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Quelles associations de ressource choisir pour prospérer ?

1 . 1 . Introd uction

En milieu insulaire, les mécanismes de sélection d'habitat sont modifiés (Blondel, 1 985). En dehors de la cause classique de compétition interspéci fique invoquée pour expliquer la structuration des communautés, des hypothèses alternatives ont été envisagées. L'élargissement des niches écologiques sur les îles peut ainsi être imputé à une distribution des ressources différente de celle existant en m ilieu continental comme c'est le cas pour les mésanges bleues en Corse (B londel, 1 995).

La sélection d'habitat par les oiseaux peut revêtir de multiples formes. Les ressources prises en compte sont principalement les caractéristiques structurales du paysage, les ressources alimentaires et les sites de nidification (Cody, 1 985). Ayant déj à envisagé les ressources alimentaires dans un précédent chapitre, nous avons axé le présent chapitre sur la qualité et la structure de l 'habitat. La principale variable envisagée au titre des « ressources » a donc été l'occupation du sol. La prise en compte des contraintes spatiales imposées par les paysages dans la sélection d'habitat opérée par le Bulbul orphée a été notre principal objectif. Nous préoccupant autant de la nature que de la diversité des ressources recherchées par l 'oiseau, notre étude a porté sur la réponse apportée par cet oiseau aux types de paysage, et à la répartition des ressources tant alimentaires que de type refuge. Identi fier et caractériser les éléments du paysage favorables à l 'établissement de cet oiseau, ainsi que l'incidence de la diversité de ces éléments sur ses abondances en ont été des objectifs majeurs. Le Bulbul orphée étant défini comme une espèce de lisière forestière, s' accommodant bien des activités humaines, l'intégration des lisières forestières (de type interface entre des surfaces boisées et d'autres formes d'occupation du sol) dans la liste des variables susceptibles de fournir des indicateurs de la réussite de l ' installation de

1 'oiseau nous a paru pertinente.

Les études pour décrire les habitats animaux dans le cadre de l'écologie des paysages ont engendré une production conséquente d'indices basés sur le nombre et la proportion des différents éléments du paysage. Ces indices qui visent à décrire 1 ' hétérogénéité des paysages sont dépendants de 1' échelle considérée : le nombre, la surface totale et les périmètres des éléments du paysage sont choisis pour comparer les paysages, alors que la complexité structurelle (dimensions fractales des taches par exemple) permet de quantifier la fragmentation dans les comparaisons intra-paysages (Cale et al. , 1 994). Nous avons utilisé deux indices structuraux pour caractériser les paysages et les domaines vitaux : l'index de diversité de Shannon couramment utilisé pour définir la structure de 1 ' habitat (Luoto et al. , 200 1 ), et les Dimensions Fractales. Le radio-tracking nous a fourni un outil de choix pour estimer l ' ampleur et la composition des domaines vitaux. Les systèmes d'information géographiques, nous ont permis enfin de croiser les deux sortes de données.

Les résultats présentés ici ne se veulent pas explicatifs, ils ont pour ambition une prospection large des variables susceptibles d' intervenir dans la prospérité et la propagation de l' espèce.

1 .2 . M atéri el e t méthodes

1 .2 . 1 . Recueil des don nées d ' a bonda nce et d e d é placement d 'oiseaux

1.2.1.1. Indices Ponctuels d'Abondance

(voir Partie 2 Chapitre 1 )

1.2.1.2. Sites de

50

hectares

Une série de 9 sites correspondant à 3 paysages a été échanti llonnée avec pour obj ectif de mettre en relation les abondances de Bulbul orphée avec une étude descriptive des paysages concernés. Les 9 sites d'une superficie moyenne de 50 ha sont situés dans les transects décrits dans les chapitre précédents. ils font intervenir une échelle de perception intermédiaire entre la station et le transect et prennent en compte des conditions de milieu homogènes à l'échelle du paysage et une superficie suffisamment grande pour être représentative de la perception de l'oiseau. Les ravines étant considérées comme des éléments de paysage, elles ne figurent pas à part entière dans l'étude des sites, par contre elles en sont souvent limitrophes.

