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Réapprentissage et action managériale : enseignements de l’expérience du

I. Appropriation et intégration progressive des enjeux d’apprentissage dans les paramètres

de gestion au niveau macro-organisationnel ... 216!

1. Le cas de la stratégie d’embauche ... 217!

2. Macro-organisation « ambidextre » et stratégies locales ... 220!

II. Faire de l’apprentissage un objet de gestion : quelles modalités et outils adaptés de

gestion de l’activité et des ressources ? ... 224!

1. Intégrer les enjeux d’apprentissage à l’organisation du travail : le cas d’un chef de

groupe ... 224!

A. Une recomposition des missions, des capacités à construire ... 225

!

B. Une organisation du travail pensée pour la montée en compétence et le partage d’expérience ... 227

!

C. Une montée en compétence à moyen-terme potentiellement fragilisée par un turnover systématique ... 230

!

2. Renverser les outils de GRH pour piloter la montée en compétence : le cas d’un chef de

service ... 234!

Chapitre VI : L’impasse d’un diagnostic à

partir des outputs, ou les ambivalences de la

performance

Dans ce chapitre, ainsi que dans le chapitre suivant, nous restituons les principaux éléments ressortis de notre travail de diagnostic auprès du CNEN, en cherchant systématiquement à faire le lien entre ces éléments et notre problématique de thèse sur les modalités de diagnostic et de gestion de l’oubli organisationnel en ingénierie. Le présent chapitre a pour but de montrer, en analysant la façon singulière dont se pose la question de la « performance » dans le cas du projet EPR de Flamanville, les difficultés qui s’opposent, dans notre cas d’étude, à l‘établissement de diagnostics quantitatifs à partir d’une analyse de la dynamique des outputs. Ce constat nous amènera, dans le chapitre suivant, à fonder notre diagnostic sur une analyse de la dynamique des ressources et des capacités.

I. La « sous-performance » au sein du CNEN : constat

objectif ou malaise subjectif ?

Comme nous l’avons vu dans notre recension des travaux académiques consacrés à ce sujet, l’oubli organisationnel involontaire se comprend, dans la littérature, comme une baisse de performance (un # négatif dans un critère output déterminé) imputable à une perte de capacités (un # négatif dans les inputs). L’approche des « capacités », des modifications intervenues au sein des facteurs participant à la performance, est donc inférentielle et déductive. Tout commence donc avec la possibilité d’avérer un différentiel de performance négatif dans le temps.

Figure 23 : Le raisonnement sous-jacent au diagnostic d'un oubli organisationnel dans la littérature

Le point de départ de notre travail de diagnostic était donc bien l’expression de difficultés opérationnelles rencontrées sur le projet EPR Flamanville 3. Celles-ci se traduisaient par un petit nombre de données objectives quant aux dépassements des plannings et des budgets. Ces données étaient par ailleurs largement relayées et commentées dans les médias, exposant ainsi EDF à la critique du grand public : elles concernaient le non-respect des plannings et des budgets initialement prévus : entre 2007 et 2012, la durée prévisionnelle du chantier est passée de 5 à 9 ans, et le budget global est passé de 3,3 milliards d’euros à 8,5 milliards sur la même période, soit une multiplication par un facteur supérieur à 2,5.

Constat " outputs

Déduction " inputs inférence

Chapitre VI : Les ambivalences de la performance

Figure 24 : Le glissement progressif du budget et du planning prévisionnels entre 2007 et 2012 (sources : Le Monde)

Sur de telles bases, il semblait a priori difficile de conclure autre chose qu’un « échec » industriel, ce que nombre de médias, mais aussi bien sûr de militants « anti-nucléaire » ne se sont pas privés de clamer. Il aurait été tentant pour des chercheurs de s’engouffrer dans cette brèche pour statuer définitivement sur le fait que ces dérives étaient le symptôme irréfutable d’une perte par EDF de ses capacités élémentaires à mener ce type de projet.

