• Aucun résultat trouvé

5.3 Distances d’évitement

5.3.3 Régulation longitudinale

Le second mode de régulation considéré s’adresse à des contextes applicatifs où le respect de la répartition latérale est privilégié, pour des recouvrements optimum de surface par exemple. En fonctionnement nominal, l’écart latéral désiré ne sera alors pas modifié. Pour assurer la sécurité de la formation, les véhicules augmenteront au besoin leurs interdistances désirées. En cas de danger seulement, les véhicules enclencheront la procédure d’évitement et se décaleront latéralement suivant la trajectoire d’évitement définie ; la régulation de l’interdistance désirée permettant d’assurer que la trajectoire d’évitement conduit à éviter le véhicule défaillant.

Si, pour un couple de véhicules de la flotte, le véhicule suiveur se trouve dans la situation de sécurité 2 où la commande de braquage maximal ne permettra pas d’atteindre la distance latérale de sécurité après l’établissement de l’échelon d’écart latéral, alors cette régulation longitudinale ne permettra pas d’atteindre de zone de sécurité pour l’évitement et d’autres stratégies seront envisagées (régulation latérale, arrêt d’urgence, etc.).

Dans le dernier cas où la sécurité n’est pas immédiatement garantie (la situation 3b), la commande de braquage ne permettra pas d’atteindre la distance latérale de sécurité lorsque le véhicule suiveur rejoindra le véhicule de tête, mais celle-ci sera atteinte lorsque l’échelon latéral sera établi. Une augmentation de l’interdistance entre les véhicules permettra donc de se replacer en situation où la sécurité est assurée. L’interdistance minimale de sécurité ddes sec

entre les véhicules sera définie par la distance nécessaire au véhicule suiveur pour atteindre la distance latérale de sécurité par rapport au robot de tête, étant donnés les écarts latéraux initiaux des deux véhicules.

ddessec def= d | y2(dL)−y1(0) =ymin (5.47)

La détermination de l’interdistance de sécurité passe donc par l’inversion de la relation (5.39) décrivant l’évolution de l’écart latéral à la trajectoire en fonction de la distance s parcourue le long de la trajectoire d’évitement. Cette relation peut être réécrite sous la forme :

y2(0) + ∆ymaxy2(s) = ∆ymax. 1 + Kd 2 .s .eKd2 .s y2(0) + ∆ymaxy2(s) ∆ymax = 1 + Kd 2 .s .eKd2 .s (5.48) y2(s)−y2(0)−∆ymax e.ymax = −1− Kd 2 .s .e−1−Kd2 .s

Cette expression est de la formez = wew, dont l’inverse est définie par la fonction de Lambert

W, d’où −1−Kd 2 .s=W y2(s)−y2(0)−∆ymax e.ymax ! (5.49)

Finalement, on a l’expression de la distance parcourue le long de la trajectoire de référence, depuis la position initiale, en fonction de l’écart latéral y2

s(y2) = 2

Kd −1−W y2y2(0)−∆ymax e.ymax

!!

(5.50)

La fonction de Lambert W, représentée en figure 5.14, est définie en deux branches, limitées par les deux intervalles injectifs de la fonction f(w) =w.ew dont elle est la réciproque. Or,

-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 W(x) x brancheW0 brancheW1 e1

Figure 5.14 – Fonction W de Lambert avec ses deux branches

l’écart latéral y2 variant au long de la trajectoire d’évitement de l’écart initialy2(0) à celui-ci augmenté de l’échelon d’écart latéral ∆ymax, l’argument de la fonction de Lambert vérifie :

y2 ∈[y2(0), y2(0)+∆ymax[ =⇒ y2y2(0)ymax

e.ymaxhe−1,0h (5.51)

La relation (5.50) utilise donc la branche dite W−1, en bleu sur la figure 5.14, vérifiant :

x∈[−e−1,0 [, W−1(x)∈]−∞,−1] (5.52)