La méthode employée relève des plans quadrillés (Bibby et al. , 2000). Chaque contact, qu'il soit visuel ou auditif a été pointé sur une carte. Seuls les Bulbuls vus ont été pris en compte. Le trajet effectué par l'observateur diffère des indices kilométriques d ' abondance en ce sens qu'il est exhaustif du site : il tient compte de la visibilité et quadrille donc la zone. Ces sites ont été parcourus 4 fois en saison chaude et 4 fois en saison sèche afin de ne pas donner de résultats biaisés par des mouvements saisonniers des oiseaux. Les comptages ont été effectués dans les premières heures de la matinée et furent d'une durée de deux heures (environ de 7 heures à 9 heures du matin). Les observations sont reportées sur une carte et les recomptages d'oiseaux sont dans la mesure du possible évités. La zone de St Joseph a été échantillonnée une année supplémentaire afin de valider une éventuelle chronologie dans les variations d' abondance (voir chapitre 2).

1. 2.1. 3. Radio-tracking

Testant l'hypothèse selon laquelle les domaines vitaux sont associés à des lisières de type fonnation arborée 1 cultures fruitières, le radio-tracking nous a fourni une méthode efficace pour juger de 1 ' utilisation de ces lisières

Le radio-tracking est une technique performante dans les études de comportement et de démographie (Ken ward, 200 1 ). Il est souvent considéré comme un moyen idéal pour tester des hypothèses de relation avec des variables environnementales (Blanc, 1 997). Le domaine vital, ou Home Range, est la surface traversée par un individu lors de ses activités normales de recherche de nourriture, de partenaire, de soins aux jeunes (Kenward, 200 1 .). Le suivi journalier d' individus marqués permet de connaître en premier lieu l ' amplitude de leurs déplacements. La méthode des polygones convexes est fiable pour la délimitation du territoire (Shivik et al., 2000).

Les Bulbuls ont été capturés à l ' aide de filets japonais de 6 à 1 2m de long comportant 4 poches et des mailles de 1 6 à 1 9 mm. Une fois capturés les oiseaux sont équipés d'un émetteur radio (Biotrack). Les relevés sont effectués grâce à une antenne mobile.

9 oiseaux ont été équipés en juin et novembre 2000, 3 dans la région de St Benoît, 2 dans celle de St Joseph, et 4 dans la région de St Louis. Tous les oiseaux équipés ont été capturés et

relâchés en paysage des Hauts. Ils ont tous été suivis pendant 1 0 demi-journées à raison de 2 relevés par heure sur une durée totale de 5 semaines correspondant à la durée de vie de la pile.

1 .2 . 2 . Recu eil des don nées s patiales

Les zones, sites et stations ont été cartographiées avec l ' aide de © IGN-BD Topo ® (IGN, 1 997). Les observations de terrain et les premiers résultats nous ont conduit à prendre en compte, en plus de l 'occupation du sol, les lisières du paysage « canne à sucre » ainsi que les limites de « ravine ».

1.2.2.1. Occupation du sol et définition des paysages

Les paysages ont été définis comme correspondant à une tranche d'altitude dans laquelle un type d'occupation du sol est dominant (voir choix méthodologiques ).

Chacune des stations sur lesquelles ont été effectuées les IP A a été cartographiée. Les surfaces des di fférentes formes d'occupation du sol ont été répertoriées et mesurées par SIG, dans un rayon de 1 40 mètres autour du point de comptage, correspondant à la visibilité de l'observateur.

La composition des zones a été évaluée grâce à la BD TOPO. Des surfaces équivalentes délimitées de façon à inclure les stations d'étude de chacune des zones ont été comparées en fonction de l'occupation du sol.

