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Quelle place pour l’agentivité et la subjectivé ?

« […] l’objectif et le subjectif sont indissociables – le subjectif n’étant qu’une organisation particulière de l’objectif » (Ducrot, 1989 : 191).

4.0.I

NTRODUCTION

Ce chapitre a pour but d'examiner la structure informationnelle et la place que la subjectivité peut occuper dans cette théorie. Dans un premier temps, nous présenterons un bref historique de la structure informationnelle. Dans un second temps, nous discuterons des lacunes de ce cadre théorique. Enfin, nous proposerons ce à quoi un cadrage informationnel peut prétendre

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4.1.D

E LA LOGIQUE À L

INFORMATION

Pourquoi y a-t-il tant de différentes manières de dire – au moins apparemment – la même

chose ? C'est une question qui relève du domaine de la linguistique mais aussi de celui de la logique. Dès Frege (1892) la question a été posée, bien qu'avec une attention spéciale portée sur la dénotation. Le débat subséquent, sur la dénotation, la référence et la signification, est célèbre (voir Frege 1892 ; Russell 1905 & 1919 ; Strawson 1950 ; Donnellan 1966 et Kripke 1977) (voir ci-dessous). La vraie question est certainement : disons-nous la même chose avec l'utilisation de plusieurs tournures linguistiques surtout lorsque celles-ci se ressemblent ?

Un même type de questionnement a amené les penseurs dans le domaine de la philosophie analytique à espérer surmonter ce qui apparaît comme la nature imprécise du langage

ordinaire par l’envisageable création d’une langue idéale, parallèle à la logique formelle et donc du même ordre que la connaissance scientifique. Ces tendances, qu’elles soient louables

ne soient que des leurres, continuent aujourd’hui sous diverses branches de la linguistique ou

de la mécanique : la linguistique computationnelle, le traitement automatique des textes, etc.

Ils ont tous un seul but, c’est-à-dire la formalisation rigide et stricte du langage.

Frege a élaboré la logique formelle et en se donnant un fondement arithmétique, il pose

l’identification de la vérité ou de la fausseté des assertions selon la vérité ou la fausseté des composants des propositions en question. C’est Russell qui a appliqué la logique formelle aux

propositions du langage naturel et ordinaire. Le premier Wittgenstein, celui du Tractatus,

s’inscrit ainsi dans cette tradition en examinant le rapport entre le langage et la réalité. Nous

y reviendrons ci-dessous.

La théorie de la structure informationnelle (dorénavant TSI) a hérité de cette tradition logique. En raison de cet héritage, la TSI est, en conséquence, un candidat parfait pour un degré élevé de formalisation et ceci particulièrement dans les domaines de l'analyse automatique du discours, de la linguistique computationnelle comme nous l’avons

précédemment mentionné. La TSI ne s’intéresse toutefois ni la vérification des phrases ni à la

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La TSI s’installe dans les traditions américaines et praguoises des grammaires génératives,

transformationnelles et fonctionnelles. Et ses concepts (theme, topic, focus, etc.) sont exploités dans diverses sous-branches de la linguistique ; Abraham & de Meij (1986) et Krifka (1993) pour la linguistique théorétique ; Erteschik-Shir (1997) pour une théorie de la structure de focus ; Rochemont & Culicover (1990) pour le lien entre un concept de focus dans la théorie du liage (Government–Binding Theory) ; et Bosch & van der Sandt (1999) pour une application cognitive et computationnelle. Il n'est pas dans notre intention d'examiner l'ampleur des concepts de la TSI dans tous ses domaines d'application diverse, mais de diriger l'attention vers sa portée inévitablement extralinguistique et donc pragmatique mais spécifiquement énonciative.

4.1.1.L’

ORGANISATION DE L

INFORMATION

Lorsque l’on parle de l’organisation de l’information dans un énoncé, on parle

traditionnellement de sa structure inhérente binaire en thème-rhème ou thème / prédicat. Ces oppositions selon Siblot correspondent à « une première expression dans l’opposition onoma / rhêma attestée dès Platon » (1999 : 34). À l’époque contemporaine, le concept de thématisation (ou topicalisation) vient du Cercle de Prague, et plus spécifiquement, initialement du linguiste tchèque Vilém Mathesius, ainsi que mentionné par Guimier (1999 : 9).