Les défenseurs du projet, au premier rang desquels EDF, ont toutefois toujours tenu d’une part à apporter des explications et des justifications à ces écarts (sur lesquels nous reviendrons notamment en détails dans le prochain chapitre), mais également à nuancer leur gravité réelle. Ainsi, le 21 juillet 2011, dans un communiqué de presse intitulé « EDF commercialisera les premiers kWh produits par l’EPR de Flamanville en 2016 », l’électricien invoque d’une part le caractère de « tête de série » du projet, ainsi que plusieurs « aléas industriels » (incidents survenus sur le chantier, sollicitation des équipes d’ingénierie par les études post-Fukushima) expliquant les retards pris. Quelques jours plus tard, la Société Française d’Énergie Nucléaire (SFEN73) publie un communiqué intitulé « EPR de Flamanville : relativiser le retard et le surcoût ». Ce communiqué est très intéressant quant à son appréhension de la question de la « performance » du projet Flamanville, qui s’écarte des conclusions simplistes inspirées par le constat d’écarts importants de coûts et de délais.

Le premier argument développé dans ce communiqué revient sur le caractère novateur de l’EPR, qui fait la spécificité du projet FA3 et implique qu’on doive le juger selon des critères différents des réacteurs produits en série. Il est ainsi précisé qu’il s’agit d’un « réacteur d’un type nouveau, marquant le passage à un autre modèle de centrales nucléaires, celles de troisième génération. On peut comprendre qu’une telle réalisation (soumise à des exigences de sûreté toujours plus draconiennes) connaisse des contretemps et des

73 La SFEN, parfois perçue comme une agence de « lobbying nucléaire », est une association loi 1901 ayant pour

but de produire et diffuser de la connaissance sur l’énergie nucléaire, qui a été fondée au moment du lancement du « Plan Messmer ». Elle est actuellement dirigée par Dominique Minière, directeur délégué de la Division Production Ingénierie d’EDF, qui a remplacé Luc Oursel, actuellement président du directoire d’Areva.

dépassements de calendrier. Il ne s’agit pas de reproduire à l’identique ce que l’on a déjà fait. Le processus est évidemment plus exigeant et peut connaître, ce n’est pas anormal, des difficultés et des imprévus ».

Un deuxième argument consiste à euphémiser l’ampleur réelle du « retard » suggéré par l’écart entre planning initial et durée réelle du chantier : « Le délai total de construction de l’EPR de Flamanville, de l’ordre de 8/9 ans, n’est pas aberrant par rapport aux durées de réalisation des précédentes séries de deuxième génération, s’établissant en moyenne à 7,5 ans. Sur un plan mondial, une durée de construction de 8/9 ans n’est pas extravagante pour une centrale nucléaire à ce jour ». Ainsi, si l’on replace le chantier dans une norme mondiale de durée de construction, alors le retard apparaît beaucoup moins spectaculaire. Plus encore, l’enjeu véritable de la durée du chantier est minimisée au regard de la durée de vie future du réacteur : « Si l’on considère la durée de vie totale de l’installation, en théorie 60 ans (mais potentiellement plus selon toute vraisemblance), on peut estimer que 3 ou 4 ans de plus dans le planning de réalisation et la date d’entrée en service constituent un contretemps d’une portée très relative pour une installation appelée à fonctionner durant presque tout le siècle ». En synthèse : non seulement le chantier n’est pas si en retard qu’il n’y paraît compte tenu des normes en vigueur dans le monde, mais plus encore, ces quelques années de plus sont négligeables compte tenu de l’horizon temporel dans lequel ce projet doit être resitué.

