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CHAPITRE 4 : REHABILITATION 4.1 Introduction

4.5 Le projet de réhabilitation

Le projet de réhabilitation s’effectue évidemment sur un bâtiment déjà réalisé. Ce dernier possède une identité dont les caractéristiques architecturales et techniques vont ainsi, être prises en compte lors de l’étude de sa réhabilitation.

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P. Joffroy, La réhabilitation des bâtiments : conserver, améliorer, restructurer les logement et les équipements, Paris, 1999, pp :12-25

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Loi n° 98-04 du 20 Safar 1419 correspondant au 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturel. J.O N°44.

Le processus de réhabilitation se déroule de façon très différente d’un projet de construction neuf. Il est nécessaire de faire des expertises sur la base d’un diagnostic préalable, où il sera déterminé toutes les composantes structurant le projet (architectural et technique), les conditions d’habitabilité, d’hygiène et de confort, ainsi que la faisabilité du projet. Ensuite une méthodologie d’intervention sera adoptée en concertation avec les habitants et les instances locales.

4.5.1 Le diagnostic préalable

Avant d’entamer tous travaux du projet de réhabilitation, il sera utile de clarifier certains points : - la nature du programme et la faisabilité de sa réalisation ;

- le montant total des travaux selon un devis quantitatif et estimatif ; - la ou les sources de financement.

Pour que le maître de l’ouvrage puisse se prononcer, le diagnostic préalable doit être achevé par l’architecte et doit comporter les conclusions de l’expertise du bâtiment et ses environs. À cet effet,

Cette analyse préalable et rapide doit concerner :

- les structures porteuses et tous les éléments portés

- tous les dommages : fissures, déformations, boursouflures, effritement et décollement des enduits et peintures…etc.

- étanchéité des toits et des descentes d’eau pluviale - état des menuiseries et des canalisations

- mesures des taux d’humidité (de l’air et dans les maçonneries) et identifier son origine si elle existe.

- Évaluation détaillée des travaux à exécuter, le montant total doit s’approcher du réel (pas trop d’incertitudes).

L’expertise doit examiner aussi les bâtiments environnants, seulement de l’extérieur afin de pouvoir évaluer la stabilité de l’îlot, en d’autres termes s’assurer, d’une part que les désordres éventuels sont localisés. D’autre part, collecter les informations concernant l’origine historique et le caractère architectural à l’origine du bâtiment à réhabiliter ;

4.5.2 Les relevés

Le relevé architectural est indispensable pour tout projet de réhabilitation et de restauration. Car il précise les informations techniques nécessaires à la réussite du projet. Il est recommandé que le relevé soit effectué par le concepteur lui-même, ou du moins chapoté par lui. Ceci lui permettra une meilleur connaissance du projet et d’éviter les éventuelles erreurs. Néanmoins, le concepteur est souvent appelé à retourner sur les lieux pour vérifier ou confirmer certains détails et éventuellement s’assurer de la compatibilité de ses propositions avec l’état des lieux.

4.5.3 La conception d’un projet de réhabilitation

La réhabilitation ne permet pas aux architectes de s’exprimer librement comme dans un projet neuf. Évidemment, les premiers bâtisseurs se sont déjà fortement exprimés et ont revêtus leurs œuvres d’une empreinte architecturale qui reflète la culture de l’époque. Donc, Il semble plus judicieux de s’intégrer en douceur dans leur ouvrage plutôt que de lui faire violence.

Décider de réhabiliter un bâtiment ancien, c’est intervenir sur un patrimoine en opérant des choix. L’option adoptée est nourrit d’une profonde réflexion basée sur le diagnostic d’où résulte une méthodologie adéquate ; tout en veillant à ce que les objectifs du maître d’ouvrage soient atteints.

Il est à noter, l’existence de plusieurs tendances dans le champ de l’intervention sur le patrimoine, en voici quelques unes :

1. la réhabilitation à l’identique en vue d’une muséographie, Il s’agit là de transmettre un patrimoine bâti, témoignage d’une tradition ancestrale avec le moins de transformations possible, pour une génération future. Cette tendance est adoptée par les conservateurs. 2. une autre vision complètement contradictoire et purement utilitariste, consiste à chercher la

valeur marchande du patrimoine, et l’utiliser en tant que telle. Ainsi toute modification ou démolition est permise.

