SECTION II : Suivi des progrès accomplis
OMD 4 : Réduire la mortalité infantile
La mortalité infantile est en recul en Afrique de-puis 1990. Le taux annuel moyen de réduction des décès d’enfants a atteint 4,1 pour cent pendant la période de 2005 à 2012, alors qu’il n’était que de seulement 0,8 pour cent entre 1990 et 1995 (UNICEF, 213b). Grâce à des efforts accélérés dans la réduction du taux de mortalité des moins de 5 ans (U5MR), l’Afrique a réalisé de bons progrès vers la réalisation de cet objectif. Sur l’ensemble du continent, l’U5MR a baissé de 177 à 98 décès pour 1 000 naissances vivantes entre 1990 et 2012.
Cette amélioration se traduit par une réduction de 45 pour cent, alors que la cible de la réduction était de deux tiers. Mais le continent n’en de-meure pas moins la région dont le taux global de mortalité des moins de 5 ans est le plus élevé du monde (figure 4.1) : il représente près de la moitié du nombre total de morts d’enfants de moins de cinq ans. Cette situation est liée au niveau d’édu-cation des mères, à leurs possibilités d’accès à des services de santé, à leur revenu, à leur situation nutritionnelle et à la prévalence du VIH.
Selon un article récent paru dans The Lancet, seuls 27 pour cent des pays en développement peuvent s’attendre à réaliser l’OMD 4 (The Lancet, 20114a). Les taux annualisés de réduction entre 1990 et 2013 ont varié de 6,8 à 0,1 pour cent.
Entre 2000 et 2013, sur 188 pays, 99 (dont 43 des 48 pays d’Afrique hors Afrique du Nord) ont connu un taux de réduction de la mortalité des enfants plus rapide qu’il n’avait été entre 1990 et 2000. Cette étude analytique a également mon-tré que, par rapport à 1990, le nombre croissant des naissances, particulièrement dans les régions d’Afrique australe, d’Afrique de l’Est, d’Afrique cen-trale et d’Afrique de l’Ouest, avait en 2013 conduit à 1,4 million de décès d’enfants supplémentaires, mais que la progression des revenus par habitant et de l’éducation maternelle avaient contribué à réduire le nombre de ces décès de 0,9 et de 2,2 millions respectivement.
L’Égypte, l’Éthiopie, le Libéria, le Malawi, la Tanza-nie et la Tunisie ont atteint l’objectif en 2012
(fi-Figure 4.1 : Taux de mortalité des moins de 5 ans par région
0 50 100 150 200
Monde Régions en
développement Régions
développées Asie de l’Est
Asie de l’Ouest Asie du Sud
Afrique hors Afrique du Nord
1990 2012 Objectif pour 2015 Source : Nations Unies, 2013a
gure 4.2). L’Algérie, le Cap-Vert, l’Érythrée, la Libye, Madagascar, le Maroc, le Mozambique, le Niger, le Rwanda, le Soudan du Sud et l’Ouganda avaient réduit leur U5MR et étaient très proches de la cible (60 pour cent ou plus). Par contre, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans s’est accru pendant cette période au Zimbabwe, au Swaziland, au Lesotho et au Botswana, situation en grande partie due aux séquelles du VIH/sida.
Malgré certains progrès concernant la survie des enfants sur le continent, 3,2 millions d’enfants n’y ont pas atteint leur cinquième anniversaire en 2012. Il en résulte que l’Afrique cumule près de la moitié des décès d’enfants dans le monde, contre 29 pour cent il y a deux décennies (UNICEF, 2013a).
Les plupart de ces enfants sont morts de maladies aisément évitables. Des efforts concertés doivent être déployés pour accroître les investissements en santé infanto-juvénile et en protection sociale
Figure 4.2 : Progrès accomplis par les pays d’Afrique dans la réduction du taux de mortalité des moins de 5 ans
0 50 100 150 200 250 300 350
Niger Sierra Leone Mali Libéria Malawi Guinée MozambiqueAngola Nigéria Tchad Guinée-Bissau Éthiopie Burkina Faso Zambie Guinée équatoriale Bénin Ouganda Somalie République centrafricaine Congo, R.D.
Gambie TanzanieBurundi Madagascar Côte d’Ivoire Rwanda Érythrée Togo Sénégal Cameroun Soudan Ghana Mauritanie Comores Djibouti Sao Tomé-et-Principe Congo Kenya Gabon Égypte Lesotho Maroc Zimbabwe Namibie Swaziland Cap-Vert Afrique du Sud Tunisie Algérie Botswana Libye Maurice Seychelles
1990 2012 Objectif
Source : calculs des auteurs basés sur les données du DSNU, novembre 2013
des enfants de ménages pauvres, particulière-ment sous forme de prestations de soins de santé gratuits, comme cela s’est fait au Bénin, au Ghana, au Nigéria, au Malawi et en Afrique du Sud (Odu-sola, 2013b).
