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CHAPITRE 1 Synthèse bibliographique

2. Des leviers pour modifier favorablement les choix alimentaires des enfants et des adultes

2.4. Stimuler le plaisir de consommer des aliments sains

2.4.2. Réduire la consommation d’aliments palatables par le biais de l’imagerie

ont montré qu’après l’intervention, les enfants ayant participé au programme d’éducation sensorielle consommaient une plus grande proportion d’aliments peu familiers, tandis qu’aucun changement n’était observé chez les enfants du groupe contrôle. De plus, le score de néophobie diminuait chez les enfants ayant participé au programme, alors qu’aucun changement n’était observé chez les enfants du groupe contrôle.

Les programmes d’éducation sensorielle constituent un moyen pour les enfants d’apprendre à utiliser leurs sens. Cela leur permet de découvrir des aliments, ce qui semble réduire leur néophobie et favoriser leur consommation d’aliments peu familiers, au moins à court terme. Ces programmes d’éducation sensorielle n’ont toutefois pas rapporté d’effet sur l’augmentation de la consommation d’aliments sains et la réduction de la consommation d’aliments peu sains. Nous verrons dans la partie suivante en quoi le fait d’imaginer les sensations procurées par la consommation d’aliments palatables pourrait encourager une réduction de la taille des portions choisies et consommées.

2.4.2. Réduire la consommation d’aliments palatables par le biais de l’imagerie sensorielle

Les leviers identifiés jusqu’à maintenant pour améliorer les comportements alimentaires des enfants visaient à favoriser la consommation d’aliments sains. Le paragraphe qui suit présente une stratégie qui a été récemment étudiée et qui vise à favoriser des tailles de portion plus réduites pour des aliments palatables chez les enfants.

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Des auteurs ont cherché un moyen d’inciter les enfants à choisir et à préférer des tailles de portions plus petites d’aliments palatables (Cornil & Chandon, 2016). Dans le cadre de cette étude, des enfants âgés de 4 à 5 ans étaient répartis de façon aléatoire soit dans une condition d’imagerie sensorielle soit dans une condition contrôle. Dans la condition d’imagerie sensorielle, les expérimentateurs présentaient aux enfants des images d’aliments palatables et leur demandaient d’imaginer pendant une dizaine de secondes le goût, les arômes et la texture des aliments. Ils étaient par exemple invités à imaginer le son des céréales au moment de leur consommation, la sensation du chocolat qui fond dans la bouche ainsi que l’odeur d’une gaufre. Les enfants de la condition contrôle étaient invités à partir d’images non alimentaires représentant des enfants à la plage, jouant avec des feuilles mortes ou fabriquant un bonhomme de neige à imaginer par exemple la chaleur du soleil sur la peau, le bruit des feuilles après y avoir marché dessus ou encore le goût d’un flocon de neige dans la bouche. Tous les enfants étaient ensuite invités à choisir une part de gâteau ainsi qu’une boisson à partir d’images représentant 5 tailles de portions différentes. Les enfants devaient ensuite choisir pour leur goûter une vraie part de gâteau parmi 6 tailles de portions différentes ainsi qu’une vraie boisson parmi 5 tailles de portions différentes. Les résultats de cette étude ont montré que, dans les deux tâches, les enfants qui avaient été invités à imaginer le plaisir sensoriel procuré par la consommation d’aliments palatables choisissaient des tailles de portions plus petites que ceux issus de la condition contrôle. Les auteurs suggèrent que cette intervention augmenterait l’attrait à l’égard des petites portions en poussant les enfants à choisir des portions alimentaires en fonction du plaisir sensoriel anticipé. Cette méthode aiderait les enfants, selon les auteurs, à anticiper le plaisir sensoriel dont le niveau est plus élevé lors des premières bouchées (en raison du rassasiement sensoriel spécifique) et diminue lors des bouchées suivantes. Par ailleurs, ces résultats pourraient être rapprochés dans une certaine mesure de ceux observés par Cornil et al. (2018) qui soutiennent que les tendances alimentaires épicuriennes chez l’adulte (qui découlent de l’appréciation esthétique, symbolique et sensorielle de la nourriture) seraient associées à une préférence pour les petites portions, tandis que les tendances alimentaires viscérales (qui est le résultat de la satisfaction de besoins déclenchés par l’environnement) seraient associées à une préférence pour les plus grandes portions.

D’autres auteurs ont utilisé l’imagerie sensorielle dans le but d’évaluer si cette méthode pouvait non seulement influencer la taille de portions d’un aliment palatable (le brownie) mais aussi celle d’un aliment favorable à la santé (la compote de pommes) chez des enfants âgés de 7 à 11 ans (Lange et al., 2020). Ici, les auteurs ont utilisé le même protocole que celui de l’étude

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précédente, c’est-à-dire que les enfants de la condition d’imagerie sensorielle étaient invités à observer des images d’aliments palatables en imaginant les sensations procurées par leur consommation. Les enfants de la condition contrôle quant à eux étaient invités à observer des images non alimentaires en imaginant les sensations ressenties par les enfants fabriquant un bonhomme de neige par exemple. A la fin de l’expérience, tous les enfants étaient invités à choisir une part de brownie et de la compote de pommes parmi 3 tailles de portions différentes et à les consommer entièrement. Les résultats de cette étude ont montré que les enfants de la condition d’imagerie sensorielle choisissaient de plus petites portions de brownie que ceux de la condition contrôle. Aucun effet n’était toutefois observé pour la compote de pommes. Les auteurs expliquent l’absence d’effet sur la compote de pommes par le fait que les images auxquelles les enfants étaient exposées représentaient des aliments palatables et non des aliments sains. Les auteurs de cette étude suggèrent ainsi que le fait d’inviter les enfants à se centrer sur le plaisir sensoriel anticipé de la consommation d’aliments palatables et de forte densité énergétique pourrait les inciter à choisir de plus petites tailles de portions.

Dans le paragraphe suivant, nous allons nous pencher sur une situation de repas dont l’enjeu nutritionnel et sanitaire est particulièrement pertinent pour l’enfant, à savoir le goûter. Comme nous le verrons, le goûter constitue une habitude alimentaire très fréquente chez les enfants français, associé à des consommations de piètre intérêt nutritionnel. Dans ce chapitre, nous donnerons une définition du goûter et exposerons les recommandations qui lui sont associées, avant de décrire les pratiques observées en France. De façon générale, nous verrons que le goûter est une occasion de consommation qui mérite le regard des scientifiques notamment en vue de son amélioration.