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3. Bilan de la recherche

3.2 Réponse à la question de recherche

Mes recherches théoriques ainsi que les enquêtes de terrain auprès des professionnels de l’éducation, des parents à l’aide sociale et des assistants sociaux, m’ont permis de répondre à ma question de recherche, qui était la suivante : « Que font concrètement les personnes à l’aide sociale pour favoriser

l’intégration scolaire de leur enfant en âge de scolarité obligatoire ? »

Lors des entretiens avec les parents, j’ai tout d’abord pu mettre en avant l’aspect du socialement désirable. Les mères interrogées m’ont fait part des comportements parentaux qui sont attendus par la société. Leurs propos ne correspondent ainsi pas toujours à ce qu’elles mettent réellement en place pour soutenir leur enfant. C’est un biais que j’ai pu identifier lors de mes enquêtes par entretiens avec les parents. Je peux donc affirmer que les parents ont conscience qu’ils ont le rôle d’aider l’enfant à adopter un comportement indépendant, qui lui permettra, plus tard, de pouvoir évoluer convenablement au sein de la société. L’auteure Séverine Kakpo a également constaté qu’ils comprennent l’importance de la scolarité pour le futur de l’enfant ainsi que le rôle formateur des devoirs. Cependant, elle a remarqué que la majorité des parents interrogés souhaitent l’autonomie de leur enfant dans la réalisation des devoirs, mais peu la mettent réellement en place. (Kakpo, 2012, p. 65) De tels comportements ne favorisent pas l’autonomie de l’enfant. Les mères veulent parfois tout mettre en œuvre pour protéger leur enfant en lui laissant peu d’autonomie et en étant toujours derrière lui. Trois mères interrogées sur cinq ont formulé la remarque suivante : « Je veux tout faire pour éviter que mon

enfant se retrouve dans la même situation socioprofessionnelle que moi. » Le parcours de vie de ces

mères peut expliquer pourquoi elles souhaitent préserver leur enfant des difficultés qu’elles ont dû, elles-mêmes affronter.

Le niveau de formation et le statut socioéconomique influencent la manière dont les parents s’investissent dans leur soutien à la scolarité de l’enfant. Dans son ouvrage, Philippe Theytaz donne l’explication du handicap socio-culturel et de la responsabilité de la famille : Toutes les familles disposent d’un certain héritage culturel. Les familles de classes défavorisées ont une maîtrise insuffisante de la linguistique et ont moins accès à la culture. L'auteur observe que les inégalités dans les performances scolaires sont causées par les origines socioéconomiques et le milieu de vie de la famille. (Theytaz, 1990, p. 28) Je constate que cette théorie peut expliquer, en partie, la reproduction de situation sociale identique des enfants à celle de leurs parents. Au cours des entretiens réalisés avec les mères bénéficiaires de l’aide sociale, quelques-unes se sentent parfois démunies dans le soutien scolaire qu’elles peuvent apporter à l’enfant. Certaines n’ont pas achevé leur formation, d’autres ont suivi une formation dans leur pays, mais maîtrisent mal le français. De manière générale, dans ma pratique de future assistante sociale, je constate qu’un grand nombre de parents bénéficiaires de l’aide sociale maîtrisent mal la langue locale. Cela prétérite leur bonne intégration et le soutien scolaire qu’ils apportent à l’enfant.

À travers les entretiens avec les mères, je constate que l’environnement familial est parfois peu propice à l’intégration scolaire de l’enfant. En effet, lorsque des parents formulent une demande d’aide sociale, ils sont parfois si préoccupés par des difficultés d’ordre financier, de logement, de conflits conjugaux, de problèmes de dépendance, etc. Ils ne sont donc pas totalement capables et n’ont plus l’énergie nécessaire pour s’occuper de l’intégration scolaire de leur enfant. A mon avis, le rôle de l’assistant social est d’offrir un soutien financier et social aux familles en difficultés afin de les soulager. Lorsque ces préoccupations sont réglées, les parents peuvent ensuite concentrer leur énergie sur la réussite scolaire de leur enfant.

Je pense que le rôle de l’assistant social est de cibler les problématiques centrales auxquelles une famille doit faire face, afin de comprendre les inquiétudes et de répondre à leurs besoins. Le professionnel doit analyser finement chaque situation familiale de manière à cibler les éventuels dysfonctionnements qui réduisent l’investissement des parents dans la scolarité de l’enfant. Suite aux questionnaires adressés aux assistants sociaux, j’ai constaté que chacun a une conception différente du soutien qu’il peut fournir aux familles.

À l’issue de mes expériences professionnelles au sein d’un service social, j’observe que l’aide sociale prévoit un grand nombre de mesures à l’attention des adultes et des jeunes adultes. Les actions des professionnels sont davantage orientées vers le recouvrement de l’autonomie financière des familles. Peu de choses sont mises en place pour les enfants de familles bénéficiant d’un soutien financier. Lorsqu’un professionnel met en lumière une difficulté particulière chez un enfant ou dans sa famille, il peut faire appel à des structures spécialisées. Je considère donc que l’assistant social a la responsabilité de porter une attention particulière, à l’investissement parental dans l’intégration scolaire de l’enfant, afin de pouvoir intervenir rapidement en cas de problèmes.

