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Partie 1 : Historiciser les controverses sur la prévention du sida

2. De quoi le bareback est-il le nom ?

Au premier regard de l’observateur des débats sur la prévention, le bareback se présente tout à la fois comme un objet de controverses, une catégorie d’analyse de situations à risque et un mode d’identification pour certains hommes gais. Cette pluralité d’usages permet d’expliquer la très forte diversité des définitions qui lui sont attribuées, à l’échelle internationale comme dans le contexte français (Berg 2009). Une diversité qui concerne autant les contextes experts – académiques et militants – que les élaborations profanes. Deux écueils principaux se présentent au chercheur qui propose d’analyser ce phénomène social. Le premier relève d’un risque de la singularisation. De par son écho médiatique spectaculaire et transgressif, de par la réprobation morale qu’il suscite, le bareback peut apparaître comme une catégorie spécifique et irréductible. L’essentialisation à l’œuvre conduit alors à qualifier par ce terme les gais « preneurs de risque » et leurs comportements sexuels, ainsi qu’à cantonner le non usage du préservatif à la population homosexuelle. Le second écueil consiste, par une opération de déconstruction sociale de la réalité observée, à vider le terme du sens que les acteurs lui attribuent. A l’inverse, ce sont les usages pragmatiques du bareback pour qualifier des situations, dénoncer des pratiques ou revendiquer des identités qui constituent l’objet de ma recherche. La tension entre substantialisation et déréalisation n’est pas spécifique à cet objet, mais elle prend une dimension particulière dans un contexte de controverses sur le risque et la prévention chez les gais. En retraçant, dans un premier chapitre, l’émergence de la catégorisation bareback pour qualifier des pratiques sans préservatif, pourtant déjà existantes dans les périodes précédentes, j’ai inscrit le terme dans une histoire des manières d’envisager le risque. Il ne s’agit pourtant pas d’en nier les spécificités. A la fin des années 1990, la revendication de pratiques non protégées apparaît comme un sujet de préoccupation émergeant simultanément à l’échelle internationale dans les communautés gaies des pays développés. Le terme bareback s’impose alors rapidement pour les qualifier. Mais son origine états-unienne permet-elle de caractériser ce phénomène qui va constituer, pour de longues années, le cœur des controverses sur la prévention ? Une contextualisation de sa réception et de ses usages paraît indispensable. Je m’attacherai donc dans ce chapitre à analyser le contexte français des premiers débats sur le bareback.

Tout d’abord car en 1999, lorsque le bareback fait irruption sur la scène publique, sa pertinence pour décrire les situations de risque n’est pas établie. L’usage du terme dans la presse homosexuelle ne peut suffire à expliquer sa rapide diffusion parmi les différents

102 acteurs de la lutte contre le VIH/sida. La première partie de ce chapitre s’attachera à analyser la manière dont le bareback prend sens dans le contexte français au cours de l’année 2000. Au regard des débats que ce phénomène suscite, plusieurs hypothèses explicatives ont été élaborées pour expliquer les évolutions des comportements et des discours de prévention. Dans une seconde partie, je me pencherai donc sur celles qui, dans les sphères militantes et académiques françaises, considèrent le bareback à la fois comme le révélateur et le produit d’un processus de normalisation de l’homosexualité et du VIH.

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2.1.

Le bareback : émergence et stabilisation d’une catégorie

On a vu, dans le premier chapitre, comment l’émergence de la catégorisation « bareback » pour désigner des pratiques sexuelles sans préservatif, procède d’un processus historiquement et socialement construits. Il convient maintenant d’analyser comment le terme, importé des débats états-uniens, s’est acclimaté au contexte français.

