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Chapitre 1: Revue conceptuelle et épistémologique

2. Les processus de réhabilitation et de réintroduction des animaux

2.2. La réintroduction

2.2.1. Le processus de réintroduction dans le centre à travers

l’exemple des singes.

L’arrivée dans le centre permet de faire un bilan de l’animal et d’entrer dans une première phase du processus de libération. Le processus de libération des animaux est très variable mais pour des bébés arrivés orphelins, elle dure en moyenne 3-4 ans. Durant cette période, vont avoir lieu de nombreux apprentissages dont l’acquisition d’une autonomie suffisante, l’adaptation à l’environnement et l’habitat naturel, la capacité d’auto alimentation…

Concernant les singes adultes ou bébés saisis par la police chez des particuliers ou sur des marchés lors de trafics, le processus de réintroduction sera plus long :

• S’il s’agit d’un adulte, en plus de lui apprendre la socialisation, ainsi que lui faire découvrir son milieu naturel, la forêt, il faudra également lui apprendre les aliments qu’il peut ou non manger. Ce processus prendra plus ou moins de temps selon les individus.

• S’il s’agit d’un bébé. (Les bébés orphelins retrouvés par des personnes locales ou par des touristes au bord des routes, dans un jardin, sur le dos de la maman morte), tout dépendra de l’âge auquel il aura été retrouvé.

Mais dans tous les cas il devra suivre le programme de réhabilitation du centre et sera réintroduit vers 3-4 ans, si son comportement et ses capacités physiques le permettent. Pour cela il y a deux « lieux » de prédilection : La cage et la forêt.

Dans un premier temps, les nouveaux arrivants seront mis dans des cages accolées à celles des singes présents dans le centre depuis longtemps. Cette technique de rapprochement vise

87 à ce qu’il y ait un premier contact progressif visuel et olfactif. Au bout d’un certain temps qui sera déterminé par leur observation comportementale les responsables biologistes, essayeront un premier contact direct contrôlé par leurs soins. Ces contacts vont être de courte durée et seront effectués quotidiennement afin que l’étrangeté de l’autre, inconnu, s’estompe jusqu’à ce que les singes s’habituent les uns aux autres. Une fois habitué, le singe peut officiellement aller avec les autres rejoindre les singes de son espèce dans la cage. Cette première étape de réhabilitation bien stabilisée, dans un deuxième temps, les singes vont être amenés à la forêt tous les jours.

Le matin, des volontaires partent avec les singes adultes ou singes d’environ 1an à la forêt pour y passer la journée. Il y aura une rotation de volontaires l’après-midi.

Les bébés singes (d’environ 6 mois à 9 mois) seront amenés dans la forêt seulement l’après- midi pour commencer à se familiariser avec leur environnement. Ils n’y sont pas accompagnés toute la journée car ils seraient alors fatigués et manifesteraient des comportements dépressifs. Cette technique quotidienne de sortie permet aux singes de fortifier leur musculature, de reprendre une forme physique. Cela leur permet également d’être en contacts progressifs et réguliers avec des singes sauvages déjà présents dans la forêt.

Les singes peuvent ensuite être réintroduits définitivement dans la forêt à côté du centre lors de ces sorties s’ils se sentent prêts. Lorsque le singe a atteint l’âge d’être réintroduit mais qu’il ne part pas ou qu’il devient trop dangereux pour tous les volontaires, celui-ci sera transféré à la Ceiba pour une autre méthode de réintroduction.

2.2.2.

Le processus de réintroduction à la Ceiba

La Ceiba joue un rôle d’espace transitionnel pour les animaux entre leur lieu de confort (au JRC) et leur milieu naturel. Si on compare ce processus aux mécanismes anthropiques ; cela représenterait un endroit ou l’enfant se situe dans un paramètre de sécurité mais où il peut apprendre par lui-même, à son rythme à prendre son indépendance. Ce processus se retrouve également dans les locaux du JRC cependant, celui-ci peut être faussé via une présence humaine trop importante et un attachement affectif plus présent. En amont du passage de l’animal du JRC à la Ceiba, un choix est fait par la propriétaire après avoir étudié le comportement de l’animal à travers le processus de réhabilitation. Ce temps d’observation

88 permet d’évaluer si l’animal développe des règles de conduite normales et si ses modes de fonctionnement anormaux ou non adaptés réduisent pour qu’il puisse être libéré. En effet, certains animaux n’arriveront pas à être réintroduits directement à partir du centre car ils nécessitent un éloignement du noyau familial.

Les individus réhabilités et qui ont l’âge adéquat seront considérés aptes pour être libérés. La libération se réalise par deux méthodes :

• La cage de pré libération ou de libération douce qui est considérée comme une stratégie de réintroduction modérée.

Figure 23 : Montage photo représentant les cages de pré libération à la Ceiba. Réalisation : Sire T., 2018

Cette méthode consiste à mettre l’animal à libérer dans une grande cage (5x5x2) semi ouverte (ouverte le jour, fermée la nuit), dans la zone où il va être relâché pour qu’il soit en contact et s’habitue à son habitat naturel (Fig.23). Après l’avoir laissé ici durant une période de temps, on le laisse sortir mais avec l’option de revenir lorsqu’il le souhaite pour se fournir en eau et aliments. L’apport en aliments et en eau est un appui pour qu’il ait le temps de se familiariser davantage à son nouvel environnement et qu’il apprenne à s’alimenter par lui-même. Peu à peu, cet apport sera retiré afin qu’il puisse dépendre plus de l’environnement jusqu’à ce que finalement il ne revienne plus.

89 • La cage fermée et sécurisée qui permet de mettre l’animal en confiance doucement. Cette autre méthode employée, consiste à les mettre dans des cages à la Ceiba mais ils ne sortiront pas d’eux même. Ce sont des cages fermées mais qui permettent un contact visuel avec l’extérieur (cage en plein milieu de la forêt vierge, Fig.24).

Figure 24 : Photo représentant la cage fermée et sécurisée à la Ceiba. Réalisation : Sire T., 2018

Les animaux sortiront tous les jours avec les employés ou volontaires de la Ceiba et iront faire un tour dans la forêt. Le principe sera le même que celui appliqué au centre mais avec moins de contact humain et un contact avec leur habitat naturel accru. Si l’animal décide de quitter le volontaire ou l’employé et d’aller dans la jungle, le volontaire ou l’employé devra donc l’attendre jusqu’à ce qu’il revienne. Il peut aussi le laisser dans la jungle si celui-ci ne veut pas revenir. Après une période d’expérimentation avec cette méthode l’employé de la Ceiba, évalue la capacité de l’animal à passer à l’étape suivante. En accord avec les propriétaires et le vétérinaire, il va décider de changer de technique et de le passer dans l’autre cage si celui- ci ne s’est pas déjà réintroduit de lui-même.

90 la réussite ou l’échec du programme. Sur la base de ces informations, ils décident de la continuité ou du changement de programme.

Il y a trois ans, le JRC employait l’observation directe avec une équipe d’observation de longue durée, pour suivre l’état des individus libérés. Les animaux libérés s’identifiaient par des marques diagnostiques naturelles (caractéristiques faciales, marques, cicatrices et des patrons de coloration.). Depuis début 2018, avec la mise en place du logiciel informatique permettant de recueillir toutes les informations, un puçage est maintenant effectué sur tous les animaux avant de les relâcher afin de pouvoir ensuite une traçabilité informatique du lieu et de l’état de santé de l’animal réintroduit. Néanmoins, comme je le disais précédemment, ce sont des changements relativement récents qui n’étaient pas encore opérationnels.

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