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Québec, mai-juillet 1948

Dans le document CANADIEN NATURALISTE (Page 97-132)

VOL. LXXV. (Troisième série, Vol. XIX) Nos 5-7

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES

HÉMIPTÈRES AQUATIQUES DU

QUÉBEC par

Gustave CHAGNt-JN et l'abbé Ovila FOURNIER Institut de Biologie générale et de Zoologie

Université de Montréal Deuxième partie SYSTÉMATIQUE

LES HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES AQUATIQUES DU QUÉBEC

Les familles

Les

4mphibicorises

ou espèces marchant sur l'eau, parfois sur a boue du bord des eaux:

1. Ilébridés 2. Mésovéliidés 3. Hydrométridés 4. Véliidés 5. Gerridés 6.x Ochtéridés 7.x Gélastocoridés

Vol. LXXV, Nos 5-7, mai-juillet, 1948..

98 CONTRIBUTION A etTUDE DES RÉMI PTèRES AQUATIQUES Les Hydrocorises ou espèces vivant dans l'eau:

8.x Naucoridés 9. Népidés 10. Bélostomatidés 11. Notonectidés 12. Pléidés 13. Corixidés

La clef des familles

1. Antennes plus courtes que la tête, généralement cachées sous les yeux. Orifices ou ostéoles absents 2 Antennes plus longues que la tête, toujours bien visibles 9

2. Ocelles absents. . 3

Ocelles présents 8

3. Tête empiétant sur le bord antérieur du pronotum. Tarses antérieurs composés d'un seul article, très développé, en forme de cuiller, nommé pals, frangé de longues soies

raides CORI X I DÉS

Tête n'empiétant pas sur le pronotum. Tarses antérieurs non

comme chez les Corixidés 4

4. Abdomen pourvu d'appendices caudaux, 5 Adbomen non pourvu d'appendices caudaux 6 5. Appendices caudaux très longs, grêles, non rétractiles.

Pat-tes postérieures organisées pour la marche, non pour la

nage N ÉPI DÉS

Appendices caudaux courts, plats, rétractiles. Pattes pos-térieures aplaties, frangées de poils, propres à la nage. . . .

BÉLOSTOM ATI DÉS 6. Corps large, ovalaire, déprimé. Fémurs antérieurs très

dé-veloppés, portant un sillon au côté interne, dans lequel se replient les tibias préhensiles NAu CORI Dis Corps fortement convexe dorsalement, de forme allongée, de (x) Ces familles ne sont pas représentées dans le Québec.

Lt NATURALISTE CANADIEN.

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES HÉMIPTÈRES AQUATIQUES 99 taille moyenne, 6-14 mm. ou, de très petite taille, 2 mm.

Fémurs antérieurs peu développés

7. Corps allongé, 6-14 mm. Tibias et tarses postérieurs longs, garnis de poils natatoires. Dessous de l'abdomen caréné

longitudinalement NOTONECTI DÉS

Corps subovalaire, très petit, 2 mm. Pattes postérieures peu garnies de poils natatoires. Abdomen non caréné

ventra-lement PLÉI DÉS

8. Antennes visibles. Pattes antérieures non préhensiles,

sem-blables aux autres 0 CHTÉRI DÉS

Antennes cachées sous les yeux. Pattes antérieures préhensi-les, fémurs très développés GÉLASTOCORI DÉS 9. Griffes des tarses antérieurs antéapicales 10 Griffes de tous les tarses nettement apicales 11 10. Fémurs postérieurs bien plus longs que l'abdomen. . GERRI DÉS Fémurs postérieurs ne dépassant pas l'abdomen . . VÉLIIDÉs 11. Corps linéaire, subcylindrique. Tête aussi longue que tout le thorax. Pattes et antennes longues et grêles. Taille

8-11 mm. HY DROMÉTRI DÉS

Corps ni linéaire, ni subcylindrique. Tête n'excédant pas la longueur du pronotum. Clavus et membrane de texture semblable, sans nervures. Petits insectes, 2-3.5. mm.. . 12 12. Rostre composé de 4 segments. Tarses de deux articles.

