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Le projet de Métropole Jardin : un modèle novateur pour penser l’aménagement à

Le projet de Métropole Jardin s’étend sur une aire d’étude comprenant un territoire de 20 à 30 km de large et de 250 km de long suivant le cours de la Loire à travers la région Centre. Il se projette sur les 25 années à venir et vise à promouvoir un développement en capacité d’assurer le bien-être à la population. En termes de contenu et d’orientations stratégiques, l’objectif du projet de Métropole Jardin visait à contenir le développement de l’urbanisation le long du val et ainsi lutter contre un développement graduellement diffus et spontané qui a terme aurait signifié une perte des qualités paysagères, naturelles et patrimoniales des sites. Afin de convenir de ces intentions, le projet préconisait un système linéaire basé sur une urbanisation discontinue, rythmée par des coupures vertes (cf. schémas suivants). Le principe d’aménagement qui a guidé l’élaboration du schéma consiste donc à « renforcer l’heureuse alternance des villes et des campagnes ou des forêts le long de la vallée ». Ce projet reposait donc sur une distinction entre villes et campagnes, basée sur une catégorisation relativement étanche entre ces deux types d’espace.

Ce projet était ainsi fondé sur un schéma linéaire discontinu, de Chinon à Gien, qui visait à maintenir le développement de l’urbanisation autour des principales villes et agglomérations de cet espace ligérien avec l’organisation de coupures vertes destinés à préserver et valoriser les paysages ligérien, et mettre en valeur son patrimoine naturel et culturel.

L’ensemble des villes devait constituer une métropole en réseau, s’associant pour mettre en commun et partager, de façon complémentaire, les ressources du développement économique et culturel. Ce projet s’appuyait également sur le développement des relations internes et externes à son territoire, et reposait sur le développement de la mobilité, notamment via la mise en place d’outils comme l’aérotrain de l’ingénieur Bertin (à cette époque en expérimentation au nord de l’agglomération d’Orléans) (Demazière & alii., 2007 : 25).

La métropole-jardin devait se positionner comme un axe majeur de

développement et de relance économique, jouant un effet de levier et d’entraînement pour l’ensemble de la région Centre. Quatre objectifs principaux étaient recherchés :

- le développement équilibré des grandes et petites villes, mais aussi des espaces ruraux ; - le renforcement de la cohésion de la Loire Moyenne ;

- la discontinuité dans l’urbanisation (coupures vertes) ; - la protection et la mise en valeur des paysages.

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Tendances de l’urbanisation spontanée

Source : OREALM (1971), Vers la Métropole Jardin – Livre Blanc, juin 1971

Principe d’urbanisation selon un schéma linéaire discontinu

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Le parti d’aménagement proposé : urbanisation discontinue et coupures vertes

Source : OREALM (1971), Vers la Métropole Jardin – Livre Blanc, juin 1971

Le projet se déclinait en deux composantes : l’espace construit et minéral : la métropole ; et l’espace végétal : le jardin (cf. schéma suivant).

C’est une originalité en termes de formes urbaines que d’avoir conçu et promu une urbanisation selon « un type particulier de conurbation constituée d’un chapelet de villes séparées et reliées par des espaces naturels aménagés le long du corridor fluvial. » (Thibault & Verdelli, 2007) « Ce modèle permettait en cet espace de promouvoir « la métropolisation » à partir d’un parti qui avait peu avoir avec le modèle de la métropole d’équilibre, c’est-à- dire, le renforcement du développement urbain centré sur une grande agglomération. La métropole jardin n’étant pas tant la version linéaire de cette métropole d’équilibre, qu’un ensemble d’agglomérations de tailles moyennes, toutes reliées par un même corridor fluvial. » (Thibault & Verdelli, 2007)

Il y aussi exprimé une forte volonté de maîtrise de l’urbanisation des centres urbains existants (contrôle de la croissance des plus importants et stimulation de la croissance des petites villes) et de contrôle de la non-artificialisation des espaces naturels destinés à constituer des coupures vertes44. « Le concept de métropole-jardin abordait l’espace ligérien par une entrée

très urbanistique, la démarche se voulant résolument volontariste avec des objectifs en termes de maîtrise foncière, de répartition de la population. » (Demazière & alii., 2007 : 25)

Les travaux développés dans le cadre de ce projet, comme ceux menés pour le compte des OREAM (Organisations d’Études d’Aménagement des Aires Métropolitaines) dans les années 1970, ont fait une large part au paysage et au patrimoine naturel. Ceci peut s’expliquer par la composition pluridisciplinaire des équipes mobilisées, composées tout d’abord d’urbanistes, de géographes, d’ingénieurs, d’économistes et de sociologues, ayant intégré des paysagistes et des écologues (Demazière & alii., 2007 : 25).

44 « l’aménagement s’articule sur le chapelet des centres urbains existants, la croissance des grandes villes est contrôlée, alors que l’essor des petites villes est stimulé. Un souci de rigueur s’instaure quant à la définition de la vocation des terrains ; les coupures vertes entre agglomérations sont identifiées et renforcées, le cas échéant, pour contenir l’urbanisation. » p.11 in OREAC (1977), « Vers la métropole jardin - le schéma d’aménagement de la Loire Moyenne et sa mise en œuvre », Octobre 1977

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Le principe d’aménagement :

alternance entre espace construit -la métropole- et espace végétal -le jardin-

Source : OREALM (1971), Vers la Métropole Jardin – Livre Blanc, juin 1971

La mise en œuvre de ce projet, approuvé lors du Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (CIAT) le 11 avril 1975, se heurtera à un contexte de crise économique et de reflux de la politiques nationale d’aménagement, liée étroitement à la période des « trente glorieuses ». De plus, l’OREALM, en charge de ces études, deviendra l’Organisation d’Etudes et d’Aménagement de la Région Centre (OREAC) et sera alors en charge non plus seulement de la réalisation d’une trame urbaine le long du fleuve mais d’une armature urbaine d’ensemble cohérente au niveau régional.

Mais plus que tout autre chose, c’est surtout le début du mouvement de décentralisation, avec la reconnaissance des régions (qui deviennent en 1972 Etablissements Publics Régionaux, avec une assemblée élue), dans un pays marqué par un système politico-administratif très

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centralisé, qui semble avoir été fatal au projet, trop marqué dans sa conception par une vision nationale, étatique et descendante de l’aménagement, et laissant in fine peu de place aux volontés locales. Dans ce contexte, l’acceptation du projet par les élus locaux n’ira pas de soi. Petit à petit, ce projet sera discrédité, vécu comme imposé « par le haut ».