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L’émission de sons par les mammifères est appelée vocalise. Chez certaines espèces, les vocalises s’intensifient durant le rut : c’est le cas du brame du Cerf. Les espèces sociales utilisent les vocalises pour signaler un danger ou une proie.

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6.1 Principe général

Le suivi des réponses vocales commence par l’utilisation d’un leurre audio ; celui-ci peut se composer de vocalises enregistrées comme les cris d’un sanglier (THORN et al, 2010) ou d’imitations par l’homme. Souvent, les observateurs voyagent le long de routes et s’arrêtent à des intervalles prédéterminés. Pour chaque point, le leurre audio est émis puis les observateurs attendent un laps de temps préalablement défini, enregistrent les éventuelles réponses et observent les animaux répondant puis changent de point (GESE, 2001). Ces leurres sont utilisés généralement le soir, par exemple entre 19 heures et minuit (THORN et al, 2010).

Selon les espèces, l’indice utilisé est le taux de réponse par des individus de l’espèce cible déterminé soit par le nombre de réponses entendues (vocalises), soit par le nombre d’individus venant vers le leurre. Les animaux qui répondent au leurre sont identifiés visuellement lorsqu’ils s’approchent assez près de l’observateur.

Le suivi est à effectuer sur plusieurs nuits (GESE, 2004).

6.2 Recommandations

Pour améliorer l’exactitude, la surveillance doit être intensive dans l’aire souhai- tée selon Fuller et Sampson (1988) (cité par GESE, 2001). L’aire étudiée est égale à

𝜋𝑟²,

𝑟

étant la plus grande distance à laquelle un individu a été entendu. Selon une étude d’Obutu et Dublin (1998) au Kenya (cité par GESE, 2001) et une étude menée en Afrique du Sud (THORN et al, 2010), 20% de l’aire doit être échantillonnée pour avoir une estimation fiable concernant les hyènes et le Lion Panthera leo.

Le choix du leurre doit se faire avec précaution. Les animaux ne doivent pas y être habitués ou présenter une aversion (THORN et al, 2010). De plus, le leurre doit être assez attrayant. Les cris de proies sont souvent utilisés pour attirer les carnivores.

6.3 Espèces ciblées par les études

Les espèces pouvant être suivies avec cette méthode sont les carnivores so- ciaux utilisant des vocalises de longue portée (GESE, 2001) comme le Coyote, le Loup, le Lion et les hyènes.

Les espèces charognardes sont difficilement attirables puisque les cris de proies ne sont pas utilisables (THORN et al, 2010).

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6.4 Intérêts et limites

Seulement 8% des individus répondant au leurre s’approchent suffisamment pour être identifiés comme appartenant à telle ou telle espèce (THORN et al, 2010).

Cette méthode présente une mauvaise précision et une faible probabilité de détection des individus : elle est considérée comme non utilisable (THORN et al, 2010).

Le protocole choisi pour le suivi de la dynamique de population de grands car- nivores doit amener à l’utilisation d’un indice pratique, sensible, précis et fiable. Lors d’une visite, il est préférable d’observer plusieurs indices à la fois. L’indice général est calculé à partir des mesures réalisées sur le terrain. L’observation doit être menée au long terme sur les mêmes sites répartis de façon homogène, à un même intervalle de temps, à la même période de l’année. L’utilisation des différents indices dépend pour grande partie de facteurs intrinsèques à l’espèce.

Pour utiliser et réaliser un protocole de suivi de l’Ours brun dans les Pyrénées, il est nécessaire de connaître, au préalable :

- son état de conservation, qui permettra de comprendre l’intérêt de cette espèce,

- sa biologie, qui indique les périodes de suivi les plus favorables, - les indices de présence, afin de pouvoir attribuer de façon fiable

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Deuxième partie : L’Ours brun européen

Quatre espèces de grands carnivores sont présentes en Europe : l’Ours brun Ursus arctos, le Loup gris Canis lupus, le Lynx boréal Lynx lynx et le Lynx pardelle Lynx pardinus et. Les trois premières espèces sont sur la liste rouge de l’U.I.C.N. des espèces menacées en France, la quatrième n’étant présente que dans la péninsule ibérique.

Le Loup gris est revenu en France depuis les années 1990 dans les Alpes du Sud. Il est aujourd’hui en expansion dans le Massif Central, les Pyrénées et le Jura (FERUS, 2007b).

La population française de Lynx boréal est constituée de 3 noyaux (FERUS, 2007a) :

 les Vosges où 21 animaux ont été réintroduits entre 1983 et 1993,

 le Jura qui est la population la plus importante. Elle provient des suites des relâchers effectués en Suisse au cours des années 1970,

 les Alpes colonisées probablement par des lynx provenant du Jura et sans aucune aire de présence vaste.

La répartition de l’Ours brun en France est limitée à la chaîne des Pyrénées. La population est en augmentation depuis une vingtaine d’années (14 ours adultes iden- tifiés en 2013 contre cinq en 1995) mais reste cantonnée géographiquement aux Py- rénées Occidentales et Centro-Orientales (FERUS, 2014a ; R.O.B., 2009 – 2013). La population française d’ours a été fortement menacée durant plusieurs dizaines d’an- nées et les spécialistes ne sont pas encore sûrs de la viabilité des populations établies à l’heure actuelle dans les Pyrénées (FERUS, 2014b).

Les ours laissent de nombreux indices dans la nature, plus ou moins facilement identifiables et qui sont essentiellement les empreintes, les fèces et les poils. Chaque indice recueilli doit faire l’objet d’une observation méticuleuse pour sa diagnose spéci- fique. Toutefois, avant d’étudier l’utilisation d’indices comme indicateur de la dyna- mique de population de l’Ours brun dans les Pyrénées, il est nécessaire de connaître l’état de conservation et la biologie de cette espèce.

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