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8 Approfondissement méthodologique sur la manière de modéliser les liens entre taches

8.3 Résultats

Nous nous concentrons par la suite sur les 25 taches d'habitat qui ont la plus forte contribution au maintien de la connectivité globale du réseau d'habitat au niveau du secteur infra-régional. Pour une distance de dispersion de 700 m, les mêmes taches d'habitat sont identifiées par les indices dIICf et

dPCf qu’ils soient basés sur la LCD ou sur la RD, alors qu'elles diffèrent nettement jusqu'à une

distance de dispersion de 1000 m pour les indices BC et dIICc (Figure 35). De plus, dans le cas de l’indice dPCc, la hiérarchisation des taches d'habitat proposée reste différente y compris pour de grandes distances de dispersion : pas plus de la moitié des taches prioritaires sont communes aux deux types de distance et ce, quelle que soit la distance de dispersion (Figure 35). Cela signifie que le type de lien utilisé (LCD ou RD) a très peu d'importance pour hiérarchiser le rôle des taches dans notre cas d’étude lorsque les indices de connectivité sont pondérés par les attributs de la tache (indices dIICf et dPCf), mais qu’au contraire le type de lien a un rôle lorsque les indices de connectivité sont basés uniquement sur une distance de dispersion pour des distances faibles à moyenne (BC et IICc, lien binaire), ou lorsqu’ils reposent sur une probabilité de dispersion (dPCc).

Figure 35. Pour différents indices de connectivité (BC, dIICf, dIICc, PCf, PCc), nombre de taches classées conjointement par l’indice basé sur la distance de moindre coût (LCD) et par l’indice basé sur la distance de résistance (RD), parmi les 25 meilleures taches classées par l’une ou l’autre des deux distances. Neuf distances de dispersion ont été analysées : 200 m, 700 m, 1000 m, 4000 m, 6000 m, 10 km, 15 km, 20 km and 25 km.

Figure 36. Carte de la zone étudiée (7090 km²) montrant les 25 taches forestières les plus importantes selon l’indice dIICc (part connecteur de l’indice dIIC) pour une espèce forestière ayant une distance médiane de dispersion de 1000 m. Les taches d’habitat classées comme importantes uniquement par l’indice IIC basé sur les distances de résistance (RD) sont en vert, celles classées comme importantes uniquement par l’indice IIC basé sur les distances de moindre coût (LCD) sont en orange, et celles classées par les deux indices à la fois sont en lilas. La différence de rang de la tache entre les deux indices (LCD – RD) est indiquée en gras sur la tache. L’écart est d’autant plus grand que la hiérarchisation selon les deux indices est différente. Si la valeur indiquée est positive, cela signifie que LCD donne une importance plus grande à la tache que RD, et si la valeur est négative, cela signifie que RD classe comme plus importante cette tache que LCD. Les liens entre taches sont effectifs lorsque RD ≤1000 m (rouge ou vert) et dans un nombre moins important de cas lorsque LCD ≤1000 m (rouge).

Dans le cas de l’indice dIICc, nous indiquons trois situations où l’ordre d’importance des taches varie entre les deux types de distance entre taches (Figure 36) :

(1) Certaines taches d’habitats sont classées comme prioritaires avec l’indice basé sur la RD, alors que le même indice basé sur la LCD ne leur donne aucune importance ; cela s’explique par le fait que ces taches se retrouvent en bout de réseau, voire complètement isolées des autres taches dans le réseau basé sur LCD (cf. flèche 1 de la Figure 36) ;

(2) Certaines taches d’habitat sont bien classées seulement par l’indice basé sur la RD, alors qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’elles soient bien classées aussi par l’indice basé sur la LCD (voir flèches 2, Figure 36). La perte de ces taches affecte fortement la dispersion entre des groupes entiers de taches et le reste du réseau considérant la LCD pour des distances de dispersion courtes à moyennes, car il n’y a pas de chemins alternatifs ou seulement des chemins alternatifs beaucoup plus longs avec de nombreuses taches intermédiaires ;

(3) Les indices basés sur la LCD identifient d’autres taches importantes pour la connectivité du réseau (voir flèche 3, Figure 36), car leur perte va induire un isolement complet d’une grande partie du réseau d’habitat. Dans ce dernier cas, le réseau basé sur la RD montre des chemins alternatifs avec un nombre d’étapes équivalent ou plus réduit, permettant d’autres connections avec le reste du réseau d’habitat.

Par conséquent, l’analyse basée sur la LCD a tendance à surestimer le rôle de certaines taches d’habitat par rapport à l’analyse basée sur la RD, parce que ces taches semblent jouer le rôle de taches-relais au sein du réseau (i.e. permettant de maintenir la connectivité globale du réseau) alors qu’en réalité des chemins alternatifs existent (cf. Figure 36). Cela a pour effet de diminuer l’importance

relative des autres taches d’habitat identifiées comme éléments clés si l’on se réfère au diagnostic apporté par les indices basés sur la RD.

Etant donné que les liens basés sur la distance de moindre coût (LCD) peuvent être jusqu'à 74 fois plus longs que les liens basés sur la distance de résistance (RD), la probabilité de dispersion associée à la LCD est souvent beaucoup plus faible que celle associée à la RD. Par conséquent, le réseau d'habitat basé sur la LCD est très différent de celui basé sur la RD pour les distances de dispersion faibles à moyennes (Figure 37).

Quand la capacité de dispersion augmente, la probabilité de dispersion augmente fortement pour les liens LCD, et les taches d'habitat identifiés seulement par dPCc-RD ont tendance à être identifiés aussi par dPCc-LCD, c’est-à-dire que la disparité de classement pour ces patchs diminue (comparer les taches les mieux classés selon le dPCc-RD entre la Figure 37 et la Figure 38). Cependant, la disparité de classement augmente pour les taches identifiées seulement par dPCc-LCD (comparer les Figure 37 et Figure 38): ces cas se rencontrent dans des zones de paysage qui restent mal connectées par des liens LCD même à grande distance (Figure 38a), alors que ces zones sont bien reliées par des liens RD (Figure 38b). Il existe des chemins alternatifs avec des probabilités de dispersion élevées, puisque de grands corridors de dispersion et des chemins différents entre les taches peuvent être utilisés par les individus pour se disperser (Figure 38).

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