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Dans son analyse des ajustements cognitivoémotionnels familiaux dans les familles d’enfants porteurs d’un TDAH, Celestin (77) rapporte une tendance parentale à recourir à un mode éducationnel coercitif comme tentative de réponse aux comportements perturbateurs de leur enfant. Ils peuvent, non intentionnellement, développer des stratégies éducatives mal adaptées voire contreproductives. Par exemple, ils tendent à ignorer les comportements adaptés de leur enfant et réagissent aux comportements inadaptés.

Les parents se sentent souvent débordés et démunis face aux attitudes « incontrôlées » de leur enfant. Ils ont parfois l’impression que l’enfant se comporte mal intentionnellement tandis que l’enfant ne se sent pas apte à répondre aux exigences parentales ne comprenant pas lui-même certains de ses comportements. Avec pour résultat que les parents en arrivent à remettre leurs capacités éducatives en question et l’enfant sa capacité à se faire aimer.

Ce qui peut conduire la famille à l’isolement du cercle familial et social élargi. D’où l’importance de travailler avec l’enfant et sa famille sur la compréhension du trouble afin de dédramatiser les difficultés et de les accompagner dans la gestion des comportements au quotidien.

La psychoéducation est généralement considérée comme une étape initiale importante dans la prise en charge des enfants et des adolescents atteints de TDAH. Pourtant il ne s’agit pas d’une intervention fréquemment évaluée. Il apparaît donc nécessaire d’explorer les avantages de la psychoéducation dans cette population. En 2010, Montoya et son équipe tentent de répondre à cette question (78).

La psychoéducation doit être comprise comme une intervention principalement informative intégrant des composants à la fois psychothérapeutiques et éducatifs, elle peut inclure toute tentative du clinicien de fournir au patient des informations sur la maladie et son traitement. La fourniture de brochures, la visualisation de bandes vidéo relèvent déjà de ce concept. L’importance de ces programmes éducatifs réside dans le fait de chasser les idées reçues et faire de ces familles et de ces jeunes des agents actifs dans la prise de décision afin d'améliorer l'adhésion thérapeutique. Dans la plupart des études examinées, la psychoéducation était associée à des stratégies de résolution de problèmes, à la communication ou à la formation à l'affirmation de soi.

57 effets réels de l'intervention psychopédagogique. Attribuer une amélioration éventuelle à la psychoéducation pure, alors que différentes interventions sont combinées, peut-être une erreur, les résultats doivent être interprétés avec prudence. A l’heure actuelle, il n’existe pas de définition concrète de ce que devraient être les interventions psychoéducatives dans le TDAH, ni les résultats attendus.

Dans la littérature scientifique, la psychoéducation a surtout été développé et a montré des bénéfices dans la schizophrénie chez les adultes. La schizophrénie et le TDAH sont des troubles très différents par conséquent, les objectifs des interventions ne peuvent pas être les mêmes. Un concept de psychoéducation plus adapté aux enfants atteints de TDAH et à leurs familles est donc nécessaire. Dans les recherches futures, il faudrait redéfinir le rôle de la psychoéducation dans le traitement global des enfants atteints de TDAH et ce qu’elle devrait inclure.

Dans sa revue, Montoya met tout de même en évidence le rôle potentiel de la psychoéducation dans un certain nombre de domaines : amélioration de l'observance du traitement médical, réduction du nombre de conflits parents-enfant, réduction des comportements externalisés type impulsivité et opposition. Par ailleurs, l'efficacité du programme de psychoéducation est renforcée lorsqu’il est associé à un médicament. Ces résultats sont conformes aux études antérieures montrant une efficacité plus élevée des thérapies combinées chez certains enfants et adolescents atteints de TDAH (type l’étude MTA dont nous avons parlée plus haut (62)). Il a aussi été démontré que les connaissances des parents sur le TDAH étaient positivement liées à l’acceptation des médicaments.

Nous pouvons tout de même nous dire que la première chose que les parents doivent savoir, c’est que le TDA/H ne signifie pas qu'ils soient responsables ou de mauvais parents. Ils peuvent apprendre à parler, jouer et travailler avec leur enfant afin d'améliorer son attention et son comportement. La formation et la guidance parentale sont primordiales du fait que ce sont les parents qui ont le plus haut niveau d'interactions avec eux à la maison.

Il a été démontré que ce type de traitement diminue le niveau de stress des parents et renforce leur confiance en eux. Les préoccupations des parents concernant les causes, le traitement et le pronostic de la maladie de leurs enfants doivent être discutées et un soutien aux parents doit être proposé.

Les interventions psychoéducatives doivent être considérées comme faisant partie d’une approche multidimensionnelle des jeunes TDAH et de leur environnement une fois le diagnostic établi et également tout au long de son traitement.

58 Une compréhension des méthodes parentales infructueuses et une formation à des méthodes plus efficaces pourraient réduire efficacement les symptômes du TDAH. La formation des parents leur permet de mieux comprendre la nature du trouble, de prendre davantage confiance en eux pour jouer leur rôle de parent et les aidera également à contrôler et à réduire les comportements inappropriés de leurs enfants. D’où le développement de nombreux groupes de formation aux habiletés parentales ces dernières années.