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IV.2 Confrontation des résultats à la littérature

IV.2.1 Le résultat principal

La majorité (66%) des médecins ayant répondu se disent satisfaits ou très satisfaits par ce service d’HDJGD.

Pour les médecins généralistes installés en libéral ayant eu au moins un patient pris en charge par le service, le taux de satisfaction (satisfaits et très satisfaits) s’élève à 96% mais sans différence significative avec le reste de la population étudiée. Il est rapporté dans la littérature des résultats similaires chez les médecins ayant déjà eu un patient pris en charge par une HDJG : 96.4% dans la thèse d’Isaure Fraux (58), voire même des résultats supérieurs dans la thèse la plus semblable à notre étude avec 87% de très satisfaits et 13% de satisfaits (114,115). L’étude

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anglaise sur les HDJG de Nottingham (113), étudiant les soignants plus généralement, rapporte également un taux de satisfaction de ces derniers de 94% sur le même nombre d’inclus que dans notre étude (94). Seule la thèse d’Anastasia Obraztsova trouve des résultats inférieurs avec 76% de médecins « totalement satisfaits » (116).

L’analyse thématique des réponses libres montre que 86% des médecins dont les réponses ont été analysées font état de leur satisfaction quant au service d’HDJGD (critère principal). Déjà, « dans l’étude de Lin en 2002, les médecins traitants jugeaient positivement l’action menée par l’HJG en termes de prise en charge et de suivi proposé. » (106,117)

IV.2.2 La population

IV.2.2.1 Caractéristiques

Nous notons des différences entre la population ayant répondu au questionnaire et les chiffres concernant les médecins généralistes lozériens et français (26,86).

Ainsi, en moyenne, les médecins ayant répondu ont 47,5 ans et exercent en Lozère depuis 14 ans, 20% se sont installés depuis l’ouverture du service d’HDJGD. Ils sont plus jeunes que la moyenne française des médecins généralistes (50,6 ans) et encore plus que celle des médecins généralistes lozériens (55 ans). Cela peut s’expliquer par l’envoi initial du questionnaire par voie électronique (130). Mais également, par le biais de désirabilité sociale car plus de jeunes médecins me connaissent personnellement. Enfin, nous pouvons supposer que les jeunes médecins sont plus sensibles au sujet de la fragilité, auquel ils ont pu être formés pendant leurs études, comme cela a été observé dans d’autres études (63,64).

Par ailleurs, il y a 42% de femmes parmi les médecins ayant répondu, ce qui est inférieur à la moyenne lozérienne et nationale. Mais ce taux est similaire à celui retrouvé par Ambre Bieber (63).

38% des médecins de notre panel exercent en libéral : ils sont 47% pour les médecins généralistes lozériens et 56 % pour les généralistes français. 17% des médecins ayant répondu exercent en salariat contre 37% pour les médecins généralistes lozériens et français. 1% des répondeurs sont retraités actifs ce qui est légèrement inférieur aux chiffres lozériens et nationaux (respectivement 2% et 1.3%). Ces résultats ne peuvent être comparés aux autres thèses sur le même sujet, car elles n’ont pas catégorisé les exercices de la sorte.

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Nous pouvons dire que les types d’exercice des médecins ayant répondu ne sont pas comparables aux chiffres nationaux et lozériens, mais le classement par ordre croissant des proportions reste respecté. De plus, une grande variété des modes d’exercice est représentée dans notre population, dont les médecins remplaçants. Comme l’indiquent justement Justine Bruneel- Million et Médéric Segers dans leur thèse, « le choix d'intégrer des médecins remplaçants peut être discutable dans la mesure où ils sont moins impliqués dans le suivi des patients. Ils représentent néanmoins les futurs médecins installés et se trouvent déjà concernés par la prévention, leur avis est donc important. » (52)

Nous notons que la grande majorité des médecins ayant répondu exercent en territoire rural ou semi-rural, ce qui est cohérent avec la configuration du département. Bien que cela ne soit pas comparable à la littérature, il est important de constater que des médecins éloignés de l’HDJGD de Mende se sont sentis concernés par notre étude.

