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infecté par Plasmodium falciparum dans le cadre du paludisme gestationnel

30. Trager W, Jensen JB Human malaria parasites in continuous culture Science 1976; 193(4254):673–675.

3.4. Résultats non inclus dans l’article 1 Résultats des génotypages

3.4.1.1. Vérification du génotype du donneur HbAS

Le génotype Hb du donneur HbAS a été vérifié (Figure 44). Nous avons aussi déterminé ses génotypes G6PD (Figure 45) et α-thalassémie (Figure 46).

Figure 44. Profil de bandes obtenues après digestion enzymatique des fragments de 369 pb du gène de la β-globine pour la détermination du génotype d’hémoglobine du donneur HbAS. Les fragments amplifiés puis digérés ont été séparés sur gel d’agarose 2%. L’ADN de témoins HbAA (pistes 2 et 3), HbAS (pistes 4 et 5) et HbAC (pistes 6 et 7) ont été utilisés pour comparer leur profil à celui du donneur HbAS (piste 8 et 9) après digestion par Bse RI (pistes 2, 4, 6 et 8) et Dde I (pistes 3, 5, 7 et 9). La taille des fragments a été déterminée grâce au marqueur de taille 50 pb (Invitrogen) (piste 1).

Figure 45. Profil de bandes obtenues après digestion enzymatique du fragment de 585 pb du gène

g6pd pour la détermination du génotype G6PD du donneur HbAS. Les fragments amplifiés puis

digérés par Fok I ont été séparés sur gel d’agarose 2%. Les profils de témoins G6PD BB (piste 2), G6PD AB (piste 3) et G6PD AA (piste 4) ont été comparés à celui du donneur HbAS (piste 5). La

Figure 46. Profil de bandes obtenues après amplification par PCR multiplexe des gènes α1 et α2 pour la détermination du génotype alpha-thalassémie du donneur HbAS. Les fragments amplifiés ont été séparés sur gel d’agarose 1,5%. L’ADN de témoins αα/αα (piste 2) et αα/α-3,7

(piste 3) a été utilisé pour comparer leur profil à celui du donneur HbAS (piste 4). La taille des fragments a été déterminée par comparaison au marqueur de taille 1 kb+ (Invitrogen) (piste 1).

Après comparaison avec les profils des témoins, nous avons pu vérifier que le donneur était bien HbAS, et qu’il n’était pas co-porteur de l’HbC, ni d’un variant de l’enzyme G6PD ou encore de la délétion de 3,7 kb associée à l’α-thalassémie.

3.4.1.2. Génotypage HbS/C, G6PD et alpha-thalassémie des femmes de la cohorte a. Génotypage HbS/C

Afin d’inclure un maximum de femmes HbAS dans notre étude, nous avons essayé de déterminer le génotype Hb des femmes de la cohorte STOPPAM pour lesquelles ce génotype n’était pas connu. Ces génotypages ont été réalisés à partir d’ADN extrait par la méthode Chelex, dont la qualité était mauvaise. Les profils obtenus étaient donc plus difficiles à interpréter. Un exemple de gel est montré en Figure 47.

Figure 47. Profil de bandes obtenues après digestion des fragments de 369 pb du gène de la β- globine pour la détermination du génotype d’hémoglobine des femmes de la cohorte STOPPAM. Les fragments amplifiés puis digérés par Dde I (pistes 2, 4, 6, 8 et 10) et Bse RI (pistes 3, 5, 7, 9 et 11) ont été séparés sur gel d’agarose 2%. La taille des fragments a été déterminée par comparaison au marqueur de taille 50 pb (Invitrogen) (piste 1).

Les femmes des pistes 2/3, 4/5, 8/9 et 10/11 sont HbAA, et celle des pistes 6/7 est HbAS.

b. Génotypage G6PD

L’ensemble des femmes de la sous-cohorte a été génotypé pour leur statut G6PD (Figures 48 et 49) et α-thalassémie (Figure 50).

Figure 48. Profil de bandes obtenues après digestion du fragment de 585 pb du gène g6pd pour la détermination du génotype G6PD des femmes de la cohorte STOPPAM. Les fragments amplifiés puis digérés par Fok I ont été séparés sur gel d’agarose 2%. La taille des fragments a été déterminée par comparaison au marqueur de taille 100 pb (Invitrogen) (piste 1).

Les femmes des pistes 2, 3 et 6 sont G6PD AB, celle de la piste 4 G6PD BB et celle de la piste 5 G6PD AA. Les femmes G6PD AB ou AA ont par la suite été génotypées pour les mutations additionnelles G202A et T968C (Figure 49).