Le même raisonnement est étendu aux coûts : « Le surcoût annoncé doit être lui aussi relativisé » est-il ainsi affirmé. La raison en est que, certes, l’EPR nécessite un investissement initial accru pour EDF, mais celui-ci sera nécessairement amorti dans le temps, grâce aux retours d’expérience et aux effets de série promis : « Au fil du temps, à mesure que l’investissement initial sera progressivement amorti, l’EPR devrait se révéler de plus en plus compétitif et rentable. Cette situation jouera dans le sens d’un renforcement de la compétitivité globale du parc nucléaire d’EDF ». L’argumentaire va encore plus loin, en affirmant que ce surcoût à court terme n’est pas significatif compte tenu des économies qui sont permises annuellement à la France par le fait de disposer d’un parc de réacteurs électronucléaires aussi dense : « Si la France ne disposait pas de centrales nucléaires et devait en conséquence acheter à l’étranger les combustibles – en l’occurrence le gaz – nécessaires à la production de 78 % de son électricité, il lui en coûterait entre 20 et 25 milliards d’euros chaque année... soit chaque année la valeur de quatre EPR “tête de série“ ! Le nucléaire permet à la France d’éviter cette ponction sur sa richesse nationale, et l’EPR de Flamanville se positionnera, avec sa puissance inégalée de 1.650 mégawatts, comme le premier contributeur à cette économie ». Ces arguments ne constituent pas simplement un plaidoyer pro domo des acteurs du nucléaire : ils soulèvent des questionnements fondamentaux sur la nature de ce qu’on appelle la « performance » sur un projet de ce type, dont la stricte comparaison avec une prévision initiale ne rend guère compte. Ils mettent également en évidence le caractère ambigu et instable des critères de jugement mobilisés pour apprécier si le projet est, oui ou non, « sous-performant ». Comment intégrer, en effet, dans le processus de jugement, le caractère exploratoire du projet, c’est-à-dire l’« effet tête de série » ? Quels sont les véritables critères de jugement de la « réussite » ou de l’« échec » du projet ? Et à quelles normes de « bonne » performance convient-il de comparer le projet sur la base de ces critères ?

Chapitre VI : Les ambivalences de la performance

Ces questions ont toujours été présentes en filigrane lors de la phase de diagnostic, et étaient source d’un inconfort structurel pour les chercheurs dans la perspective de donner un point de départ « objectif » à notre démarche de diagnostic. La recherche collaborative trouvait en effet son origine et sa justification dans un constat initial de « sous-performance », mais ce postulat de départ butait sur une difficulté de fond à clairement spécifier et objectiver la nature, l’ampleur, voire la réalité de cette « sous-performance ». Les entretiens menés auprès des acteurs du CNEN ont renforcé ce malaise, puisque nous avons dû constater le caractère contradictoire, voire paradoxal, des représentations des acteurs du CNEN relativement à la question de leur propre performance collective. Ces contradictions étaient le signe d’une grande indétermination des critères de jugement de la performance au sein de l’unité, et ce à différents niveaux. Nous devons nous arrêter sur ce point, car il conditionne la possibilité même de raisonner en termes d’« oubli organisationnel » pour la suite de nos analyses. Nous proposons de décomposer cette indétermination comme la résultante de trois plans d’ambivalence différents :

- le plan des « bons » critères de jugement de la performance ;

- le plan des « bonnes » normes de comparaison de la performance du projet ; - le plan du lien causal entre « capacité » et « performance ».

Dans les paragraphes qui suivent, nous restituons des éléments saillants ressortis de la phase d’entretiens sur cette question, en cherchant à les analyser et les mettre en perspective.

II. Trois plans d’ambivalence qui se renforcent

mutuellement

1. 1

er

plan d’ambivalence : quels sont les critères de jugement de la

« réussite » du travail de conception ?

Comme nous l’avons largement montré dans notre revue de littérature, les travaux statistiques sur l’« oubli organisationnel » infèrent l’existence de ce dernier à partir du constat de différentiels négatifs de productivité dans le temps, exactement comme l’apprentissage est décelé « derrière » la croissance de la productivité. Ces travaux ont donc besoin de fixer un critère de jugement de la performance d’un collectif censé être un « signe », un « révélateur » de modifications intervenues dans les capacités de ce collectif. Dans ses travaux les plus récents, Linda Argote a toutefois souligné le caractère trop restrictif de cette approche, et la nécessité pour cette littérature de s’ouvrir davantage à des approches multicritères de la performance (Argote, 2013b). Ce constat est d’autant plus pertinent si l’on souhaite élargir le spectre de l’analyse aux activités telles que les activités intellectuelles, de conception ou de développement de produits, qui se prêtent particulièrement mal à être jugées selon un critère unique de performance, fût-il synthétique.

