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Quelques sources d’inspiration méthodologique

J’ai décidé pour cette recherche de m’intéresser aux personnes qui vivent et interrogent la connexion au quotidien. La méthodologie qualitative me paraissait appropriée pour comprendre la conception de la connexion chez les individus, car elle permet de prendre en compte non seulement l’objet d’étude en tant que tel, mais d’aborder aussi l’environnement au sein duquel il évolue. En prenant en compte le contexte, cette approche admet que plusieurs vérités en mouvement peuvent coexister. Pour « révéler les structures significatives internes au monde vécu » (Anadón, 2006, p. 19), Marta Anadón (2006) propose de privilégier la collecte des données qui va s’intéresser à la singularité des participant.e.s. Pour cela, les instruments de collecte de données préconisés étaient les entretiens, les récits de vie et les écrits réalisés par les participant.e.s. Elle préconise souvent une approche multiméthodologique pour enrichir les résultats. (Anadón, 2006) W. J. T. Mitchell et al. (2015) pensent que cela permet de confirmer les explications des participant.e.s, de combler les lacunes et d’explorer les divergences au sens de l’étude. (Mitchell et al., 2015)

Ainsi, je me suis intéressée à différents travaux pour étoffer mon projet méthodologique. Souhaitant étudier les temporalités telles que vécues par les individus, je me suis tournée vers Sarah Pink (2012) qui défend l’idée que le quotidien reposerait sur une temporalité cyclique des événements et des interrelations entre les flux matériels et immatériels créant les « rythmes » de la vie domestique dans l’environnement spatio-temporel de la maison. Elle préconise des méthodes de recherche dynamiques pour étudier la routine quotidienne en action. Grâce à ses ethnographies sensorielles, méthodes de recherche ayant recours au visuel, elle a étudié la génération de modes de vie plus durables au quotidien à travers la conception que l’utilisateur peut avoir de nouveaux produits et services. (Pink, 2012) Sa démarche de recherche m’a semblée intéressante et pertinente

puisqu’elle tient compte de l’objet de recherche « vivant » et étudie les vies domestiques au sein de leurs environnements et de leurs mouvements cycliques. Dans le cadre de cette étude, il me paraissait donc important de suivre des personnes vivant et réfléchissant la connexion au quotidien. Comme l’a fait la chercheure, le processus de récolte de données a eu lieu en partie sur le lieu de vie des participant.e.s. Pour des raisons pratiques et éthiques, je ne me suis pas rendu moi-même chez elles et eux, mais leur laissant un journal de bord, iels avaient un lien permanent, pendant leurs routines quotidiennes, avec la recherche et pouvaient y noter des réflexions utiles à mon analyse.

Mitchell et al. (2015) ont aussi utilisé des ethnographies sensorielles. Le matériel visuel était proposé par les participant.e.s lorsqu’ils reconstituaient leur routine en vidéo pour étudier l’usage des médias numériques au quotidien. Cette méthode, au cœur de la vie domestique, permettait d’étudier l’environnement quotidien des individus d’une perspective émique. L’ethnographie sensorielle implique une rencontre collaborative entre chercheur.e et participant.e, qui s’est traduite par des vidéos filmées au domicile pendant leur conversation. Mitchell et al. (2015) ont par la suite considéré cette intervention comme perturbatrice du quotidien et de la réalité de l’individu. (Mitchell et al., 2015) Pour recueillir des données issues de la réalité vécue par les personnes connecté.e.s, je ne voulais pas intervenir au sein de leur lieu de vie. Comme précisé précédemment, pour des raisons pratiques et éthiques, mais aussi pour perturber le moins possible leur vie par mon intervention au domicile, j’ai privilégié de recueillir des réflexions fournies par les participant.e.s elleux-même.

Ensuite, je me suis intéressée à la méthode proposée par Kateřina Sv. Gillárová et al. (2014) qui impliquerait au mieux les participant.e.s dans le projet de recherche en un temps limité. Il s’agit de l’ethnographie visuelle, une recherche effectuée à partir de photographies prises par les participant.e.s. Cette production permettrait l’expression de la subjectivité et de la réflexivité. (Gillárová, Tejkalová et Láb, 2014) Selon Marcus Banks (2007), la recherche en sciences sociales serait plus riche lorsqu’elle étudie des images produites par les sujets de recherches eux-mêmes, car cela permettait d’obtenir d’authentiques aspects de la réalité qui ne sont pas facilement accessibles autrement. Elle aurait permis de comprendre les routines, l’environnement de l’individu et d’enrichir les entretiens en faisant de la photographie un support de pensée et de souvenirs. De plus, en y participant activement, les personnes seraient plus intéressées par l’étude. Cependant, le sujet pourrait aussi vouloir cacher des aspects de son quotidien en donnant une image souhaitable de ses habitudes en photo. C’est pourquoi les participant.e.s ne doivent pas être traités comme des conteneurs d’informations, mais être inclus.e.s dans le processus de recherche et informé.e.s pour se sentir en confiance. (Banks, 2007 ; Gillárová, Tejkalová et Láb, 2014) La méthodologie privilégiée par ces chercheur.e.s m’a inspirée pour cette recherche car, pour rendre compte de l’univers de la connexion et les temporalités telles qu’elles sont vécues par les personnes connecté.e.s, il m’a paru très pertinent de laisser les participant.e.s s’exprimer. Toutefois, ce n’est pas tant par le recours à des photographies que j’ai privilégié que le journal de bord (qui pouvait inclure des dessins ou des images).

Enfin, je me suis appuyée sur le texte de Naomi Pocock et al. (2009) qui ont donné la liberté aux individus de s’exprimer verbalement quant à leur propre réalité en réalisant un journal vidéo et en choisissant les scènes qui, selon eux et elles, valaient la peine d’être exposées. La méthode du

journal de bord minimiserait l’influence du ou de la chercheur.e puisqu’elle permettrait aux participant.e.s de représenter et interpréter leur propre vision de la réalité sur la base de leurs significations personnelles et de leur réflexivité en fournissant les données pour la future théorisation. (Pocock, Zahra et Mcintosh, 2009) Les méthodes qui ont présidé à la réalisation de mon travail empirique ont été particulièrement inspirées par celles mises de l’avant dans ce dernier écrit.

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