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CHAPITRE 5. DÉFINITI ON DES DURÉES D’ENGAGEMENT DU SAPEUR-

5.1. Protocole expérimental

5.3.

Confirmation de la durée d’engagement et évaluation du confort

thermique

Lors du scénario « opérationnel » et donc de l’exécution de la manœuvre d’extinction, le sujet est confronté aux conditions environnementales d’un feu. Une première campagne d’essais réalisée avec les équipements E1 et E2Co, a pour but de déterminer pour chacun d’eux, la durée admissible de l’engagement du porte-lance sous protection respiratoire avant qu’il ne subisse une contrainte thermique sévère.

Une seconde campagne d’essais est réalisée dans des conditions identiques, elle a pour but d’évaluer le confort thermique du sujet avec les équipements textiles et leurs évolutions dont certaines sont encore à l’état de prototype (équipements E2 et E3). La durée de l’engagement du porte-lance pour ces essais et celle définie lors de la première campagne.

5.1. Protocole expérimental

5.1.1. Plateaux techniques

5.1.1.1. Description des installations

Les essais en conditions réelles sont réalisés sur deux sites d’entraînement : le site du Fort de la Briche qui est le centre de formation et d’instruction des cadres de la Brigade, à Saint-Denis (93) et celui de la Villeneuve Saint-Georges (94), siège du groupement de formation et d’instruction de la Brigade (cf. Figure 5.1).

Figure 5.1 : Maison du feu de Villeneuve Saint-Georges (Photo BSPP)

Les installations techniques et les organes de commande et de sécurité de ces « maisons du feu » sont identiques. Seule la disposition des caissons de simulation du feu est différente. L’installation de simulation d’incendie du Fort de la Briche, est divisée en zones comme suit (Figure 5.2):

- SIM 1 : incendie de cuisine, avec simulation d’un embrasement généralisé ; - SIM 2 : incendie de canapé et incendie d’escalier ;

- SIM 3 : incendie d’un lit à deux niveaux.

Bien que chaque module d’entraînement puisse être utilisé de manière indépendante, certains systèmes et composants sont communs à tous les modules d’entraînement. Les éléments communs incluent la salle de contrôle, l’alimentation en courant et en gaz, le système d’arrêt d’urgence et le dispositif de commande par ordinateur.

L’installation de simulation d’incendie est un système électromécanique, qui à l’aide d’une installation informatisée déclenche des incendies de gaz. Les incendies sont représentés dans des zones domestiques et sont appelés points d’incendie. En fonction du type de point d’incendie, des feux sont déclenchés. Ils couvrent l’ensemble de la zone de l’objet de l’incendie. Etant donné que le combustible utilisé est le gaz naturel, les incendies ne produisent généralement aucune fumée, de la fumée artificielle est ajoutée en guise d’obstacle à la visibilité dans le point d’incendie.

Le matériel typique des points d’incendie comprend une armoire de commande électronique, des unités de réglage de brûleur, des générateurs de fumée, une installation de surveillance du gaz et un dispositif d’aération de combustion. Les systèmes asservis de brûleur et les générateurs de fumée sont dirigés depuis l’armoire des commandes électroniques.

Les systèmes asservis de brûleur régulent les flammes des sites d’incendie et les générateurs de fumée mettent la fumée artificielle à disposition. Les détecteurs de gaz surveillent constamment l’air ambiant des locaux d’exercices afin d’y déceler du gaz non consumé. Les dispositifs d’aération de combustion fournissent l’air nécessaire à la combustion pour le fonctionnement des brûleurs des points d’incendie.

Les pupitres de commande locaux donnent à l’opérateur la possibilité, depuis la zone d’exercice, de démarrer et de terminer le déroulement de l’incendie, ou de placer le point d’incendie en mode pause. Chaque pupitre de commande local est pourvu, en supplément, d’une touche d’arrêt d’urgence, grâce à laquelle, en cas de danger, l’ensemble de l’installation d’exercice peut être arrêté en un instant. Dans le même temps, un système de ventilation garantit un échange d’air rapide dans le local d’exercice. Lorsque certaines valeurs « plafonds » de gaz et de température sont dépassées, l’alimentation en gaz est automatiquement interrompue, le feu s’éteint et la ventilation se met en marche.

5.1.1.2. Ambiances thermiques

Les températures d’allumage dans les différents niveaux de simulateur sont préréglées à partir du tableau de commande. Les températures d’ambiance à chaque étage dépendent de l’action et de l’efficacité du jet de la lance à eau.

La charge radiante mesurée par un globe noir est relevée avec une station micro météorologique ANADATA (Meteorological Office, 1973). Le capteur est situé près de la porte d’accès latérale du simulateur. La valeur relevée correspond sensiblement à la valeur du rayonnement sur l’extérieur de la veste d’intervention au niveau de la poitrine et des bras.

5.1.2. Scénario de manœuvre

Conformément au règlement opérationnel de la brigade (BSPP, 2004) et en application de mesures de sécurité, la manœuvre d’extinction est réalisée en binôme. De ce fait, les sujets réalisent l’exercice en tenant la fonction de « chef d’équipe », puis de « servant » et dans chaque configuration d’équipement. De plus, un repos compensatoire de 48 heures, sans activité opérationnelle, est prévu pour chaque sujet, entre chaque série d’exercice.