Figure 49. Profil de bandes obtenues après digestion enzymatique pour la recherche des mutations G202A (A) et T968C (B) pour les femmes de la cohorte STOPPAM. Les fragments amplifiés puis digérés par Nla III (A) et Nci I (B) ont été séparés sur gel d’agarose 2%. La taille des fragments a été déterminée par comparaison au marqueur de taille 100 pb (Invitrogen) (piste 1).

Les femmes des pistes 2, 3, 8, 11, 12 et 13 sont porteuses de la mutation G202A de manière hétérozygote, celle de la piste 5 de manière homozygote et celles des pistes 4, 6, 7, 9 et 10 ne la présentent pas. Un ADN témoin porteur de la mutation T968C de manière hétérozygote a été utilisé en piste 14. Les femmes des pistes 15 à 21 ne portent pas la mutation T968C. Tous les variants A- détectés dans notre cohorte étaient dus à la mutation additionnelle G202A.

c. Génotypage alpha-thalassémie

Figure 50. Profil de bandes obtenues après amplification par PCR multiplexe des gènes α1 et α2 pour la détermination du génotype alpha-thalassémie des femmes de la cohorte STOPPAM. Les fragments amplifiés ont été séparés sur gel d’agarose 1,5%. La taille des fragments a été déterminée par comparaison au marqueur de taille 1 kb+ (Invitrogen) (piste 1).

Les femmes des pistes 2 et 8 sont αα/αα, celles des pistes 3, 4, 5, 6, et 7 sont αα/α-3,7 et celle de la piste 9 est α-3,7-3,7

.

3.4.2. Les anticorps d’un même plasma ont une reconnaissance plus importante des antigènes de la surface de globules rouges HbAA que HbAS infectés

Comme le taux de liaison des iGRs HbAA est significativement plus important que celui des iGRs HbAS, nous avons voulu évaluer le taux de reconnaissance, pour un même plasma, d’un iGR HbAA et d’un iGR HbAS, en réalisant un test de Wilcoxon apparié (Figure 51).

Figure 51. Comparaison du taux de liaison des érythrocytes HbAA et HbAS infectés pour un même plasma. Cette comparaison a été réalisée grâce à un test apparié de Wilcoxon (p-value <10-3, n = 140).

Ce test montre que, dans notre sous-cohorte, les iGRs HbAS sont significativement plus faiblement liés par les anticorps d’un même plasma que les iGRs HbAA (p-value <10-3, n = 140).

3.4.3. Etude de l’inhibition, par les plasmas, de la cytoadhérence à la CSA des érythrocytes HbAA et HbAS infectés selon le polymorphisme érythrocytaire des mères

Nous avons comparé la capacité d’inhibition de cytoadhérence des iGRs HbAA (et non des iGRs HbAS) à la CSA des plasmas de femmes HbAA à celle des plasmas de femmes HbAS.

Nous avons utilisé un modèle de régression linéaire multivarié pour tester l’association entre la cytoadhérence (résultant de l’inhibition de celle-ci par les plasmas) et le

0 10 20 30 0 2 4 6 r2= 0.6039

Taux de liaison (MFI / MFI0)

aux iGRs HbAA

T a u x d e l ia is o n ( M F I / M F I0 ) a u x i G R s H b A S

polymorphisme érythrocytaire de la mère (portage d’HbS, du variant G6PD A-

et de la délétion α-3,7

) ainsi que la gestité (Tableau 13).

Cytoadhérence

Variables Coefficient p-value 95% intervalle de confiance

Portage d’HbS 0,008 0,932 -0,172 ; 0,187 Portage du variant G6PD A- -0,034 0,725 -0,227 ; 0,159 Portage de la délétion α-3,7 -0,035 0,690 -0,208 ; 0,138 Secondigestité -0,192 0,190 -0,480 ; 0,096 Multigestité -0,277 0,005 -0,467 ; -0,088

Tableau 13. Association entre la cytoadhérence à la CSA des globules rouges HbAA infectés et les différentes variables d’intérêt. Les p-values ont été déterminées grâce à un modèle de régression linéaire multivarié pour l’association entre la cytoadhérence et les différentes variables d’intérêt (portage d’HbS, du variant G6PD A-

, de la délétion α-3,7 ou gestité) (n = 111). Un coefficient de régression positif est associé à une association positive, et un coefficient de régression négatif montre une association négative entre les variables.

Nous n’avons pas observé d’association significative entre les valeurs de cytoadhérence et les portages d’HbS (Figure 52A), du variant G6PD A-

(Figure 52C) ou de la délétion α-3,7 (Figure 52D).

En revanche, comme préalablement démontré dans des études précédentes 101, nous avons observé une association significative entre les valeurs de cytoadhérence et la gestité. (Figure 52B). Les coefficients concernant l’association entre la cytoadhérence et la gestité sont négatifs, ce qui signifie que la cytoadhérence diminue lorsque la gestité des femmes dont sont issus les plasmas augmente. Autrement dit, la capacité d’inhibition de cytoadhérence des femmes augmente avec leur taux de gestité.

