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Provocation et verbalisation des émotions grâce à l’animal

Chapitre 3 : Présentation et analyse des résultats

3.4 Contribution de l’animal au processus thérapeutique

3.4.1 Provocation et verbalisation des émotions grâce à l’animal

Le lien étant développé avec l’intervenant et la confiance étant bien installée, la personne peut se sentir davantage à son aise pour partager son vécu émotionnel. L’animal continue de jouer un rôle important à ce stade puisqu’il permet le déclenchement des émotions. En effet, sa présence dans les interventions suscite l’émergence d’une gamme diverse d’émotions tel qu’indiqué par Johanne :

Il ne faut pas oublier que des fois on brasse des émotions pis ça peut comme les rendre plus excités ou un peu plus, selon les pathologies des personnes, ça va être plus ou moins positif, ça reste toujours positif puisqu’au moins ça s’exprime, c’est sorti. Il va y avoir des sourires ou ça peut être aussi des émotions, les personnes peuvent pleurer. On va vraiment chercher des émotions chez les gens donc chaque personne peut réagir différemment. (Johanne)

Il peut provoquer chez la personne différents états d’esprit en engendrant plusieurs effets possibles, comme l’effet de nouveauté et de dépaysement s’il s’agit d’un animal exotique par exemple, ou l’évocation de souvenirs si elle a possédé des animaux dans sa vie. Cela peut faire en sorte que les émotions déclenchées deviennent la porte d’entrée au processus thérapeutique et soient une première insertion dans le cadre émotionnel de la personne comme en témoigne Mathilde :

Avec le chien, ils vont le faire sans se dire qu’ils travaillent pour, ils vont le faire naturellement [s’ouvrir]. Ils vont travailler des choses sans s’en rendre compte. […] ça va être moins difficile. C’est qu’en fait elle [la personne] va enclencher un travail thérapeutique sans s’en rendre compte donc c’est ça qui est positif. (Mathilde)

Ainsi, l’animal provoque un impact émotionnel important sur la personne aidée et contribue au déclenchement du travail thérapeutique.

Selon les intervenants interrogés, l’ouverture émotionnelle est une des étapes cruciales à franchir pour évoluer positivement dans une intervention. Entre autres, cette ouverture va faire en sorte que la personne apprendra à verbaliser adéquatement et sainement les émotions qui l’habitent. Par l’extériorisation des émotions, l’individu devient en mesure d’entrevoir de nouvelles perspectives quant aux solutions à envisager pour faire face aux problèmes ciblés qui sont abordés lors des rencontres. Ceci crée aussi l’opportunité de verbaliser les sentiments qui peuvent être difficiles à exprimer au quotidien ou encore dans le cadre d’une intervention sans

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animal. Trois répondantes partagent ainsi combien l’animal favorise l’introspection et l’expression émotionnelle des personnes aidées : « Donc il y a une ouverture à ça. Ça facilite l’accès à des informations qui sont peut-être plus difficiles, plus introspectives. » (Audrey) ; « L’enfant aurait vraiment plus de mal à se confier et il irait peut-être pas aussi profond dans ses confidences. Ça aide vraiment à faire l’introspection. Je pense que ça, c’est ce que je vois qui est le plus bénéfique. » (Geneviève)

[Fait que] là elle va voir le chien pis elle est comme, elle commence à y aller et je sais pas trop quoi, pis là ça prit comme une minute et elle se met à pleurer, là elle avait un flot d’émotions, c’était vraiment intense. [Fait que] là on l’a amené dans le bureau donc ça ouvert beaucoup la porte à faire de l’intervention, mais c’est comme elle nous a dit, « quand j’ai vu le chien, ça m’a permis d’être moi-même, de laisser aller toutes les choses que je retenais pis que j’essayais de garder ma tête au-dessus de l’eau pis d’avoir l’air correct pour que ça l’aille bien avec mes enfants, pour que mes enfants voient rien et pense que tout est beau » Pis là elle s’est comme laisser le droit, juste en étant en contact avec le chien. On avait rien dit, on était juste là, pis elle a juste flatté le chien. Pis ça l’a donné accès à ça. Si j’avais pas eu le chien, ça aurait pas été de même. C’était comme une femme que « tout va bien, tout va bien ». Pis je pense même ses intervenantes, elles avaient de la difficulté justement à aller chercher ce qu’elle a ouvert cette fois-là, [fait que] au moins après ça te permet d’avoir accès à ça, pis de savoir comment elle se sentait sur ce moment-là, mais de le revisiter après. (Mélissa)

Ainsi, les extraits précédents démontrent que l’animal, dans les interventions en travail social, peut aider la personne à s’ouvrir émotionnellement plus facilement en présence de l’intervenant. Que cela se fasse de manière consciente ou non, l’importance de s’ouvrir sur le vécu émotionnel est un élément capital dans le processus de guérison. L’animal agit ainsi comme un facilitateur pour la personne en provoquant le dévoilement de ses émotions. L’intervenant, par les informations qui auront été apportées, possède alors un levier d’intervention important. De plus, grâce à la présence de l’animal, la personne parle de ses difficultés ou de ses émotions de manière plus naturelle et instinctive sans nécessairement en être consciente. Selon les travailleurs sociaux interrogés, cela représente un avantage intéressant puisque l’individu ne se sent pas contraint de parler de ses difficultés dans un cadre formel et va naturellement s’ouvrir face à l’animal ainsi qu’à l’intervenant, atténuant en plus les effets négatifs. L’animal peut aussi engendrer des états d’âme différents et révéler ainsi des aspects méconnus de la personne, ce qui amène de nouvelles informations à prendre en compte pour les

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professionnels. Cela augmente la richesse des échanges entre le travailleur social et la personne aidée.