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LE RÉSEAU POLARISÉ DES ÉCHANGES

Dans le document ÉCONOMIE INTERNATIONALE (Page 23-36)

Le b-a-ba de l'économie internationale, c'est que les importations des uns sont les exportations des autres. La structure du commerce mondial ne peut être connue qu'à travers un réseau conçu comme un tableau portant en lignes les pays exportateurs et en colonnes les pays importateurs. Mais, si on retient les 170 pays de l'ONU et, par exemple, dix catégories de produits pour chaque pays, on arrive à des matrices effroyablement lourdes à manier même avec un ordinateur.

C'est pourquoi les réseaux du commerce mondial que nous allons étu- dier ici, ne portent que sur les importations et les exportations globales de pays, eux-mêmes regroupés en quelques grandes catégories.

S o u s - s e c t i o n 1 ÉVOLUTION DU RÉSEAU

DU COMMERCE MONDIAL ENTRE 1963 ET 1992 L'évolution du réseau du commerce mondial entre 1963 et 1992 peut être représentée ainsi :

Tableaux 1-2

* ou 99 en raison des erreurs et omissions Source : Le commerce international, GATT 1965 et 1993, statistiques p. 80.

En lisant les diagonales, on voit que :

— les pays industrialisés font toujours plus de la moitié du com- merce mondial entre eux ;

— les pays en voie de développement commercent peu entre eux mais les échanges Sud-Sud ont tendance à se développer ;

— les pays de l'Est commercent de moins en moins entre eux.

En lisant les cases extrêmes, on constate que :

— les pays industrialisés, d'une situation presque équilibrée en 1963 sont devenus excédentaires en 1992 (après avoir été déficitaires au moment du premier choc pétrolier) et la part dans le commerce mondial de leurs échanges entre eux a augmenté des 2/3 à plus de 70 % ;

— les pays en voie de développement d'une situation presque équi- librée en 1963 sont devenus déficitaires (ils l'étaient plus encore après les chocs pétroliers) et leur part dans le commerce mondial a augmenté, notamment grâce aux pays « émergents » du Sud-Est asiatique ;

— les pays de l'Est, excédentaires en 1963, sont déficitaires en 1992 et leur part s'est effondrée de 10 % à 2,5 % environ du commerce mondial.

Sous-section Il

L'ANALYSE EN TERMES DE PÔLES

§ 1. - La structure radiale du commerce mondial WOOLEY (6) analysant en 1951 les échanges entre 81 pays de biens et de services, mais aussi les transferts de capitaux et le financement compensatoire, présente une analyse matricielle en termes de graphes.

a) Il existe un lien commercial principal quand un pays fait plus de 30 % de ses échanges avec un autre et un lien secondaire quand il n'en fait que 10 %.

b) Aucun pays ne pratique la double affiliation, c'est-à-dire qu'au- cun n'a de lien principal avec deux pôles.

Organigramme 1-1

Les flèches indiquent la direction des paiements (en millions de dollars)

(6) H.-B. WOOLEY, Transactions between World areas in 1951 : Review eco. and stat., suppl. fev. 1958.

Aucun n'a un lien principal différent pour ses importations et pour ses exportations.

c) Les pays peuvent avoir un lien secondaire avec un deuxième pôle ou entre eux : ainsi les pays affiliés aux États-Unis ont, pour certains, un lien avec l'Europe (9 avec la Grande-Bretagne) et, pour d'autres, un lien à l'intérieur de leur propre groupe (Amérique Latine). Pour Woo- LEY, l'explication de cette structure radiale est essentiellement politique (coûts de transports, politique commerciale et gouvernementale, inves- tissements étrangers, arrangements industriels).