Figure 52. Association entre la cytoadhérence à la CSA des globules rouges HbAA infectés et les différentes variables d’intérêt. Les p-values ont été déterminées grâce à un modèle de régression linéaire multivarié. Les différentes variables d’intérêt utilisées sont le génotype HbS des mères (A), la gestité (B), le portage du variant G6PD A- (C) et le portage de la délétion α-3,7 (D) (n = 111).

3.5. Discussion

Dans le cadre du développement d’un vaccin dirigé contre VAR2CSA afin de prévenir le PAM, la réponse immune anti-VAR2CSA et la capacité inhibitrice de cytoadhérence des anticorps sont aujourd’hui largement étudiées 101,324. Mais peu d’études s’intéressent aux facteurs génétiques des femmes pouvant influencer cette réponse immune. De plus, bien que la protection conférée par le portage d’HbS contre les formes graves de paludisme à

P. falciparum soit connue, peu d’études se focalisent sur l’impact du génotype HbAS dans le

cadre du PAM. Une étude récente a montré que les femmes HbAS préalablement immunisées présentent moins de manifestations cliniques en cas de ré-infections que les femmes HbAA préalablement immunisées. Bien que dans le cadre du paludisme simple, cette donnée suggère que le trait drépanocytaire est associé au développement d’une immunité protectrice plus efficace 325. De plus, une étude précédente a montré que les individus HbAS présentaient un taux de reconnaissance plus important des iGRs que les sujets HbAA 326.

Nous avons observé un taux de liaison des iGRs HbAS par les plasmas provenant des mères HbAS significativement plus faible que celui des iGRs HbAA par les plasmas des mères HbAA. Cette différence a été observée seulement lorsque les iGRs et les plasmas étaient associés sur le génotype d’Hb de la mère. Nos résultats sont cohérents avec ceux des études précédentes, montrant une augmentation significative du niveau de liaison de la surface des iGRs avec la gestité 101. Mais contrairement à notre étude, les études précédentes portant sur la réponse immunitaire anti-VAR2CSA s’étaient limitées à l’utilisation d’iGRs HbAA. Ici, nos résultats soulignent l’importance de prendre en compte le génotype Hb des mères dont proviennent les plasmas, et des GRs utilisés pour les expériences réalisées in vitro, car la présence d’HbS semble altérer la présentation des antigènes à la surface du iGR.

Nous avons évalué les portages du déficit en G6PD et de l’α-thalassémie avec l’HbS pour notre groupe d’étude. Respectivement, 26,7% et 51,7% des femmes étaient porteuses du variant G6PD A- ou de la délétion α-3,7. De plus, 35,4% des femmes HbAA et 37,8% des HbAS de notre étude n’étaient pas porteuses du variant G6PD A-

ni de la délétion α-3,7. Ceci signifie que le portage d’HbS est majoritairement associé aux co-portages d’autres anomalies génétiques du GR, qui peuvent également conférer une protection contre le paludisme. Cependant, nous avons montré dans ce travail qu’il est important, pour étudier l’influence d’un génotype sur le taux de liaison des plasmas à la surface de iGRs, d’associer les plasmas et les GRs utilisés selon ce même génotype. Ainsi, pour étudier l’impact du déficit en G6PD et de l’α-thalassémie, qui n’ont pas d’influence sur le taux de liaison des iGRs HbAS ici, il

serait nécessaire d’étudier premièrement l’impact de ces deux désordres génétiques séparément, comme nous l’avons fait pour l’HbS. Puis dans un deuxième temps il faudrait rechercher l’influence de ces défauts génétiques co-portés avec l’HbS, en associant les plasmas et les génotypes des érythrocytes infectés. Ces manipulations nécessiteraient donc d’obtenir des GRs HbAA et HbAS porteurs du déficit en G6PD et d’α-thalassémie.

Nous avons observé une capacité d’inhibition de cytoadhérence significativement plus forte pour les plasmas provenant de femmes multigestes par rapport aux femmes primigestes. Ces résultats confirment les données de la littérature 101,102. Par contre, nous n’avons pas observé de différence significative entre la capacité d’inhibition de cytoadhérence d’iGRs HbAA par les plasmas HbAA et par les plasmas HbAS. Mais ces expériences n’ont été réalisées qu’avec des GRs HbAA. Nous n’avons donc pas pu comparer la capacité d’inhibition de cytoadhérence des iGRs HbAA par les plasmas HbAA à la capacité d’inhibition de cytoadhérence des iGRs HbAS par les plasmas HbAS. Pour réellement étudier l’impact du portage hétérozygote d’HbS sur la capacité d’inhibition de cytoadhérence des anticorps, ces manipulations devraient être réalisées avec des iGRs HbAS, comme nous l’avons fait pour les expériences de reconnaissance immune de la surface érythrocytaire. Cependant, nous avons rencontré plusieurs difficultés pour l’obtention d’iGRs HbAS :

