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Chapitre II :Approche theorique : L’anorexie mentale chez la jeune fille

14. Traitement :

14.9. La psychanalyse

Pour ses auteurs, la psychothérapie psychanalytique représente la méthode de choix. Sa forme, ses modalités d’application, son rythme peuvent varier en fonction de chaque patiente, mais la finalité reste la même pour tous : créer grâce à une compréhension psycho dynamique de la conduite anorexique, un cadre dans lequel puisse se développer une relation avec la patiente qui conduit cette dernière à se familiariser avec son monde interne et a y puisée les conditions d’une sécurité retrouvée et d’une meilleur autonomie au travers d’un réinvestissement libidinal rendu tolérable de son corps, de sa pensée et d’une image d’elles-mêmes différenciée et sexuée. Le premier temps est celui de l’établissement d’une alliance thérapeutique et d’une restauration narcissique ; le deuxième temps celui de l’élaboration des conflits et de la résolution du transfert87.

Mais malgré son intérêt pour l’anorexie, la psychanalyse n’a pas obtenu de résultats probants.

-Place de la famille dans le traitement :

Il est difficile de ne pas inclure les parents dans les perspectives thérapeutiques et ce, quelles que soient les positions sur leur éventuel rôle pathogénique. Ils interviennent en effet à toutes les phases du traitement :

-Dans l’établissement du diagnostic et le retard apporté au traitement en participant au déni où à la minimisation des troubles de leur fille.

-Dans la décision thérapeutique, du fait de leurs difficultés à prendre une décision, à l’imposer et à la maintenir. Il leur est difficile de supporter une situation de conflit avec leur enfant et d’assurer une position de parent.

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-Dans le maintien de la conduite thérapeutique et sans une aide appropriée, ils répondent en écho aux passages à l’acte de leur fille et aux tentatives de celle-ci de rompre le contrat thérapeutique.

-Enfin, ils sont fréquemment intolérants aux changements de comportement et aux troubles du caractère qui accompagnent l’abandon du trouble de la conduite alimentaire et l’évolution au cours du traitement.

L’établissement du projet de soins et tout particulièrement du contrat nécessite un accord et une collaboration des parents. C’est là une des conditions essentielles du succès. Cela nécessite des contrats fréquents avec les parents et une compréhension de leur part de l’importance de leur rôle sans pour autant accroître une culpabilité et une ambivalence à l’égard des thérapeutes, déjà grande au départ.

Les modalités de cette action auprès des parents varient suivent les auteurs mais doivent tenir compte de la spécificité des cas et s’adapter à la personnalité des parents ainsi qu’au moment de l’évolution de la patiente et à la nature et la durée d’éventuels soins antérieurs. Le groupe de parents peut être une formule intéressante88 Coll.

Les thérapies familiales proprement dites peuvent être également une indication intéressante. Leur objectif commun, quelles qu’en soient les modalités d’application est de se dégager de la désignation d’un symptôme concernant une patiente pour se centrer sur les règles qui régissent les échanges et les communications au sein du système familial89.

Certains auteurs pensent que cette approche n’est efficace que pour des formes légères prises au début et surtout chez les très jeunes adolescentes. Il semble surtout intéressant de considérer ces thérapies familiales comme une approche complémentaire d’un projet thérapeutique plus complexe. Leur intérêt peut être plus de dégager des hypothèses sur le mode de fonctionnement familial, de rétablir les limites

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Jeammet Ph. « Le groupe de parents, sa place dans le traitement de l’anorexie mentale ». Neuropsychiatrie de l’enfant, 1984 P : 299-303.

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Jeammet Ph & George A : « une forme de thérapie familiale, le groupe de parents ». Psychiatrie de l’enfant, Paris, 1980 P : 587-636.

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de l’identité de chacun, de proposer des interventions plus actives ou des prises de décisions qui relèvent plutôt du rôle du référent du projet de soin90.

Ainsi nous pouvons conclure que l’anorexie mentale est l’un des troubles du comportement alimentaire les plus caractéristiques de l’adolescence, elle survient chez les jeunes filles âgées entre 12 et 20ans et qui présentent la triade symptomatique suivante :

-Amaigrissement.

-Restriction volontaire de l’alimentation. -Aménorrhée, primaire ou secondaire.

Cette triade s’accompagne, selon les cas, de vomissements provoqués, de prise de laxatifs ou de diurétiques, de mensonges et de manipulation de l’entourage. Il existe souvent une hyperactivité physique et un surinvestissement intellectuel alors que la sexualité est peu ou pas investie.

L’évolution non traitée peut être mortelle par inanition. Sous traitement psychologique, le pronostic dépend de la précocité de la prise en charge, une phase dépressive est fréquente lors de l’abandon des habitudes alimentaires antérieures et de la prise de poids.

On décrit des formes du garçon (1 cas sur 10 filles) d’évolution plus préoccupante, des formes précoces pré-pubertaires, avec retard conjoint de croissance, des formes tardives et des formes frustes, très fréquentes, ne justifiant pas systématiquement une intervention médicale.

L’étiologie de l’anorexie mentale peut être liée autant aux facteurs génétiques qu’à des facteurs psychologiques et culturels, ainsi qu’à la structure familiale.

Le traitement de l’anorexie mentale confirmée repose essentiellement sur l’hospitalisation avec isolement du milieu extérieur, contrat de poids et aide psychothérapique. L’abord cognitif et comportemental s’avère fort intéressant dans ce genre de pathologie. Ces formes de thérapie vont faire l’objet du chapitre suivant.

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