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Quatrième défi : accessibilité, diffusion, visibilité et pédagogie

2. Les défis de la rénovation de la PCS

2.4. Quatrième défi : accessibilité, diffusion, visibilité et pédagogie

Le développement des outils numériques, la diversité des usages de la PCS, l’accélération des rythmes de production de données et d’informations nécessaires aux études et aux travaux comparatifs, sont autant d’éléments qui questionnent la visibilité et la diffusion, et donc le développement et la qualité des usages de la nomenclature par une diversité d’acteurs. De ce fait, différents besoins ont été cités en matière de documentation (2.4.1), d’outils de codage de la PCS (2.4.2), de transcodage dans d’autres nomenclatures (2.4.3) et dans l’ancienne version de la PCS (2.4.4) ainsi que de mise à disposition de résultats, ventilés par PCS, pédagogiques et visibles sur le site internet de l’Insee (2.4.5).

2.4.1. Accéder à une documentation actualisée et simplifiée

Tous les acteurs reconnaissent l’existence d’une documentation de qualité de la PCS et l’identifient sur le site de l’Insee. Mais ils soulignent que cette documentation mériterait d’être plus développée et différenciée selon les besoins des acteurs. L’un deux rappelle d’ailleurs que « la documentation c’est aussi la vitrine de l’institution et de la nomenclature » (P.

Concialdi). Ainsi, les producteurs d’enquête et les utilisateurs « experts » ont régulièrement besoin d’informations détaillées sur la manière dont la nomenclature est structurée, son histoire, ses évolutions, ses concepts. Certains comme Ipsos avancent aussi la nécessité d’une documentation sur Sicore. Plusieurs chercheurs pointent la faiblesse relative des métadonnées (H. Le Bras) ou d’une documentation détaillée sur les principes de codage de la PCS dans les fichiers de micro-données et les différences de codage entre les enquêtes (C. Avril). Un second niveau de documentation renvoie plus nettement à un effort d’explicitation de la nomenclature auprès d’acteurs non experts, donc dans une visée plus pédagogique et compréhensive (enseignants de l’Apses, journalistes, universitaires).

2.4.2. Accéder aux outils de codage

Du fait de la multiplication des enquêtes, notamment en ligne, de nombreux acteurs ont souligné le rôle que pourrait jouer l’Insee dans la mise à disposition d’outils de codage de la PCS.

Cette demande concerne en premier lieu Sicore (ainsi que Sicore embarqué), que les acteurs y ayant recours trouvent peu ou mal documenté (C. David, Ipsos). C’est le cas des entreprises de sondage mais plus largement d’une série de producteurs de données. En second lieu, et de façon prioritaire, plusieurs personnes rencontrées émettent le souhait que l’Insee mette à disposition une liste de libellés de professions utilisable dans les enquêtes qui serait

possible à collecter en auto-complétion. Les opérateurs privés le font déjà mais sans l’expertise et le contrôle qualité de l’Insee. La mise à disposition de telles listes permettrait une certaine harmonisation des règles de codage de la PCS. L’intérêt pour ce type d’outils est renforcé par le développement des enquêtes en ligne auto-administrées, qui requièrent le perfectionnement des procédures de codage de la PCS tout en utilisant des outils simples pour les enquêtés. De ce fait, ce type de demande touche également les chercheurs qui sont amenés à produire des enquêtes en dehors de celles de la statistique publique. Plusieurs interlocuteurs (dont Paul Santelmann à l’Afpa, ainsi que ceux de l’Apec et de la DGAFP, cf.

annexe 2) pointent l’enjeu de renforcer la diffusion et la facilité d’utilisation d’un langage commun pour comprendre les évolutions professionnelles.

De manière complémentaire, plusieurs personnes interrogées insistent sur la nécessité d’accéder à une assistance simple et pédagogique pour coder la PCS. Le Cereq suggère un moteur de recherche dédié pour « saisir un libellé en ligne, avoir une liste élaborée et se voir poser quelques questions et d'obtenir un code PCS » (Christophe Barret). D’autres proposent la mise en place d’un tutoriel qui renseigne sur les questions indispensables à poser (et comment les poser) pour coder dans la PCS (I. Fréchon et C. Dumoulin). D’autres encore suggèrent des listes de métiers « ambiguës » ou difficiles à coder et pour lesquels un arbre de décision avec une procédure permettrait un codage optimal (S. Coavoux).