Petits insectes robustes avec pattes courtes, subégales HÉBRI DÉS Rostre composé de 3 segments. Tarses de trois articles, le -premier, très petit. Petites espèces allongées avec pattes

longues et grêles MÉSO V ÉLII DÉS

1. Famille des HÉBRIDÉS Amyot et Serville, 1843.

(N AEOG DÉS)

Très petits insectes de forme trapue, oblongue, ou subqua-drangulaire, le corps recouvert d'une pubescence blanche, très fi-ne, dense et hydrofuge. Tête plus courte que le pronotum; yeux

Vol. LXXV, Nos 5-7, mai-juillet, 1948.

100 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES HÉMIPTÉRES AQUATIQUES petits, peu proéminents; antennes composées de 4 ou 5 articles.

elles possèdent en plus un article minuscule à la hase du ?e;

Pronotum brusquement rétréci en avant, aussi large ou plus large postérieurement que l'abdomen. Ecusson triangulaire à pointe obtuse parfois distinctement échancrée. Ilémélytres avec clavus de texture semblable à la membrane, cette dernière sans nervures et portant souvent des taches blanches au nombre de 3 ou 4.

Pat-tes courPat-tes; tarses de 2 articles avec crochets apicaux. ('es in-sectes se rencontrent sous les deux formes macroptère et brachyp-tère.

Ces petits Hétéroptères fréquentent les eaux stagnantes, peu profondes et riches en végétation aquatique. Ils sont abon-dants sur les plantes des genres Lemna, N ymphaea, etc. Ils mar-chent et courent avec aisance sur l'eau qui n'offre pour eux au-cun danger grâce à la pubescence hydrofuge qui recouvre leur corps.

Deux genres dans le Québec:

1. Antennes de 5 articles, les derniers filiformes 11EDRUS 2. Antennes de 4 articles, subégaux, le dernier distinctement

renflé MERRACATA

Genre HEBRUS Curtis, 1833.

Se distingue principalement par ses antennes filiformes de 5 articles, sans compter le petit article supplémentaire situé à la base du 3e.

Ces petites espèces dont la longueur varie entre 1.8 et 2.25 mm.

se trouvent généralement sur la vase du bord des mares, parmi la végétation qui croit dans ces endroits. Ils sont difficiles à dé-couvrir et ce n'est qu'en remuant les plantes ou en les arrachant que l'on peut les voir courir sur le sol vaseux et continuer leur course sur l'eau même.

Il y aurait deux espèces de ces petits Hémiptères dans le Québec; nous n'avons pu les rencontrer nous-mêmes. Elles se distingueraient par les caractères suivants:

1. Pointe de l'écussion échancrée ou bifide bunneieteri 2. Pointe de l'écusson obtuse, ni échancrée, ni bifide. . coneinnue LE NATURALISTE CANADIEN,

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES HÉ11111FiRES AQUATIQUES 101 HEBRUS BURMEISTERI Lethierry et Severin, 189.6

Cette espèce a été rencontrée par M. G. A. Moore à Abbots-ford, Laval des Rapides et St-Rémi.

HEBRUS CONCINNUS (Uhler) 1894

Blatchley mentionne cette espèce pour le Québec. Nous ne l'avons pas encore vue.

GENRE MERRAGATA White, 1877.

Se rapproche du genre Hebrua, n'en différant que par les antennes de 4 articles dont le dernier est distinctement fusiforme.

MERRAGATA HEBROIDES White, 1877.

Nous devons à la générosité de M. G. S. Walley deux spéci-mens de cette espèce capturés à Ottawa. Longueur 1.5 mm.

Corps robuste, noir, dessus de la tète et deux grandes taches sur le pronotum, roux; clavus, une ligne sur la mésocorie et mem-brane, gris perle, cette dernière avec 4 taches blanc de lait. Yeux très petits; pronotum brusquement rétréci en avant, plus large que l'abdomen postérieurement, les angles proéminents, arrondis.

Pattes brunes.

L'espèce foreata Drake rencontrée par M. Moore sur l'tle Jésus, ne serait, d'après Blatchley, qu'un synonyme de hebroidea.