-nous devions trouver un donneur HbAS, n’étant pas porteur du variant G6PD A- ni de la délétion α-3,7

, et de groupe O, afin d’éviter la reconnaissance des antigènes du groupe sanguin par les plasmas de groupe non AB;

-une fois le donneur prélevé, nous ne disposions pas d’un volume suffisant pour obtenir le nombre d’iGRs nécessaire pour réaliser l’expérience.

Initialement, nous avions aussi prévu de tester l’impact du portage hétérozygote d’HbC sur le taux de liaison des iGRs, et sur la capacité d’inhibition de cytoadhérence des anticorps. En effet, le génotype HbAC confère aussi une protection contre les formes graves de paludisme à P. falciparum 327, et plusieurs études ont montré un rôle protecteur de ce génotype contre le PAM 226,227. De plus, Marilou Tétard a identifié 8,8% de femmes HbAC parmi les femmes de la cohorte STOPPAM qu’elle a génotypées 227, donc nous disposions de plasmas provenant de femmes HbAC. Cependant, nous n’avons jamais trouvé de donneur HbAC n’étant pas porteur du variant G6PD A-

ni de la délétion α-3,7, etde groupe sanguin O pour réaliser ces expériences.

Le plus faible taux de liaison des iGRs HbAS par les plasmas de femmes HbAS suggère une altération des interactions entre les antigènes et les anticorps. Cette altération pourrait être

-les iGRs HbAS ont une présentation plus faible et/ou anormale des antigènes reconnus par les anticorps des plasmas. De plus, plusieurs études ont montré que les PfEMP1 259, et notamment VAR2CSA 226, sont anormalement présentés à la surface des iGRs HbAS.

-les femmes HbAS ont un taux plus faible d’anticorps liant les différents antigènes à la surface des iGRs. Plusieurs arguments nous permettent de supposer que le taux de liaison de VAR2CSA est un composant majeur du taux de liaison global des iGRs : (i)VAR2CSA 61,308,309 est le ligand parasitaire impliqué dans la cytoadhérence des iGRs à la CSA dans le PAM ; (ii) les femmes développent des anticorps anti-VAR2CSA lors de leurs grossesses successives 101,311; (iii) Chan et al. suggèrent que PfEMP1 est la cible principale des anticorps anti-VSA 328 ; (iiii) nous avons pu démontrer que le taux de liaison était significativement associée au niveau d’anticorps anti-VAR2CSA. Considérant que le taux de liaison de VAR2CSA représente une part importante du taux de liaison global des iGRs, nous avons donc comparé les taux des anticorps anti-VAR2CSA (mesurés chez les femmes de la cohorte STOPPAM par ELISA dans une étude précédente 101) entre les femmes HbAA et HbAS. Ces niveaux d’anticorps n’étaient significativement pas différents entre les mères HbAA et HbAS, suggérant que le taux de liaison plus faible des iGRs HbAS par les plasmas HbAS n’est pas dû à un taux moins important d’anticorps reconnaissant VAR2CSA.

Plusieurs études s’étant intéressées au taux d’anticorps anti-PfEMP1 chez les sujets HbAA et HbAS présentaient des résultats controversés. Ici, nos résultats indiquent que les femmes de notre sous-cohorte ne présentent pas de différence de taux d’anticorps anti- VAR2CSA. Mais nos données suggèrent aussi une altération de la présentation de VAR2CSA à la surface des iGRs HbAS. Il est possible d’imaginer que les anticorps anti-VAR2CSA confèrent une protection plus efficace chez les individus HbAS, car bien que leur niveau soit similaire à ceux des femmes HbAA, ces anticorps ciblent VAR2CSA qui est anormalement présenté à la surface des iGRs HbAS.

L’hypothèse suivante peut donc être formulée : VAR2CSA/PfEMP1, ainsi que d’autres antigènes potentiels, sont plus faiblement et/ou anormalement présentés à la surface des iGRs HbAS. Le deuxième projet de cette thèse porte sur l’étude du protéome et du phosphoprotéome de la membrane des GRs HbAA et HbAS infectés par P. falciparum. Ainsi, l’impact du portage de l’HbS sur la modulation de la présentation des antigènes à la surface des iGRs a pu être investigué dans cet autre projet. Les résultats de cet autre travail sont décrits dans le deuxième chapitre de ce manuscrit.

CHAPITRE 2 :

Modulation, par l’hémoglobine S, du