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3 RESULTATS

3.2 Analyse histologique, immunohistochimique et moléculaire comparative des LDBG et

3.2.2 Résultats

3.2.2.1 Résultats histologiques

a) Épithélium villositaire : analyse de l’infiltrat

Les chats avec LDBG se caractérisent par un épithélium villositaire significativement plus infiltré, avec la présence plus fréquente de nids ou de plaques de petits lymphocytes ou d’un infiltrat diffus sévère (Figure 14).

Figure 14: Infiltration lymphocytaire de l’épithélium chez les chats atteints de LDBG et d’ELP. A : Fréquence de répartition entre les groupes LDBG et ELP

B : Nid de lymphocytes intra-épithéliaux (IEL) (cercle noir) chez un chat atteint de LDBG (coloration HES) (crédit photographique : Laboratoire d’anatomopathologie de l’EnvA).

b) Atrophie villositaire et aspect des cryptes

Une atrophie villositaire, une hyperplasie des cryptes et une cryptite lymphocytaire sont plus souvent retrouvées chez les chats atteints de LDBG que chez les chats atteints d’ELP. Les figures d’apoptose épithéliale sont significativement plus fréquentes chez les chats atteints d’ELP. Nous n’avons pas observé de différence significative en ce qui concerne la présence de cryptite neutrophilique et d’abcès cryptiques (Figure 15).

Figure 15 : Anomalies villositaires et cryptiques dans les groupes LDBG et d’ELP

c) Lamina propria : analyse de l’infiltrat

En comparaison avec les chats du groupe ELP, la lamina propria des chats atteints de LDBG est infiltrée par une population monomorphe et de richesse cellulaire élevée. Elle est également significativement plus souvent hétérogène, avec des zones d’hyper infiltration lymphocytaire (23 % des cas) et décrit de manière plus fréquente un gradient apico-basilaire (densité de l’infiltrat lymphocytaire supérieure dans l’apex des villosités). La figure 16 illustre les caractéristiques comparatives de l’infiltrat lymphocytaire de la lamina propria au sein des deux groupes (LDBG et ELP).

Figure 16 : Caractérisation de l’infiltrat lymphocytaire dans la lamina propria chez les chats atteints de LDBG et d’ELP.

A : Fréquence de répartition entre les groupes LDBG et ELP

B : Lamina propria comportant des zones hétérogènes d’hyper infiltration lymphocytaire (cercle noir) associées à des plaques de lymphocytes intra-épithéliaux (ovale noir), chez un chat atteint de LDBG (crédit photographique : laboratoire d’anatomopathologie de l’EnvA).

d) Infiltration de la paroi digestive

Une infiltration lymphocytaire de la sous-muqueuse, de la musculeuse et de la séreuse étaient significativement plus fréquentes lors de LDBG. Aucun chat atteint d’ELP ne présentait une infiltration de la musculeuse ni de la séreuse (Figure 17).

Figure 17 : Infiltration lymphocytaire des couches profondes (sous-muqueuse, musculeuse et séreuse) chez les chats atteints de LDBG et d’ELP.

A : Fréquence de répartition entre les groupes LDBG et ELP

B : Infiltration lymphocytaire des couches profondes (sous-muqueuse, musculeuse et séreuse : flèches) chez un chat atteint de LDBG (coloration HES)

e) Évaluation de la fibrose par coloration au trichrome de Masson

La présence d’une bande de fibrose superficielle est majoritairement observée dans le groupe des chats à ELP et seule une bande de fibrose profonde est présente chez 41% des cas de LDBG et aucun cas d’ELP(Figure 18).