2. Famille des MÉSOVÉLIIDÉS Douglas et Scott, 1867.

Petits insectes, 2 - 4mm. de longueur, fusiformes, vivant sur l'eau des marais et des étangs, parmi les plantes aquatiques. Tête large, conique, plus courte que le pronotum, enfoncée dans le thorax jusque près des yeux; ceux-ci grands, proéminents; anten-nes filiformes, plus longues que la moitié du corps, composées de 4 articles; rostre de 3 segments. Pronotum légèrement ré-tréci dans sa partie antérieure. Ecusson grand, triangulaire, à pointe obtuse. Clavus membraneux; membrane sans nervures.

Vol, ',XXV, Nos 5-7, mai-juillet, 1948.

102 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES HÉMIPTÉRES AQUATIQUES Pattes longues, grêles, subégales; tarses de 3 articles, le 1er très petit; crochets apicaux. Insectes macroptères, brachyptères ou aptères. Un seul genre dans le Québec.

Genre MESOVELIA Mulsant et Rey, 1852.

Deux espèces dans le Québec que Blatchley distingue par les caractères suivants:

1. Longueur 3.5-3.8 mm. Tranche postérieure des fémurs anté-rieurs et intermédiaires avec une rangée (l'épines. Rostre atteignant la base des hanches postérieures muleinti 2. Longueur 2.8 au plus. Tranche postérieure des fémurs

anté-rieurs et postéanté-rieurs sans épines. Rostre atteignant le 1er

sternite abdominal douglaeensù

MESOVELIA MULSANTI White, 1879.

Ces insectes sont assez communs sur les plantes flottantes des étangs ou sur la vase à proximité de l'eau. Leur marche sur l'eau est extrêmement rapide. Ils se reconnaissent facilement à leur couleur pale, jaune ou verdâtre et à la blancheur de leurs ailes. Le régime de ces petits insectes est carnivore, consistant surtout en petits animaux noyés ou vivants qu'ils rencontrent sur la surface de l'eau.

Cet insecte a été rapporté de plusieurs localités dans le Qué-bec, notamment de l'tle Jésus où il abonde dans certains marais.

Il est de plus répandu dans tout l'Est des États-Unis, au Mexique et dans certaines parties de l'Amérique du Sud.

MESOVELIA DOUGLASENSIS Hungerford, 1924.

Cette espèce aurait été capturée à Fairy Lake, dans le voisi-nage de la rivière Gatineau. Nous ne la connaissons pas.

3. Fam lle des HYDROMÉTRIDÈS Billberg, 820.

Ces Hém ptères au facies caractéristique, frêles et délicats,

LE NATURALISTE CANARI«,

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES IlÉMIIPTL'RES AQUATIQUES 103 sont connus en France sous le nom populaire de « punaise aiguille».

En effet, le corps est très allongé, linéaire; la tête aussi longue que le thorax, est renflée antérieurement, les yeux petits mais assez saillants, sont situés un peu en arrière du milieu de la tête; ocelles absents; antennes longues, filiformes, composées de 4 articles.

Pattes très longues, filiformes; tarses de 3 articles, crochets insérés à l'extrémité du dernier.

Ces curieux insectes, toujours hautement placés sur leurs pattes, ressemblent à certains Tipulides de l'ordre des Diptères.

Swammerdam (1737) en parle sous le nom de « Water Tipula ».

Le genre Hydrometra Lamarck, 1801, est le seul représentant de la famille. L'Amérique du Nord n'en possède que deux ou trois espèces dont H. marlini Kirkaldy, 1900, la plus commune.

Cet insecte, long de 8-11 mm., le plus souvent aptère, fréquente les eaux dormantes et les plantes des mares et des étangs, où il trouve en abondance les petits animaux qui servent à sa nourriture. L'ex-trême lenteur de ses mouvements lui permet de s'approcher à la sourdine d'une petite proie qui, ignorant le danger, vient respirer à la surface de l'eau, par -exemple, une larve de moustique. L'ik-couplement s'effectue au printemps; la femelle dépose ses oeufs un à un sur les plantes émergeant de l'eau (Typha, etc.). Ces oeufs sont allongés, en forme de fuseau et fixés au support par une sorte de pétiole. L'adulte, à corps effilé, de couleur sombre, se dissimule parmi les plantes et les débris flottants, et rarement il se présente à la vue du collecteur d'insectes.