Entre ces deux dispositions, plusieurs scénarios intermédiaires peuvent prendre place, où il serait important de favoriser l’esprit créatif tout en restant respectueux du patrimoine.

L’un des problèmes auquel se heurte la réhabilitation des bâtiments traditionnels est l’application des règles et réglementations venant du champ de la construction neuve moderne.

Cette interférence entre deux modes de constructions : moderne et traditionnel, suscite une réflexion approfondie, afin de diminuer la pression de la modernité, qui pèse lourdement sur le bilan de la réhabilitation sans pour autant que le résultat soit meilleur1.

Certes, la réhabilitation a besoin d’un cadre législatif et réglementaire approprié mais qui doit puiser ses fondements des expérimentations qui ont prouvé leur fiabilité.

Les constructions anciennes souffrent de plusieurs désordres liés aux effets de la nature et du climat. L’une des préoccupations majeures de la réhabilitation des bâtiments traditionnels ou vernaculaires est l’élimination de l’humidité par la mise en œuvre de techniques simples et efficaces. Nous allons tenter dans les paragraphes suivants d’expliquer certains remèdes déjà

appliqués dans des projets de réhabilitation. 4.6 Techniques de lutte contre l’humidité

Le plus important dans la lutte contre l’humidité est d’apporter les remèdes causales et non symptomatiques, ceci sous entend qu’il faut établir un bon diagnostic avant de décider sur la manière et les moyens appropriés à mettre en œuvre, car chaque type d’humidité nécessite une intervention particulière et différente pour son élimination. D’autant plus, qu’un bâtiment peut être envahi par un ou plusieurs types d’humidité dont les sources sont complètement distinctes. Il existe de nombreux procédés de lutte contre l’humidité sous toutes ses formes : condensation superficielle et dans la masse, remonté capillaire, humidité accidentelle et celle provenant des pluies battantes. Nous rappelons que l’humidité cause des désordres d’ordre structurelle et pathologique pour les constructions et porte atteinte à la santé de l’homme ou du moins, elle est à l’origine d’une multitude de nuisances dont l’inconfort physiologique des individus. En voici quelques solutions adaptées à chaque type d’humidité:

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4.6.1 Remède contre l’humidité de condensation

Dans le chapitre 03 (l’humidité), il a été étudié les causes de l’humidité de condensation, à savoir :

- la production de vapeur d’eau ; - la stagnation de l’air ;

- protection thermique insuffisante des parois ; - l’absence de chauffage (période froide).

Le phénomène est exclusivement thermique : La condensation se produit sur la surface la plus froide, appelé communément les ponts thermiques. Il existe quatre procédés d’assainissement qui sont les suivants :

1. La diminution de la production de vapeur d’eau à l’intérieur des locaux à assainir ; 2. l’aération naturelle d’air froid et sec afin d’évacuer la vapeur d’eau.

3. élimination des ponts thermiques au moyen d’isolants thermiques et d’enlever, si possible, les matériaux lourds, bons conducteurs de la chaleur : béton, marbres, céramiques vitrifiées ;

4. procéder au chauffage artificiel d’hiver et même en été dans certains cas, au lieu d’installer un système d’électro-ventilation, ce qui apparaît assez paradoxale et absurde compte tenu aux idées préconçues.

Il est à noter pour le quatrième point que, le chauffage d’hiver d’appoint doit être accompagné d’une ventilation naturelle modérée d’air froid et sec, agent efficace de l’évacuation de la vapeur, car le chauffage augmente l’évaporation des murs humides lorsque celles-ci sont affectées également d’humidité ascensionnelle

Le tableau (4.1) : présente une synthèse des remèdes applicables à partir de ces quatre Procédés généraux.

Saison Origine déterminée de la vapeur d’eau

Remède

Évaporation provenant des parois et du plancher

- éliminer l’évaporation ;

-si c’est impossible, ventiler légèrement avec de l’air naturel de l’extérieur.

