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Questions aux professionnels (psychiatres) :

3. Les enfants et les parents :

5.4. Questions aux professionnels (psychiatres) :

« Sont-ils « pour » ou « contre » l’homoparentalité ? »

« Je trouve très inquiétant qu’un débat aussi important puisse être réduit à une histoire de « pour » et de « contre ». Et totalement caricaturé puisque le moindre questionnement est automatiquement taxé d’homophobie. Je ne suis pas homophobe. Je ne pense pas qu’il soit plus « normal » d’être hétérosexuel qu’homosexuel. » Claude Halmos, psychanalyste

« Après le pacs, le mariage n’est qu’une étape vers l’homoparentalité. J’y suis opposé. L’Etat, qui donne au symbolique sa force de contrainte et de repère pour la société et non l’inverse, ne doit pas autoriser le mariage et la filiation entre deux personnes de même sexe. » Michel Schneider, psychanalyste

« Je suis plutôt pour. Selon mon expérience, les enfants élevés par des couples homosexuels grandissent comme les autres. La proportion de difficultés est identique dans les deux populations. » Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et ethnologue

« Je ne suis pas contre l’homoparentalité. A ce jour, aucun écrit scientifique ne démontre qu’un enfant élevé par des adultes du même sexe est plus perturbé qu’un autre. » Daniel Marcelli, pédopsychiatre

« C’est un sujet sur lequel ma position a évolué. Aujourd’hui, j’ai une position pragmatique : rien ne me permet de dire que l’hétérosexualité des parents garantit un meilleur équilibre à l’enfant que leur homosexualité. Il y a tant d’autres facteurs qui pèsent sur l’équilibre et la construction d’un enfant ! » Christophe André, psychiatre et psychothérapeute

« Il ne s’agit pas d’être « pour » ou « contre », mais de s’opposer à une

« légifération » sans débat sérieux. On nous dit que les enfants élevés par des couples homosexuels ne vont pas plus mal que les autres. Mais sur la base de quelles études, de quels chiffres ? C’est une propagande pour intimider la pensée ! » Jean-Pierre Winter, psychanalyste

« Il est très réducteur de répondre « je suis pour » ou « je suis contre » l’homoparentalité. Pour ma part, je me fonde sur une expérience clinique d’une vingtaine d’années. » Geneviève Dealais de Parserval, psychanalyste

« Je suis défavorable à l’homoparentalité. D’abord parce que, en tant que pédiatre ayant travaillé sur les pathologies, j’ai constaté que l’enfant souffre aujourd’hui d’un statut d’objet de consommation. » Aldo Naouri, pédopsychiatre

« Qu’est ce qui se passe dans notre société, pour imaginer qu’on a le droit de faire des enfants, en décidant d’emblée qu’ils n’auront pas besoin de mère, qu’ils n’auront pas besoin de père. » Jean-Pierre Winter, psychanalyste

« Pour moi, ce qui est important, c’est la où je ne suis pas d’accord avec les autres psychanalystes, c’est qu’un enfant, pour grandir bien ou le moins mal possible, a besoin de deux parents. Le sexe des deux parents me semble secondaire, je vous dis que ça n’est pas anodin, mais ça n’est pas aussi important que l’on puisse le dire. C’est mon point de vue. » Geneviève Delaisi De Parseval, psychanalyste

« Que pensent-ils de l’adoption ? Font-ils une différenciation entre une homofamille adoptive et une homofamille procréative ?»

« L’adoption pose d’autres problèmes. On nous dit que les enfants seront

« mieux là qu’à l’ASE » (Aide sociale à l’enfance). C’est un argument hallucinant (car, partant de là, que peut-on justifier ?). Et, qui plus est, méprisant pour les enfants de l’ASE. On nous dit qu’ils seront « désirés ».

Avec le droit à l’adoption, on franchirait un pas de plus. Car, en mettant un signe « égal » entre le couple homosexuel et le couple hétérosexuel, ce droit reviendrait à poser officiellement que la différence des sexes n’existe pas ; ou, du moins, qu’elle ne compte pas. » Claude Halmos, psychanalyste

« Un enfant est un sujet en devenir. Ce n’est ni un produit de consommation ni un bien produit par une combinaison génétique. Sa venue au monde n’est pas seulement de l’ordre de la demande, mais du désir. Et pour qu’il puisse à son tour désirer, il faut qu’il puisse se représenter sa vie comme ayant été désirée. » Michel Schneider, psychanalyste