La plupart des phrases251 se composent de deux parties distinctes : un thème et un rhème. Il

est généralement admis que le thème d’une phrase représente l’objet dont on parle. Dans ce sens, c’est le « sujet » ou la « matière » sur lequel porte notre propos. Or c’est précisément ce

« commentaire » qui représente par la suite le rhème de l’énoncé, c’est-à-dire le ce dont on dit

du thème. Le rhème consiste donc à introduire des nouvelles informations aux informations « données » (le thème). En d’autres termes, le rhème c’est le prédicat qui porte sur le thème.

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Siblot signale les « énoncés monotermes dont l’existence semble une mise en question immédiate » de la binarité de l’énoncé (1999 : 37).

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La même binarité dans la distribution de l’information se trouve dans la tradition linguistique

française, certes sous d’autres appellations. Ducrot parle de la « répartition du contenu d’un

énoncé en posé et en présupposé » (1984 : 24). Mais il concède que cette répartition est en effet arbitraire et « ne peut être justifiée par aucun raisonnement » (1984 : 24). Effectivement,

ce partage dichotomique de l’information dans un énoncé est fortement problématique. Selon

Siblot, « [l]’ethnocentrisme de la démarche se confirme dans la difficulté d’appliquer la

problématique du thème / prédicat [sic] aux langues agglutinantes, et dans l’impossibilité de le faire pour celles qui ignorent l’opposition verbo-nominale » (1999 : 35). Une deuxième considération chez Siblot, c’est que la dualité de la partition de l’information est censée être

en fonction des conditions de vérité des propositions que la phrase contient. C’est ainsi que l’étude sur la valeur de vérité repose « non pas sur l’énoncé, mais sur l’assertion de l’énoncé ; ce qui impose de prendre en considération l’énonciation, le contexte, et de recourir aux

savoirs sur le monde » (1999 : 35).

Siblot rappelle Tesnière (1959) où la soi-disant « binarité » de la phrase est explicitement

rejetée. Véritablement, l’analyse tesnièrienne remet en cause toute conceptualisation

dichotomiste de la phrase et dans des termes radicaux (voir notamment les chapitres 48 et 49).

D’après Tesnière : « [d]ans aucune langue, aucun fait proprement linguistique n’invite à

opposer le sujet au prédicat » (1959 : chap. 49, § 5). L’orientation de Tesnière est l’adoption d’une « phrase organisée autour du verbe » (Siblot, 1999 : 35) et selon lui : « Il ne faut voir dans cette conception [binaire] qu’une survivance [sic] non encore éliminée, de l’époque, qui va d’Aristote à Port-Royal, où toute la grammaire était fondée sur la logique » (1959 :

chap. 49, §°4).26 Les arguments pour ou contre l’analyse de la phrase binaire ou autour du verbe ne relèvent pas de la présente discussion. En conséquence, nous nous contentons de seulement de signaler l’existence d’une alternative à la rationalisation traditionnellement

binaire dans la partition de la phrase.

On peut donc dire que l’opposition dichotomique de l’information est une sorte d’artefact dans la tradition linguistique occidentale. Et ce qu’il faut retenir de ce développement, c’est

26 Tesnière analyse les phrases en stemmae sous la forme d’arbres (qui ne sont pas encore des graphes) : la racine est le verbe dont dépendent les actants. Le sujet devient ainsi un complément de rang 0 et l’habituel complément dit d’objet un complément de rang 1.

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qu’une division en deux parties de l’information contenue dans une phrase n’est pas obligatoire. Comme Siblot le signale, il importe de noter l’existence de plusieurs langues où une répartition binaire de l’information est gênée voire impossible. D’ailleurs Larreya signale

« l’impossibilité de donner pour les phrases avec propositions relatives une analyse de type

binaire » (1979 : 51). L’analyse de la thématisation se hasarde encore avec, comme nous l’avons vu, l’amalgamation d’un concept de thème avec la position de sujet syntaxique. C’est

effectivement le cas pour Bonnot (1999) qui en examinant le russe propose une définition

joignant le thème au premier constituant d’un énoncé. Ce linguiste définit le thème comme

« un composant toujours en position initiale et pouvant éventuellement être séparé du reste de l’énoncé par une pause [sic] » (1999 : 18). En conséquence, selon l’auteur, l’impossibilité

d’une pause après un composant en position initiale indiquerait un énoncé entièrement

rhématique. Pour résumer, tout linguiste se retrouve dans « [c]ette situation étrange d’une

binarité obligée mais non légitimée » (Siblot, 1999 : 41).

