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II. Analyse du verbatim

2 Les facteurs influençant le message

2.1. Propres aux MSU

L’analyse des entretiens met en évidence que le discours des MSU est conditionné par leurs connaissances et leurs représentations des MAC.

2.1.1 Connaissance des MAC

2.1.1.1. Un manque de connaissance

Globalement, les MSU mettent en avant un manque de connaissance des MAC. Par exemple MSU9 dit à propos de l’homéopathie et de la phytothérapie : « je

ne connais pas suffisamment pour prescrire aux patients » (E9) ou MSU3 à propos des

thérapies manuelles : « dans tous les termes par exemple médecine manuelle entre chiropracteur, ostéopathe, je ne saurais expliquer le distinguo au patient ou à toi exactement » (E3).

Ce manque de connaissance peut apparaître comme un frein pour en parler avec l’interne : « Je n’ai pas de frein mais j’ai une méconnaissance de ça et c’est difficile de parler » (E2), « Parce que comme moi j’ai peu de connaissances, il faut que je travaille mes connaissances à moi et si l’interne avait des connaissances dans l’une des techniques, ce serait un frein pour moi » (E11).

A travers les entretiens les MSU mettent en avant plusieurs sources de connaissance :

2.1.1.2. Formation

La formation est hétérogène au sein de la population étudiée. 5 MSU ont suivi une formation diplômante sur les MAC. À défaut de formation, la lecture de

revues scientifiques est une source d’informations qui est partagée avec l’interne : « Il y avait eu un article de la revue Prescrire sur l’ostéopathie chez les nourrissons, il me semble que c’était une étude faite en Allemagne, où ils disaient qu’il n’y avait pas énormément de cas, mais en gros où ils disaient, euh, y a pas d’effet secondaire sauf y a quand même eu 2 cas je crois, 1 cas de décès et 1 cas d’élongation du plexus brachial sur des manipulations du rachis cervical [] du coup

mon interne j’ai envie de lui dire ben : « voilà dans l’ostéopathie chez le nourrisson, il y a un truc qui peut être dangereux, voilà, c’est le cou et le plexus brachial c’est important de le savoir et de le dire aux gens » ». (E1).

2.1.1.3. Expérience professionnelle

L’expérience professionnelle peut amener les MSU à s’intéresser aux MAC :

« C’est vraiment, ça j’en suis persuadé, par l’exercice qu’on apprend à s’y intéresser et y avoir recours » (E3) et acquérir des connaissances : « Ma formation je n’en ai aucune, je vous dis euh, une formation sur le tas » (E5).

Ils peuvent aussi s’appuyer sur les retours des patients : « des fois tu as des trucs que tu apprends par les patients, des gens qui te disent : « moi les sinusites l’acupuncture ça m’a tout changé » alors que toi tu n’aurais pas forcément eu l’idée de faire un truc comme ça. » (E13) ouleurs collègues « en me rendant compte en groupe de pairs, en discutant avec les collègues que finalement, c’est des gens qui étaient plus expérimentés que moi en médecine générale finalement qui l’avaient intégré eux aussi dans leurs pratiques et donc que ce n’était pas complètement fou. » (E12).

2.1.1.4. Expérience personnelle :

Certains MSU utilisent les MAC pour leur propre santé. Cela peut influencer leur pratique : « L’acupuncture pour les bouffées de chaleur j’ai expérimenté et depuis j’en parle beaucoup aux patientes… » (E9).

2.1.2. Représentations des MAC

Différentes représentations sur les MAC se sont dégagées des entretiens, celles-ci aussi sont variées. Elles ont un impact sur la pratique et le positionnement des MSU vis-à-vis des MAC et vont donc influencer le discours du MSU devant l’interne.