Il est en effet de connaissance commune que, dans les activités de développement de produits, la performance est basiquement appréhendée à travers un triptyque : la qualité, les coûts et les délais (Q- C-D). La performance est donc fondamentalement multidimensionnelle, et ces dimensions ne sont pas, loin de là, corrélées, mais peuvent bien se présenter aux concepteurs comme mutuellement exclusives, ce qui est d’autant plus le cas dans un contexte de montée simultanée d’exigences (comme cela a été largement analysé dans les recherches sur l’industrie automobile), qui placent donc l’« art du compromis » comme « une figure centrale de la conception » (Weil, 1999) : « Dès qu’on interroge un concepteur sur les raisons du choix d’une solution, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un savant dosage entre des exigences contradictoires. Rares sont les circonstances où il ne faut pas composer avec des contraintes antagonistes et jouer sur différents registres de la performance » (tome 1, p. 281). Juger une activité de conception selon un critère de performance unique, c’est donc nécessairement rendre un jugement myope.

Nous avons pu constater que cette logique de compromis était bien à l’œuvre dans les activités de l’ingénierie nucléaire. Les ingénieurs reconnaissent qu’il n’existe pas de solution parfaite ou « optimale », mais qu’il faut être capable de composer avec des exigences contraires. Un chef de groupe déclarait de façon emblématique :

Mais cette logique de compromis fonctionne-t-elle de la même manière dans l’ingénierie nucléaire que dans d’autres activités d’ingénierie ? Georges Sapy (2012) affirme que « le management d’un projet nucléaire présente très peu de différences avec celui de n’importe quel très grand projet industriel […] En particulier, le classique triptyque QCD (qualité, coût, délai) du management de projet reste la base de l’approche. Simplement (mais les conséquences en sont importantes, voire structurantes, sous certains aspects), la composante “Q“ (qualité au sens large, c’est-à-dire conformité à un cahier des charges à la fois légal, réglementaire, environnemental, technique, etc., doit intégrer les spécificités nucléaires : contraintes supplémentaires fortes concernant la sûreté, la radioprotection, la protection contre la malveillance ; exigences complémentaires qui en résultent en terme de contrôle de la qualité et d’assurance de la qualité. Toutes ces

contraintes additionnelles ont pour conséquence de complexifier les données à prendre en compte et à maîtriser, sans modifier pour autant les fondamentaux du métier de management de grand projet industriel. Ils

le rendent simplement plus difficile et plus exigeant » (p. 213-214).

Dans le domaine du nucléaire, qui est un cas emblématique voire paroxystique de ce que l’on appelle les industries à « haute fiabilité » (Hollnagel et al., 2009; Journé, 2001; Weick et al., 2008), la logique de sûreté, incluse dans la dimension « qualité » du travail de conception, infléchit ainsi les termes du « compromis ». Elle est la dimension absolument prioritaire, non négociable, compte tenu des risques

« Interviewer : Est-ce une difficulté, soit pour vous, soit pour les gens de votre équipe, d’avoir

l’impression de ne pas aller jusqu’au bout ?

Interviewé : On est tout le temps dans cette impression. On a toujours l’impression qu’on

aurait pu faire mieux, etc. Mais au bout d’un moment il faut arrêter de se poser des questions, sinon on n’avance pas […]. À titre personnel, on a toujours l’impression que l’on aurait pu faire quelque chose de plus. Après, il y a un arbitrage. On essaie juste de se dire que l’on s’est donné les moyens et que l’on a optimisé avec ce que l’on avait. On essaie de donner le meilleur de ce que l’on nous demande avec les moyens que l’on a actuellement ».

