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Le quartier, une vie locale écologique, participative et champêtre 56

CHAPITRE 2 : LES OBJECTIFS DE MODE DE VIE DURABLE INVESTIS PAR LES CONCEPTEURS

2.   L’INVENTION DE NOUVEAUX MODES DE VIE ? LA VIE DANS UN ECOQUARTIER SELON SES

2.2   Une focalisation sur l’espace public 55

2.2.1   Le quartier, une vie locale écologique, participative et champêtre 56

La présentation rapide des quartiers par l’intermédiaire des habitants imaginés tend premièrement à mettre en valeur les similarités entre les différentes opérations d’aménagement.

Les caractéristiques principales des écoquartiers représentés sont : - Des aménités nécessaires à la vie locale ;

- Une mixité fonctionnelle, générationnelle voire sociale ; - La présence d’une nature, souvent encadrée.

Tableau 19: Principales caractéristiques attribuées au quartier

Caractéristiques Nombre de cas

Commerces et services de proximité 37

Infrastructures de loisirs et/ou culturelles sur le quartier ou à proximité immédiate 26

Parc 23

Infrastructures scolaires sur le quartier ou à proximité immédiate 22

Faible présence des voitures 17

Crèche sur le quartier ou à proximité immédiate 14

Présence faune et flore 12

Lieux de travail sur le quartier 11

Logements pour personnes âgées sur le quartier 8

Beauté du quartier 6

Présence de noues (fossés végétaux pour limiter la pollution de l’eau) 5

Fonctionnement de bâtiments collectifs à l’énergie solaire 5

Préservation de l’intimité des habitants 4

Présence d’une résidence universitaire ou d’étudiants sur le quartier 4

Cantine biologique 4

Source : Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Energie (corpus), CRÉDOC 2012 Tous les écoquartiers présentés ont pour impératif de répondre aux besoins de base de leurs habitants grâce à la présence de petits commerces, certains biologiques, et de services de proximité (boulangerie, boucherie, primeur ou AMAP, supérette, pharmacie et Poste). Les infrastructures de loisirs, sportives et culturelles viennent ensuite, de même que les écoles et les crèches nécessaires aux familles présentées.

Les quartiers imaginés affichent une certaine mixité, tout d’abord fonctionnelle. Les logements sont mêlés aux commerces, aux infrastructures récréatives ou scolaires et, dans quelques cas, à des bureaux. La mixité est également générationnelle avec la présence de logements pour personnes âgées ou, plus rarement, pour étudiants. La mixité sociale est moins abordée, bien que le mélange de logement HLM à des logements locatifs privés ou à des propriétés privées soit parfois mentionné.

La présence de la nature est mise en avant dans les récits par l’évocation de la faune ou la flore et par le parc urbain, élément d’aménagement central du quartier pour près de la moitié des villes.

57 La faible présence des voitures est également fortement soulignée. Considérée comme sécurisante et propice à la tranquillité, elle rend possible un investissement des espaces publics différent, orienté vers des déplacements doux et des loisirs en extérieur.

Les activités des habitants dans le quartier sont diverses mais demeurent néanmoins centrées sur trois aspects :

- les divertissements ;

- la participation à la vie du quartier ;

- la satisfaction de besoins de premières nécessités (courses, travail).

En marge de ces activités, les habitants sont décrits comme ayant des gestes écologiques ou étant sensibilisés à de tels gestes au niveau de leur quartier – et non de leurs logements. Les transports constituent en soi une activité à part, si ce n’est un univers distinct du logement et du quartier par l’importance qu’ils occupent dans ces récits, un intermédiaire.

58 Tableau 20: Types d’activités pratiquées par les habitants au sein du quartier

Activités Nombre

d’occurrences

Se divertir 9653

Utilisation des infrastructures de loisirs et culturelles 21

« Les enfants jouent dehors » 22

Entretien du jardin partagé 21

Balade familiale au parc 18

Balade familiale à la campagne ou à la plage 5

« Les parents peuvent laisser leurs enfants jouer en toute tranquillité dans le quartier »

5

Déjeuner en famille le midi 4

Faire des gestes écologiques 44

Tri des déchets 15

Sensibilisation aux problématiques du développement durable dans le quartier 8

Implication écologique des habitants 5

Utilisation du composteur 9

Recueil de l'eau de pluie 7

Nouer des liens relationnels avec les riverains 36

Tisser des liens entre voisins (bonne entente) 20

S’entraider entre voisins (courses, garde d’enfant) 13

Se lier avec les commerçants de proximité 3

Participer à la vie citoyenne locale 32

Participer à des associations sportives ou culturelles 17

Participer à des associations exclusivement tournées vers le développement durable

