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Une réflexion sur l’articulation entre politique de jeunesse et développement territorial

CHAPITRE 3. LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE MOSELLE ET MADON :

5. Une réflexion sur l’articulation entre politique de jeunesse et développement territorial

Malgré l’importance des actions et des relations partenariales mises en œuvres à l’échelle de la CCMM, en particulier au travers du groupe prévention, la réflexion sur l’articulation entre politiques de jeunesse et développement territorial reste, aujourd’hui, embryonnaire. C’est là, l’un des principaux angles morts des actions mises en œuvre, ce qui s’explique pour trois raisons au moins : la forte attractivité de la métropole nancéenne ; la faible participation des jeunes ; l’absence de prise en compte des jeunes adultes (de 18 ans et plus).

Une attractivité de la métropole nancéenne qui accapare la majorité de

l’offre éducative et culturelle pour les jeunes

La CC de Moselle et Madon étant située à la périphérie ouest de Nancy, elle subit directement l’influence de la métropole nancéenne aux plans économique, éducatif et culturel. Plus de la moitié (58 %) des actifs du territoire travaillent dans l’agglomération de Nancy et la plupart des secteurs économiques recrutant des jeunes (notamment des jeunes qualifiés) y sont situés. Par ailleurs les établissements d’enseignement – lycées et formations supérieures – y sont également majoritairement situés (à l’exception du lycée professionnel présent sur la CCMM). De ce fait, la quasi-totalité des jeunes, à partir de 16 ans, sont scolarisés dans l’agglomération nancéienne et ne reviennent que très peu sur le territoire de la CCMM à l’issue de leur formation pour y vivre, ce qui peut se traduire à terme par un déficit de compétences pour la CCMM. Enfin, l’attractivité très forte de Nancy au plan de la vie et des événements culturels constitue une des caractéristiques majeures de ce territoire, au moins pour les habitants des communes proches de cette ville. Neuves-Maisons dispose néanmoins d’espaces culturels de qualité (espace et médiathèque la Filoche, centre culturel Jean Lhote), dont la programmation est très diversifiée.

Une participation encore faible des jeunes à des projets autres que

ceux de la prévention

De par son orientation politique en termes de prévention, la CC se focalise essentiellement sur les objectifs liés à cette mission. Il apparaît assez clairement que l’aspect « intervention sociale », et sa coordination via le groupe de prévention, constituent l’élément central de sa politique en matière de jeunesse. La très large majorité des jeunes concernés par les actions des animateurs de la CC ont moins de 18 ans et, en dehors des chantiers d’été, il n’existe pas d’actions ayant une relation avec la participation des jeunes à la vie de leur commune. Des exemples de coopération entre acteurs de la jeunesse ont comme dénominateurs communs l’axe de la prévention, mais moins celui du développement local. Il s’agit là d’un levier de réflexion à investir à l’avenir pour la CC, ce dont son président semble être conscient.

Une absence de prise en compte des jeunes de plus de 18 ans dans les

projets de développement, malgré quelques initiatives intéressantes

En dehors du système éducatif de formation supérieure, il n’existe que la mission locale et l’ADSN pour prendre en compte la demande des jeunes tant au niveau social qu’économique. Ces deux structures dépendent du pays – au sein duquel s’inscrit leur périmètre d’action –, qui, aujourd’hui, n’intervient pas comme un échelon supplémentaire, mais comme un outil de coopération entre les communautés de communes qui le composent, facilitant le dialogue et la mise en commun de moyens et de stratégies de développement territorial. C’est donc à ce niveau que pourrait s’exprimer une réflexion sur les questions de jeunesse et de développement local, même si cette question doit également être traitée

au niveau des communautés de communes, au regard de la diversité de ce territoire, lui-même constitué d’une pluralité de bassins de vie et d’espaces géographiques.

Sur la CC de Moselle et Madon, la politique de jeunesse s’adresse aux jeunes de 10 à 25 ans, mais il convient de distinguer ce qui est du ressort de l’animation mutualisée – qui concerne essentiellement les 10-17 ans – et le travail de prévention – qui s’étend jusqu’aux jeunes de 25 ans, notamment par le biais de partenariats avec la mission locale et des travailleurs sociaux du groupe de prévention. La coopération avec la mission locale Terres de Lorraine existe depuis plusieurs années, en particulier à travers l’action de prévention jeunesse, et les actions menées amènent certains jeunes à participer à des projets à visée citoyenne dont, par exemple :

- Un projet sportif avec les réfugiés : un groupe de 25 jeunes de la mission locale de la garantie jeune a participé au montage d’un projet de rencontres sportives entre réfugiés et jeunes du territoire (garantie jeune et groupe citoyenneté).

- Un projet « jeunes et tourisme » : l’équipe jeunesse et la maison du tourisme du pays Terres de Lorraine ont été mobilisées pour valoriser touristiquement le territoire. Ils ont, pendant six mois, parcouru son patrimoine culturel, naturel, les restaurants, les hébergements, activités. Ce travail a donné lieu à un guide touristique traduisant la vision des jeunes sur leur territoire. Il y a donc eu une volonté commune de la part du service prévention jeunesse et de la mission locale, ou de la maison du tourisme, d’inscrire certaines actions jeunesses dans une perspective à la fois de participation citoyenne et de développement local. Cependant, l’initiative citoyenne des jeunes n’est à ce jour que peu développée et structurée, et ne concerne chaque année que deux à trois projets. La coopération entre le service de prévention jeunesse de la CC et la mission locale du pays apparaît néanmoins exemplaire s’agissant de la conception d’une politique de jeunesse transversale, de type mainstreaming21, déclinée conjointement par les services de deux niveaux de territoires. Ceux-ci poursuivent ainsi un objectif commun de participation des jeunes à des projets visant à développer la cohésion sociale, la solidarité entre peuples, et la valorisation du territoire. Mais, généralement, dans les entretiens aussi bien que dans les documents analysés, la jeunesse n’est pas considérée comme un acteur majeur du développement local, même potentiellement.

6. Ce que pensent les jeunes de leur territoire, comment ils s’y