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Récapitulatif de la morale de Rousseau, Kant et Schopenhauer

Dans le document LA MORT COMME FONDEMENT DE LA MORALE (Page 183-188)

1. Rousseau

Dans son analyse de la morale, Rousseau nous invite à réfléchir sur la naissance d'une morale collégiale, résultat de la volonté générale. Elle est fondée en lois et a pour but d'égaliser, d'harmoniser, de socialiser et surtout d'humaniser l'animal prétendu pensant. Mais cette morale n'est pas du tout à l'abri d'une quelconque déperdition .L'homme animé par le sentiment permanent de révolte intérieure peut souvent transgresser la loi. C'est la démonstration flagrante de sa frustration, de sa fluctuation et de son instabilité intérieures. La morale politique de Rousseau est, certes exemplaire et nécessaire à la cohésion sociale, utile au lien social. Mais elle reste très fragile puisque imposée en quelque sorte par certains êtres pensants à d'autres. Nombreux sont ceux qui n’ont jamais pris part à son élaboration et se sentent comme persécutés car devant la subir. C’est surtout Kant qui pour la première fois, essaiera de donner voire d'offrir à l'être singulier la possibilité de s'auto-déterminer intellectuellement, humainement et moralement grâce à la puissance de la raison. Il s'agit donc de confier à l'homme l'entière responsabilité de la construction, de la structuration de son devenir moral. C'est le commencement de la véritable réalisation morale de L'homme.

2. Kant

Kant est sans doute le premier des philosophes à donner à l'homme tous les moyens psychologiques, intellectuels nécessaires pour se réaliser humainement et moralement. En axant l'établissement ou le fondement de la morale sur la seule raison, élément propre à l'homme, il pose clairement la différence entre l'animalité et l'humanité. La première (l'animalité) ignorant toute démarche lui permettant d'accéder à la morale parce que n'ayant pas développé toutes ses facultés, agit et réagit uniquement par instinct en dehors de tout apprivoisement qui est une œuvre purement humaine; la deuxième (l'humanité), possédant la raison, essaie de l'entretenir, de la cultiver, de la développer et surtout de l'enrichir d'éléments

constitue bel et bien l'arme fondamentale dans la recherche de la morale. Seulement, cette arme est sans balle réelle. C'est un contenant vide de contenu. Il revient éventuellement à l'être singulier de déterminer le contenu, de produire la principale composante. Kant exhorte donc l'homme à choisir sa propre conduite comportementale, sociétale et certainement morale par rapport à ce qu'il juge bien pour lui et bien pour les autres. D'où la question de l'autonomie de la volonté et surtout de son entière responsabilité. Ici, la détermination de l'orientation de la pensée et de l'acte de l'être humain vers le bien constitue un véritable engagement de l'homme vers des valeurs intrinsèques et extrinsèques à lui-même. Mais quel schéma Kant donne-t-il à l'architecture de la prétendue morale ? On n'en sait absolument rien. Cela reste vraiment indéfini. Et, c'est donc cette absence de définition, cette impuissance d'engagement dans la structure architecturale de la morale qui laisse l'entreprise kantienne inachevée. Cette indétermination, cette imprécision (et surtout cette imprécision) ne contribuent pas à faire de Kant le vrai précepteur, le vrai législateur, le vrai architecte de la morale. Il est celui qui débroussaille le sentier de la morale, celui qui initie l'idée de la morale, ou ouvre la voie à la morale permettant ainsi aux autres de la fonder en contenu, d'y introduire des éléments fondamentaux comme plus tard la pitié avec Schopenhauer. Seulement, cette initiation kantienne, cette tentative, cette initiative, cette démarche louable et remarquable reste malgré tout encore une fois inachevée, comme nous l'avons déjà précisée plus haut.

3. Schopenhauer

Loin de Rousseau qui fonde la morale politique collégiale avec pour contenu la loi indispensable à la cohésion sociale, au lien social et loin de Kant qui volontairement ou involontairement, explicitement ou implicitement, oublie de mettre un contenu moral dans le contenant moral, Schopenhauer se fait en quelque sorte le vrai artisan, le vrai apôtre de la morale singulière, le vrai architecte de l'agent moral. Il y apporte un contenu suffisamment clair qui est la pitié, permettant ainsi à l'homme de se référer à une voie déjà établie, déjà faite. La pitié devient donc inévitablement et irrémédiablement le moteur essentiel de l'acte moral. L'agent moral de Schopenhauer est guidé dans sa pensée et dans son action morale par un élément crucial qu'on nomme : la pitié, et dont la fonction première est de réguler constamment son attitude comportementale, sociétale et morale. Seulement, la pitié en tant qu'expression d'une très longue réflexion, en tant que produit de la culture (puisque c'est par

un état de conscience de soi sur soi que le sujet détermine la fonction réelle de motif qu'est la pitié) n'est pas toujours la bienvenue chez certains êtres. Elle est presque totalement absente.

Certaines personnes sont et restent naturellement, foncièrement méchantes. Mais d'où leur vient cette méchanceté ? La réponse se trouverait dans le simple fait qu'elles n'aient pas encore pu solder leur état de limite naturelle. Elles n'ont peut-être pas encore dépassé le statut de l'animalité pour celui de l'humanité. Elles ne sont simplement pas encore émancipées et peut-être ne le seront jamais. Ce pessimisme ambiant est le résultat voire le constat du désastre permanent (guerres, crimes, horreurs, erreurs etc) causé et perpétué par l'espèce humaine prétendue évoluée. Mais la pitié, si elle existe dans l'être reste néanmoins passive et mérite d'être constamment activée, réveillée pour mener à bien l'acte moral. La morale de Schopenhauer ne peut donc pas faire l'unanimité de tous les penseurs. Elle semble réellement insuffisante pour établir une morale exemplaire et nécessaire au bon fonctionnement de l'homme et de la société. La pitié n'est donc pas la condition nécessaire, sine qua non, l'ultime principe quant au fondement de la morale. Elle peut tout au plus constituer un tremplin pour fonder la morale, et non la cause principale. La pitié fonde la morale en droit et jamais en fait.