7

Participer à la vie politique/ à l’aménagement local 7

Participer à d’autres types d’associations (collectif d’habitants, association des parents d’élèves)

3

Travailler sur le quartier 11

Faire ses courses 27

Source : Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Energie (corpus), CRÉDOC 2012 La mise en œuvre de gestes écologiques, peu soulignée à l’échelle du logement, l’est en revanche à l’échelle du quartier. En effet, si l’habitant n’interagit pas ou peu avec les technologies déployées dans son logement, il est à l’inverse représenté comme utilisateur des équipements écologiques mis en place sur le quartier par la municipalité tels que les composteurs ou les systèmes de récupération des eaux de pluie…Le tri des déchets n’est ainsi pas représenté dans sa phase de « tri » au sein du logement mais de dépôts dans les équipements collectifs adaptés. L’accent est mis sur la participation individuelle de l’habitant à un système collectif déployé à l’échelle du quartier. Les voisins y occupent une place de choix : le composteur est partagé, tout comme les poubelles de tri des déchets.

Le quartier est aussi un lieu de sensibilisation aux problématiques du développement durable bien que cet aspect soit relativement peu évoqué (8 cas sur 50). Cette sensibilisation s’effectue surtout

59 en faveur des enfants (5 cas sur les 8) par l’intermédiaire des écoles, des associations d’habitants animant des activités (jardins pédagogiques, découverte de la faune et de la flore) en partenariat avec les instituteurs et des parents. Les adultes peuvent être sensibilisés par leurs voisins et/ou les associations d’habitants auxquels ils participent. Cependant, bien que 2020 soit un futur proche, il est à noter que les éléments évoqués (tri des déchets, déplacements doux…) sont présentés comme « habituels » ou acquis pour bon nombre d’habitants. Soulignons également que les enfants sont parfois représentés comme n’ayant pas connu d’autre mode de vie que celui qu’ils mènent dans l’écoquartier et peinent à se représenter l’ancien mode de vie de leurs parents. Cette illustration semble introduire une idée de rupture, de changement radical des modes de vie en un court laps de temps. Elle conduit encore une fois à négliger l’effet d’empreinte du mode de vie précédant sur les pratiques effectives des habitants et à se rapprocher de « dispositifs par omission »

Les références aux voisins sont fréquentes. Il s’agit autant d’aider ses voisins âgés à faire leurs courses que de se faire aider par ces derniers, notamment concernant la garde des enfants. Les liens avec les voisins et les commerçants de proximité sont particulièrement mis en avant.

Le quartier est ainsi un lieu d’échanges, de communication mais surtout de participation. Les associations d’habitants sont une caractéristique importante des journées inventées, qu’elles soient culturelles ou purement dédiées à un engagement écologique, donnant lieu à des événements collectifs sur le thème du développement durable (fêtes, pédibus, ramassage de déchets, sorties…). L’engagement des habitants peut aussi, plus rarement, s’effectuer à la faveur de la vie politique locale : certains participent à des réunions concernant l’aménagement futur de leur quartier ou le vote d’une fraction du budget de la ville (4), empruntant alors une figure d’habitant gestionnaire. Les autres types de participation à la vie citoyenne locale concernent les enfants (2) pouvant siéger au conseil municipal des jeunes et les étrangers (1) pouvant participer, sous condition d’un certain temps de résidence au sein de la commune.

Outre l’utilisation des infrastructures culturelles et sportives présentes sur le quartier ou à proximité immédiate, les divertissements des habitants des écoquartiers se résument à des activités à caractère bucolique. La faible circulation automobile est soulignée par la possibilité pour les enfants de jouer à l’extérieur en toute sécurité, le plus souvent, dans les espaces verts et aires de jeux prévus à cet effet. Les promenades familiales dans les espaces verts fournis par l’écoquartier ou dans les zones périurbaines à proximité, à la nature préservée (campagne, plage) constituent l’essentiel des occupations de loisirs des habitants. S’y ajoute, pour les adultes, l’entretien des jardins partagés, qui constitue aussi un moment de convivialité entre voisins.

La dernière activité des habitants sur le quartier est peu décrite : il s’agit de se rendre dans les commerces et services de proximité, le plus souvent à pied après ses heures de travail. Les habitants en profitent parfois pour s’approvisionner en produits locaux ou/et biologiques ; et pour entretenir des relations cordiales avec leurs commerçants.

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