Chapitre VI : Les ambivalences de la performance

industriels associés. Pour Sapy, dans « les projets nucléaires, pour lesquels aucune dérogation n’est par principe envisageable en matière de qualité (tout doit être mis en œuvre, quoi qu’il advienne, pour respecter les exigences spécifiées dans ce domaine) les seules variables d’ajustement possibles en cas d’aléas sont les termes C et D » (op. cit., p. 253). Cette omniprésence des enjeux de sûreté se traduit par un caractère très bureaucratique du travail de conception pour les ingénieurs du CNEN, qui doivent accorder une importance de tous les instants au respect de contraintes et de normes de sûreté en vigueur, ainsi qu’à la traçabilité de leur travail. Le travail de compromis se double ainsi d’un travail constant de démonstration de la conformité aux exigences de sûreté, et de justification des décisions et des choix techniques, notamment auprès de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, qui dispose d’un droit de regard, de contrôle et d’injonction sur l’activité de l’ingénierie nucléaire.

Cette culture de la sûreté, qui a, pour le cas d’EDF, été construite et renforcée par le statut historique d’entreprise de service public, fait donc de la dimension « qualité » du travail de conception une référence centrale pour les concepteurs dans le jugement de leur propre performance. Or, précisément, le critère de jugement central est aussi le plus impalpable (ce pourquoi il est précisément oblitéré par le jugement rendu par l’extérieur de l’entreprise, et notamment par les médias, focalisés sur les dimensions coûts et délais). La qualité et la fiabilité de la conception de l’EPR ne seront par exemple pleinement avérées qu’au terme de la durée de vie du réacteur, lorsque celui-ci aura vécu sa durée de fonctionnement sans incident majeur, sans dommage pour la santé publique et l’environnement, voire à l’horizon de son démantèlement et de la décontamination du site, horizon tellement lointain que même l’auteur de ces lignes n’imagine pas assister au « verdict » de son vivant. Mais cette situation est génératrice de malaise pour les ingénieurs du CNEN, puisqu’ils vivent une dissociation entre les critères sur lesquels ils sentent leur travail observé et jugé (notamment par les médias, mais aussi par la direction du groupe, soucieux de la « compétitivité » de l’EPR dans le nouveau marché mondial des réacteurs de génération III), et ceux que les modalités d’organisation et de régulation de leur travail instituent traditionnellement comme centraux, c’est-à-dire la qualité et la sûreté.

Ce découplage n’est peut-être pas nouveau dans l’histoire de l’ingénierie nucléaire, qui, pour justifier la rentabilité des investissements consentis, a toujours mis un point d’honneur à soigner les délais de conception et de fabrication. N’oublions pas, en effet, que le mode de justification politique du choix de l’industrie nucléaire pour produire l’électricité est d’abord économique (bien que devenu également écologique à mesure que montait la préoccupation relative au changement climatique). Les sociétés nucléarisées « consentent » à encourir les risques industriels inhérents à la réaction nucléaire d’abord parce qu’ils peuvent en retirer des bénéfices économiques notables (cf. plus haut, l’argumentaire sur le coût d’opportunité du nucléaire par rapport au gaz comme argument ultime dans le communiqué de la SFEN).

Mais cette dissociation des paramètres objectifs et subjectifs de jugement s’est considérablement accrue dans le contexte du projet EPR, en raison de la montée concomitante des exigences de sûreté (notamment du fait du net renforcement du pouvoir de l’Autorité de Sûreté Nucléaire par rapport à la période antérieure de construction de réacteurs en France) et du statut de « vitrine » à l’export de l’EPR de Flamanville, qui renforce le poids des critères économiques. Le projet doit en effet démontrer

l’aptitude d’EDF à être compétitif par rapport à ses concurrents internationaux. Cette montée des exigences économiques (coût et délais principalement) associées aux projets induit, nous avons pu le constater, une déstabilisation du régime de compromis au sein du CNEN : comment, en effet, continuer à assurer le plus haut niveau de sûreté et de fiabilité possible, tout en tenant davantage compte qu’auparavant des contraintes économiques ?

Cette déstabilisation à l’œuvre se traduit, chez certains acteurs du CNEN, par un sentiment de

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