1.2.2.2. Estimation des localisations

Les méthodes de localisation de la position d'animaux équipés de radio-émetteurs sont 1 ' approche, la triangulation, la localisation aérienne et la localisation par satellite (Ken ward, 200 1 ). Nous avons utilisé les deux premières. nous a pem1is de répertorier des localisations exactes où l ' oiseau a été réellement vu. Pour que ces relevés aient le même poids que les autres, nous leur avons affecté un écart-type de l Om sur les coordonnées x et y correspondant à l' erreur possible de report de la localisation sur la carte. La

permet d'estimer la localisation du point d'où est émis le signal en effectuant deux relevés espacés d'un court laps de temps. En utilisant les deux angles déterminés par une boussole associée au récepteur à l'antenne réceptrice dont la position est connue, on obtient les positions mesurées de l'animal que l 'on peut resituer sur la carte.

Les coordonnées du point d ' intersection des directions (localisation estimée) sont calculées en fonction des angles dormant les directions, des coordonnées des antennes réceptrices, des distances des antennes au point. Cependant, ces directions ne sont que des estimations auxquelles sont associées des erreurs. Les reliefs étant très marqués à la Réunion, et les conditions de mesure difficiles, nous avons choisi une marge d'erreur fixe de l 'ordre de 20 degrés. Cette marge étant très importante, néanmoins elle est très acceptable quand 1' oiseau est situé à faible distance de 1 'observateur. Dans les régions les plus accidentées où les mesures se faisaient sur des stations plus éloignées de l ' animal, les points aberrants ont ensuite été éliminés par confrontation avec des cartes de visibilité établies pour chaque station avec l ' aide du module 3D analysis d' Arcview. Une aire de confiance pour la localisation de l'animal est décrite par un polygone d' erreur (Figure 3-1-1).

Les logiciels utilisés sont Arcview, les modules d' Arcview (spatial analysis, 3D analysis) ainsi que des softwares (Patch Analysis et Animal movement). Les informations spatiales sont issues d'observations de terrain ainsi que de la BD topo Réunion (IGN).

d 2 ,:,al ln:H inn d:? !;:� local i ,.l t i t n ·: pt�!� S''n.:-d"crr:?ut f ( X l . Y 1 J / Y i ) d 1 JJJ"èCII<•Il ob;;cn·�e / r s u r 1:!. d i rect t••n ( X�. Y :! )

3- 1 - 1 Polygone d'erreur associé à la localisation (Xi, Yi) déterminé à partir des

directions d 1 et d2 des deux antennes (trait plein). Les lignes en pointillé sont les directions correspondant aux intervalles de confiance de chaque localisation de l ' antenne.(Blanc, 1 997) ar lèlllh'' 1 t X I . Y i j 3- 1 -2 ant.: nnè 2 ( X�. Y :! )

Mesure des angles au cours d e l a biangulation (Blanc, 1 997)

Pour le calcul des coordonnées de localisation de 1' animal, les azimuts alpha 1 et alpha 2 (Figu re 3 - 1 -2) ont été convertis en angles beta (en radians) : p = (90 - a) * (n 1 1 80). On peut alors calculer les positions estimées des oiseaux grâce aux formules suivantes [B lanc, 1 997 #389:

, _

(x2

- x1

) tan �1 tan�

2 -y2

tan�1

-t-

y1 tan p1 ,

_l e . .-r -

tan P1 - tan P::.

1 . 2 . 3 . Analyse des don nées

1.2. 3.1. Regroupements des catégories d'occupation du sol

L' occupation du sol a été quanti fiée selon 7 facteurs correspondant à la fois à des

degrés d' anthropisation et des hauteurs de strates. Il s'agit de : Canne à sucre

Forêt + bouquet d'arbres + vergers créoles+ végétation des remparts (Les vergers créoles ne peuvent pas être distingués des forêts par SIG à cause de la similarité des hauteurs de strate, il s'agit de plantations assez âgées en général de fruitiers d'espèces différentes. On peut les trouver en pleine ville)

Jardin

Maraîchage + géranium + pelouse

bâti + voirie + réservoirs+surface des routes (cette composante n'a pas été prise en compte dans l ' étude des domaines vitaux)

Vergers de production Zone de friches

1.2. 3.2. Modélisation des variations d 'abondance