la présence d'un
câble de terre provenant d'un pylône de ligne à haute tension situé au sommet de la
falaise. Cette anomalie est ici clairement identifiée et ne rentre donc pas en compte
dans l'interprétation de signaux qui auraient une signature électrocinétique.
ii. Une anomalie négative notée A
n1, à l’est du déversoir du bassin en face de l'anomalie
mesurée à terre sur le parement aval, qui apparaît à cote haute mais qui disparaît lors
des mesures à cote basse. Il semble que l'anomalie localisée à ce niveau soit à relier à
une zone d'infiltration (le potentiel électro-redox ne changeant pas a priori avec la
variation de hauteur d'eau dans le bassin).
Il existe donc sur ce site une zone caractérisée par la présence de plusieurs anomalies
notées A
n1, B et C (Figures 5.5) qui semblent indiquer la présence d'une infiltration avec une
dégradation de l'ouvrage et de la canalisation située au même endroit. En plus de ces
indications indirectes données par la géophysique, une autre donnée peut être ajoutée au
problème. En effet, le bassin est clôturé par une barrière métallique afin de prévenir le risque
de chute. Or, cette barrière présente, à l'aplomb de l'anomalie PS du bassin, une déformation
verticale de l’ordre de 10 centimètres.
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En conclusion, le site présente plusieurs anomalies localisées au niveau d'une même
zone, ce qui suggère un écoulement préférentiel majeur (anomalie PS, anomalie de résistivité
électrique et une anomalie topographique liée à la déformation de la barrière de sécurité). Ce
site montre aussi très bien l'intérêt d'une cartographie PS différentielle, puisqu’elle a permis
de conforter l’hypothèse de la présence d'une zone d'écoulement “masquée” par la présence
d'un fort signal électro-redox issu de la canalisation. La présence d'une zone de fragilité dans
le bassin, laissant s'infiltrer l'eau dans le corps de digue suivant un plan d'hétérogénéité de
contact canalisation/alluvions, semble être le scénario le plus convaincant au vu des divers
résultats acquis sur le site.
5.2. L'influence par modification du terme de conduction
La deuxième possibilité en termes de contrôle du signal PS est d'influencer les
conditions non plus hydriques du problème mais cette fois-ci électriques. Cette influence peut
alors s'effectuer sur le terme de conduction de l'expression de la densité de courant (loi
d'Ohm) ; nous intervenons alors sur la conductivité électrique du milieu par l'intermédiaire de
la conductivité électrique de la solution traversant le milieu poreux. Lors d'un écoulement en
milieu poreux, un équilibre s'établit entre le terme de conduction et le terme de convection
laissant apparaître un champ électrique plus ou moins intense en surface. L'évolution
temporelle de ce champ électrique peut alors être mesurée en surface (et/ou dans des forages)
à fréquence d'acquisition élevée. Une brusque augmentation de la conductivité électrique de la
solution traversant le milieu poreux (saumure par exemple) aurait pour conséquence une
augmentation du terme de conduction au détriment du terme de convection, provoquant une
annulation partielle ou totale de la densité de courant et, de ce fait, du champ électrique. Nous
avons donc là un moyen simple (“actif”) d'influencer les signaux de potentiel spontané. La
finalité d'une telle mise en œuvre est bien sûr de permettre d'évaluer dans un premier temps la
zone de passage de la fuite et dans un second temps, au vu du temps de passage de la
saumure, la perméabilité du milieu.
Dans le document
Localisation et quantification des zones de fuites dans les digues et les barrages par la méthode du potentiel spontané
(Page 150-153)