D'où la nécessité d'explorer de nouvelles pistes parmi lesquelles celle de la mort. Comment cet élément naturel commun à tous les êtres vivants (nous sommes tous bel et bien mortels) peut-il être un facteur de moralité ? Comment extraire de l'idée de la mort, comme élément interne à tout être vivant, une idée de la morale ? Pour répondre à ces différentes questions, il convient d'examiner précisément et ce avec une loupe philosophique très sophistiquée la nature de l'homme.

CHAPITRE 2 : La puissance humaniste de l’homme : œuvre de la nature et de la culture

1. La puissance humaniste de l’homme

En dotant l'homme de la conscience et de la raison, la nature lui a permis de se détacher, de se distinguer des autres êtres vivants composant l'univers. En prenant l'exemple de l'animal, il est évident que ce dernier suit aveuglement les directives de la nature. La nature commande (donc) à tout animal et il obéit. L'homme rentre également dans ce dispositif naturel. Seulement à la différence de l'animal, l'homme est doté d'un libre-arbitre infini comme celui de Dieu, ce qui lui permet de choisir ou de ne pas choisir ; d'avoir le pouvoir d'agir ou de ne pas agir ; le pouvoir d'accomplir tel acte ou tel autre. Il peut également, en maintenant bien sûr en éveil, en activité sa conscience et sa raison, chercher à créer et à se perfectionner. L'être singulier, remarquons-le, a la faculté de se perfectionner et concourir également au perfectionnement des autres. La lecture de son histoire positive montre qu'il est réellement en mesure de réaliser de vraies prouesses (telles la technique, la science, la technologie, la techno-science, etc...). Il peut donc grâce à la réflexion au second degré, grâce à la verticalité de la raison (une raison transcendante à la recherche de l'ascèse) et non à l'horizontalité : de cette même raison (une raison plate qui disparaît dans le réel), produire un savoir qualitatif, éminent. Alors pourquoi donc est-il sujet à devenir imbécile? Pourquoi retourne-t-il ainsi dans son état primitif et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct ? Ici, la lecture de son histoire négative semble renforcer cette thèse : la lecture de ses faits historiques (guerres - crimes - horreurs - erreurs - esclavage etc...) constitue un vrai témoignage. L'histoire de l'homme est donc très riche en événements et en mouvements. Elle semble être à la fois claire et noire, méliorative et péjorative, valorisante et dévalorisante. Mais, l'homme est-il réellement condamné à demeurer ainsi ? Est-il capable de progresser vers le bien ? La culture peut-elle être un réel facteur d'évolution morale, de réalisation morale ? Se purifier de tous les déchets non intellectuels nocifs en soi (l'attachement aux choses de ce monde) qui constituent de réels

obstacles, un véritable frein à l'élaboration morale de son être, telle est la difficile tâche que l'homme se doit d'accomplir. L'idée de la purification à savoir le passage de son état d'impureté morale à l'état de pureté morale permet donc à l'homme de sortir peut-être pas définitivement, mais approximativement de son état d'animalité. C'est l'avènement du «pur»

en morale, la naissance de la propreté morale. La nature donne à l'homme toutes les facultés humaines (la conscience et la raison) nécessaires à son devenir d'homme. Mais c'est surtout l'usage de ces facultés humaines qui reste problématique.

L'être qui demeure au stade instinctif, au stade primitif ne peut semble-t-il devenir un homme. Certes, il a la structure physiologique, biologique d'un homme (l'examen de son physique extérieur nous le démontre explicitement) mais intérieurement il n'a aucune évolution d'humanité (absence de sociabilité). Sur le plan ontologique, il a la structure d'un homme mais sur le plan humain et moral et surtout sur le point de vue éthique, il est très loin d'être un vrai homme, un homme de bien. Il est donc resté animal. Il n'y a aucune différence entre lui et l'animal. Seul l'animal qui réussit à passer l'étape zéro (0), celle de l'instinct, devient en réalité un homme et est donc capable de par la culture des composantes naturelles que lui a offert la nature à savoir la conscience et la raison, de structurer de véritables valeurs humaines, morales et éthiques. Il devient enfin un homme. Mais la raison poussée à l'extrême peut développer en lui une vraie humanité. Il refuse son individualité, sa singularité et fusionne avec celle des autres. Il intègre la métaphysique à son être. Mais l'exercice extrême de l’infini-métaphysique le propulse dans l'univers de Dieu. Il fusionne avec le réel et saisit clairement la nécessité de l'unicité avec les autres individualités, les autres singularités existentielles. Et, s'il existe un seul vrai phénomène naturel permettant à l'homme, entité réfléchissante particulière de fusionner avec les autres entités réfléchissantes, c'est la mort élément de la nature ; phénomène naturel que la puissance intellectuelle de l'homme ne peut et ne pourra jamais combattre. Le combat entre l'homme et la mort reste toujours à l'avantage de la nature. De tous les combats, elle reste et restera toujours vainqueur. La nature offre à l'être singulier tout ce qui lui est nécessaire à l'émancipation de son être ; mais très rapidement, le moment venu, elle lui reprend ce qu'elle lui a offert comme prêt terrestre.

2. Les différentes étapes d’évolution phénoménologique de la conscience éthique (ILLUSTRATIONS SCHEMAS A ET B):

LES DIFFERENTES ETAPES D’EVOLUTION

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