§ 2. - L e s t r o i s p ô l e s d u c o m m e r c e m o n d i a l

7. - Notion

Les 170 pays de l'ONU et les 96 Parties contractantes du GATT ne pèsent pas du même poids dans le commerce mondial dont la structure est profondément inégalitaire. Trois États représentent le tiers du com- merce mondial : leurs parts à l'exportation en 1992 sont les suivantes : 6e rang, on obtient pour les quatre principaux États membres de la CEE plus du quart du commerce mondial.

C'est WOOLEY qui le premier en 1958 a défini un pôle du commerce mondial comme un pays avec lequel plusieurs autres réalisent plus de

Part du commerce avec le continent américain dans le commerce extérieur en 1990 (en %)

Source : Direction of Trade Statistics, Fonds monétaire international.

Part du commerce avec l'Asie dans le commerce extérieur en 1990 (en %)

Source : Direction of Trade Statistics, Fonds monétaire international.

Part du commerce avec la CEE dans le commerce extérieur en 1990 (en %)

Source : Direction of Trade Statistics, Fonds monétaire international.

2. - Causes de la polarisation

Si l'on reprend les trois aspects de la domination économique (quantitatif, qualitatif et pouvoir de marchandage), on distingue trois causes de polarisation. relativiser le moindre PIB du Japon, compte tenu de sa population, ce qui donne en Écu par habitant, États-Unis : 20 867, Japon : 17 932 et

b) Le rayonnement technologique

Le dynamisme des pôles du commerce mondial est aussi dû à leur effort d'innovation. Les trois pôles représentent 80 % des dépenses de RD du monde occidental. Le ratio DIRD/PIB est similaire en 1986 aux États-Unis et au Japon (2,8 %), mais inférieur à 2 % dans la CEE. Car pendant la période 1981-1984, ce ratio a augmenté plus vite au Japon (4,5 % par an) qu'aux États-Unis (3 %) et dans la CEE (1,5 %). Ainsi pour les trois, le contenu technologique des exportations de produits industriels est supérieur à 26 %.

Il ne faut pas oublier que les États-Unis sont le berceau des innova- tions financières.

c) La puissance financière

Les trois pôles réalisent 80 % des investissements directs en 1988 et si l'on retient l'Europe occidentale 90 %. Sur 260 milliards de dollars, on a :

— États-Unis : 90 ;

— Europe occidentale : 124 dont environ 60 pour la CEE ;

— Japon : 22.

Ces trois pôles abritent les principales places financières : Londres : 26,6 % de l'activité internationale des banques, New York et Tokyo : 8,6 %. Mais en termes de capitalisation boursière, la hiérarchie est inverse, Tokyo (3 500 milliards de dollars), dépassant maintenant New York (2 870) et la CEE (1 460).

L'importance des trois pôles se retrouve dans la concertation entre les trois grandes monnaies, le dollar, le DM et le Yen, dans les accords du Plaza (22 septembre 1985) et du Louvre (22 février 1987), même si ces accords ont été signés par un nombre plus élevé de pays (5 pour le Plaza avec la France et le Royaume-Uni) et 6 pour celui du Louvre (plus le Canada).

3. - Spécificité des trois pôles a) Une force de nature différente

— La richesse des États-Unis qui disposent de la plus grande super- ficie (9,37 millions de km2 contre 2,26 pour la CEE et 0,3 pour le Japon), du PIB le plus élevé (39 % de celui de l'OCDE) et du privilège du dollar (72 % des règlements mondiaux).

— Le record des taux de croissance du Japon

Le taux de croissance du PIB sur base 100 en 1985 est de 130,6 en 1991 contre 111,9 pour les États-Unis et 118,8 pour la CEE. Sa part du marché mondial est passée de 3 % en 1960 à 9 % en 1990.