Avant de débuter la manœuvre chaque sujet est soumis à un examen médical succinct par une équipe médicale chargée du soutien sanitaire (fréquence cardiaque, tension artérielle). Pendant l’exercice, une sécurité technique, avec une commande d’arrêt d’urgence est assurée par un opérateur spécifique. Après la réalisation des essais, chaque sujet est à nouveau pesé, avant de se réhydrater et de subir un examen médical de contrôle (Figure 5.3).

Le scénario de manœuvre correspond à l’application pratique du scénario opérationnel simulé numériquement (Figure 5.4). On retrouve ainsi, à partir d’un temps T0 (début de la manœuvre) les séquences A, B et C qui constituent l’exercice réalisé par le binôme (Warmé-Janville, 2004 ; Jacques et Cantarel, 2002).

Figure 5.4 : Scénario opérationnel (Dessin RD)

Groupe des séquences A T 0 : Début de la manœuvre:

Le binôme en tenue de base se rend à l’engin en marchant rapidement sur une distance d’environ cent mètres.

T 90 secondes : Arrivée à l’engin :

Le binôme s’équipe de la tenue d’intervention (cf. Figure 5.5) avant et pendant le trajet dont la durée est de trois cent quatre-vingt-dix secondes (jusqu’à T 480).

Figure 5.5 : Enfilage de l’équipement (Photos BSPP)

T 480 : Arrêt de l’engin.

Chaque pompier enfile l’appareil respiratoire (poids entre 13 et 15 kg selon le modèle) pendant environ soixante secondes (jusqu’à T 540).

Groupe des séquences B T 540 :

Le binôme part en reconnaissance avec un dévidoir et deux fois deux tuyaux dont un muni d’une lance (Figure 5.6). Le chef d’équipe dispose également d’une commande en sac (poids 1,5 kg) pour éventuellement amarrer les tuyaux. La distance à parcourir entre l’engin-pompe et la cage d’escalier est d’environ soixante mètres. La durée de cette séquence est d’environ cent vingt secondes (poids du tuyau : 3,5 kg ; poids de la lance : 2,5 kg ; poids du dévidoir 50 kg).

Figure 5.6 : Etablissement de manœuvre (Photo BSPP)

T 680 :

Le binôme laisse le dévidoir au pied de l’escalier.

Le servant prend deux tuyaux (poids 7 kg), le chef prend deux tuyaux dont un muni de la lance (poids 9,5 kg).

Le binôme monte une volée de marches (Figure 5.7), puis progresse sur trente mètres pour la reconnaissance du SIM 1 (quinze mètres à l’aller – quinze mètres au retour). La durée de cette séquence est d’environ 45 secondes.

Figure 5.7 : Reconnaissance de SIM 1 (Photo BSPP)

Le binôme monte une deuxième volée de marches (deux fois huit marches) puis progresse sur dix mètres jusqu’à l’entrée du SIM 2. La durée de cette progression est d’environ soixante secondes.

T 740 :

Le binôme établit une lance devant l’entrée du SIM 2.

Chaque équipier déroule deux tuyaux (Figure 5.8). Le servant déroule les tuyaux dans les escaliers jusqu’à l’engin distant de trente mètres. Le servant descend les vingt-six marches en déroulant les deux tuyaux et remonte les marches. La durée de cette manœuvre d’établissement est d’environ cent vingt secondes.

Figure 5.8 : Etablissement de la lance (Photo BSPP)

Groupe des séquences C

Le binôme enfile le masque et procède aux mesures de sécurité (Figure 5.9). Les procédures de sécurité avant engagement nécessitent environ vingt secondes.

Figure 5.9 : Mesures de sécurité (à gauche) (Photo BSPP) Figure 5.10 : Attaque du feu SIM 2 (à droite) (Photo BSPP)

T 880 : Début de l’attaque du foyer (Figure 5.10).

L’extinction du feu débute par l’attaque du foyer SIM 2. A ce niveau, l’extinction sera obtenue au bout de quatre minutes. Le scénario prévoyant que le feu s’était propagé à un volume mitoyen, l’attaque se poursuit après une progression du binôme avec la lance en eau par les escaliers intérieurs vers le SIM 3 (Figures 5.11 et 5.12).

La manœuvre s’arrête lorsque l’un des sujets atteint l’une des valeurs limites des paramètres physiologiques d’astreinte thermique ou le seuil d’alerte de fin d’autonomie de l’appareil respiratoire isolant. Chaque sujet peut également interrompre l’exercice selon sa convenance, en raison d’un inconfort physiologique.

Figure 5.11 : Progression entre SIM 2 et SIM 3 (à gauche) (Photo BSPP) Figure 5.12 : Attaque du feu SIM 3 (à droite) (Photo BSPP)

Enfin, après la réalisation des essais, chaque sujet a émis un jugement subjectif sur les sensations ressenties avec l’une et l’autre tenue. Ce questionnaire (présenté en Annexe 1), non directif, a abouti à des impressions relatives au confort thermique et à l’aisance au port des différents équipements.

5.1.3. Mesure de l’astreinte thermique

L’astreinte thermique subie par les sapeurs pompiers équipés successivement des différentes tenues pendant l’exercice d’extinction du feu est évaluée au moyen des mêmes grandeurs physiques que celles utilisées lors des tests en laboratoire (fréquence cardiaque, températures cutanées et centrale, perte de masse). Les protocoles et dispositifs de mesures sont identiques à ceux utilisés lors des tests en laboratoire.