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Cette section concerne les résultats classiques des σ-jeux. Le premier d'entre eux est bien entendu le théorème de Sutner, qui est démontré dans la sous-section 1. Dans la sous-section 2, nous démontrons un théorème classique qui lie le nombre de couplages parfaits diérents de G et le rang de AG. Ce résultat, simple à démontrer, permet parfois de démontrer très simplement que AG est inversible, ou ne l'est pas, par des considérations élémentaires sur G. Dans la sous-section 3, on s'intéresse au rang de AT dans le cas σ sur un arbre T .

6.2.1 Rappels d'algèbre linéaire sur Z

2

et preuve du théorème de

Sutner

Rappels d'algèbres linéaires sur Z2

Nous commençons par quelques rappels d'algèbre linéaire sur Z2 (nous nous inspirons des exercices sur ce thème, ainsi que leur correction, dans le livre [62]).

Si X est une partie de E un Z2-espace vectoriel muni d'un produit scalaire, on dénit l'orthogonal de X par X :={x ∈ E : hx, yi = 0, ∀y ∈ X}.

Contrairement aux R-espaces vectoriels, on peut avoir hx, xi = 0 avec x 6= 0. Il convient donc d'être prudent lorsqu'on cherche à étendre les propriétés connues pour les R-espaces vectoriels aux Z2-espaces vectoriels.

Certaines, pourtant, restent valables :

Proposition 6.2 Soit E un Z2-espace vectoriel de dimension n, et soit F un sous-espace vectoriel de E. Alors dim F + dim F= n.

Démonstration : Soit (e1, e2, . . . , en)une base orthogonale de E (par exemple, la base naturelle). Soit (v1, v2, . . . , vk)une base de F , que l'on complète en une base (v1, v2, . . . , vn) de E. Considérons la matrice U dénie par Uei= vi. On a alors :

x∈ F⇔ hx, vii = 0 (i = 1, . . . , k) ⇔ hx, Ueii = 0 (i = 1, . . . k) ⇔ hei, Utxi = 0 (i = 1, . . . , k) ⇔ Utx∈ vect(ek+1, . . . , en)

⇔ x ∈ (Ut)−1vect(ek+1, . . . , en)

Par conséquent, F= (Ut)−1vect(ek+1, . . . , en), ce qui montre que dim F= n− k. Proposition 6.3 Soit A une matrice n × n symétrique à coecients dans Z2. On a :

6.2. QUELQUES RÉSULTATS CLASSIQUES 117 Démonstration : Soit y ∈ Im A, x tel que Ax = y et z ∈ Ker A. On a :

hz, yi = hz, Axi = hAz, xi = 0

Donc Im A ⊆ (Ker A). La Proposition 1 implique que rg A = dim(Ker A) ce qui conduit à l'égalité recherchée.

Preuve du théorème de Sutner

Grâce aux deux propositions précédentes, on peut démontrer le théorème de Sutner (Théorème 6.1) qui indique que dans le cas du σ+-jeu, on peut toujours parvenir à allumer tous les sommets du graphe en partant de la conguration où tous les sommets sont éteints : Démonstration du Théorème 6.1 : Il sut de démontrer que si A est une matrice symétrique n × n, à coecients dans Z2, avec diag A = 1n (nous sommes dans le cas σ+), alors 1n∈ Im A. Pour z = (z1, z2, . . . , zn)quelconque, on a : ztAz = n X i=1 n X j=1 ai,jzizj = X 1≤i<j≤n (ai,j+ aj,i)zizj+ n X i=1 ai,izi2. Comme A est symétrique, on ai,j+ aj,i= 0. De plus, z2

i = zisur Z2, et ai,i= 1. On peut donc réécrire l'égalité ci-dessus sous la forme :

ztAz =

n

X

i=1

zi=h1n, zi.

Donc si on prend z dans Ker A, on obtient h1n, zi = 0. Par conséquent, 1n ∈ (Ker A). La Proposition 6.3 permet de conclure.