4.1.2.Q

U

EST

-

CE QU

UNE PROPOSITION

?

Comme nous l’avons vu, et d’après Larreya (1979), la proposition peut se définir d’au moins

deux façons distinctes. D’abord, dans la logique, comme nous l’avons vu supra : « on appelle proposition toute expression susceptible d’avoir la valeur de vérité ‘vrai’ ou ‘faux’ » (1979 : 99). Il s’agit de la logique formelle transposée dans la philosophie du langage et dans la

linguistique moderne. En second, dans la tradition grammairienne, « la proposition est une subdivision de la phrase » (1979 : 99).

Une distinction entre une proposition et un énoncé est nécessaire. Dans la tradition philosophique et linguistique, c’est la signification abstraite et intrinsèque des énoncés qui

serait la proposition : « Meanings of sentences are exalted as abstract entities in their own right, under the name of propositions » (Quine, 1970 : 2). Rappelons que dans la philosophie analytique, c’est la proposition et non la phrase (l’énoncé) qui est soumise aux conditions de

vérité et ceci depuis Aristote (Le Goffic, 1984). La proposition représente donc le sens

premier d’une phrase qui une fois mobilisée pendant l’énonciation se transformerait en un

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Dans la théorie de la polysémie de Ducrot (1984 et 1989), la polysémie s’étend sur divers

concepts linguistiques tels que la proposition et la présupposition, etc. Il introduit le concept de polyphonie, inspiré de la distinction que Charles Bally (1932) fait des concepts de modus et de dictum dans sa théorie de l’énonciation. Ducrot évoque la possibilité d’une double

interprétation pour un énoncé : « [...] toute pensée se décompose en un élément actif, ou subjectif, la réaction, et en un élément passif, ou objectif, la représentation » (1989 : 166-167).

C’est ainsi que le sens peut être attribué parce qu’une proposition, c’est-à-dire une « entité

grammaticale abstraite » ou un « dit » (Ducrot, 1984 : 131) peut orienter une signification. Ce

n’est qu’en contexte énonciatif qu’une véritable signification peut être assignée, c’est-à-dire

un « dire ». Selon Ducrot : « Le point commun entre [les philosophes du langage] et la représentation traditionnelle de la pensée est toujours la dissociation entre un élément

subjectif […] et un élément objectif » (Ducrot 1989 : 167). Partageant la vision de Ducrot, Vion parle d’une « complémentarité entre modus et dictum » ce qui fait que « les deux aspects participent directement à la signification de l’ensemble » c’est-à-dire le « sémantisme de l’énoncé » (Vion, 2004 : 100).

4.1.3.L

A VÉRITÉ DES PROPOSITIONS

Les conditions de vérité d’un énoncé repose dans l’extralinguistique :

L’établissement de la vérité (ou fausseté) d’une proposition suppose donc une mise

en correspondance directe de la proposition et de la réalité, avec un langage et des sujets entièrement transparents : tout se passe comme si la réalité se disait elle-même, toute seule (Le Goffic, 1984 : 81).

La vérité ou la fausseté des énoncés est cette valeur d’information objectivement validée.

Tout énoncé mobilise donc la possibilité de sa validation. Mais ce qui doit compter comme validation ou vérification, est remis en cause par Quine pour qui : « What are best seen as primarily true or false are not sentences but events of utterance. If a man utters the words ‘It is raining’ in the rain, or the words ‘I am hungry’ while hungry, his verbal performance

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performance verbale. Cette considération est pertinente car la situation immédiate

d’énonciation fournit la pertinence, ou autrement dit, la valeur de vérité des énoncés. Il y a

certainement des avantages à examiner la vérité (ou la fausseté) des énoncés en termes de performance verbale plutôt que la vérité ou fausseté des propositions hors contexte :

But a trouble with trying to equate sentences in real life, in respect of the information they convey, is that no matrix of alternatives is given; we do not know what to count. There is no evident rule for separating the information from stylistic or other immaterial features of the sentences. The question when to say that two sentences mean the same proposition is consequently not adequately answered by alluding to sameness of objective information (Quine, 1970 : 4).