— La puissance commerciale de la Communauté

La CEE représente la plus grande part du marché mondial, avec

merciale mondiale il y a trente ans et les élargissements n'ont qu'un peu plus que compensé la montée des pays asiatiques. C'est aussi le plus ouvert puisque les importations hors énergie représentent en % du PIB en 1990 20,5 % pour la CEE à 12 contre 8,1 % pour les États-Unis et 5,4 % pour le Japon.

b) Ces trois pôles ont chacun leur faiblesse

— L'insuffisance du taux d'épargne américain, qui n'est au deuxième trimestre 1993 que de 4,3 % du revenu disponible des ménages, contre 14,6 % dans la CEE, est de l'ordre de 20 % au Japon.

La conséquence en est l'existence des déficits jumeaux (en 1992 : 290 milliards de dollars pour le déficit budgétaire et 96 pour le déficit commercial). Les dépenses publiques permettent une consommation qui s'alimente en partie sur l'importation. La solution n'est trouvée que dans l'endettement. Ces déficits jumeaux risquent-ils de menacer le leadership américain ? En 1986, les échanges de produits de haute technologie ont été pour la première fois déficitaires. La surévaluation du dollar leur a été préjudiciable. La vulnérabilité du système bancaire américain est inquiétante.

— La dépendance japonaise envers l'énergie et les matières pre- mières est beaucoup plus grande que celle de la CEE et a fortiori des États-Unis. Le Japon s'est révélé très vulnérable aux chocs pétroliers. Le coût de ces matières premières est renchéri par l'appréciation du Yen.

— La faible création d'emploi dans la Communauté qui n'a créé que 770 000 de 1977 à 1986, contre 20,8 millions pour les États-Unis et 5,8 millions au Japon, ce qui s'explique par la croissance plus lente que dans les deux autres pôles, la politique de monnaie forte, le manque de flexibilité du marché du travail et l'importance de la pro- tection sociale. On peut espérer une reprise en raison de l'achèvement du grand marché intérieur, qui devrait selon le rapport Cecchini créer 2 millions d'emplois nouveaux et augmenter le PIB de 4,5 %.

La polarisation se manifeste essentiellement de trois manières : dans les échanges commerciaux, les investissements directs et les demandes de brevets à l'étranger.

En 1989 en % du total des échanges de la zone

* Les échanges commerciaux de la triade

Le commerce intra-régional est du même ordre dans les deux pôles Amérique du Nord et Asie de l'Est et nettement supérieur pour la CEE.

Il en résulte que les liens Amérique du Nord - Asie de l'Est sont plus importants (27 % des échanges) qu'entre la CEE et les deux autres blocs.

Ces trois pôles se font concurrence car ils présentent en partie les mêmes spécialisations mesurées par l'avantage comparatif révélé, les États-Unis et la CEE pour la mécanique et la chimie, la CEE et le Japon pour les véhicules.

Les trois premiers points forts des principales zones en 1991 (avantages comparatifs en millièmes du PIB)

Source : CHELEM-CEPII.

* Les flux d'investissements directs dans la triade

Ces flux représentent 80 % du stock mondial d'investissements à la fin des années 1980. On remarque que :

— la CEE et le Japon ont massivement investi aux États-Unis ;

— le stock détenu par la CEE aux USA est devenu supérieur à celui des USA dans la CEE ;

— les relations entre le Japon et la CEE sont plus réduites.

Stocks en milliards de $ en 1988

* Les flux de brevets dans la triade

Le stock de brevets s'élève à 3,9 millions, fin 1990. L'internationalisa- tion entraîne l'accroissement des dépôts de brevets à l'étranger. Entre les trois pôles du commerce mondial existe un réseau de demandes croisées.

En % des demandes totales des pays de l'OCDE

Source : Observateur de l'OCDE.

L'intégration régionale correspond donc à la réalisation à l'échelle de quelques pays limitrophes du processus d'internationalisation. Les pôles exerçant par définition un effet d'attraction sur leur zone géogra- phique, ces unions régionales reflètent cet effet d'attraction si elles comprennent le pôle, un effet de challenge si elles cherchent à s'y oppo- ser ou un effet d'imitation si elles tendent à créer un pôle secondaire.