L’écart latéral de sécurité est une distance ymin par rapport au véhicule 1, ce qui se traduit par une distancey1(0) +ymin par rapport à la trajectoire. Or, le couple de véhicules se trouve dans la situation où y2(0)< y1(0) +yminy2(0) + ∆ymax, le véhicule 2 atteint bien l’écart latéral de sécurité au cours de sa manœuvre d’évitement. On peut alors calculer, d’après l’équation (5.50), la distance le long de la trajectoire au bout de laquelle le véhicule 2, en suivant sa trajectoire d’évitement, atteint l’écart latéral de sécurité. L’interdistance désirée entre les véhicules est ainsi adaptée à :

ddessec = s(y1(0) +ymin) +L

= 2 Kd −1−W−1 y1(0)−y2(0) +ymin−∆ymax e.ymax !! +L (5.53)

On ajoute à la distance longitudinale pour l’évitement la longueur totale du véhicule (valeur de l’empattement + distances des essieux aux extrémités avant et arrière) pour que le véhicule atteigne l’écart latéral de sécurité lorsque l’avant du véhicule 2 arrive à la hauteur de l’arrière du véhicule 1.

5.3.4 Résultats de simulation

Ces stratégies d’évitement ont été testées en simulation, par le biais du simulateur MatlabR. On met en place un convoi de 2 véhicules parcourant une trajectoire quelconque préenregistrée et entièrement connue par les deux parties. Le véhicule leader porte une vitesse d’avance constante de 3 m.s-1. Le véhicule suiveur doit alors maintenir sa position latérale par rapport à la trajectoire de référence et son interdistance curviligne par rapport au véhicule leader à leurs valeurs désirées définies par le système (5.54).

ydes(s) = 2 + sin s 10tδh ddes = 2 (5.54)

L’interdistance désirée entre les véhicules est constante tandis que l’écart latéral désiré du suiveur à la trajectoire est variable, évoluant de manière sinusoïdale au long de l’abscisse curviligne. Ces distances désirées et leurs variations étant initialement connues, le véhicule suiveur calcule ses commandes de vitesse et d’angle de braquage suivant les algorithmes prédictifs présentés au chapitre 3 dont il a été montré qu’ils permettent d’atteindre une haute précision de positionnement, y compris lors de la gestion des distances variables.

En marge de ces algorithmes de commande est ajouté un bloc d’estimation des distances minimales de sécurité pour l’évitement du véhicule leader. Ce bloc est inséré entre le bloc de reconstruction de l’état à partir des mesures et le bloc de calcul des commandes. À partir de l’état du véhicule et des distances (latérale et longitudinale) actuelles entre le leader et le suiveur, ce dernier estime ses deux trajectoires d’évitement maximales possibles, tel qu’illustré en figure 5.15. Si au moins une de ces deux trajectoires conduit, au bout de l’interdistance initiale entre les véhicules, à un écart latéral du suiveur par rapport au leader supérieur à l’écart minimal de sécurité alors la position actuelle du suiveur est considérée comme sûre et le processus d’asservissement continue sans modification. Si au contraire aucune des deux trajectoires ne permet de se décaler suffisamment, de nouvelles distances désirées inter-véhicules sont estimées. Afin de respecter les exigences de sécurité, le véhicule suiveur peut se décaler latéralement ou augmenter son interdistance. Chacune de ces régulations possibles fait l’objet d’une simulation. Les résultats de la régulation latérale sont présentés en figures 5.16 et 5.17 tandis que les résultats de la régulation longitudinale sont illustrés par les figures 5.18 et 5.19.

Dans le cas de la régulation latérale, si le décalage maximal est insuffisant, la distance latérale désirée est augmentée de l’écart manquant entre le décalage maximal et la distance

Trajectoires d’évitement

Enveloppe de sécurité

Figure 5.15 – Trajectoires d’évitement envisagées du suiveur au cours du suivi de trajectoire

minimale de sécurité, tel que l’on peut voir sur la figure 5.16 représentant l’écart latéral désiré initial (sous forme sinusoïdale en pointillés noirs) et l’écart désiré adapté par l’algorithme de vérification de la sécurité (en trait plein noir), ainsi que l’écart latéral réel (en trait plein rouge). L’écart longitudinal désiré n’est quant à lui pas modifié. Au cours du suivi, tant que

