Partie 4. Synthèse
4.1. Référentiels et savoir-faire sur les territoires
La capacité d’apprentissage des méthodes de la prospective nécessite un « rapport décalé au faire » et situé dans le « doute ». Un savoir-faire pour être prospectif doit concevoir la construction d’un dispositif de connaissance, son architecture, ses ramifications, sa mobilisation dans le temps long et sa reconnaissance. La situation de production de l’objet prospectif revêt un caractère singulier celui de faire la différence entre le réel, la réalité, le projet et la trajectoire. Elle a une autre exigence majeure celle de combiner les potentialités individuelles et collectives :
en mobilisant les modes de faire, les compétences, les connaissances, l’information ;
en assurant leur mise en commun pour être lisible (observation) ; en anticipant les situations futures (imagination, visions, projection) ; en conduisant une dynamique évolutive de conduite du changement.
Les pratiques observées dans le cadre de l’exercice prospectif revêtent des caractères multiples sur les territoires rhône-alpins : situation d’attention, d’invention et d’adaptation, lecture de la complexité, passage de la stratégie à la prospective, légitimation.
Les attitudes qui donnent à voir cognitives, symboliques et techniques. Elles répondent encore trop souvent à un caractère pragmatique, conçut dans l’urgence et où le
primat de l’action sur la réflexion est encore dominant. C’est-à-dire où la
distanciation entre la rationalité de l’acte et sa visibilité sont plus recherchées que la démarche en tant que telle. La finalité de l’exercice instaurée dans des dispositifs sont soient utilitaristes, soient pragmatiques. En ce sens, les pratiques prospectives à caractères incertaines, floues sont ramenées à des pratiques de planification, de gestion du projet de territoire : « la prospective au service du projet de territoire ».
De manière transversale, on retrouve quatre temps dans la démarche prospective : • Temps 1 : Connaissance ; rétrospective sur l’histoire du territoire ses
maux et ses limites ;
• Temps 2 : Pilotage ; les ressources et son optimisation,
• Temps 3 : Mobililisation ; pédagogie avec les acteurs,
• Temps 4 : Mutualisation. on doit gérer celles que l’on a et imaginer celles
que l’on a pas
Ces temps sont marqués par des méthodes relevant d’une production littéraire et sont peu connus de la part des techniciens. La démarche de récolte de l’information a consisté à faire remonter des pratiques concrètes : comment appréhendent-ils la culture du risque ? Sont-ils préparés à l’exercice prospectif ? Quelles sont leurs trajectoires personnelles ? Conçoivent-ils la prospective commune une culture de métiers ? Quel est leur vécu de l’exercice ?
Prospective, techniciens et structures : des temps et des maux
Approche de la démarche prospective dans la trajectoire du technicien :
Les techniciens en charge de l’exercice prospectif ont des formations en sciences
sociales : science politique, urbanistes et géographes. La plupart ont une formation de
deuxième ou troisième cycle en aménagement du territoire ‘magistère, DESS de développement local). Le poste qu’ils occupent actuellement ne correspond pas à un premier emploi. Leurs contacts avec la prospective se sont faits de manière très épisodique et ponctuelle. Une formation de deux à quatre jours (environ 20 heures de formation) aux mieux dans des organismes -ARADEL, SET, Futuribles- leur a donné une sensibilisation à l’exercice prospectif. Cependant, l’ensemble des techniciens interviewés déclare avoir pris conscience de la teneur du dispositif à mettre en place une
fois installée dans leurs missions. Si de manière générale, les techniciens arrivent à
la prospective par un cheminement précis celui de l’observation (urbanisme, démographie), ils ont du mal à sortir des schémas de prédiction, de prévision et
de planification. Leurs missions prospectives dans les services sont soit mineures 10
% de leur part d’activités ou a contrario elle correspond à un travail à temps plein. Toutefois, la plupart sentent un flottement dans la pratique de la démarche, un doute dont il ne maîtrise pas les finalités. Ces derniers sont demandeurs de « guides de bonnes pratiques » car ils n’arrivent à se saisir de l’ensemble de l’objet. Les techniciens souvent vive mal l’exercice comme un temps de rupture entre leurs fonctions, leurs
services, leurs objectifs « c’est dur, il faut expliquer, trouver des images simples ». Leur perception de l’objet et la mise en place du dispositif sont deux temps du processus qui exigent un travail de médiation, valorisation une pédagogie de la prospective.
Ainsi, l’on note que sur des territoires comme la Haute-Savoie, l’appel à des experts
extérieurs a été un recours plus que nécessaire pour se former au « le jour le jour »
Isabelle Brun : « le mieux c’est d’être au quotidien avec lui pour apprendre la démarche, suivre les étapes, et se former à ces côtés ».
Haute-Savoie Annecy
Formation initiale
Économie +DESS aménagement SED
Prépa littéraire Magistère
Aménagement du territoire 5 ans Agence d’urbanisme DDE Thèse Géographie
Formations à la prospective
Formation courte à la méthode des impacts croisés
conférence sur la prospective journée ARADEL
Futuribles journée ARADEL
Cadre référentiel de la
« bonne prospective » Prospective savante (Scénarios,
observatoire économique) Prospective discursive (gouvernantielle) (Conduite du changement, Observatoire du foncier, scénarios) Auteurs et actions de
référence (modèles) Anti-modèle de l’exercice de 91 Millénaire 3
Godet
Identification des savoir-faire existants mobilisés Production et interprétation de la donnée Négociation de l’information Capacité pédagogique communication Production et interprétation de la donnée Négociation de l’information Besoins en savoir-faire
Application des méthodes hard spécifiques
Techniques de gestion de projet (planification de l’action sur un temps long)
Application des méthodes hard spécifiques
Techniques de gestion de projet (planification de l’action sur un temps long)
Les freins à la mise en œuvre
Enjeu politique de l’exercice Incompétence des élus
Difficulté du passage des méthodes à la stratégie
Connaissance et réception des élus. Image de la prospective Difficulté du passage des méthodes à l’action Exercice technocratique et descendant