§ 3. - L e s t h é o r i e s e x p l i c a t i v e s d e l ' é m e r g e n c e d e s p ô l e s Il y en a trois :

— celle de PREDOHL est une vaste fresque historique des différentes phases du capitalisme ;

— celle de F. PERROUX étudie l'effet de domination ;

— celle de Ch. PALLOIX est relative à la hiérarchie des systèmes pro- ductifs.

a) Pour PREDOHL, à chaque phase du développement du capitalisme correspond un modèle spatial de l'économie internationale. De même que SOMBART distinguait trois phases de développement du capitalisme

— jeunesse, âge mûr et vieillissement qu'il appelait intégration, expan- sion et intensification du capitalisme. PREDOHL fait correspondre trois modèles spatiaux successifs d'économie internationale :

— la jeunesse ou l'intégration du capitalisme : l'orientation du com- merce mondial se fait autour du noyau industriel européen localisé sur le fer et le charbon (Grande-Bretagne, Europe occidentale) ;

— l'âge mûr ou l'expansion du capitalisme, deux pôles : l'Europe et l'Amérique du Nord, solidaires ;

— le vieillissement ou l'intensification du capitalisme, trois pôles : Europe, Amérique du Nord et URSS où les conditions de localisation industrielle sont moins favorables.

Mais il est difficile de voir comment chaque phase engendre la sui- vante.

b) PERROUX (7), explique l'émergence et le déclin de la domination économique d'une nation. Le pôle du commerce international exerce

(7) F. PERROUX, E s q u i s s e d ' u n e t h é o r i e d e l ' é c o n o m i e d o m i n a n t e : É c o n o m i e appli- quée, n° 2, 3, 1948 et note sur Le d y n a m i s m e d e l a d o m i n a t i o n : É c o n o m i e a p p l i q u é e , n° 2, 1950.

un effet de domination, c'est-à-dire exerce des influences irréversibles et asymétriques par sa dimension économique (PNB), par la nature de ses activités économiques (innovation) et par son pouvoir de marchan- dage (investissements et organisation à son profit du système interna- tional).

— La dimension économique : taux de croissance et niveau du pro- duit national brut.

Une nation devient dominante par la rapidité de sa croissance indus- trielle, et l'ampleur de son produit national brut. On constate en effet que la croissance rapide des États-Unis, puis de l'Allemagne, du Japon et, à un moindre degré, de la France leur ont donné un rôle accru dans le com- merce mondial et que la domination économique britannique n'a pas sur- vécu à l'affaiblissement de son taux de croissance.

— La nature des activités économiques : innovation technologique.

Appliquant la théorie de Schumpeter, la nation dominante le devient par ses innovations : la Grande-Bretagne s'est industrialisée la première, puis les États-Unis sont le principal exportateur de techno- logie avancée. Le Japon et la RFA sont exportateurs de biens d'équi- pement à technologie de pointe. L'imitation qui suit nécessairement l'innovation contribue à l'affaiblissement du pôle, exemple : États- Unis.

— Le pouvoir de marchandage : investissements à l'étranger et monnaie surévaluée.

Par ses flux d'investissements et son avance technologique, le pôle exerce un pouvoir de marchandage considérable, sa monnaie est géné- ralement surévaluée et le reste à cause de l'avance technologique qui rend désirable ses exportations, même si elles sont chères, de son rayonnement financier et de l'inutilité (croyait-on) d'une dévaluation qui pourrait être imitée. Mais ces flux d'investissements affaiblissent le pôle dont le taux de croissance diminue.