Ecart

lateral

(m)

Abscisse curviligne (s) Ecart lateral desire adapte

Ecart reel

Ecart lateral desire initial Erreur laterale -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 0 5 10 15 20 25 30 35 40

Figure 5.16 – Écart latéral du véhicule suiveur dans le cas de la régulation latérale

l’écart latéral réel est supérieur à l’écart minimal de sécurité (1,8 m dans ce cas), il n’y a pas de problème de sécurité et les distances latérales désirées ne sont pas modifiées. Entre les abscisses curvilignes 12 m et 20 m puis entre 32 m et 40 m, l’écart latéral désiré sinusoïdal passe en dessous de l’écart minimal de sécurité. Dans ce cas, l’écart désiré est modifié. Compte

tenu de la faible interdistance (2 m) entre les véhicules, les trajectoires d’évitement du suiveur ne permettent pas de se décaler latéralement d’une distance importante au cours du parcours de cette interdistance. Par conséquent, l’écart latéral adapté pour le suiveur est légèrement inférieur mais proche de l’écart minimal de sécurité. De plus, les conditions d’évolution sur ces intervalles étant à peu près constantes, l’écart latéral désiré adapté pour respecter la sécurité est lui aussi constant. Durant tout le parcours avec les écarts latéraux variables et adaptés, on vérifie sur la figure 5.17 que l’interdistance reste bien asservie sur sa valeur désirée de 2 m sans modification ni écart.

In terdistance (m) Abscisse curviligne (s) Interdistance desiree Interdistance reelle Erreur d interdistance -2 -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 0 5 10 15 20 25 30 35 40

Figure 5.17 – Interdistance du véhicule suiveur dans le cas de la régulation latérale

Dans le cas de la régulation longitudinale, l’écart latéral désiré n’est pas modifié et le véhicule s’asservit latéralement sur l’écart sinusoïdal désiré, tel que présenté en figure 5.18, et ce quelles que soient les conditions de sécurité de l’évolution. La sécurité est alors assurée par l’adaptation en ligne de l’interdistance désirée. De la même manière que précédemment, la sécurité est assurée sans modification sur l’interdistance désirée sur les intervalles d’abscisse curviligne [0,12] et [20,32]. Tel que l’on peut voir sur la figure 5.19, l’interdistance désirée reste donc constante à 2 m et l’asservissement du véhicule est alors parfaitement respecté. Lorsque l’on entre dans les intervalles où les distances désirées initiales ne permettent plus d’assurer la sécurité, le véhicule estime, d’après l’état actuel, l’interdistance minimale entre les véhicules conduisant une des trajectoires d’évitement à atteindre l’écart minimal de sécurité au bout de cette interdistance. L’interdistance désirée du suiveur par rapport au leader est finalement modifiée et définie comme cette interdistance minimale. Sur la simulation, on note que l’interdistance de sécurité augmente lorsque l’écart latéral désiré diminue et les variations d’interdistance minimales pour la sécurité suivent donc les variations d’écart latéral.

Les variations d’interdistance désirée n’étant pas anticipables, l’interdistance désirée future pour l’algorithme de prédiction est arbitrairement augmentée de la même quantité que l’ajout d’interdistance effectué pour la valeur désirée actuelle. Cela conduit, pour le suivi réel, l’interdistance réelle du véhicule suiveur par rapport au véhicule leader à suivre les variations

Ecart

lateral

(m)

Abscisse curviligne (s) Ecart lateral desire

Ecart reel Erreur laterale -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 0 5 10 15 20 25 30 35 40

Figure 5.18 – Écart latéral du véhicule suiveur dans le cas de la régulation longitudinale

d’interdistance désirée mais avec un décalage temporel. Ce retard n’était pas apparu avec la régulation latérale car, quel que soit l’écart latéral initialement désiré, l’écart latéral assurant la sécurité est à peu près constant donc le véhicule s’asservit parfaitement sur cette distance modifiée mais constante.

In

terdistance

(m)

Abscisse curviligne (s) Interdistance desiree adaptee

Interdistance reelle

Interdistance desiree initiale Erreur d interdistance -2 -1 0 1 2 3 4