Quine remet en cause toute conceptualisation de la proposition car, selon lui, si elle existait vraiment, il y aurait effectivement plus de synonymie entre énoncés :

If there were propositions, they would induce a certain relation of synonymy or equivalence between sentences themselves: those sentences would be equivalent that expressed the same proposition. Now my objection is going to be that the appropriate equivalence relation makes no objective sense at the level of sentences (1970 : 3).

D’après Quine, dans un énoncé, il n'y a aucune règle évidente pour séparer les informations

objectives des informations subjectives, stylistiques ou superficielles. Pour lui, la supposée

synonymie entre énoncés n’est pas adéquatement garantie en faisant référence à une soi-disant

similitude d'information « objective ».

En d’autres termes, quand est-ce que l’on peut dire que deux énoncés signifient la même proposition ? Quine soulève la difficulté de filtrer les procédés modaux (ce composant rhétorique chez Ducrot) afin de dégager la vraie information dans les énoncés. Sans

théorisation sur ce filtrage d’éléments subjectifs, peut-on vraiment tenter une explication de

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d’énonciation qui permettrait la vérification des énoncés ? Est-ce que la présence de la pluie,

par exemple, lors de l’énoncé « il pleut » qui vaut la vérification ? Mais la pluie ne suffit pas

toute seule. Comme Berrendonner (1981) le souligne, la vérification est un processus impliquant les acteurs du discours. Selon lui, la vérification se révèle comme une relation entre une proposition et un individu (1981 : 62). La vérité est donc ce qui est vérifiable par tel ou tel27. Celui qui peut vérifier la validité d’un énoncé en contexte, cet « agent vérificateur »,

fait partie intégrale du contexte énonciatif de la même classe que la pluie. Il s’agit donc d’une

« validation momentanée » d’une proposition en contexte et « c’est l’état de fait résultant de l’activité énonciative antérieure de cet agent vérificateur, sujet capable d’asserter »

(Berrendonner, 1981 : 62). La vérité des énoncés concerne donc non seulement une information en forme de proposition correspondant à une réalité objective (si cela existe),

mais concerne amplement l’activité de validation et de vérification dont disposent les énonciateurs en tant qu’« agents vérificateurs ».

Garder la notion de proposition implique l’acceptation d’un nœud de signification inhérent à tout énoncé. L’information objective contenue dans la proposition est censée être celle qui

reste implicite et non contaminée par la subjectivité de l’énonciateur. C’est cette conception qui favorise également l’analyse d’une quelconque synonymie entre « allosentences »

(Lambrecht) ou une « famille périphrastique » (Culioli). Mais ne s’agit-il pas aussi d’un

rappel en linguistique contemporaine d’une philosophie ontologique, où l’objectivité fait appel à la chose en soi, la qualité inhérente à l’objet et son caractère indépendant et stable des

regards subjectifs ? – Une qualité qu’a la matière de résister à la contamination par les

humains ? Selon Johannisse :

L’objectivité forte est le drapeau porté fièrement et très haut par les tenants du

scientisme. Pour eux, il existe une réalité objective indépendante de nos perceptions

sensorielles ou de nos moyens d’investigation. De surcroît, cette réalité objective est

27

« Ainsi, la vérité et la fausseté, au lieu d’être tenues pour des propriétés ‘absolues’ des propositions, attribuables à celles-ci sans considération d’autres objets qu’elles-mêmes, seraient plutôt des relations binaires, énonçant un lien entre deux objets : une proposition et un individu. Une telle hypothèse revient à remplacer le concept de ‘valeur de vérité’ par celui de ‘validation’, ou ‘procès de vérification’. Dans cette perspective, une proposition ne se définit plus comme ‘ce qui est susceptible d’être vrai ou faux’, mais comme ‘ce qui peut être validé par tel ou tel’, ‘ce qui peut être vrai ou faux pour quelqu’un’ » (Berrendonner, 1981 : 59).

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connaissable et le but d’une théorie physique est de rendre intelligible cette ‘réalité’ (1984 : 26).

