• Aucun résultat trouvé

6. DISCUSSION

6.2. Réponses aux questions de recherche

6.2.3. Question de recherche n°3 :

Les enseignants débutants partagent-ils avec autrui leurs expériences

liées aux CP vécus durant leurs cours ?

Nous partons du principe que selon la personne avec qui les enseignants partagent leurs expériences vécues, ils recherchent un type distinct de soutien plutôt qu’un autre. Chacune des personnes auxquelles ils font appel en cas de CP peuvent avoir un, voire plusieurs rôles, que nous définissons comme suit : l’enseignant peut souhaiter rechercher des informations sur l’élève à CP afin de comprendre mieux son fonctionnement et adapter ses réactions pédagogiques auprès des collègues, maîtres de classe, doyens, parents ; il peut avoir besoin d’une oreille attentive pour s’épancher des situations vécues auprès des conjoints, collègues, Prafos ; il peut rechercher des conseils pédagogiques pour améliorer sa manière d’enseigner et l’adapter mieux aux élèves auprès des collègues, Prafos, maîtres de classe, doyens ; enfin, il peut rechercher une aide au moment de l’apparition du CP alors qu’il ne se sent plus apte à le gérer par lui-même auprès des collègues, doyens, directeurs.

À travers cette question, nous tentons de voir si les enseignants débutants partagent leurs expériences avec autrui et, si c’est le cas, avec qui en particulier afin de déceler quel type d’aide ils ont besoin suivant quelle situation.

De prime abord, il ressort clairement de nos résultats que plus les CP sont graves, plus les enseignants débutants pensent aller rechercher du soutien vers des membres hiérarchiquement plus hauts placés dans l’établissement, c’est-à-dire les doyens ou le directeur. Ces derniers ont un pouvoir distinct sur l’élève au moment même de l’apparition du CP. Souvent, nous recherchons cette aide quand l’élève résiste aux consignes, que nous ne savons plus quoi faire, ou quand ce que l’on entreprend ne porte plus ses fruits. Ils ont également un pouvoir supplémentaire à celui de l’enseignant, dans le sens où ils peuvent intervenir sur le dossier de l’élève ou l’éventuelle mise en place d’un encadrement spécial en cas de besoin.

Nous avons de même constaté que plus les CP sont graves, plus les enseignants débutants nous disent s’adresser à leurs collègues. Ceci peut être dans la recherche d’une aide immédiate lorsqu’un collègue se trouve dans les alentours ; mais nous pensons qu’ils profitent

plus probablement de cette aide soit dans la quête d’une oreille attentive pour s’épancher et recevoir un soutien moral, soit dans la recherche de conseils pédagogiques dans le but d’améliorer leurs capacités d’enseignants. Ces conseils pédagogiques sont également recherchés dans des situations à CP faible et lorsqu’ils ne savent pas comment réagir, comme la situation numéro un où l’enseignant n’a pas vu l’apparition du CP. Ainsi, nous pouvons affirmer que plus l’incertitude des enseignants débutants quant à l’attitude à adopter face à un CP est grande, plus ils vont s’adresser à des personnes capables de donner des conseils pédagogiques ou des pistes d’actions.

De plus, plus le CP est grave, plus les enseignants débutants disent partager leur vécu avec leurs conjoints. Nous pouvons confirmer encore une fois avec cette observation que la gravité de la situation est proportionnelle à la détresse que pourraient ressentir les enseignants débutants et donc au besoin de s’épancher vers des personnes proches, attentives et dignes de leur confiance. Un lien plus global se construit également entre les émotions ressenties et le besoin de les partager avec autrui car plus elles sont intenses, plus les enseignants débutants nous disent en parler autour d’eux.

Indépendamment de la gravité du CP, les enseignants débutants disent régulièrement s’adresser au maître de classe. En cas de récidive de CP principalement, quatre participants sur six pensent échanger avec lui autant dans le but de s’informer sur l’élève en question que de l’informer des difficultés vécues avec lui. C’est également lui qui connaît en général le mieux l’élève à CP et saura faire un lien avec d’éventuels CP qui se manifestent lors d’autres cours.

En général les enseignants débutants disent ne parler que très peu avec les parents d’élèves. Sur le total des 30 situations, nous n’avons recueilli que trois situations ou un seul participant annonce souhaiter partager avec les parents. Nous pensons d’une part que contacter les parents sans en avoir informé le maître de classe pourrait être mal vu, voir même être interprété comme un manque de collaboration dans un établissement. D’autre part, nous pensons que cela est lié à la complexité de ces entretiens. Toutes les autres personnes sont en effet soit des proches de l’enseignant, soit présentes pour le défendre et le soutenir. À l’inverse, une discussion avec les parents pourrait plus s’apparenter à une quête d’informations sur l’élève ou, parfois et malheureusement, à une confrontation avec des acteurs extérieurs à l’école qui ne font preuve ni d’ouverture, ni de gentillesse envers

l’enseignant. De plus, nous nous demandons si certains enseignants débutants estiment que les parents n’ont de nos jours pas un pouvoir suffisant pour changer certains CP vécus à l’école. Ces questions ne sont malheureusement pas abordées plus profondément dans ce travail.

Lorsque nous mettons en lien ces réponses avec notre cadre théorique, nous remarquons rapidement que très peu de participants parlent de la médiation, du psychologue et de l’infirmière scolaire. De plus, aucun des participants n’a pensé à parler des réunions d’enseignants ou à amener le sujet devant le conseil de classe afin de trouver des solutions aux problèmes de CP. Nous pensons que durant notre formation et nos stages initiaux, nous n’avons que très peu l’occasion de découvrir et de participer à ces réunions, et qu’ainsi les enseignants débutants n’en voient pas encore la réelle utilité.