« En ce qui concerne l’homoparentalité adoptive et procréative, je ne pense pas qu’il y ait de différence de fond. Les enfants élevés par des couples homosexuels sont très nombreux. Ces enfants sont comme les autres et les parents qui m’ont sollicité sont très motivés, très attentifs et souvent, d’un bon niveau socioculturel. » Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et éthologue

« Sur l’adoption, il me paraît curieux que la législation autorise l’adoption d’un enfant par un individu vivant seul et l’interdise pour deux adultes du même sexe. Quand elle est le fruit du désir de deux individus, du même sexe ou non, l’adoption pose moins de problèmes que si elle repose sur le désir d’un adulte seul. » Daniel Marcelli, pédopsychiatre

« Dans le premier cas, l’adoption est le fait d’individus qui ont envie d’aimer un enfant et de l’éduquer. L’homoparentalité procréative, en revanche, pose problème. On fait croire à un enfant qu’il est le produit du désir sexué et sexuel de deux hommes et de deux femmes, mais que, pour des raisons de

« nature », on a eu recours à un tiers, un donneur de sperme ou une femme qui a bien voulu prêter son ventre. » Jean-Pierre Winter, psychanalyste

« Je suis en revanche plus réservée sur le recours à l’insémination artificielle avec donneur anonyme, car elle barre tout accès de l’enfant à une partie de son histoire paternelle. Quant à l’adoption par des homosexuels, l’expérience montre qu’avoir deux parents, quel que soit leur sexe, est toujours mieux pour le développement d’un enfant. » Geneviève Dealais de Parserval, psychanalyste

« Je suis plutôt pour l’adoption homoparentale, mais le pédopsychiatre que je suis émet des réserves. Je ne suis pas pour l’adoption de bébés. Car, dans les premiers mois de la vie, la relation avec la mère est fondatrice. Et le rôle du père, c’est de faire tiers pour empêcher la fusion entre la mère et l’enfant. L’homoparentalité procréative représente, en revanche, un vrai danger. Parce que les enfants croient tous être nés de l’amour entre les parents. » Marcel Rufo, pédopsychiatre

« Autoriser l’adoption à des couples dont la sexualité a tourné le dos à la procréation accentuerait ce statut. L’homoparentalité procréative, si elle était interdite, je serais le premier à m’élever contre cette mesure. Car chacun a le droit de disposer de son corps. » Aldo Naouri, pédiatre

5.5. Analyse

Le débat sur l’homoparentalité était, dans un premier temps ; politique.

Puis, il s’est aujourd’hui déplacé dans la cour de ceux qui auraient logiquement dû être aussi consultés en priorité : les psychologues et psychanalystes. Je constate que les avis, les prises de positions, diffèrent. La question de la différenciation sexuelle et celle du statut de l’enfant est au cœur de la réflexion et des divergences.

Ce que je peux retirer de ces témoignages, c’est que ceux favorables à l’homoparentalité, avancent que la différence des rôles parentaux est au moins aussi importante que celle du sexe et que les enfants élevés par un couple homosexuel ne présentent pas de pathologies particulières.

Par contre, en ce qui concerne les « réfractaires », je remarque qu’ils dénoncent les dangers d’une expérimentation qui transformerait les enfants en cobayes.

Certains font une différenciation entre l’homoparentalité « adoptive » et l’homoparentalité « procréative ». A mon avis, ces deux termes méritent quelques explications, afin de comprendre l’enjeu de l’adoption.

L’homofamille « adoptive » est le fait que le couple adopte un enfant extérieur. Dans cette démarche, l’enfant a des parents biologiques, qui n’assument pas leur rôle de parent. Toutefois, l’enfant aura la possibilité s’il le souhaite de connaître ses origines.

En ce qui concerne l’homofamille « procréative », le couple a fait appel à une PMA (avec donneur inconnu) ou à une mère porteuse. Cet aspect n’offrira pas à l’enfant la possibilité de s’informer sur son histoire paternelle. Il le pourra dans la situation où le couple est passé par une mère porteuse.

Il est nécessaire pour chacun de connaître ces deux types d’adoption d’où se forment les familles homoparentales. En effet, n’avons-nous pas entendu ou pensé que la prochaine étape après la nouvelle loi sur le partenariat enregistré (LPart), sera d’accepter l’adoption aussi pour les couples de même sexe ? Il est donc utile que chacun puisse connaître ces formes adoptives, afin de prendre position face à celle-ci et de ne pas faire un amalgame entre ces deux configurations.

Dans tous les cas, tous se rejoignent sur un point :

La question de l’homoparentalité est beaucoup trop complexe pour être réduite à un manichéen « pour » ou « contre ».

Nous pouvons aussi nous demander si la perception personnelle est plus forte que la théorie.

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