2.1.2.1. Validité et efficacité des MAC

§ MAC scientifique et efficace

Des MSU reconnaissent un aspect scientifique de certaines MAC : à propos de l’acupuncture « le mode d’action est un mécanisme neurologique c’est-à-dire physiologique donc ça regroupe l’anatomie et la physiologie » (E7) et de l’hypnose « c’est une technique qui s’appuie pour s’argumenter, se justifier, sur des découvertes des neurosciences avec des IRM fonctionnelles » (E7). De plus ils reconnaissent une efficacité propre de certaines MAC, notamment les thérapies manuelles : « l’ostéopathie c’est une technique et [] les gens sont soulagés en une à deux séances » (E6) ; « J’essaie de l’appliquer à mon cabinet avec des résultats là spectaculaires et qui m’ont beaucoup apporté de satisfaction à la fois de moi-même et aussi des patients » (E7).

§ MAC comme pensée magique

Pour d’autres au contraire les MAC ne sont pas validées : « J’ai envie de leur transmettre… Il n’y a pas de niveau de preuve la plupart du temps » (E3) ; « S’il faut donner une solution médicamenteuse homéopathique ou allopathique c’est, c’est pas quoi… Autant donner un médicament validé » (E10). Pour eux, les MAC sont plus de l’ordre de la pensée magique « dans quelque chose, pour moi, un concept, euh, mystique pratiquement » (E8) voire

§ MAC comme placebo

Plusieurs MSU mettent en avant une action placebo des MAC : « Je ne dis pas

que l’homéo c’est uniquement du placebo mais vu comme je l’ai perçu moi-même, j’ai quand même l’impression qu’il y a une très forte composante placebo dans ces médicaments. » (E7) Les MAC

peuvent aussi être considérées par les médecins comme des « thérapies psychocorporelles » (E1), comme une façon pour le patient de prendre soin de soi et des autres : « c’est le temps qui est consacré aux gens pendant ces séances de thérapies qui est important, l’attention particulière qui leur est donnée, euh tout ça fait que globalement les gens ça leur fait du bien » (E12) ; « l’homéopathie c’est plutôt un vecteur de l’attention que l’on porte à soi-même ou aux autres. Ça permet à la maman de soigner son enfant, de manifester le fait qu’elle le soigne et de pouvoir faire quelque chose pour le soigner même si moi le produit en lui-même, moi j’ai tendance à penser qu’il est totalement neutre » (E6) et donc d’avoir une certaine efficacité.

2.1.2.2. Risques et effets secondaires :

Le risque médical des MAC est reconnu, notamment pour les thérapies manuelles :« si vous travaillez uniquement sur les cervicales, on risque de provoquer des dégâts dangereux pour les artères » (E7), mais d’autresMAC, surtout l’homéopathie, sont jugées

comme peu dangereuses sur le plan médical : « Je pense que c’est une façon d’aller vers des soins qui sont moins agressifs » (E6).

2.1.2.3. MAC et connotation négative

Enfin les MAC ont, pour plusieurs MSU, une connotation négative liée à un

risque sectaire, pour MSU1 « il y a un pourcentage très important de gens qui sont rentrés dans une secte par le biais de médecines alternatives et complémentaires » (E1), et de charlatanisme « autant adresser à des gens qui sont, je dirais, honnêtes, c’est-à-dire qu’ils sont, euh… Dans l’idée de faire du bien aux gens… Euh… Ce ne sont pas des charlatans car il y en a aussi, enfin je pense qu’il y en a aussi dans ce genre de profession, ce que j’appelle charlatan c’est la personne qui sait très bien qu’elle est en train de faire euh, du flanc voilà quoi et qui le fait principalement pour avoir une activité qui lui rapporte de l’argent » (E12).

2.1.3. Rapport à l’EBM

Les MSU ont exprimé des rapports divergents à l’EBM. Si globalement

l’EBM est leur référentiel comme pour MSU8 : « ma pratique est plutôt très proche de l’EBM, j’essaie d’être en situation scientifique » (E8), d’autres mettent en avant les limites de l’EBM comme MSU4 : « la médecine générale pour moi ça ne se limite pas à l’EBM… Je pense

qu’en France on a un peu trop des œillères et je pense que ça empêche l’ouverture aux MAC » (E4). L’adhésion ou la reconnaissance des limites de l’EBM peut se répercuter dans le discours avec l’interne : « je pense que l’interne pour l’instant c’est un produit de la médecine conventionnelle et moi je, j’aurais tendance à lui monter ça. » (E11).

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