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Qualité de l’information et capacité institutionnelle

Dans le document LA SÉCURITÉ DES BARRAGES (Page 30-33)

Pratiquement toutes les analyses et évaluations portant sur les risques sont fortement influencées par la qualité des informations disponibles s’agissant de produire une évaluation fiable. La disponibilité des informations est un défi majeur qui peut compromettre l’évaluation de la probabilité d’une défaillance et de ses conséquences. Parfois, la fiabilité de l’information est considérée comme une troisième dimen-sion du risque.

Le champ d’application de toute analyse doit être adapté au but poursuivi et éclairé par le contexte. Les risques associés à la sécurité des barrages varient selon les éléments structurels, les facteurs socioéconomiques, et le milieu dans lequel le barrage est construit et sera exploité. L’application des dispositions du Cadre environnemental et social (CES) concernant la sécurité des barrages devra tenir compte de ces considérations et être proportionnée à la taille et à la complexité du barrage ainsi qu’aux risques et effets qu’il pourrait entraîner. Pour ce faire, la méthode d’analyse choisie devra être compati-ble avec, et prendre en compte, le niveau de connaissances disponicompati-ble sur

• L’infrastructure (par exemple, l’état des ouvrages et des composantes structurelles) ;

• L’institution (par exemple, la structure de gestion et la capacité du propriétaire, de l’exploitant et du régulateur du barrage) ; et

• L’information (par exemple, données d’auscultation et de surveillance, population en aval, biens, etc.)1.

Il serait inopportun et trompeur de passer à une méthode complexe d’analyse et d’évaluation des ris-ques lorsque les informations et/ou l’état des connaissances sur les infrastructures et les institutions sont insuffisants. L’identification du « I le plus faible » est le point de départ de l’évaluation du soutien requis pour améliorer les fondements d’une gestion en connaissance de cause de la sécurité des bar-rages. Les évaluations de ce type, axées sur les besoins, devraient être considérées comme partie intégrante des projets portant sur la construction de grands barrages, des grands programmes de réno-vation des barrages ou des projets à haut risque, et tenir dûment compte de la capacité d’exploitation et d’entretien à long terme. Il conviendrait peut-être aussi que la Banque mondiale fournisse une assis-tance technique tendant à améliorer la qualité de l’information et la capacité de l’Emprunteur. Le panel d’experts nommé par le client peut également apporter une valeur ajoutée en offrant des conseils sur des sujets spécifiques et en travaillant en étroite collaboration avec les homologues pour renforcer les capacités2.

1. La liste des informations peut être longue. Des Notes techniques distinctes fournissent des orientations sur la question de la qualité des données et des informations concernant les aspects géologiques, géotechniques, sismiques, hydrologiques, climatiques et autres.

2. Le concept de proportionnalité est également mentionné dans l’outil d’aide à la décision pour le cadre d’assurance de sécurité des barrages sous « Laying the Foundations : A Global Analysis of Regulatory Frameworks for the Safety of Dams and Downstream Communities » (Wishart et al. 2020).

FIGURE 6.1. Représentation conceptuelle des outils d’analyse du risque

Niveau de connaissance Adéquat

Insuffisant/Inadéquat

Matrice de l'indice de risque

Étude de la rupture d’un

barrage, des inondations, et évaluation des conséquences

Niveau essentiel Évaluation préliminaire des conséquences Classif

ication préliminaire des risques

PFMA simplifiée PFMA

Analyse quantitative partielle/complète des risques

Modèle de simulation dynamique pour EPP

FaibleModéré

Niveau de risque Élevé

Note: EPP = Plan de préparation aux situations d’urgence ; PFMA = Analyse des modes de défaillance possibles.

Le concept de proportionnalité est central à l’application des dispositions du CES. Le niveau d’effort et de ressources requis pour toute évaluation des risques devrait être proportionnel à la décision qui doit être prise. Il est également essentiel de considérer la nature, l’importance et le poids de cette décision pour déterminer le niveau d’effort et le degré de précision requis. Toute amélioration supplémentaire apportée à l’évaluation des risques, en tant que de besoin, devrait être adaptée aux spécificités du cas à l’étude3.

L’évaluation et la classification préliminaires des risques par l’Emprunteur devraient impérativement constituer les premières étapes, qui permettront de décider si le niveau d’information existant est suff-isant pour effectuer une évaluation des risques en connaissance de cause. Si tel n’est pas le cas, le projet doit inclure une composante d’assistance technique visant à porter le niveau des connaissances au niveau requis par le risque associé au cas en question. Une autre solution consiste à créer la base de données minimale requise pour parvenir à des niveaux de fiabilité acceptables. Comme indiqué précédemment, l’approche des « 3 I » peut être utilisée pour procéder à cette évaluation des capacités.

Plusieurs outils sont présentés dans la figure 6.1, laquelle illustre une approche progressive allant du coin inférieur gauche au coin supérieur droit. Pour appliquer un outil plus avancé et plus détaillé de manière utile, le niveau de connaissance — c’est-à-dire la qualité des informations et des données — doit être amélioré. Les outils en question (indices de risque, analyse des modes de défaillance possibles

3. Un outil d’aide à la décision pour développer et améliorer le cadre d’assurance de sécurité des barrages, fourni via une évaluation globale des mesures juridiques et institutionnelles pertinentes, accompagne utilement la présente note (Wishart et al. 2020).

[PFMA], modèles de simulation dynamique, etc.) sont décrits dans les paragraphes suivants. Des con-seils détaillés concernant l’application d’un indice de risque et d’une PFMA sont fournis dans des Notes techniques distinctes (World Bank 2020l, 2020k). Des experts externes peuvent s’avérer nécessaires pour des conseils sur l’analyse détaillée des risques dans les cas à haut risque, lorsque les connaissances et les capacités de l’Emprunteur sont limitées. Le principe de proportionnalité, inscrit dans le CES, doit figurer en bonne place dans la sélection du bon outil d’analyse des risques. Comme le montre la figure 6.1, la proportionnalité doit se fonder sur deux éléments clés : le niveau de risque et le niveau de connaissance. Il convient de souligner une nouvelle fois encore que le niveau de risque préliminaire détermine quel outil utiliser pour l’analyse de risque – une décision qui elle-même exige un niveau de connaissance suffisant. Dans les cas assortis d’un risque substantiel à élevé, il peut s’avérer néces-saire d’améliorer le niveau de connaissance et/ou la capacité de l’Emprunteur ou de l’organisme de mise en oeuvre de l’Emprunteur et de renforcer la consultation avec les parties prenantes concernées.

Chapitre 7

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