2.1.1. Tout commence aux Etats-Unis ?

Etablir la généalogie des controverses sur le bareback en France paraît nécessiter inévitablement un détour par ses origines états-uniennes. Le terme même de « bareback », comme le milieu du rodéo auquel il fait référence, renvoient à cette origine transatlantique. De fait, c’est à partir de son appropriation par un acteur de pornographie américain séropositif, Scott O’Hara, pour désigner son choix de ne plus utiliser de préservatifs avec des partenaires de même statut sérologique, que commence la carrière de ce terme en 1995. Le sens qu’il gagne de par sa circulation dans l’espace public excède toutefois l’usage originel, puisque le bareback désigne rapidement une diversité – voire l’ensemble – des pratiques sexuelles non protégées entre hommes. La discussion simultanée des phénomènes touchant au désir d’être contaminé ou de transmettre le VIH1, pourtant extrêmement minoritaires, contribue à la panique morale qui entoure le phénomène aux Etats-Unis. Tout comme le « relapse » à la fin des années 1980, le bareback s’immisce dans les débats scientifiques et militants et s’impose à l’agenda politique de la prévention du VIH chez les gais.

Cette filiation « américaine » est explicite au moment de l’introduction du terme dans la presse gaie française, comme nous l’avons vu au chapitre précédent. Le choix de traduire l’article de M. Scarce, paru dans la revue POZ quelques mois plus tôt, reflet des controverses en cours à l’époque aux Etats-Unis, est révélateur des tensions qui peuvent traverser Act Up- Paris : il s’agit d’un article plus modéré que nombre des critiques portées par D. Lestrade. L’auteur y raconte l’émergence du bareback aux Etats-Unis, et les controverses qui l’ont suivi, dans les associations et la presse homosexuelle. Il décrit les développements d’un débat entre les défenseurs et les adversaires du bareback. M. Scarce développe pour sa part une approche compréhensive du phénomène. Ses constats balancent entre la « crainte » que le

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104 bareback lui inspire, et le constat que les barebackers qu’il a rencontrés défendent « une éthique personnelle (…) et une forme de contrôle de soi ». Pour lui, le risque principal réside dans « l’incapacité des membres de la communauté gaie et de ses leaders à discuter de ces questions avec une attitude compréhensive et de respect mutuel ». Mais, dans l’analyse du travail de problématisation du risque, l’article introduit pour la première fois en France une nouvelle délimitation sociale du risque. L’auteur propose une définition du bareback, qui le différencie du relapse :

« Différente d’une défaillance occasionnelle, d’un oubli de la capote pendant une nuit d’ivresse, ou du relapse, la pratique du barebacking représente la décision, prise en toute connaissance de cause, d’abandonner les préservatifs et, malgré les risques, de jouir sans honte du plaisir de baiser sans protection » (p.56).

Mais cette publication s’inscrit également dans une volonté de souligner les parallèles existant entre les contextes états-uniens et français. Ainsi, pour T. Doustaly1, le rédacteur en chef de Têtu :

« La traduction de l’article de M Scarce (…) nous a paru nécessaire : alors que B. Kouchner n’a pas produit la moindre nouvelle campagne de prévention ciblée en direction des gais depuis son retour à la Santé (il y a bientôt 2 ans), il est sans doute utile d’évoquer un phénomène aussi préoccupant que le bareback. Car si rien n’indique l’existence de ces pratiques en France, rien ne permet non plus d’affirmer qu’elles n’existent pas de notre côté de l’Atlantique » (p.56).

Le fait que certains militants d’Act Up-Paris, journalistes de Têtu, soient directement impliqués dans la traduction de cet article, renforce symboliquement cet effet d’importation. La création de l’association, sur le modèle d’Act Up New York, place celle-ci dans un rôle reconnu et éprouvé de passeur entre les deux réalités nationales (Lestrade 2000). Mais la démarche de Têtu s’inscrit également dans une économie plus générale des débats transatlantiques, dans laquelle les phénomènes observés aux Etats-Unis apparaîssent simultanément comme les repoussoirs et la préfiguration, à quelques années de distance, des réalités françaises. En l’occurrence, une lettre publiée dans le courrier des lecteurs du numéro suivant de Têtu, ainsi que la réponse de la rédaction, met en lumière les enjeux de ce travail d’importation terminologique et politique. L’un des lecteurs du journal explique ainsi :

« Habitant Bordeaux, je n’ai pas besoin de partir aux USA ou à Paris pour baiser sans capote, ni même de passer par des soirées privées. Dans n’importe quel endroit de drague de Bordeaux, si tu veux te faire un cul sans capote et décharger dans la bouche d’un mec, c’est tellement facile. Je suis actif, et je ne suis pas le seul bordelais à tomber sur ce genre de mec. Montrer du doigt les USA pour la fin du safe sex, c’est trop facile. » (« Christophe », Têtu n°34, mai 1999, p.82).