Par ailleurs, seuls 17% des médecins ayant répondu sont formés à la gériatrie. Dans la littérature sur le même sujet, les taux sont plus élevés parmi les médecins répondeurs : de 24,1% (63) à 32.2% (120) voire même 35% (119). De plus, il n’existe pas de différence significative de satisfaction vis-à-vis du service d’HDJGD comparativement aux médecins sans formation complémentaire en gériatrie. Alors que la thèse de Lucie Gasc, quant à elle, constate que les médecins généralistes ayant effectué une formation complémentaire en gériatrie sont plus sévères que leurs confrères dans l’évaluation de leur satisfaction. Dès lors, elle suppose que « leur meilleure formation en gériatrie peut expliquer leur plus grande exigence. » (120)

48% des médecins se déclarent à l’aise avec le concept de fragilité en gériatrie. Alors que dans la thèse de Justine Bruneel-Million et Médéric Segers ce taux s’élève à 71%, ce qu’ils jugent important compte tenu du fait « qu'il s'agisse d'une notion récente qui n'a pas été enseignée à la faculté de médecine. » (52)

IV.2.2.2 Description de leurs patientèles

Si nous considérons que tout patient gériatrique est un patient fragile (11), alors nous devrions retrouver dans les patientèles des proportions de patients fragiles égales ou plus élevées que les proportions de patients gériatriques. Or, nous observons l’inverse. Nous supposons ici que la notion de patient gériatrique a été assimilée à celle de patient âgé (36). Cela rejoint les

« conclusions du travail de thèse de Pierre-Yves Saleh qui trouve que le terme de « Fragilité » évoque d'emblée des situations cliniques pour les médecins généralistes, mais correspondant

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souvent à des patients en état de dépendance, plutôt que de Fragilité. Pourtant, les médecins interrogés reconnaissent la Fragilité comme un état précédant la dépendance. » (52,70)

S’agissant de notre étude, nous remarquons qu’il n’y a pas de différence significative dans ces estimations, que les médecins se sentent ou non à l’aise avec le concept de fragilité. Comme nous l’avons vu dans les biais, nos résultats sont difficilement analysables ici.

Cependant, dans la thèse d’Aricie DAURE (119), la proportion estimée des plus de 65 ans est demandée aux médecins interrogés : 66% estiment qu’ils sont moins de 25% de leur patientèle (26% pour nous), 31% estiment qu’ils sont entre 25 et 50% (46% pour nous) et 4% estiment qu’ils sont plus de 50% (28% pour nous). Les différences de taux entre cette étude et la nôtre illustrent que nos résultats ne sont pas seulement expliqués par les soucis de définition. Ils reflètent, en partie, la proportion particulièrement élevée des personnes âgées en Lozère (28,29).

Pourtant, ces chiffres sont étonnamment élevés si nous considérons que les consultations des patients de plus de 65 ans représentent 28 % du total des consultations et donc que celles des patients fragiles pourraient représenter environ 4 % des consultants de médecine générale. (18,78)

IV.2.2.3 Explications du choix des sous populations étudiées

Nous avons décidé d’étudier 3 sous-populations médicales en comparant leur taux de satisfaction global avec celui du reste de la population étudiée.

Nous avons tout d’abord les médecins généralistes libéraux installés (non remplaçants) ayant déjà eu au moins un patient pris en charge par le service d’HDJGD. En effet, ils sont potentiellement les seuls médecins ayant une vision globale de la prise en charge en HDJGD, ils ont reçu une synthèse à l’issue de l’hospitalisation de leur patient ont une vision globale de ce qu’il advient en aval de cette prise en charge (satisfaction du patient, applicabilité des propositions etc…). L’étude de cette sous-population médicale permet d’affiner certains taux de réponses en améliorant ainsi la pertinence d’analyse et de les comparer plus aisément à la littérature (114,115). Cependant, il aurait été intéressant de savoir, dans cette population, si la demande d’HDJGD émanait d’eux afin de comparer ce taux à la littérature (110).

Nous avons ensuite cherché à savoir s’il existait des particularités de réponses pour les médecins généralistes ayant une formation complémentaire en gériatrie, leur sensibilité aux patients âgés, leurs pratiques et leurs formations pouvant modifier les résultats (63,64). Mais

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nous ne retrouvons pas de différence significative sur le critère de jugement principal en comparaison avec les autres médecins. Evidemment l’échantillon (n=9) explique en partie cette absence de significativité.

Enfin, nous avons étudié la sous-population médicale souhaitant l’agrandissement de la filière gériatrique ville/hôpital afin de déterminer si cette attente était liée à leur taux de satisfaction.