Cet Hémiptère aurait été capturé à Fairy Lake, dans la ré-gion de Hull et à l'île Perrot, près de Montréal.

4. Famille des VÉLIIDÉS Amyot et Serville, 1843.

Insectes de taille petite ou moyenne. Corps relativement court, oblong ou ovalaire. Rostre composé de quatre segments, dépassant les hanches antérieures. Yeux petits, fortement gra-nulés. Ocelles absents. Antennes de quatre articles. Pronotum fusionné avec le mésonotum. Elytres le plus souvent absents.

Vol. LXXV, Nos 5-7, mai-juillet, 1948.

104 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES HÉMIPTÉRES AQUATIQUES Pattes relativement courtes, fémurs postérieurs ne dépassant pas l'extrémité de l'abdomen; tarses de un à trois articles, crochets subapicaux.

Les Véliidés vivent sur les eaux calmes (Mierovelia) ou rapi-des (Rhagovelia). Leurs groupements comprennent parfois un grand nombre d'individus.

Deux genres pour le Québec.

1. 4e article antennaire plus long que le ler. Tarses antérieurs de deux articles. Long. 1.5-2.5 mm. MICROVELIA 2. 4e article antennaire plus court que le ler. Tarses antérieurs composés d'un seul article; 3e article des tarses intermédiaires fendu jusqu'aux trois quarts de sa longueur, pourvu, dans cette fente, (l'une touffe de longs poils plumeux servant à la natation. Long. 3.5-4 mm. RIIAGOVELIA

Genre MICROVELIA Westwood, 1834.

Petits insectes de forme oblongue, assez robustes. Tête co-nique portant généralement une impression linéaire médiane se-continuant sur le pronotum. Pronotum grand, angles huméraux proéminents. Elytres (quand ils sont présents) membraneux, recouvrant l'abdomen en entier; connexivum non ou peu visible.

Pattes courtes, robustes, subégales, fémurs sans épines; tarses an-térieurs de 2 articles, intermédiaires et posan-térieurs de 3 articles, le basilaire très petit; crochets subapicaux. •

Ces petits Hétéroptères abondent sur les eaux calmes des étangs, parmi la végétation aquatique.

La clef dee eepèces rencontrées.

1. 4e article antennaire plus long (lue 2 et 3 ensemble. Long.

1.7 mm buenoi

4e article antennaire plus court que 2 et 3 ensemble. Long.

2-2.3 2

2. Forme aptère.— Mésonotum caché par le pronotum. Abdo-men portant dorsaleAbdo-ment des touffes de pubescence gris

bleuâtre fontine.

Lie NATURALISTE C AN DISK#

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES RÉMIFfèRES AQUATIQUES 105 Forme aptère.— Mésonotum visible. Abdomen portant

dor-salement des touffes de pubescence gris argent . . . . américana MICROVELIA BUENOI Drake, 1920.

Rencontré par M. Moore à Hudson Heights, Lanoraie, Laval des Rapides.

MICROVELIA FONTINALIS BUCRO, 1916.

Bondville, Montreal (Moore).

MICROVELIA AMERICANA (Uhler), 1884.

Bondville, Hudson Heights, Hull (Moore).

Genre RIIAGOVELIA Maur., 1865.

Ce genre est bien caractérisé par la forme peu ordinaire du 3e article des tarses intermédiaires; cet article est profondément divisé longitudinalement, et dans cette fissure, est située une touf-fe de longs poils plumeux qui, au besoin, se déploient en évantail pour faciliter la progression sur l'eau. Antennes robustes, 1er article légèrement courbe portant quelques soies raides, environ 2/3 plus long que le suivant. Abdomen se terminant graduellement en pointe obtuse; connexivum• subvertical chez le mâle, envelop-pant partiellement l'abdomen 'chez la femelle. (fig. 3, 4 et 5).

RIIAGOVELIA OBESA Ulller, 1871.