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105 La réponse de la rédaction du journal reprend l’argumentaire développé dans le numéro précédent : il s’agit d’une alerte, dont l’usage pédagogique (en s’appuyant sur une description de faits qui n’a pas a priori d’équivalent en France) vaut autant, sinon plus, que l’usage politique (la critique de l’inaction des pouvoirs publics) :

« Nous n’avons pas souhaité montrer du doigt les américains. Simplement, l’enquête de M. Scarce publiée par POZ avait le mérite d’être précise et documentée, de comporter des témoignages. En France, il n’existe pas, à notre connaissance, de clubs ou de soirées dédiés au sexe sans capote. Mais nous n’avons jamais pensé, ni écrit que l’Hexagone était le lieu du safe sex systématique. Si le Ministère de la Santé, les établissements spécialisés, les associations et les gais eux-mêmes ne prennent pas très rapidement conscience de l’absence dramatique de renouvellement des campagnes de prévention, la catastrophe n’est pas loin » (p.82).

Mais le bareback demeure en France une réalité désincarnée, tant elle semble ne concerner que cet « ailleurs » que représentent les Etats-Unis. Pourtant, comme l’explique le lecteur anonyme, l’ailleurs n’est déjà plus si lointain : il a déjà des équivalents « ici ». Passer de la mise en scène d’une réalité extérieure à la mise en cause de phénomènes situés en France nécessite que la réalité s’incarne publiquement. La figure symbolique du Ministre de la Santé est la cible habituelle de l’association pour dénoncer l’inaction des pouvoirs publics. Mais avec le bareback, l’enjeu est tout autre. Et il implique l’affirmation d’une figure de la prise de risque intentionnelle au sein de la communauté gaie, à la différence de celles de la précarité identitaire, que les discours autour du relapse ont pu produire. Autrement dit, pour que le bareback existe en France, il convient qu’existent des barebackers. C’est ce travail politique de désignation de la figure du risque qui occupe la première séquence de la controverse publique.

La marche des fiertés gaies et lesbiennes de 1999

La première mise en cause publique de G. Dustan et d’E. Rémès dans les documents d’Act Up-Paris a symboliquement lieu lors de la marche des fiertés gaies et lesbiennes. A ce moment, le débat interne à Act Up-Paris connait une inflexion décisive, car les idées défendues depuis plusieurs années par D. Lestrade sont reprises et portées par un groupe plus large au sein de l’association1 (Lestrade 2000, 413) :

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Lors de la RH durant laquelle le sujet est abordée, en juin 1999, Lestrade compte dans ce qu’il appelle le « bloc activiste minoritaire » : « Thomas [Doustaly], Hélène Hazéra, Rodrigue Ducourant, [lui]-même » (p414). T. Doustaly est par ailleurs rédacteur en chef de Têtu. D. Lestrade explique : « Thomas et moi avons réussi à faire basculer un groupe indécis vers la position la plus courageuse du paysage associatif, tandis qu’Aides reste complètement muet sur la question » (p.435)

106 « Après de timides soubresauts, le débat sur la prévention ne réapparaîtra pas avant la RH du 8 juin [1999]. Ce jour-là, Thomas Doustaly fit ce qu’il fallait faire : un AppBull1. Intitulé ‘la faute d’Act Up sur la prévention’, c’était une sorte d’ultimatum public sur la responsabilité de l’association dans ce domaine. Thomas, qui avait peur de représenter le point de vue condamnable du pauvre séronégatif donneur de leçon, reprenait tous les points sur lesquels je radotais désormais depuis quatre ans » (p.413).