Tout allumer pour le σ-jeu sur les arbres

Nous avons déjà signalé le fait que le σ+-jeu sur les arbres était bien connu. En revanche, le σ-jeu n'a pas encore été étudié. Nous cherchons ici à pallier ce manque.

Pour un arbre T , on peut déterminer en temps linéaire s'il est possible de tout allumer en partant de la conguration tout éteinte, avec les règles σ.

Pour exposer la méthode, nous introduisons la notion de quasi-tout allumé pour un arbre enraciné en un sommet r : un arbre enraciné est quasi-tout allumé si r est éteint et tous les autres sommets allumés.

On procède de la manière suivante : on choisit une racine r. On part des feuilles. A chaque feuille, on associe la matrice

µ 0 1 0 1

. A tout autre sommet v, on associe également une matrice 2 × 2 qui se déduit directement des matrices 2 × 2 de ses ls. Une telle matrice indique

a si le sous-arbre enraciné en v peut être tout allumé avec v dans l'ensemble des sommets sur lesquels on appuie,

b si le sous-arbre enraciné en v peut être tout allumé sans avoir à appuyer sur v, c si le sous-arbre enraciné en v peut être quasi-tout allumé avec v dans l'ensemble des

sommets sur lesquels on appuie et

On met 1 (resp. 0) dans la case correspondante de Tout allumé Quasi-tout allumé

Appui racine a c

Pas appui racine b d

si la réponse est oui (resp. non). Il est alors clair que la matrice d'un sommet v se déduit directement des matrices de ses ls. Noter que la matrice associée aux feuilles satisfait la dénition de cette matrice.

De plus, si on peut tout allumer pour un arbre enraciné en r, on peut, toujours en temps linéaire, exhiber un ensemble de sommet sur lequel appuyer pour tout allumer : il sut de partir de r et de regarder si on doit appuyer ou non sur r pour tout allumer (cela se lit sur la matrice), puis on descend aux ls, etc...

Remarques : C'est ce genre de méthode que F. Galvin emploie dans [34] pour donner un algorithme linéaire qui allume tout dans un arbre, avec la règle σ+. On peut généraliser la méthode pour répondre, toujours en temps linéaire, à la question de la possibilité d'obtention de n'importe quelle conguration de sommets allumés. De plus, on peut clairement adapter ce genre de méthode pour minimiser le nombre de sommets sur lequel on appuie pour tout allumer (voir par exemple [12])2.

6.2.2 Inversibilité de la matrice d'adjacence

Un σ-jeu est inversible si sa matrice d'adjacence est inversible. Déterminant et couplages

Lorsqu'on s'intéresse à l'inversibilité d'une matrice, plusieurs méthodes sont à notre dis-position. Une des plus naturelles est le calcul du déterminant. Il s'avère que dans le cadre des σ-jeu le calcul du déterminant a une signication graphique simple, comme en témoigne le théorème suivant ([19]) :

Théorème 6.2 Soit G = (V, E) un graphe.

Le déterminant de la matrice d'adjacence AGd'un σ-jeu est égal, modulo 2, aux nombres de couplages parfaits diérents de G.

Le déterminant de la matrice d'adjacence AGd'un σ+-jeu est égal, modulo 2, aux nombres de couplages diérents de G. Démonstration : On a, dans Z2 : det(AG) = X π permutation Y v∈V AG(v, π(v)).

(Pour la formule générale donnant les valeurs des coecients du polynome caractéristique, voir [84]).

Les termes non-nuls de cette somme correspondent à des permutations π telles que pour les v 6= π(v), les {v, π(v)} soient des arêtes, et que l'ensemble de ces arêtes, notons le E(π), est formé d'arêtes et de cycles disjoints de G . Notons que π donne une orientation aux cycles de E(π).

Si E(π) contient au moins un cycle C, alors il existe une puissance de deux permuta-tions (π incluse) donnant le même ensemble E(π), chaque permutation correspondant à une orientation particulière des cycles de E(π).

2La minimisation du nombre de sommets appuyés pour tout allumer dans un graphe quelconque est NP-dicile (prouvé par Sutner dans [91]).

6.3. CAS PARTICULIER DE LA GRILLE 119