Les taux de mortalité infantile en Afrique ont ré-gressé, passant de 90 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 54 décès en 2014, ce qui re-présente un déclin moyen de 39 pour cent pour le continent (UNICEF, 2013). Dix-huit pays, parmi lesquels figurent l’Égypte, le Malawi, le Libéria et la Tunisie, ont réduit leur taux de mortalité infan-tile (TMI) de plus de moitié (65 %) entre 1990 et 2012. Dans vingt-six autres pays, les réductions varient de 20,0 à 49,9 pour cent. Le Botswana, le Lesotho, le Swaziland et le Zimbabwe, où les taux de mortalité des moins de 5 ans ont augmenté entre 1990 et 2012, ont également enregistré des hausses de leur TMI pendant cette période. En 2012, la Sierra Leone, la République démocratique du Congo, la Somalie et la République centrafri-caine affichaient les TMI les plus élevés, avec des taux dépassant régulièrement 100 décès pour 1 000 naissances vivantes.
Les progrès ont été beaucoup plus lents dans la réduction de la mortalité néonatale, où l’Afrique cumule toujours le tiers des décès
Le rapport de la revue The Lancet (The Lancet, 2014a) indique que, de manière générale, même si le nombre des enfants morts avant l’âge de cinq ans a diminué de près de moitié depuis 1990, les progrès de la réduction des décès néonatals ont été bien plus lents que les progrès de la réduc-tion des décès d’enfants de plus de 4 semaines (réduction moyenne de 2,1 % contre 3,4 %).
Les décès néonatals représentent aujourd’hui 44 pour cent des décès d’enfants de moins de 5 ans, contre 38 pour cent en 2005. Par exemple, en 2012, 2,9 millions de nouveau-nés sont morts dans les 28 jours suivant leur naissance, dont 1 million au premier et unique jour de leur vie, et 1,2 million (mort-nés) avant ou pendant l’ac-couchement. Le rapport fait également état des progrès substantiels de certains pays, tels que ceux de la Chine et de l’Égypte (réduction de 60 % des décès néonatals dans chaque cas) et du Cambodge (51 %). Les taux les plus élevés de mortalité néonatale (32 décès pour 1000 nais-sances vivantes en 2012) se situent en Afrique (hors Afrique du Nord), taux qui comprennent également le tiers des décès d’enfants de moins
Tableau 4.1 : État des progrès accomplis dans la réduction du taux de mortalité des moins de 5 ans dans des pays d’Afrique
Objectif atteint (6 pays)
En bonne voie (11 pays)
Progrès remar-quables (8 pays)
Progrès insuffisants (25 pays) Reculs (4 pays)
Égypte Algérie Bénin Angola Guinée-Bissau Botswana
Éthiopie Cap-Vert Burkina Faso Burundi Kenya Lesotho
Libéria Érythrée Gambie Cameroun Mauritanie Swaziland
Malawi Libye Guinée République
centra-fricaine
Maurice Zimbabwe
Tanzanie Madagascar Mali Tchad Namibie
Tunisie Maroc Sao
Tomé-et-Prin-cipe
Comores Nigéria
Mozambique Sénégal Congo Seychelles
Niger Zambie Côte d’Ivoire Sierra Leone
Rwanda République
démocra-tique du Congo
Somalie
Soudan du Sud Djibouti Afrique du Sud
Ouganda Guinée équatoriale Soudan
Gabon Togo
Ghana Source : calculs des auteurs basés sur les données du DSNU, juillet 2013
de 5 ans enregistrés pendant la période néona-tale et représentent 38 pour cent du total des décès néonatals dans le monde (UNICEF, 2013 a).