Figure 18 : Fibrose superficielle ou profonde chez les chats présentant un LDBG ou une ELP Panel du haut : Fréquence de répartition entre les groupes LDBG (Tc-LGIL) et ELP (IBD) Panel du bas : Coloration trichrome de Masson. A : ELP, B : LDBG

3.2.2.2 Résultats immunohistochimiques a) Gradient apico-basilaire

L’immunohistochimie confirme le gradient apico-basilaire identifié en coloration HES chez plusieurs cas de LDBG (Figure 19) et met également en évidence l’épithéliotropisme lymphocytaire, la présence de nids et/ou de plaques de lymphocytes intra-épithéliaux et la présence de zones hétérogènes d’hyper infiltration lymphocytaire dans la lamina propria.

Figure 19 : Gradient apico-basilaire observé avec un anticorps ant-CD3 chez deux chats atteints de LDBG.

(crédits photographiques : Laboratoire d’anatomopathologie de l’EnvA)

b) Analyses immunohistochimiques semi-quantitatives pour les épitopes CD3, CD20, KI67

Comme attendu, les médianes des niveaux d’expression de l’épitope CD3 dans la lamina propria et dans l’épithélium sont significativement plus élevées chez les chats atteints de LDBG que chez les chats atteints d’ELP (Figure 20A). La médiane du niveau d’expression de l’épitope CD20 dans la lamina propria est significativement plus élevée chez les chats atteints d’ELP (Figure 20B). Les médianes du niveau d’expression de l’index de prolifération cellulaire Ki-67 dans la lamina propria et dans l’épithélium sont significativement plus élevées dans le groupe LDBG (Figure 20C). En se basant sur ces résultats, nous avons établi un seuil de Ki67 à 20%, permettant de différencier les chats avec LDBG des chats avec ELP. Ainsi le pourcentage de chats ayant un niveau d’expression de Ki-67 supérieur ou égal à 20 % est significativement plus élevé dans le groupe LDBG que dans le

groupe ELP, à la fois dans la lamina propria (respectivement 18/22 et 7/22 [p = 0,0008]) et dans l’épithélium (respectivement 13/22 et 1/22 [p = 0,0001])

Figure 20 : Niveaux d’expression de l’épitope CD3 (A), CD20 (B) et Ki-67 (C) dans la lamina propria et l’épithélium chez les chats atteints de LDBG ou d’ELP.

c) Analyse de l’expression de phosphoSTAT3/phosphoSTAT5

Si l’expression de phoshoSTAT3 au sein de la lamina propria est assez faible et peu discriminante entre les deux groupes, l’expression de phosphoSTAT5 est massive dans le groupe LDBG, comme illustré dans la figure 21.

Figure 21 : Expression de phosphoSTAT3 (A) et de phosphoSTAT5(B) au sein de la lamina propria des

chats du groupe ELP et de ceux du groupe LDBG

3.2.2.3 Résultats de clonalité

Une monoclonalité du TCR est observée plus fréquemment chez les chats atteints de LDBG. Néanmoins, on retrouve 40 % de réarrangements clonaux du TCR chez les chats atteints d’ELP (Figure 22).

Figure 22 : Analyse de la clonalité chez les chats atteints de LDBG ou d’ELP

3.2.3 Synthèse

Cette étude nous a permis d’identifier des critères histologiques et immunohistochimiques discriminants entre le LDBG et l’ELP, ce qui facilitera le diagnostic différentiel entre ces deux entités.

En revanche, contrairement à ce qui était communément admis dans la communauté vétérinaire51,72, nos données de clonalité confirment que la présence d’un réarrangement monoclonal du TCR n’est pas un critère de malignité en soi et ne doit en aucun cas faire poser à lui seul le diagnostic de lymphome. Une monoclonalité peut en effet être mise en évidence lors de forte stimulation antigénique, comme cela a été déjà rapporté chez l’homme, notamment lors de maladie de Crohn174.

Toutefois, le pourcentage assez élevé de profils monoclonaux identifiés au sein de la population de chats à ELP pourrait s’intégrer dans le cadre d’un continuum histologique entre ELP et LDBG. En effet, la forte stimulation antigénique associée à l’ELP favoriserait l’émergence de clones tumoraux et, à terme, le développement d’un lymphome de bas grade au sein de l’épithélium intestinal.

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