4.1.4.L’

INFORMATION DONNÉE VS L

INFORMATION NOUVELLE

Dans la tradition informationniste (depuis Halliday 1967), le présupposé d’un énoncé est assimilé à l’information « connue » (« ancienne » / « donnée ») et le posé (ou « focus ») est assimilé à l’information « nouvelle » car il est introduit pendant l’énonciation et se trouve dans l’énoncé. Ce posé (également rhème) suit logiquement le thème ; c’est le cas pour la plupart des phrases en anglais et en français. Cependant, les deux langues disposent d’outils permettant de mettre en valeur soit le thème soit le rhème d’une phrase. Il est généralement

accepté par exemple que ce soit précisément la fonction de l’emploi du passif. La voix passive

sert à signaler un nouveau thème, en écartant le sujet logique de la place de sujet syntaxique.

Pour ainsi dire, on thématise autre chose que le sujet logique, par exemple l’objet direct ou

indirect. De cette façon, elle attire l’attention sur l’objet en le transformant en sujet

grammatical par excellence.

En anglais, l’information « nouvelle » est presque exclusivement indiquée par la prosodie

(voir Erteschik-Shir 1997 ; Rochemont & Culicover 1990 ; Lambrecht 1994). Par opposition,

c’est la syntaxe qui sert à l’indication des informations nouvelles en français. Soit les énoncés

suivants :

(1) A. Where did John go? [Où est allé Jean?] B. He went to the STORE.

[Il est allé au MAGASIN]

L’accent montant sur le mot store sert à indiquer qu’il s’agit d’une information nouvelle. Mais il faut rappeler qu’une information nouvelle ne se réduit pas à un nouveau lexème. Le

pronom he, quoique « nouveau » dans un sens n’est qu’un rappel anaphorique de John dans

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4.1.5.L

E CARACTÈRE DONNÉ DE L

INFORMATION

On peut référer au caractère donné de l’information comme une connaissance partagée entre

co-énonciateurs. L'énonciateur suppose alors que son co-énonciateur connaît certaines choses

ou qu’il peut à tout moment les rappeler, les conjecturer ou éventuellement les déduire même s’il n’était pas forcément en train de les penser au moment même de l’énonciation. Ce

caractère donné peut également être désigné sous le nom de pertinence car l'énonciateur suppose que son co-énonciateur pourrait convenablement avoir une certaine pensée dans sa

conscience au moment de son énonciation. Dans ce sens, l’adéquation avec la situation immédiate de l’énonciation peut fournir des indices déictiques indispensables. On peut aussi concevoir ce caractère donné de l’information comme une information qui serait prévisible ou récupérable dans le contexte d’énonciation. L’énonciateur suppose chez son co-énonciateur

que ce dernier peut discerner une information particulière de la situation d’énonciation.

Le statut de l’information en tant que nouvelle / donnée s'applique aux notions d’une manière binaire. Une notion est soit nouvelle soit donnée. En ce qui concerne la nouveauté d’une notion, elle l’est lorsqu’elle est nouvellement introduite pendant l’énonciation, c’est-à-dire

pour la première fois. Par contre, une notion donnée peut se baser sur le contexte linguistique

précédent ou le contexte réel (c’est-à-dire dans la situation immédiate de communication).

C'est seulement le contexte linguistique qui détermine la manière dont une notion hérite de son caractère donné. Ceci est déterminé par les reprises anaphoriques, les éléments synonymiques ou par la répétition du signifiant.

4.1.6.L

E PRINCIPE D

INFORMATIVITÉ

Ce que nous allons appeler le principe d’informativité est inspiré de Rescher (1993). D’après Rescher, c’est le fait que nous partageons les objets du monde à discuter qui fait que nous pouvons dériver de l’information à partir des énoncés de nos co-énonciateurs28

. Il y a donc un

principe de thématisation du monde objectif qui l’inspire et domine la parole portant sur ce

28

« To derive informative benefit from the declarations of others, we need not take ourselves to share views of the world, but only to take the stance that we share the world being discussed » (Rescher, 1993 : 140-141).

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monde objectif et ceci en dépit des divergences d’opinion. C’est ainsi que nous n’avons pas

besoin de partager avec nos co-énonciateurs la même opinion sur le monde, car un principe

d’informativité s’installe sur l’ontologie objective qu’est le monde. Pour reformuler, obtenir

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