Les causes fréquentes les plus évitables et soignables de la mortalité néonatale
Les causes de mortalité néonatale les plus fré-quentes sont les complications de la prématurité (34 %), les complications de l’état périnatal (24 %), la septicémie, la méningite et la pneumonie
Figure 4.3 : Comparaison des taux de mortalité attendus et observés chez les moins de 5 ans (U5MR)
0 20 40 60 80 100 120 140 160
Taux de mortalité attendus Taux de mortalité observés
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Source : calculs des auteurs basés sur les données du DSNU, novembre 2013
Figure 4.4 : Taux de mortalité infantile (TMI) attendus et observés en Afrique
Taux de mortalité observés Taux de mortalité attendus Courbe linéaire (observée)
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
100
80
60
40
20
0
Source : calculs des auteurs basés sur les données du DSNU, novembre 2013
(22 %), et les anomalies congénitales (9 %). Il n’est pas possible de présenter ici un rapport détaillé sur les progrès de l’Afrique dans ce domaine, en raison du manque de données. L’amélioration de l’accès aux soins de santé primaire et de leur qualité tout au long de la grossesse et lors de l’accouchement relève nettement les chances de survie néonatale. Ces améliorations concernent l’administration appropriée de soins prénatals pendant la grossesse en vue de détecter et de traiter l’anémie, le paludisme, la pré-éclampsie, l’éclampsie et les carences d’acide folique chez les mères enceintes.
Les principaux vecteurs de la mortalité néonatale et les inégalités y afférentes
Dans la plupart des pays à revenu faible et à re-venu intermédiaire, un net désavantage de survie frappe les bébés nés dans des ménages pauvres dont le niveau d’éducation est faible. Les données recueillies pendant plus d’une décennie (The Lancet, 2014b) montrent que dans cinq pays (le Cameroun, le Nigéria, le Malawi, le Mozambique et l’Ouganda) l’écart de mortalité néonatale entre les tranches supérieure et inférieure des revenus a diminué chaque année de plus de 2 décès néo-natals pour 1000 naissances vivantes. Par contre, l’inégalité des taux de mortalité néonatale résul-tant des moyens des ménages a crû
annuelle-ment de 1,5 décès néonatal pour 1000 naissances vivantes en Éthiopie et au Cambodge.
Progrès mitigés en ce qui concerne les taux de vaccination
La vaccination demeure l’une des initiatives de santé publique les plus réussies, car elle permet d’éviter entre deux et trois millions de morts d’enfants par année des suites de maladies telles que la rougeole, le tétanos et la diphtérie à tra-vers le monde (UNICEF, 2013a). La couverture de vaccination moyenne a progressé modérément en Afrique, passant de 62 pour cent en 1990 à 68 pour cent en 2011. Toutefois, à l’exception de quatre pays (le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Libéria et la Somalie), la couverture de vaccination en Afrique dépassait 50 pour cent en 2011, et près de la moitié des pays bénéficiaient d’un taux de couverture de 90 pour cent ou plus.
Conclusion
Dans l’ensemble, les pays d’Afrique ont fait des progrès substantiels vers la réalisation de l’OMD 4.
En particulier, l’Afrique (hors Afrique Nord) a vu son taux de mortalité d’enfants de moins de 5 ans baisser plus rapidement, les taux de réduction annuels doublant entre 1990-2000 et 2000-2011.
Cependant, pour améliorer la survie des enfants, il sera indispensable d’enrayer la mortalité néona-tale. Il existe à cette fin des interventions
éprou-Tableau 4.2 : Taux de mortalité néonatale et part des décès de nouveau-nés dans les décès des moins de 5 ans, 1990 et 2012
Régions Taux de mortalité
néonatale
Part des décès de nou-veau-nés parmi les décès
d’enfants de moins de 5 ans
Augmentation relative en pourcentage
1990 2012 1990 2012
Régions développées 8 4 52 56 8
Régions en développement 36 23 36 43 19
Afrique du Nord 30 13 41 58 41
Afrique, hors Afrique du Nord 45 32 26 34 31
Asie de l’Est 24 8 46 60 30
Asie du Sud 50 31 40 53 33
Asie de l’Ouest 27 13 41 53 29
Monde 33 21 37 44 19
Source : calculs des auteurs basés sur les données du DSNU, novembre 2013
vées, d’impact élevé et d’un coût abordable, à savoir : les soins qualifiés à la naissance et les soins obstétriques d’urgence ; la gestion des naissances avant terme, y compris l’administration prénatale de corticostéroïdes permettant la maturation des poumons ; les soins prénatals de base ; la réani-mation néonatale ; le dépistage précoce et le traitement par antibiotiques d’infections graves ; les soins cliniques de nouveau-nés trop petits ou
malades ; et la prévention de la transmission de mère à l’enfant du VIH. Il est crucial de prioriser et d’intégrer ces interventions dans le programme des prestations de services aux enfants de mé-nages pauvres. Enfin, il y a lieu de mettre en place des mécanismes de protection sociale, y compris d’assurance santé, pour améliorer l’accès à des interventions néonatales d’impact élevé.