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À propos de quelques philosophes québécois qui rayonnent à l’étranger

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ses enfants et petits-enfants enseigneront dans le même établissement.

En 1960, à la suite d’une série de conférences données à l’Université McMaster de Hamilton, en Ontario, l’Oxford University Press publie The Hol-low Universe, de Charles De Koninck, qui fera date dans le domaine de la philosophie des sciences.

Une version espagnole paraît en 1963. Autre fait remarquable, la publication d’une édition en langue anglaise de ses œuvres complètes a été entreprise en 2008 par l’University of Notre Dame Press en Indiana (deux des trois volumes prévus sont parus) et depuis 2009 les Presses de l’Université Laval font de même pour la version française, Ce renouveau a d’ailleurs eu des échos au-delà

des frontières du Québec et nous souhaitons en don-ner ici un modeste aperçu en présentant quelques exemples de penseurs québécois dont les œuvres ont été publiées à l’extérieur du Québec.

c h a r Le s d e Ko n i n c K

Le nom de De Koninck est étroitement lié à l’Uni-versité Laval, de Québec, notamment en raison de Charles De Koninck (1906-1965), philosophe et théologien d’origine belge établi au Québec dès 1934 pour enseigner à la Faculté de philosophie de cette université. Son nom sera d’ailleurs donné à l’un des pavillons de l’université et plusieurs de

w Luc Brisson (dir.), Œuvres complètes de Platon, Paris, Flammarion, 2011.

ww Luc Brisson à la Grande Bibliothèque en octobre 2011. Photo : BAnQ.

« Or, depuis le début des années 60, la pensée philosophique d’expression

française au Canada a connu un développement à ce point soudain et accéléré

qu’il a peu de parallèles ailleurs dans le monde. » Raymond Klibansky

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et sur la philosophie de l’Antiquité. La plupart de ses livres ont été publiés par des éditeurs français prestigieux tels que Vrin, Flammarion, Les Belles Lettres et les Presses universitaires de France.

c h a r Le s tay Lo r

Charles Taylor, né à Montréal en 1931, est désormais une figure bien connue du grand public québécois pour avoir présidé, avec l’historien et sociologue Gé-rard Bouchard, la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux diffé-rences culturelles, qui s’est tenue entre février 2007 et mai 2008. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est que Taylor, qui a fait carrière à l’Université McGill, signe indéniable que ces éditeurs jugent que cette

œuvre mérite de passer à la postérité.

Lu c B r i s so n

Le village de Saint-Esprit, dans la région de Lanau-dière, a vu naître en 1946 Luc Brisson, aujourd’hui considéré comme l’un des grands spécialistes mondiaux de Platon. Depuis 1974, Brisson travaille en France, au Centre national de la recherche scien-tifique. Il a publié une trentaine de livres et plus de 130 articles. On lui doit notamment de nombreuses traductions d’œuvres de Platon ainsi que de Plotin, philosophe grec du iiie siècle, qui font autorité.

S’ajoutent à cela plusieurs études sur ces auteurs

v Charles Taylor, mai 1962.

Centre d’archives de Montréal, fonds Gabriel Desmarais (Gaby) (P795, S1, D11411).

Photo : Gaby.

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la philosophie dont Platon, Aristote, Kant, Hegel et Heidegger.

Il y aurait sans aucun doute bien d’autres noms qu’il faudrait citer si l’on voulait donner une idée plus juste du rayonnement international des phi-losophes québécois. Espérons seulement que ces quelques exemples de penseurs venus d’horizons divers auront démontré de façon convaincante que les philosophes d’ici savent très bien se faire entendre au-delà de nos frontières.

1. Josiane Boulad-Ayoub et Raymond Klibansky (dir.), La pensée philoso- phique d’expression française au Canada – Le rayonnement du Québec, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, coll. « Zetesis », 1998, p. 11.

est l’un des philosophes québécois les plus connus à l’étranger.

Son œuvre, écrite en anglais et traduite dans une vingtaine de langues (dont l’espagnol, l’allemand, l’italien, le turc et le croate), est vaste et variée. Elle touche des domaines aussi divers que la philosophie de l’action, la question de l’identité, la philosophie morale, la philosophie du langage, l’interprétation en sciences sociales, la théorie politique et la ques-tion du multiculturalisme. Ses livres intitulés Les sources du moi (1989), une ambitieuse tentative de cerner l’identité dans le monde moderne en décri- vant sa genèse, et L’âge séculier (2007), qui examine sur les plans philosophique et historique le phéno-mène de sécularisation du monde moderne, ont reçu un accueil critique élogieux et ont largement contri- bué à sa renommée.

J e a n G ro n d i n

Finalement, Jean Grondin, né en 1955 à Cap-de-la- Madeleine, est lui aussi une sommité que l’on ga-gnerait à mieux connaître. Docteur en philosophie de l’Université de Tübingen, en Allemagne, il est aujourd’hui professeur à l’Université de Montréal.

Il est considéré comme une autorité de renommée internationale dans les domaines de la philosophie allemande, de la métaphysique, de la philosophe de la religion et de l’herméneutique, discipline qui, selon ses propres mots, est « l’art de l’interpréta-tion correcte ». Dans ce domaine, il est également reconnu comme le grand spécialiste mondial de l’œuvre du philosophe allemand Hans-Georg Gadamer (1900-2002), dont il a été l’élève.

Il est l’auteur d’une vingtaine de livres qui ont été pour la plupart publiés d’abord en France et tra- duits dans une quinzaine de langues. Il a également rédigé plus de 160 articles et s’intéresse en outre à la pensée de plusieurs figures importantes de

w Jean Grondin, Hans-Georg Gadamer – Une biographie, Paris, Bernard Grasset, 2011.

Les philosophes d’ici savent très bien se faire entendre au-delà de nos

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