• Aucun résultat trouvé

De la punition allons vers le pardon. C'est un chemin de guérison pour l’autre et pour nous. L’objectif du pardon est de guérir une fois pour toutes la relation douloureuse. Il se pratique par l’acceptation, le non jugement, l’éveil à la créativité en nous libérant ainsi du ressentiment nous nettoyons son esprit des pollutions de la rancune. Apprenons à utiliser la blessure pour grandir. Nous prendrons sur nous autant de part de responsabilité que celle imputée à l’autre. Nous apprendrons à reconnaître l’autre dans ses valeurs, ses attentes. Nous ne nous poserons plus en victime systématique et entamerons l'apprentissage d’une juste valorisation en mettant une sourdine à notre honneur, à notre orgueil, à notre importance et à nos valeurs. Pardonner n'est pas oublier (on n’oublie rien), mais se réadapter à un présent différent. Tout ce qui vient du passé doit être utilisé comme ferment productif. Préparer le futur en tenant compte du passé ne reviendra plus à se dire : j’avais raison et l’autre tort, maintenant je ferai en sorte d’être le gagnant (sous-entendu en abandonnant éventuellement mes scrupu- les…).

La sérénité du cœur et de l’esprit, la confiance en soi et le respect de l’autre sont des outils qui exigent d’être affûtés chaque matin. Créons le futur plutôt que de regretter le passé, en nous fiant à nos sens plutôt qu'à nos préjugés. Les reproches et les punitions ne suscitent pas les

motivations que nous aimerions inspirer à autrui. Tout le monde l’a

constaté au cours de sa vie : l’usage répressif de la force tend à générer l'hostilité, et contribue à renforcer la résistance au

comporte-ment que l’on souhaite instaurer. La punition entame la con- fiance, ronge la sincérité des rapports et mine l’estime de soi que l’on cherche à susciter. Elle concentre notre attention sur les conséquences de l’acte, en faisant oublier l’intention première... et aussi que nous pouvons être perfectible ! Pourquoi avons-nous si peu de chances d’obtenir ce que nous voulons en usant de la punition ? Posons-nous une première question : En quoi voudrais-je que cette personne

change de comportement ? Si nous en restons là, la punition peut

sembler efficace, car la menace ou l’exercice de la force répressive peut fort bien influencer le comportement de la personne concernée. La seconde question fait apparaître que la punition a peu de chances de procurer un résultat positif : Quelle motivation voudrais-je que

cette personne ait pour faire ce que je lui demande ? Cette question,

nous ne nous la posons jamais ! Elle nous permettrait pourtant de comprendre que les motivations que nous espérons à l’origine des actes d’autrui sont souvent faussées par la crainte d’une punition ou, à l’inverse, l’espoir d’une récompense. Il est essentiel de mesurer à quel

point la motivation des gens est importante.

La motivation peut nous amener à nous faire croire que nous pouvons apprendre quelque chose à quelqu'un. Il est illusoire de songer à

instruire quiconque contre sa volonté. Lorsque quelqu’un soupçonne

que l’on tente une manœuvre pour le manipuler, le séduire, le con- traindre indirectement, il se cabre, se ferme à toute possibilité d’ouverture ultérieure. Il faudra un certain temps pour que la confiance se réinstalle, si elle se réinstalle jamais. La décision de changer quoi que ce soit dans notre fonctionnement ne peut qu’émerger de sa propre volonté.

Autre processus d’éducation : celui dans lequel l’éducateur n’imagine pas un instant qu’il puisse apprendre quoi que ce soit à quiconque (nous décidons d'apprendre par nous-mêmes !) mais qu'il sert à

éveiller, à donner, à proposer des occasions, des moyens d’apprendre.

La nuance est subtile et difficile à appliquer sur le terrain, lorsqu'on est englué dans de vieilles habitudes coercitives, paternalistes. Plus

in-téressant consiste le refus de tout pouvoir sur quiconque et tenter de s’attarder sur ce qui représente une valeur, un intérêt pour ceux qui veulent apprendre quelque chose. Inutile de sanctionner, ni même récompenser, à partir du moment où l’on ne sert que d’intermédiaire destiné à motiver, partager des valeurs, à susciter l’envie de gérer soi-même son apprentissage. S’il faut procéder à des évaluations, sachons le faire sans critiquer, sans amoindrir, sans ridiculiser ou blesser. Plus la critique et la sanction apparaissent dans le langage d’une culture, plus l’agressivité et la violence apparaissent dans cette culture et dans la société. En classifiant, nous nous imaginons mieux comprendre les gens, alors que la classification nous en éloigne. Punir, sanctionner, menacer, ne fait qu’entretenir le cercle vicieux de la violence, qui peut prendre toutes sortes de facettes. Tous les jugements ne sont que tragiques expressions de sentiments et de besoins inassouvis. Essayons de percevoir ce que ressent l’autre lorsqu’il nous juge, nous critique. Que ressent-il, lorsqu’il est en colère ? Si nous percevons cela et que nous reformulons les propos entendus avec une dose d’empathie, il y a de fortes chances pour que la communication se rétablisse de manière gérable.

Face à une personne que nous n’aimons pas il peut être très difficile de trouver en nous assez d’empathie pour lui parler. Il faut alors savoir attendre le bon moment, dire que nous ne pouvons actuellement pas l’écouter.

Rapidement, il faudra éliminer de notre esprit cette souffrance, car garder une souffrance en soi fait souffrir aussi les autres. Il est aussi bon de réunir autour de soi des soutiens. Repérons dans votre entourage la personne qui nous écoute, avec laquelle nous nous sentons en confiance et à qui nous pouvons nous confier le plus souvent possible.

Cette qualité d’écoute, de complicité est importante parce que plus

nous recevons d’empathie, plus nous pouvons en donner autour de nous.

On dit que je me répète. Je cesserai de me répéter lorsque je constaterai un changement.

Voltaire