Forme aptère.— Corps noir bleuâtre; deux taches rousses en avant du pronotum, souvent recouvertes d'une fine pubescence grise; hanches antérieures et postérieures jaune pâle; intermédiaires, noirâtres. Fémurs postérieurs armés, vers le milieu, d'une forte épine généralement suivie d'une rangée de petites épines diminuant graduellement de longueur. Connexivum bordé de roux (conti-gus en arrière et divergents vers l'avant chez la femelle). Long.

3.5-4 mua.

Vol. LXXV, Nos 5-7, mai-juillet, 1948.

106 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES IIÉMIPTÉRES AQUATIQUES

Plusieurs centaines d'individus récoltés à Bordeaux, près Montréal (Rivière des Prairies) et à St-Jean d'Iberville (rivière Richelieu); tous étaient aptères.

Ces intéressants insectes vivent sur les eaux rapides des rivières où ils s'assemblent parfois en troupes tellement compac-tes qu'elles donnent à distance, l'apparence de grandes taches noires sur l'eau mouvante. Ils se tiennent constamment à pro-ximité de la rive, près des pierres semi-submergées et dans les anfractuosités qui les protègent du courant.

5. Famille des GERRIDÉS Amyot et Serville, 1843.

Insectes vivant sur la surface de l'eau, connus du peuple sous le nom de « patineurs », en anglais « Water-striders ». Corps al-longé, fusiforme, étroit, soyeux en dessous, de couleur brune ou noi-re. Tête horizontale, subconique en avant, insérée dans le thorax jusqu'aux yeux proéminents; ocelles présents, mais difficiles d'ob-servation; antennes de quatre articles, longues, grêles (sauf chez les mâles de Rheumatobates où elles sont curieusement tordues et armées d'épines); rostre de quatre articles. Elytres de textures u-niforme, sans membrane. Pattes antérieures ravisseuses servant à maintenir les petites proies dont ces insectes se nourrissent; les in-termédiaires et les postérieures longues et grêles, dirigées en dehors;

hanches très éloignées l'une de l'autre et visibles de dessus; tarses de deux articles, le dernier muni de deux griffes insérées un peu avant l'extrémité. Marge latérale de l'abdomen, (connexivum) fortement relevée.

Il n'y a guère d'étendue d'eau où ces insectes ne soient prsents. Ils fréquentent non seulement les eaux tranquilles des é-tangs, des lacs, mais aiment aussi les eaux à courant rapide des ri-vières, où ils s'assemblent parfois en troupes nombreuses. Ils glis-sent sur la surface de l'eau avec facilité, grâce à leurs quatre pattes postérieures dont les tarses sont revêtus de poils hydrofuges; le corps, en dessous, est en outre garni d'une pubescence très fine et serrée que l'eau ne pénètre pas. Leurs mouvements sur l'eau ne manquent pas de rapidité et d'élégance, et, le nom de « patineurs »

LE NATURALISTE CANADIEN,

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES RÉMIPTÉRES AQUATIQUES 107 qu'on leur donne est certainement bien justifié. Les individus ai-lés voltigent souvent, surtout durant les nuits chaudes, ainsi que le prouve leur présence dans les ornières remplies d'eau de pluie, dans les rigoles isolées.

Alors que tant d'espèces de Gerridés vivent dans nos étangs et rivières, il en existe qu'un très petit nombre habitant les eaux de l'océan. Ce sont celles du genre Halobates qui vivent et se multi-plient en colonies immenses, à des centaines de milles de terre, mur les plantes flottantes des mers tropicales. Halobates sericeus vit sur les eaux de l'Atlantique; H. micans habite le Pacifique.

La famille des Gerridés est représentée partout sur le globe.

On en rencontre deux sous-familles dans l'Amérique du Nord: les Gerrinés et les Halobatinés, qui se distinguent, l'une et l'autre, par la forme du corps et des yeux:

1. Bord interne des yeux, sinué, concave. Corps allongé,

é-troit GERRINÉS

2. Bord interne des yeux entier, non sinué. Corps court,

lar-ge HALOBATINÉS

Sous-famille des GERRINÉS

Moyennes ou grandes espèces, longueur 7-15 mm. Corps brun ou noir, fréquemment marqué, latéralement et ventralement, de pubescence blanc argent. Abdomen présentant six sternites et deux segments génitaux. Formes aptères, brachyptères ou ma-croptères, présentes. Un seul genre pour le Québec.