Après un débat interne, les militants d’Act Up-Paris choisissent donc d’intervenir sur ce sujet lors de la marche des fiertés. Le choix de la date de la gay pride correspond également au dixième anniversaire de l’association, et la prise de position sur la prévention et les écrivains barebackers agit comme un marqueur de l’identité politique d’Act Up-Paris. La campagne, reproduite dans Action de juillet 1999 s’appuie sur une question volontairement provocatrice : « Baiser sans capote ça vous fait jouir ? »2, au-dessus de deux photographies montrant des pratiques (orales et anales) sans préservatif (cf annexe 2). Le texte qui l’accompagne résume la vision de l’association :

« A cette question, sans doute répondrez-vous instinctivement : oui. Comment nier, en effet, le plaisir qu’il y a, entre autre, à éjaculer dans un cul sans capote ou à avaler du sperme ? Et comment n’auriez vous pas envie de prendre ce type de risque, alors que tout vous y invite ? Alors que les médias chantent inlassablement la fin de l’épidémie, que les pouvoirs publics ne produisent plus de campagne de prévention, que les trithérapies sont censées mettre les séropos hors de danger. Alors que les livres comme ceux de Guillaume Dustan et Erik Rémès proposent une petite religion de la prise de risque. (…) Baiser sans capote, ça vous fait jouir ? Drôle de jouissance, en vérité, qui sous des airs de grand défi à la mort, dissimule mal un simple déni de la maladie. Pour notre part, nous n’arrivons pas à mettre de côté notre expérience du sida. Nous n’arrivons pas à jouir sans capote. Le risque de contaminer ou d’être contaminé continue de gâcher notre plaisir » (Action n°62, p.18- 9).

En quelques lignes, et sans évoquer directement le bareback, l’association détaille les points qui vont structurer son argumentation dans les débats à venir. D’un côté, les médias et des pouvoirs publics apparaîssent comme des cibles classiques de la rhétorique actupienne. D’autre part, le contexte est invoqué : la nouvelle donne thérapeutique et ses effets sur la prévention s’inscrit dans une lecture de l’épidémie, qui vaut au-delà d’Act Up-Paris. La nouveauté tient surtout à la désignation de deux personnages, écrivains gais et séropositifs, G. Dustan et E. Rémès, comme partie prenante de la dégradation de la situation. A leur attitude analysée comme permissive, l’association oppose une affirmation politique d’exemplarité préventive.

Ce basculement politique qui conduit Act Up-Paris à prendre pour cible deux gais séropositifs nécessite d’être remis en perspective. C. Broqua (2006) a étudié les transformations des

1 Texte interne à l’association qui permet de mettre en débat un point estimé problématique.

2 Une première proposition de slogan « Donner la mort, ça vous fait jouir » ayant été repoussée par la direction

107 débats sur la prévention dans l’association. Plusieurs indicateurs rétrospectifs lui permettent de situer un tournant politique dans la perception de l’épidémie : les deux éditions du Sidaction, en 1994 et 1996 apparaîssent comme des dates « charnières » (p.273). Si l’édition 1994 représente une forme de consécration pour la visibilité du groupe, le Sidaction 1996, au- delà de la prise de position spectaculaire de C. Martet1, est marqué par le processus en cours de normalisation de l’épidémie. De plus en 1995, pour la première fois, le nombre de participants à la manifestation organisée par Act Up-Paris le 1er Décembre est moindre que l’année précédente. Les effectifs de l’association s’infléchissent également au cours de l’année 1995-1996. Ce tournant de la mobilisation précède de peu l’arrivée des trithérapies, dont les effets, directs et indirects, se font fortement sentir sur les effectifs militants. Selon C. Broqua, le positionnement d’Act Up-Paris concernant le bareback à partir de 1999 est conditionné par : un contexte épidémiologique marqué par l’augmentation des rapports sans préservatif ; une réorientation stratégique de l’association vis-à-vis des homosexuels ; des débats internes, qui mettent en jeu les rapports de force entre D. Lestrade et l’équipe dirigeante en place autour de P. Mangeot, le président d’Act Up-Paris. La rhétorique de l’association s’appuie sur l’opposition entre la défense d’une approche exemplaire de la prévention et la figure des écrivains barebackers revendiquant des comportements volontairement délétères pour la cohésion communautaire (p.345). L’enjeu commun porte donc sur la définition de normes collectives de prévention. Comme l’explique E. Cosse, qui est présidente de l’association de septembre 1999 à la fin de l’année 2001 : « T’as un truc de fierté dans Act Up, et tu vois, il y a aussi l’histoire de la mémoire. Et moi, c’est vrai, c’est un truc qui me travaille vraiment. C’est l’idée que pour moi, le bareback est une insulte à la mémoire du sida » (citée par (J.-Y. Le Talec 2004, 102). C. Broqua analyse pour sa part cette opposition comme constitutive d’un processus de « légitimités concurrentes » (Broqua 2006, 347), en mettant en relation la proximité sociale et culturelle des principaux protagonistes de ces controverses.

