• Aucun résultat trouvé

3 Les dispositifs d’aide

3.4 La photographie numérique

3.4.3 Protocoles

Diverses approches sont utilisées afin de transformer les données en informations utilisables en dentisterie. La meilleure façon d’utiliser les images numériques sera de les adjoindre à une autre technique de détermination. Les résultats obtenus peuvent alors être très satisfaisants et en font une méthode considérée comme objective. Dans ce cadre, il sera fortement conseillé de suivre un protocole systématique. (14, 33)

Teintier - photographie

3.4.3.1

L’approche la plus simple sera la méthode teintier + appareil photo : pour chaque tiers, on relève la couleur adaptée et on prend une photo avec l’échantillon sélectionné positionné accolé à la dent référence et dans l’orientation appropriée, c'est-à-dire parallèle en bout à bout à la dent utilisée comme référence. La détermination de teinte s’effectue cliniquement, au fauteuil. Dans cette méthode l’apport de l’image est intéressant pour le prothésiste, mais la subjectivité de l’analyse reste importante. (14)

La réciproque, soit déterminer la couleur à partir d’une photographie, est fortement déconseillée. On cumulerait en effet les facteurs d’erreur : variabilité liée à l’environnement lors de la manipulation, variabilité liée à la manipulation, liée aux réglages de l’appareil, de l’ordinateur, du format de l’image, liée au teintier numérique, pas de recherche du métamérisme. Selon une étude menée en 2012 par l’Université des sciences médicales de Téhéran, la détermination en vision directe est plus fidèle à la réalité que la détermination par correspondance sur images numériques (76). Des études cherchent ardemment aujourd’hui des procédés qui permettraient une analyse précise d’images informatisées et un établissement de correspondance de teinte par ordinateur. Les résultats semblent prometteurs, et les valeurs colorimétriques L*a*b établies par photographie numérique analysée par des logiciels et celles établies par spectrophotomètre peuvent être très rapprochées. Ceci tend à prouver que la photographie, dans des conditions d’éclairage standardisées optimales, pourrait être utilisée pour rechercher une teinte, et celle-ci pourrait être préférée au spectrophotomètre, car moins coûteuse.Cela dit, la mise en place réellement en cabinet de la procédure semble encore trop complexe, si l’on en espère des résultats tels que ceux obtenus dans des études de laboratoire. En effet il serait nécessaire de veiller à respecter des contraintes exigeantes telles qu’une distance objet-caméra constante, des paramétrages précis de l’appareil photographique, un éclairage normalisé, à orientation

définie (9, 36, 69). De plus, les études mettant en avant de bons résultats de choix de couleur par analyse de photographies portent sur la comparaison d’un échantillon de teintier avec une gamme complète d’un autre teintier, or nous savons qu’une dent naturelle présente des caractéristiques lumineuses particulièrement plus complexes qu’un échantillon de céramique, et difficiles à saisir par une image. Des études et des progrès paraissent encore nécessaires avant de pouvoir faire confiance à une détermination de couleur purement informatique. Cette voie de recherche possède néanmoins un potentiel fort intéressant, grâce aux progrès des appareils de photographie, et à leur coût inférieur aux nouveaux appareils de mesure de couleur tels que les spectrophotomètres et colorimètres, puisque les cabinets dentaires sont généralement déjà équipés d’ordinateurs et appareil photographique. (56)

Une approche existant sur le marché exploitant les photographies numériques est le logiciel Clearmatch® (Smart Technology) : c’est un logiciel similaire à ceux qui sont associés aux instruments de mesures décrits plus loin. Il utilise des images numériques de haute définition et compare les couleurs de toute la surface de la dent avec des couleurs d’une base de données se référant aux teintiers utilisés couramment (14). Cette méthode requiert aussi des réglages de l’appareil photo, du format des images, de l’éclairage, et une manipulation très délicats si l’on veut obtenir une analyse objective au maximum.

Spectrophotomètre – photographie :

3.4.3.2

La méthode utilisée dans la plupart des études modernes concernant la colorimétrie combine photographies numériques, analyse par spectrophotomètre et analyse des données par informatique, qui semble donc être la technique la plus fidèle. En effet ce type d’instrument a le potentiel pour réduire au maximum les facteurs de subjectivité lors du relevé de couleur. (14, 32, 33, 38, 83)

Conseils pour tout protocole intégrant la photographie : (15, 23, 56)

3.4.3.3

En ce qui concerne la manipulation et le protocole de capture de la photographie, le praticien voulant produire des clichés optimaux doit garder à l’esprit quelques conseils:

 La dent doit être sèche lors de la réalisation de clichés visant à observer la luminosité et la microgéographie de surface. On peut ensuite l’humidifier lors de la photographie de la saturation et de la teinte.

 Etalonner la balance des blancs : à l’aide d’une carte de référence, en général d’un gris à 18% (gris neutre, établi dans le système CIE L*a*b). Il existe aussi aujourd’hui

une possibilité de réglage automatique à faire correspondre à la source lumineuse utilisée. Il est nécessaire de réaliser ce réglage de balance des blancs personnalisé à chaque changement de conditions d’éclairage.

 Choisir un axe de 90° avec la surface étudiée pour les photographies de luminosité. Préférer un axe de 60° à 70° pour la saturation et la teinte, afin de réduire la réflexion du flash, qui rend la photographie inexploitable. De même, pour mettre en évidence la translucidité, une orientation en plongée à 60° est conseillée. Varier les angles est aussi très intéressant.

 Si possible, un flash bilatéral, orienté à 45° sera très adéquat.

 Placer un arrière-plan couleur gris neutre. Celui-ci doit être proche de la dent et des échantillons photographiés, afin de ne pas être assombri par l’ombre de la cavité buccale. Exception pour la translucidité : elle sera étudiée en préférant un arrière- plan noir, qui facilite sa visibilité.

 Utiliser les écarteurs afin d’obtenir un bon éclairage.

 Placer en regard de la dent, l’onglet correspondant à la teinte. Il est aussi proposé de placer de chaque côté de celui-ci un onglet de saturation de niveau supérieur, et de niveau inférieur de l’autre côté.

 Placer les échantillons de couleur à la même distance de l’appareil que la dent, autrement, ils apparaîtraient plus lumineux si plus proches.

 Utiliser autant d’échantillons, et donc prendre autant de clichés, qu’il y a de couleurs sur la dent.

 Accompagner les photos de schémas et explications, et du code correspondant à l’échantillon de couleur.

 Si la couronne réalisée n’est pas de couleur acceptable, réaliser un cliché avec cette couronne.

Remarquons ici encore l’intérêt du travail à quatre mains.