Respiration -ventiler comme ci-dessus

-remplacer les enduits imperméables par des enduits poreux anticondensant

-chauffer, de préférence avec des chaudières à bois, qui ont l’avantage d’accélérer la ventilation.

Combustions de gaz, travaux humides, etc…

-Eliminer la vapeur d’eau au moyen de hottes et de cheminées effectivement adaptées à cet usage ou, si la production de vapeur est intense, au moyen de l’électro-ventilation ; employer des enduits poreux ; -si c’est possible, ventiler légèrement avec de l’air naturel de l’extérieur.

Humidité hivernale

Protection thermique insuffisante des maçonneries

-Enlever les matériaux lourds (marbres, béton, etc.) des murs et des planchers ou, au moins, les couvrir de revêtements de manière à ce qu’ils ne soient plus en contact avec l’air ;

-employer des structures additionnelles pour augmenter la résistance thermique des murs périmétriques de la

couverture ou du plancher ; aménager de doubles fenêtres ;

-si les remèdes 1) et 2) sont impossibles, intensifier le chauffage, pour autant que la résistance thermique de quelques structures ne soit pas inférieure à 0,35 ou 0,40 Humidité hivernale

intermittente

Siroco ou vents chaud et humides de même sorte

-Recouvrir les parois d’enduits légers et assez épais (ponce, vermiculite au matériau semblable) ; revêtir les planchers de bois ; remplacer le marbre par du bois dans les décorations ;

-il est plus efficace de réduire l’inertie thermique au moyen de radiers sous le plancher et de contre-mur ; de recouvrir ces contre-murs d’enduits léger et le nouveau plancher, de bois ;

-si les remèdes 1) et 2) sont impossibles, chauffer légèrement, mais constamment durant tout l’hiver. Humidité d’été Parois et planchers envahis par

l’humidité ascensionnelle dans des locaux non chauffés l’hiver (presque exclusivement dans les rez-de-chaussée et les sous-sol)

-supprimer, si possible, l’humidité ascensionnelle par des travaux appropriés ; éviter l’électro-ventilation ; -enlever le matériaux lourds (marbres, béton, etc.) ; augmenter, en tout cas, la protection thermique et intercepter l’humidité ascensionnelle par des radiers et de murs ;

- si les remèdes 1) et 2) sont impossibles, appliquer sur les planchers, un revêtement de planches de bois et chauffer légèrement le local au moyen de chauffages électriques, même en plein été.

Humidité de printemps et d’été

Chauffage insuffisant en hiver dans des locaux à murs secs, sans humidité ascensionnelle (presque exclusivement dans les rez-de-chaussée et les sous-sol)

-éviter l’électro-ventilation qui peut être nocive ; -éliminer les surfaces condensantes, comme dans les cas précédent et augmenter la protection thermique par des radiers et des contre-murs ;

-si le remède 2) est impossible appliquer sur les planchers, un revêtement de planches de bois et chauffer légèrement durant tout l’été. Ou chauffer intensément en hiver et prolonger le chauffage atténué jusqu’à avril ou mai.

Tab.4.1 : Remède adaptés aux cas simples d’humidité de condensation. Source : Massari, 1971

Note1 : Il est préférable de chauffer directement les massifs de maçonnerie plutôt que l’air, soit par l’installation d’un thermosiphon à serpentins incorporés, soit par des résistances électriques enveloppées dans des gaines de silicone et murées sous l’enduit ou sous le plancher.

En fait, les remèdes énoncés au premier et quatrième point sont un peu difficiles à maîtriser car ils sont du ressort des occupants donc, de leurs comportements et leurs moeurs ainsi du budget familial. Le concepteur ne peut rien faire devant :

- le surpeuplement des logements

- l’économie d’énergie qui induit une mauvaise répartition de la chaleur dans les pièces, et à limiter la durée de la saison de chauffe et au-delà, si nécessaire, comme il a été préconisé dans le tableau (N° : 4-1), Ainsi, pour lutter contre l’humidité de condensation, nous ne disposons en réalité que de deux moyens : l’isolation thermique des parois et la ventilation des locaux.

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