2.4.3. Accéder aux outils de transcodage dans d’autres nomenclatures (Isco, EseG, nomenclatures de métier)

Faire évoluer les procédures de codage de la profession comme préconisé dans ce rapport (2.1) nécessite de rendre possible par la suite de transcoder la PCS dans d’autres nomenclatures, voire, quand c’est possible, d’améliorer ce transcodage. Nous l’avons vu, la PCS est une « brique de base » permettant de coder d’autres nomenclatures de profession et de métier. Mais, selon nos interlocuteurs, il est d’abord important que les organismes et services statistiques publics se coordonnent pour assurer le maintien de cette interopérabilité, et fassent évoluer les nomenclatures en fonction des modalités de rénovation de la PCS. Ça commence par le fait que la Dares puisse au sortir des travaux du GT proposer un transcodage entre les Fap et la PCS. Ce lien entre les Fap et les PCS est important car plusieurs acteurs prennent appui sur ces deux nomenclatures pour concevoir des outils spécifiques. C’est le cas notamment des cartes formations/emplois proposées par le Carif-Oref des Pays de la Loire.

C’est le cas également de la Prospective des métiers et des qualifications (PMQ), réalisée par la Dares et France Stratégie : bien qu’elle soit menée en Fap et non en PCS, cette prospective est intégrée dans une réflexion européenne menée par le Cedefop qui, lui, utilise Isco.

Préserver et améliorer l’articulation entre PCS et Isco est ainsi de première nécessité.

Au-delà de l’interopérabilité entre nomenclatures, c’est l’accès aux outils de transcodage et à une documentation pour le faire qui sont requis par les acteurs rencontrés. Par exemple, ce type d’outils a été régulièrement présenté comme un enjeu pour les administrations publiques et les acteurs du marché du travail en matière de transcodage de la PCS dans les nomenclatures métiers. Ainsi, l’accès à des tables de passage entre les PCS et les Fap a été cité par plusieurs des acteurs rencontrés. Dans ce cadre, c’est le magistère de l’Insee en tant qu’acteur habilité et légitime pour fixer les concepts, le vocabulaire, les usages qui est appelé à s’exercer. Ainsi, le chef d’un Sed insiste sur le rôle de l’Insee pour documenter les bons usages des termes « professions » et « métiers » dans les études statistiques. Les responsables des Carif-Oref et Direccte rencontrés pointent quant à eux la nécessité de documenter l’interopérabilité entre les différentes nomenclatures de métiers et de professions. Cet effort de documentation est perçu comme un moyen de faciliter et donc de renforcer les usages des données publiques, parfois trop peu exploitées bien que nombreuses et riches en information.

La mise à disposition d’outil de transcodage des PCS vers d’autres nomenclatures mobilisant la profession est également une demande récurrente des chercheurs. L’internationalisation des recherches académiques et les travaux comparatifs impliquent des processus d’harmonisation internationale des enquêtes et de ce fait des variables de positionnement social et professionnel. C’est notamment le cas de la nomenclature Isco, qui est utilisée dans la plupart des enquêtes internationales citées par les chercheurs interrogés (M. Zins et M. Goldberg,

B. Cautrès, I. Fréchon et C. Dumoulin, L.-A. Vallet). Un transcodage entre Isco et la PCS, permettrait également de coder ESeG, la nomenclature socio-économique d’Eurostat, construite à partir d’Isco. Permettre aux chercheurs français de comparer leurs données avec celles des enquêtes étrangères et de publier dans des revues académiques non françaises requiert des procédures de transcodage de la PCS – variable privilégiée par les chercheurs quand ils travaillent sur la France – vers ces nomenclatures internationales. C’est particulièrement un enjeu pour les cohortes utilisées en épidémiologie comme Constance, où 650 000 épisodes professionnels sont codés dans la PCS et où un double codage est impossible car trop coûteux (M. Zins et M. Golberg). Là encore, les exigences portent sur l’interopérabilité mais plus largement sur la mise à disposition d’une documentation pour réaliser ces passages entre nomenclatures. De ce point de vue, des exigences vis-à-vis de la statistique publique sont exprimées. Ainsi, plusieurs chercheurs, à l’image de B. Cautrès, considèrent comme anormal que l’Insee, en tant que service public de la statistique, doté de moyens importants, ne mettent pas à disposition des utilisateurs des outils de transcodage de Isco-08 vers Isco-88 et plus généralement vers les nomenclatures internationales. Des tables de passages (et les programmes informatiques y afférant), déjà utilisées par l’Insee, pour coder Isco ou EseG depuis la PCS pourraient être accessibles en ligne sur le site de l’Insee ou sur un portail dédié.

2.4.4. Accéder aux outils de transcodage historique et à des séries longues Dans la lignée de ces besoins d’outils de passage entre nomenclatures, la plupart des acteurs rencontrés ont souligné le rôle crucial de la PCS pour décrire les transformations de la société française et, ce faisant, la nécessité de continuer à pouvoir utiliser des séries longues (cf.

supra). Ceci passe en premier lieu par des outils de transcodage entre la nomenclature issue du processus de rénovation qui s’engage en 2018 et la nomenclature actuelle, dite PCS 2003.