1 Président de l’association à l’époque, il prononce un discours très critique sur la politique migratoire de la

France et ses effets sur la situation des sans-papiers séropositifs. En s’exclamant « Quel pays de merde !», il s’attire les foudres de la plupart des acteurs du milieu de la lutte contre le sida. Ces derniers attribuent l’échec de ce Sidaction à l’intervention d’Act Up-Paris.

108 2.1.2. Lestrade/Dustan : la production idéologique du bareback

L’année 2000 constitue un moment particulièrement important dans la dynamique des débats sur le bareback. Elle est marquée par l’intensification des controverses, mais aussi par la diversification des lignes de front. A l’affrontement originel D. Lestrade/G. Dustan s’ajoute une série de conflits au sein du milieu de la lutte contre le sida. Enfin, au cours de cette période se mettent en place progressivement le lexique et la grammaire qui vont structurer les débats à venir.

La première manière de tirer les fils de ces débats consiste à s’intéresser au conflit entre D. Lestrade et G. Dustan, et plus particulièrement à sa médiatisation. Le désaccord qui s’exprime violemment entre ces deux personnalités contribue à l’incarnation du bareback, dans une dynamique relationnelle qui conduit l’un et l’autre à se prendre pour cible. Le bareback, dans cette relation, se manifeste tout autant dans la figure de G. Dustan, qui finit par incarner « le barebacker », que dans la posture de D. Lestrade, dont l’opposition radicale délimite en creux les frontières morales du phénomène. Cette confrontation publique est particulièrement explicite lorsque Libération publie, dans son édition des 21 et 22 octobre 2000, un courrier de chacun des protagonistes1.

La position défendue par D. Lestrade n’est pas nouvelle dans l’espace de la lutte contre le sida. Il a eu l’occasion de la présenter dans certaines des tribunes mensuelles qu’il rédige dans le JDS. Cependant, dans la confrontation avec G. Dustan, ses propos trouvent une résonance qui dépasse leur portée initiale. Le soutien de T. Doustaly lui ouvre par ailleurs une tribune médiatique non négligeable, au travers des colonnes du mensuel Têtu. Son point de vue articule alors trois éléments centraux (Lestrade 2000) :

D’une part la revendication d’une exemplarité préventive : « Ma logique est inaltérable et je veux bien endosser le rôle du ringard qui se croit toujours en 1989 : baiser sans capote n’est pas bien. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut criminaliser ceux qui le font, je veux juste leur rappeler qu’il existe une instance morale intérieure qui leur dit qu’ils ont tort ». (p.431)

• D’autre part, le constat d’un délitement des valeurs collectives qui ont fondé la lutte contre le VIH/sida chez les gais. Pour D. Lestrade, le phénomène de bareback

1 Lestrade D, « Oui, le relapse est une menace », Libération, 21 octobre 2000 ; Dustan G, « La capote n’a jamais

109 condense le renoncement collectif d’un certain nombre de gais face aux prises de risque : « Sur la prévention, je persiste à penser, depuis des années, qu’on n’a plus de

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