Ces caractéristiques du pôle de l'économie internationale permettent de comprendre pourquoi l'URSS a été un pôle pour les pays socialistes, mais pas à l'échelle du commerce mondial. Enfin, les pays de l'OPEP peuvent être considérés comme pôle sur le plan financier, mais non sur le plan commercial.

c) Ch. PALLOIX, la hiérarchie des systèmes productifs. Cette notion de hiérarchie des systèmes productifs a été développée par les écono-

mistes marxistes (8). Elle réalise une synthèse entre la domination et l'échange inégal, qui caractérisent la division internationale du travail entre le centre et la périphérie, et la différence des dotations de facteurs qui s'exprime dans les systèmes productifs ou structures industrielles, telles que les mesurent les tableaux des échanges industriels. Une nation spécialisée dans les produits « capital intensive » en domine une autre, spécialisée dans les produits « labour intensive ». Ainsi s'établit une hiérarchie. Mais cette hiérarchie entre les pays développés et les pays en voie de développement se retrouve entre pays développés eux- mêmes en fonction de leur niveau technologique. Ainsi les États-Unis seraient au sommet de la hiérarchie, puis viendraient la RFA, la France, etc. On obtient une double hiérarchie entre les États-Unis, la CEE et le Japon, et à l'intérieur de la CEE, la RFA, la France et l'Italie. Cette hié- rarchie se mesure par la part respective des biens de production, des biens intermédiaires et des biens de consommation. On peut même pré- ciser une hiérarchie interne à cette catégorie entre les biens de produc- tion pour fabriquer d'autres biens de production (professionnels), les biens de production intermédiaires et les biens de productions finaux.

De même manière, il existe une hiérarchie interne aux biens de consom- mation, entre biens de consommation durables ou non. On peut toute- fois opposer à Ch. PALLOIX que l'émergence du Japon comme pôle du commerce mondial a été fondée sur les succès à l'exportation de biens de consommation (textiles, électronique grand public).

A cette conception hiérarchique se rattache la notion de pays inter- médiaire développée par F. VELLAS (9) et appliquée à la France qui est simultanément exportatrice de biens d'équipement vers les pays en voie de développement et importatrice de ces mêmes biens en prove- nance des États-Unis et du Japon.

§ 4. - L e s t r o i s c a t é g o r i e s d ' a c t e u r s d u c o m m e r c e m o n d i a l

Jusqu'au début des années 1960, la théorie du commerce interna- tional était conçue en termes d'échanges entre nations, voire entre une nation et le reste du monde assimilé à une nation étrangère.

(8) Ch. PALLOIX, Procès de production et crise du capitalisme, PU,.G, Maspéro 1977.

(9) F. VELLAS, Echange international et qualification du travail, Economica, 1981.

Depuis les années 1960, deux catégories nouvelles d'acteurs sont apparues qui se superposent aux nations : les firmes multinationales et les unions régionales. Les firmes multinationales, au nombre de 36 000 selon une estimation des Nations unies pour l'année 1992, peu- vent mener des stratégies différentes de celles des nations où elles sont localisées (cf. p. 54).

La remarque de Thomas JEFFERSON s'applique bien à elles : « les négociants n'ont pas de patrie, ils sont moins attachés à l'endroit où ils vivent qu'à celui d'où ils tirent leurs profits » (1806). Les firmes multi- nationales modifient les échanges internationaux en fragmentant le pro- cessus de production entre leurs filiales de différentes nations, ce qui augmente les échanges de biens intermédiaires, et en augmentant la mobilité des facteurs, surtout par les investissements directs à l'étranger.

D'autre part, les nations se sont regroupées en une vingtaine d'unions régionales au début des années 1960 et, après une période de déception, à nouveau à la fin des années 1980, selon leur voisinage géographique pour bénéficier des économies d'échelle et des avantages du libre échange. Elles affectent aussi les échanges internationaux en accroissant le commerce intrarégional, quitte à parfois réduire celui avec les pays tiers, ou du moins à le rendre plus conflictuel, et elles tendent, comme les firmes multinationales, à accroître la mobilité des facteurs.

Section III

LA NOUVELLE DIVISION INTERNATIONALE

Dans le document ÉCONOMIE INTERNATIONALE (Page 23-36)

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