Elle se joue également dans la publication de tableaux et de fichiers présentant l’évolution des PCS à des niveaux détaillés et agrégés ainsi que des croisements de la PCS avec d’autres grandes variables socio-démographiques sur le temps long. Cette information est essentielle à bon nombre de chercheurs pour leurs propres travaux de recherche. Mais elle constitue également un outil de prédilection à des fins pédagogiques. Ainsi, la plupart des enseignements-chercheurs de sciences sociales sont amenés à mobiliser ces représentations dans le cadre des cours de leur discipline. De même, les professeurs de SES en lycée sont des utilisateurs fréquents de ces données statistiques, dans le cadre d’enseignements de la seconde à la terminale dont bénéficient un très grand nombre de lycéens.

Au-delà de ces cercles du monde de la recherche et de l’enseignement, il faut souligner un usage relativement nouveau de ces tableaux de données par les milieux journalistiques. Le développement de la partie en ligne des journaux (quotidiens, hebdomadaires, magazines), la montée en puissance du data journalisme et le recours à des outils numériques produisant graphiques, tableaux et applications en ligne requièrent l’accès non plus à des publications mais à des fichiers de données agrégées (Libération, Le Monde). L’accès à ces données en séries longues est particulièrement souhaité par ces acteurs pour représenter et donner à voir les grandes évolutions de l’économie et de la société.

2.4.5. Diffuser des informations authentifiées en rendant visibles et pédagogiques les données utilisant la PCS

Alors que les canaux d’informations sont démultipliés avec le Web et que l’information est complexe et difficile à vérifier (cf. les débats autour des fake news), le rôle du service statistique public comme service public de l’information et des données pour le plus grand nombre constitue un enjeu majeur de ces prochaines années. La plupart des personnes interrogées l’ont souligné en insistant sur les faiblesses actuelles de la diffusion des usages et des données ventilées par PCS au grand public.

Nombre de chercheurs qui sont également enseignants dans le supérieur pointent le manque de tableaux synthétiques sur le site internet de l’Insee croisant la PCS avec de grands indicateurs sociaux pour décrire l’évolution de la morphologie sociale ou encore de cartes représentant la répartition géographique des catégories sociales. Certains, à l’image d’E. Préteceille, regrettent le fait que, finalement, seuls les chercheurs aient accès à une information statistique mobilisant le niveau intermédiaire de la PCS alors que ce niveau est le plus à même de rendre compte des grandes tendances et inégalités sociales. D’autres acteurs suggèrent le fait que l’Insee pourrait rendre plus accessible et visible la PCS en développant un répertoire des bases de données et des études mobilisant la nomenclature (Y. Sicamois, Direccte des Pays de la Loire).

Certains chercheurs (T. Poullaouec, J. Rivière), mais également les professeurs de sciences économiques et sociales de l’Apses que nous avons rencontrés, proposent le développement d’outils pédagogiques (quizz, exercices de codage) à destination du grand public pour développer une compréhension des différenciations sociales et des usages informés et réflexifs de ces données statistiques.

Une majorité des acteurs interrogés souhaiteraient que la place accordée aux PCS sur le site Internet de l’Insee soit plus visible, plus lisible, plus accessible avec une information plus et mieux hiérarchisée. Plusieurs indiquent le fait que concernant la PCS, le site internet ne fait que mettre à disposition le guide « papier » mais ne se sert pas des potentialités des outils numériques. Les deux journalistes interrogés pointent le caractère très difficilement utilisable du moteur de recherche de l’Insee qui ne permet pas de différencier et hiérarchiser l’information statistique pertinente. Ils soulignent par exemple le manque d’un outil adapté pour identifier les fichiers de données agrégées nécessaires à la construction de graphiques et illustrations interactives ad hoc et s’étonnent que la logique « open data » soit peu présente sur le site. On retrouve ce sentiment chez les professeurs de SES interrogés. « Des fois, même pour trouver des graphiques très simples, comme l’évolution de la structure des PCS depuis 1982, je suis obligé de prendre des trucs de seconde main, parce qu’impossible de remettre la main dessus.

Je ne sais pas quel est le mot clé à taper pour le retrouver. Même l’indexation est bizarre : par exemple, en tapant « pratiques culturelles et PCS », on trouve des résultats peu pertinents. Je n’ai rien contre les pratiques culturelles de la Réunion ou de la Bretagne, mais avant de mettre la France métropolitaine, il y a toujours une région un peu isolée, comme ça (…) Nous les enseignants, et les élèves, on cherche des outils pour mettre en lien les GS avec un certain nombre de pratiques, de variables sociales ou culturelles (obésité, départ en vacance, pratiques de lecture…) » (Boris Thomas, professeur de SES en lycée, membre de l’Apses).

Ces attentes confirment les pistes de travail évoquées dans la mission du GT. Dans un espace numérique foisonnant, une complémentarité entre le site Insee.fr, qui contient un grand nombre d’informations sur l’ensemble des statistiques économiques et sociales, et un site dédié, adossé aux institutions représentant les utilisateurs de données, qui contribuerait à la visibilité et l’accessibilité de la PCS, devrait être recherchée. Ces deux vecteurs de communication participeront au service public de l’information de demain.

Annexes