Genre GERRIS Fabricius, 1794.

Syn. Aquarius Schellenberg Limnoporus Stal

Tête courte, yeux grands, proéminents; antennes grêles, attei-gnant ordinairement l'extrémité du pronotum; rostre atteiattei-gnant ou dépassant légèrement les hanches antérieures. Pronotum et mé-sonotum fusionnés. Elytres (quand ils existent) de texture uni-forme avec de fortes nervures longitudinales. Dessus de l'abdo-men concave, les bords fortel'abdo-ment relevés. 6ième sternite prolongé

Vol. LXXV, Nos 5-7, mai-juillet, 1948.

108 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ITÉMIPTÉRES AQUATIQUES

latéralement vers l'arrière en forme d'épine plus ou moins longue;

ce sternite, chez le mâle, profondément lobê postérieurement.

Pattes intermédiaires et postérieures bien plus longues que les antérieures; celles-ci plus massives et dirigées en avant; hanches proéminentes; fémurs postérieurs dépassant de beaucoup l'abdo-men; crochets tarsaux insérés dans une fente antéapicale. Corps entièrement recouvert d'une fine pubescence dorée, hydrofuge.

Il existe souvent dans la même espèce des individus ailés et des individus aptères. L'espèce remigis, par exemple, se rencontre habituellement sous la forme aptère; dissortis, buenoi, marginatus, etc., se présentent le plus souvent sous la forme ailée.- Les formes brachyptères ou complètement aptères ressemblent à s'y mépren-dre à des larves, mais on peut distinguer celles-ci des adultes par l'examen des tarses: deux articles chez les adultes, un seul chez les larves.

Les Gerris vivent généralement en sociétés plus ou moins nombreuses. Il est intéressant d'observer leurs mouvements; on constate qu'ils progressent à l'aide de leurs pattes intermédiaires, les postérieures servant plutôt de frein et de gouvernail.

A l'automne, lorsque la température devient froide, les Gerris cherchent des abris pour passer l'hiver; ils les trouvent sous les herbes mortes qui jonchent la rive, sous les pierres et autres débris.

La ponte a lieu au printemps. La famelle dépose ses masses d'oeufs sur les plantes aquatiques, et les entoure d'une substance gélati-neuse.

Le genre Gerris est représenté dans l'Amérique du Nord par 20 espèces environ dont 9 ou 10 habitent le Québec. (fig. 6).

La clef des espèces

1. 6e sternite abdominal des mâles profondément échancré pos-térieurement sur toute sa largeur, sans lobe médian, les épi-nes latérales très longues, dépassant le ler segment génital.

Long. 12-14.5 mm. dissortis

6e sternite abdominal des mâles présentant une échancrure mé-diane arrondie ou subrectangulaire, les épines latérales plus courtes, ne dépassant pas le 1er segment génital 2

LE NATURALISTE CANADIEN,

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES IIÉINIPTkRE'S AQUATIQUES 109 2. Grandes et robustes espèces, 11 mm. ou plus. 3

Petites espèces, moins de 11 mm 4

3. Brun foncé, parfois roussâtre. Echancrure médiane du 6e sternite abdominal (les mâles profonde et arrondie; ler seg-ment génital présentant une forte carène médiane. Taches du connexivum petites mais bien visibles. Long.

11.5-15 mm remigis

Noir. Echancrure médiane (lu 6e sternite abdominal du mâle moins profonde; carène médiane du ler segment génital moins soulevé. Taches du connexivum plus petites, à peine

visibles. Long. 11-13 mm. nealis

4. ler segment génital du mâle pourvu de longs poils de chaque

côté de la carène médiane 5

ler segment génital du mâle sans longs poils de chaque côté

de la carène médiane 6

5. Bords latéraux du lobe antérieur du pronotum avec une bande pâle plus ou moins distincte. Poils du dessous dû ler

5. Bords latéraux du lobe antérieur du pronotum avec une bande pâle plus ou moins distincte. Poils du dessous dû ler

Dans le document CANADIEN NATURALISTE (Page 97-132)

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