Les enseignants n’ont pas la responsabilité principale de veiller aux problématiques sociales et familiales, car l’école se charge, en priorité, de la scolarité de l’enfant et de sa bonne compréhension de la matière enseignée. En effet, je me base sur l’article parut en août 2007 : « La relation Famille –

Ecole. Ensemble pour le bien des enfants », composé par le Service de l’enseignement rattaché au

« Ils [les enseignants] sont des professionnels, formés et en formation permanente. Dans le

cadre de leur mandat, ils s'engagent à seconder les parents dans leur tâche d'éducation et d'instruction, tant en les informant du parcours scolaire de leur enfant qu'en explicitant leurs objectifs pédagogiques. Ils sont responsables de la discipline dans leur classe. Ils collaborent à son maintien dans le cadre de l'école et interviennent, au besoin, sur le chemin de l'école. Le cas échéant, ils prononcent les sanctions disciplinaires prévues par le règlement. »

Pendant l’entretien, Maurice Nanchen a constaté que les enseignants se résignent parfois en pensant : « avec le milieu familial qu’il a, c’est normal qu’il n’ait pas de bons résultats. » Les assistants sociaux ont une meilleure compréhension de la situation sociale de la famille. Ils peuvent ainsi collaborer avec l’enseignant, afin que ce dernier porte un regard différent sur l’écolier et soit plus à même de l’encadrer, en prenant en considération les éventuelles difficultés familiales. Au cours de ma pratique, j’ai remarqué que la collaboration entre professionnels est toujours plus facile. Les avis exprimés par les professionnels du travail social ont souvent plus d’impact sur l’enseignant que les propos des parents. À ce titre, une mère interrogée explique l’élément suivant : « Je préfère que l’éducateur donne des

informations à l’école, car l’école semble le croire davantage. » Je constate qu’aucune collaboration

n’est formalisée entre l’école et les services sociaux, pour les familles qui rencontrent des difficultés spécifiques. Cette collaboration se réalise au bon vouloir de l’école ou de l’assistant social.

Je constate qu’un grand nombre de personnes à l’aide sociale n’ont pas de formation et peinent à trouver du travail. Elles accumulent les emplois mal payés et se retrouvent ponctuellement à l’aide sociale. Il arrive parfois que leurs revenus soient trop bas ; l’aide sociale intervient alors en complément de ressources. L’ouvrage de Caritas : « Manuel sur la pauvreté en Suisse » démontre que les personnes sans formation ou avec une formation trop basse, exercent souvent une activité professionnelle qualifiée de précaire. (Kehrli & Knöpfel, 2007, p. 74 à 101) A mon avis, le rôle de l’assistant social est de veiller au bien-être de l’enfant, afin qu’il puisse avoir un environnement familial favorable, pour entreprendre sa scolarité obligatoire. Cette dernière étant achevée, il pourra ainsi avoir la motivation à se former et trouver un emploi. Il peut arriver qu’un enfant issu d’une famille à l’aide sociale rencontre une difficulté particulière. Si rien n’est mis en place par un partenaire du réseau éducatif, l’assistant social devra entreprendre des démarches adéquates, afin de répondre au mieux aux besoins de l’enfant.

En conclusion, je pense que les parents ont conscience de l’importance de la scolarité pour l’avenir de leur enfant. Cependant, les outils pour favoriser cette intégration scolaire leur manquent parfois. Ils ne savent pas forcément qu’ils peuvent stimuler la curiosité de l’enfant et développer l’intelligence émotionnelle, comme l’ont relevé les deux professionnels impliqués dans l’éducation interrogés. Les raisons qui expliquent ces lacunes dans l’encadrement parental varient et dépendent d’une famille à l’autre. Il peut s’agir du niveau d’étude qui ne permet pas aux parents de soutenir leur enfant comme ils le souhaitent. Les conditions de vie et l’environnement socio-économique empêchent certains parents de s’investir suffisamment pour leur enfant. Pendant l’entretien Philippe Theytaz, rappelle que les parents reproduisent souvent l’éducation que leurs propres parents leur ont donnée. Il est ainsi difficile de changer des habitudes éducatives ancrées. A l’issue de ce travail, je considère que les problèmes scolaires des enfants venant de familles à l’aide sociale, peuvent être attribués à la fois, à des facteurs propres à l’enfant, et à des causes familiales et scolaires. La prise en compte de la globalité de chaque situation permet de comprendre les raisons de ces difficultés. Ainsi, je pense qu’une collaboration entre l’école et les services sociaux peut se révéler intéressante pour la bonne intégration scolaire de l’enfant et, à terme, à sa bonne insertion professionnelle.

Afin de répondre à ma question de recherche, je peux affirmer que les parents savent ce qu’ils doivent entreprendre pour favoriser l’intégration scolaire de leurs enfants en âge de scolarité obligatoire. Ils ont

conscience de l’importance d’aider leurs enfants à réussir à l’école. Cependant, ils ne savent pas comment mettre concrètement en place un tel soutien.