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CHAPITRE 5 : Conclusions

5.3 Résultats du questionnaire : hypothèses, validations et limites

L’agencement des divers finis de bois définissant les cinq maquettes a été choisi de façon à créer des ambiances lumineuses très diversifiées (de très claires et très sombre, et de chaudes, à neutres et plus froides). Le but était d’évaluer l’effet de la matérialité (couleur et brillance de certaines essences de bois), du positionnement et de l’agencement des surfaces en bois dans un espace sur la satisfaction visuelle de l’observateur. Pour ce faire, un questionnaire exploratoire a été créé de façon à permettre une évaluation de l’expérience des observateurs de ces mêmes espaces. Ce questionnaire comprenant à la fois des questions qualitatives et quantitatives a été testé lors d’un banc d’essai et validé lors de l’analyse statistique. Son analyse était complexe et ambitieuse. L’évaluation simultanée de plusieurs variables (type de maquette, groupe d’âge, nébulosité du ciel, domaine d’étude et séquence d’observation) a permis de découvrir de interactions potentielles avec les réponses, mais pourrait être simplifiée dans des futures études.

La variable possédant un impact significatif pour la plupart des questions correspondait à l’interaction entre le sexe du participant et la maquette. En effet, il est intéressant de constater que les hommes et les femmes tendent à évaluer différemment les espaces. Si les espaces clairs sont appréciés par la majorité, les espaces sombres sont perçus différemment : les réponses des hommes sont plus neutres, alors que les femmes n’apprécient pas ce type d’espace de façon plus ferme et décidée, concordant avec les résultats de la recherche de Boyatzis et Varghese (1994). De futures recherches pourraient se pencher spécifiquement sur ces résultats. La deuxième variable possédant un impact sur les résultats globaux était la séquence ou l’ordre d’observation. Les participants avaient une façon différente de qualifier l’espace dépendamment de l’ordre dans laquelle les maquettes étaient observées, une observation pouvant également être développée dans de futures études. Ces résultats amènent l’hypothèse qu’un espace réel pourrait être plus ou moins apprécié si l’espace vu auparavant était en harmonie ou en opposition avec ce même espace, rappelant le concept architectural des séquences spatiales. De futures études devraient néanmoins utiliser une méthode aléatoire pour l’ordre dans lequel les espaces sont expérimentés afin d’éviter ces différences. Finalement, les autres variables relatives aux participants (groupe d’âge, domaine d’étude) n’ont pas eu d’effet significatif sur les résultats. Toutefois, tel qu’initialement cité (section 4.4.3), l’échantillon n’était pas diversifié, et était constitué majoritairement d’étudiants en architecture, ce empêche la généralisation des résultats de l’étude. Une prochaine étude pourrait se pencher à évaluer des maquettes semblables avec un échantillon plus aléatoire.

Les résultats de l’analyse de photographies démontrant des ambiances différentes dépendamment les conditions du ciel, l’hypothèse stipulait que la lumière diffuse et la lumière directe offriraient une différence significative au niveau de la perception de l’espace et de l’éblouissement. Le degré d’appréciation des espaces devait être différent selon les différentes conditions lumineuses expérimentées par le participant. Pour la plupart des questions, cette variable n’a eu aucun effet sur les réponses. Ainsi, les participants semblent apprécier les espaces similairement lorsqu’ils sont comparés les uns par rapport aux autres, peu importe l’heure et la nébulosité dans laquelle ceux-ci sont plongés. Cette conclusion pourrait être expliquée par la théorie de l’adaptation visuelle, permettant une balance des couleurs selon l’environnement dans lequel nous nous trouvons, qui s’adapte selon les différents degrés de luminosité. En effet, Kopec (2006) exprimait la comparaison un objet observé sous une lumière artificielle puis sous une lumière naturelle. La perception de l’objet par l’observateur serait la même, alors que la comparaison de photographies de ce même objet sous ces diverses conditions lumineuses révélerait une différence significative qui n’aurait pu être perçue par l’oeil. De la même façon, des espaces comparés les uns par rapport aux autres seraient classés de la même façon peu importe la qualité de la lumière les éclairant.

Une autre hypothèse de cette recherche stipulait que les ambiances lumineuses différentes seraient associées avec des tâches visuelles correspondant au niveau de luminosité nécessaires pour effectuer cette tâche. De plus, les ambiances sombres seraient liées à des tâches visuelles plus calmes, alors que les ambiances claires seraient associées à des tâches visuelles plus cognitives. La classification de IES Lighting (2015) (voir Annexe B) des différents espaces selon les divers niveaux de luminosité offertes (ou tâches visuelles) n’a pas été possible. En effet, selon le type d’espace (ex : bibliothèque, restaurant, musée, salle de sport), l’ambiance imaginée est unique et il était impossible de regrouper ces espaces en catégories. La seule catégorie ayant obtenu un coefficient de cohérence interne satisfaisant (alpha de Cronbach) permettant cette catégorisation correspondait aux tâches cognitives et de concentration (salle de classe, bureau, salle de conférence, lecture/écriture et bibliothèque), qui ont été associés avec les espaces les plus clairs et les plus lumineux, répondant partiellement à l’hypothèse évoquée.

S’il n’a pas été possible de regrouper les tâches visuelles en catégories, les facteurs de satisfaction visuelle (couleur, lumière, confort visuel, bien-être, naturalité et symbolisme) ont toutefois atteint pour la plupart une cohérence interne. Ces facteurs ayant permis de comparer les scores obtenues maquettes pour différentes échelles sémantiques bipolaires ont été développés à partir d’études précédentes (Büllow-Hübe 1995, Dubois et al. 2007, Pineault et al. 2007 and Arsenault 2012).

Cette section du questionnaire, se retrouvant dans la plupart des études expérimentales à la méthodologie semblable (Sadalla et al., 1993, Büllow-Hübe, 1995, Rice et al. 2006, Tsunetsugu et

al. 2006, Dubois et al., 2007, Ohta et al. 2008, Pineault 2009, Küller et al., 2009, Fell 2010,

Wymelenberg et al., 2010, Arsenault 2012, Wastiels et al. 2013, Borisuit et al. 2014, Burnard et al. 2015, Kuijsters et al. 2015) correspondait aux données quantitatives les plus probantes et parlantes. Les qualificatifs relatifs aux facteurs de la satisfaction visuelle pourraient être raffinés dans de futures études afin d’atteindre la validité interne pour chaque facteur.

Les questions quantitatives, si elles permettent une précision des résultats, offrant une moyenne, une médiane, un écart type, telle que la question de classement par rang présentée dans le questionnaire, celles-ci n’offrent pas une compréhension plus approfondie ainsi que la possibilité d’extrapolation des résultats. L’évaluation d’un espace est complexe et dépend de facteurs à la fois psychologiques et personnels, tout comme de facteurs physiques ou environnementaux. De ce fait, les questions qualitatives ont permis d’explorer davantage et de découvrir les raisons réelles de l’appréciation des différents espaces par les participants. Si leur analyse est plus ardue et subjective, les réponses ont permis d’offrir une richesse et une validation des résultats plus quantitatifs. Grâce à une procédure de Text mining (extraction de texte), il a notamment été possible de découvrir les raisons pour lesquelles le bois est apprécié dans un espace, question étant souvent posée au sein de la Chaire de recherche (Figure 41).

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